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12/02/2009

L’UDC, premier parti de Suisse, dit « non » aux abus.

voici l'article que j'ai publié dans Synthèse nationale n°12 de janvier - février 2009 :

 

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par Lionel Baland

 

L’UDC (Union Démocratique du Centre) est le premier parti de Suisse. 29% des électeurs du pays lui ont accordé leurs votes lors des élections fédérales d’octobre 2007. Ce score exceptionnel, l’UDC le doit au tournant politique que lui a donné le patriote Christoph Blocher. Cet homme issu du peuple, qui a réussi dans les affaires, a transformé un petit parti agrarien de centre-droit en  bélier de la politique suisse.

 

Fondé en 1971, de la fusion du Parti des paysans, artisans et bourgeois (PAB) qui participe au gouvernement depuis 1929 et de deux autres partis, l’UDC (SVP en allemand) va connaître, à partir des années 90, un essor en Suisse alémanique sous l’impulsion de Christoph Blocher. Lors des élections fédérales de 2003, l’UDC réalise une percée dans la partie francophone du pays.

 

Christoph Blocher

 

Christoph Blocher nait en 1940 dans une famille de onze enfants, à Schaffhausen, dans le Nord de la Suisse alémanique. Fils de pasteur protestant, il étudie l’agriculture, puis le droit à l’université de Zurich. Il obtient en 1971 le titre de docteur en droit. En 1969, Christoph Blocher entre dans le département juridique de l’entreprise EMS-Chemie. Entre 1972 et 2003, il dirige cette entreprise. Il la redresse et en devient finalement actionnaire majoritaire, ce qui lui permet de faire fortune.

 

Christoph Blocher est colonel de l'armée suisse et collectionne les œuvres des peintres Albert Anker et Ferdinand Hodler. Marié, il a quatre enfants et six petits-enfants.

 

En 1975, Christoph Blocher est élu au Grand Conseil zurichois. En 1977, il prend la direction de l’UDC du canton de Zurich. En 1979, il devient conseiller national (député fédéral).

 

Entre 1986 et 2003, Christoph Blocher dirige l'ASIN (Action pour une Suisse indépendante et neutre). Cette association a été fondée dans le but d’éviter l’adhésion de la Suisse à l’Organisation des Nations Unies. Elle s’oppose à l’adhésion de la Suisse à l’Union européenne.

 

Donner la parole au peuple

 

La Suisse étant un des pays les plus démocratiques au monde, le peuple est appelé à se prononcer sur des sujets divers lors de votations qui ont lieu trois ou quatre fois par an. Le résultat de ces scrutins est contraignant. La décision du peuple doit être respectée et appliquée par le pouvoir exécutif. L’UDC utilise ce système de recours au peuple afin de barrer la route aux mesures qui vont à l’encontre des intérêts de la population.

 

En 1992, le peuple suisse se prononce, lors d’une votation, sur l’adhésion à l'Espace Économique Européen. Christoph Blocher se pose en leader du « non ». Le « non » l’emporte. C’est le début d’une fulgurante ascension.

 

La formule magique

 

Depuis 1959, l’élection du Conseil fédéral (gouvernement suisse, qui comprend sept membres) par le Parlement est régie par le principe de la formule magique : les trois grands partis reçoivent deux postes de ministre et le quatrième parti en obtient un. L’UDC étant, à l’époque, le plus petit parti des quatre reçoit un des sept sièges. La formule magique est donc une règle tacite dont l’objectif est de constituer un gouvernement représentant la majeure partie de l'électorat suisse afin d’éviter le blocage de projets gouvernementaux par le peuple (via le référendum et l'initiative populaire).

 

La percée spectaculaire de l’UDC va modifier la donne. En effet, l’UDC devenue le premier parti du Parlement, ne peut plus accepter une représentation au Conseil fédéral limitée à un siège. L’UDC exige deux sièges et obtient gain de cause suite aux élections fédérales de 2003. Christoph Blocher devient conseiller fédéral (ministre) et siège à partir du 1 janvier 2004. Il prend la direction du Département fédéral de justice et police. Il fusionne l'Office fédéral de l'immigration, émigration et intégration (IMES) et l’Office des réfugiés (ODR). L’organisme issu de cette union prend le nom d’Office fédéral des migrations (ODM).

 

Intrigues contre Blocher

 

Faisant suite aux élections fédérales de 2007, le Parlement doit désigner les sept conseillers fédéraux (ministres). Le Parlement vote pour Eveline Widmer-Schlumpf (UDC) alors qu’elle n’est pas candidate. Il s’agit pour les partis de gauche de placer un membre de l’aile non-blocherienne de l’UDC à la place de Christoph Blocher.

