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24/02/2010

Italie : ambiance de fin de règne pour Silvio Berlusconi. Fini prépare l’après Berlusconi.

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« Un climat d’urgence se fait jour tandis que le malaise grandit » (Stefano Folli, Il Sole 24 Ore) :
« La corruption – ou, si l’on veut, l’affairisme délictueux – devient le thème prioritaire de la campagne et le monde politique risque d’être plus agité qu’on n’aurait pu le prévoir. Dans la majorité, certaines voix, longtemps silencieuses quoique connues pour être critiques envers Berlusconi, se font de nouveau entendre : économe de ses propos et respecté, l’ancien ministre de l’Intérieur Giuseppe Pisanu dresse un constat préoccupant, à l’opposé de l’optimisme berlusconien, et en appelle à la collaboration démocratique propre aux situations d’urgence. Si le cadre qu’il dépeint était réaliste, le système politique n’aurait qu’une option : un nouveau pacte d’unité nationale. A bien y regarder, les ‘réformes consensuelles’ à nouveau invoquées par Fini procèdent de la même préoccupation : étant urgentes, elles requièrent un accord scellé entre majorité et opposition. L’implication du sénateur des Italiens de l’étranger Di Girolamo dans une affaire de blanchiment d’argent de la mafia calabraise frappe, après des semaines d’interrogations sur la ‘zone grise’ où la délinquance prospère. A un mois des élections, le contexte évolue rapidement. Il n’est plus possible de toucher à la loi sur les écoutes sans grands risques pour la cohésion de la majorité, comme il n’est plus temps d’alimenter la guerre éternelle contre la magistrature : elle est passée à la contre-offensive et le centre droit n’est plus uni – s’il l’a jamais été. Fini prend le contrepied des déclarations de Berlusconi en réfutant l’idée selon laquelle ‘les magistrats devraient avoir honte’, ses mots sont des plus modérés. La Ligue du nord, allié de fer de Berlusconi, ressort de son côté son grand répertoire contre les corrompus et les mis en examen à exclure des listes, s’apprêtant à engranger des voix sur une ligne dure. Pour Berlusconi, un problème de plus. »
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« Le gouvernement sur la défensive et de vieilles manœuvres refont surface » (Massimo Franco, Corriere della Sera) :

« Les jeux contre le gouvernement semblent s’être rouverts, à un mois à peine des élections. Or, face à un président du Conseil en difficulté réapparaît une chaîne transversale d’adversaires qui n’ont sans doute pas renoncé à hâter la chute de S. Berlusconi, projet qu’ils avaient dû abandonner après l’agression de Milan, le 13 décembre. Les enquêtes en cours changent la donne, et Gianfranco Fini, après la ‘trêve’, prend à nouveau ses distances, stigmatisant le ‘retard culturel’ du centre droit et les ‘carriéristes’ de la politique. L’UdC et le reste de l’opposition demandent des mesures immédiates contre la corruption, à l’unisson de Di Pietro. Après l’affaire de la Protection civile et celle, toute récente, de recyclage d’argent sale, Berlusconi craint, aux régionales, un mélange d’antipolitique et d’abstentionnisme. Pour couper court aux comparaisons avec Tangentopoli, l’idée est de ne pas laisser se présenter ceux qui sont mis en examen. Mais la demande d’arrestation contre le sénateur PdL Nicola Di Girolamo dans l’enquête Fastweb complique l’opération. Et la vitesse avec laquelle l’empêchement légitime a été mis au calendrier du Sénat alimente les tensions. Poisons électoraux et inconnues judiciaires s’additionnent. La prudence du chef de l’Etat fait réfléchir : à qui lui demandait ses commentaires au sujet de la corruption, il a répondu ‘demandez à d’autres.’ C’est le constat d’une dérive que le Quirinal suit avec la préoccupation de quelqu’un qui en perçoit tous les dangers. »

 

« Berlusconi accélère sur l’‘empêchement légitime’. Adoption avant les régionales » (Ugo Magri, La Stampa) :

« Plus on parle de corruption et plus le Cavaliere est inquiet. Si les élections du 28 mars sont un référendum sur sa personne, il craint que l’Italie honnête ne soit dégoûtée de la classe politique et ne déserte les urnes. Après le scandale de l’implication du sénateur Di Girolamo dans une association de malfaiteurs, le PdL se veut rassurant : ‘il s’agit de cas isolés’. Après l’alerte de la Confindustria, le gouvernement a décidé de reprendre en main le texte anti-corruption qui avait été mis de côté mais prévoit une augmentation des peines pour délits de corruption, en y intégrant les propositions de Calderoli (contrôle des collectivités locales) et de Brunetta (nouvelles règles et transparence des marchés). Ce revirement de la majorité pourrait marcher s’il n’y avait l’éternel problème prénommé Silvio et nommé Berlusconi, avec deux procès en cours. Pour les éviter il a besoin d’un bouclier sur mesure et doit accélérer sur l’‘empêchement légitime.’ Riposte à l’unisson de Bersani et Di Pietro : ‘d’un côté, le gouvernement veut lutter contre la corruption, de l’autre il fait des lois, notamment sur les ‘écoutes’, pour rendre la vie dure aux magistrats.’ Schifani rassure Berlusconi : ‘il ne s’agit pas d’une nouvelle Tangentopoli puisque les partis ne sont pas impliqués ; il faut mettre un frein à l’usage sauvage des écoutes.’ »

 

« Berlusconi prêt à révolutionner le parti – ‘je me suis repenti de la fusion avec ceux d’AN » (Claudio Tito, La Repubblica) :

« Berlusconi voulait construire le ‘premier parti italien’ qui aurait duré dans le temps, mais son rêve a tourné au cauchemar. Luttes intestines, haines antiques et affrontements récents, tous contre tous, avec pour seule idée de se placer pour la succession. Affrontements entre finiens et ex-FI, Verdini et Bondi à couteaux tirés et La Russa et Matteoli en froid. Les ‘grands’ se positionnent en vue de la ‘succession’. Mais Berlusconi, qui n’a nulle intention de se retirer, est furieux, ‘si nous perdons les élections, je change tout.’ Il verrait bien Scajola coordonnateur unique à la place du triumvirat actuel. »

 

« Le PD prépare le terrain pour des accords en vue de l’après-Silvio » (Maria Teresa Meli, Corriere Della Sera) :

« GF Fini parle de la nécessité de réformes consensuelles et D’Alema lui répond favorablement. La voie envisagée par les deux présidents, du COPASIR et de la Chambre, L. Violante la résume ainsi : ‘après les élections nous devons reprendre le chemin des réformes.’ D’Alema fait écho aux propos de l’ex chef d’AN car il n’exclut pas que le gouvernement puisse tomber avant l’heure, peut-être après un mauvais résultat aux régionales. A propos de ‘réformes consensuelles’, le jeu du PD joue aussi sur un autre tableau. Bersani veut absolument conclure une alliance avec Casini en vue des élections de 2013, quitte à devoir faire de lui le candidat du centre gauche à la présidence du Conseil. Même le leader de ‘Rifondazione comunista’, n’exclut pas un soutien à Casini : ‘pourquoi pas ? pour battre Berlusconi, je m’allierais même avec lui.’ Pour l’heure, PF Casini attend sans s’exposer, tout en voyant toujours dans le PD un interlocuteur privilégié : ‘le PD doit montrer qu’il a changé et commencer à parler d’une seule voix ; alors nous serons prêts à dialoguer avec le parti démocrate.’ Selon certaines indiscrétions, le PD aurait en vue, en prévision des prochaines élections, un tandem Casini président du Conseil, Bersani vice-président. »

 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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