 

Madame Eveline Widmer-Schlumpf (UDC) accepte son élection. Cette attitude, perçue comme une trahison, lui vaut d’être exclue du groupe parlementaire UDC. L’autre conseiller fédéral UDC, Samuel Schmidt, fait sécession.

 

L’UDC, ne disposant plus de ministres, adopte une stratégie d’opposition. Suite à la démission, pour raison de santé, du Conseiller fédéral Samuel Schmidt, en novembre 2008, un poste est vacant au sein du gouvernement.

 

L’UDC propose deux candidats : Christoph Blocher et Ueli Maurer. Deux hommes qui appartiennent à la même aile du parti. L’aile gauche du Parlement réitère la tactique qu’elle a utilisée lors de l’élection précédente : elle choisit de voter pour un parlementaire qui n’est pas candidat à la fonction de conseiller fédéral (ministre) : Hansjörg Walter. Celui-ci appartient à une autre aile de l’UDC. Il dit que s’il est élu, il refusera son élection.

 

À l’issue du premier tour, Hansjörg Walter arrive en tête. Christoph Blocher se retire en faveur d’Üli Maurer. Lors du deuxième tour de scrutin, Hansjörg Walter obtient 121 voix et Üli Maurer 119. Le score à atteindre pour être élu est de 122 voix. Lors du troisième tour de scrutin, Üli Maurer obtient 122 voix et Hansjörg Walter: 121. Üli Maurer accepte son élection et devient ministre. Christoph Blocher a su se sacrifier pour ouvrir la voie à un de ses proches. À moyen terme, l’UDC vise un deuxième poste de conseiller fédéral.

 

Üli Maurer

 

Ueli Maurer naît en 1950, près de Zurich, en Suisse alémanique. Entre 1978 et 1986, il est membre du gouvernement communal d'Hinwil. En 1983, Il est élu au parlement cantonal zurichois. En 1991, il le préside. En 1996, il devient président de l’UDC et contribue aux victoires du parti.

 

Toni Brunner

 

Né en 1974, Toni Brunner devient en 1995 membre du Parlement. En 2000, il est vice-président de l’UDC et en 2008 président. Il est agriculteur de profession.

 

Moutons et corbeaux

 

Le 8 février 2009, le peuple Suisse doit se prononcer, par une votation, sur le projet de libre circulation des personnes. Il concerne la poursuite de la libre circulation des personnes avec les anciens États membres de l'Union Européenne (25 pays). Le même arrêté fédéral comprend cependant aussi l'extension de cet accord à la Roumanie et la Bulgarie. Le Parlement a donc couplé deux questions différentes : le fait que des citoyens de pays riches de l’Union Européenne puissent travailler en Suisse et l’ouverture des frontières de la Suisse aux travailleurs de Roumanie et Bulgarie.

 

Le lien établi entre ces deux questions et le fait que les citoyens doivent se prononcer pour ou contre le paquet comprenant deux mesures différentes relève de la malversation. En effet, si de nombreux citoyens suisses sont, plus ou moins, favorables à la libre circulation des travailleurs venant d’Allemagne, d’Autriche, Italie ou France, ces mêmes citoyens sont nettement plus réservés quant à l’ouverture des frontières en faveur des Roumains et Bulgares.

 

Un débat a lieu au sein de l’UDC. Christoph Blocher recommande finalement de voter « non » à la question. Il dit que si le « non » l’emporte, alors les autorités devront reposer les deux questions séparément :

1/ la poursuite de la libre circulation des personnes avec les anciens États membres de l'UE.

2/ l’ouverture des frontières de la Suisse aux travailleurs de Roumanie et Bulgarie.

Dés lors, les citoyens pourront répondre « oui » à la première question et « non » à la deuxième.

 

Une affiche représentant la Suisse agressée par des corbeaux a été lancée avec le slogan « Ouvrir la porte aux abus ? Non ». Une autre affiche avait fait du bruit lors des élections de 2007. On y voit des moutons blancs sur un drapeau suisse expulsant un mouton noir, c'est-à-dire quelqu’un qui se comporte mal. (L’expression « le mouton noir » est connue).

 

Des adversaires de l’UDC, déformant complètement le message de l’affiche, ont prétendu que celle-ci était raciste. Cette fois-ci, va-t-on voir ces mêmes personnes reprocher à l’UDC l’utilisation de corbeaux noirs ? Peut-être l’UDC aurait-elle dû placer sur le dessin des corbeaux albinos ?

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