"Le non-gouvernement dans le désert."
25/07/2019
Italie. Revue de presse.
L’intervention de G. Conte hier devant le Sénat fait la Une des tous le journaux italiens et l’ouverture des JT. Les commentateurs considèrent que les propos du Président du Conseil Italien constituent un « défi » voire une « attaque » : « Conte attaque, Salvini le défie » (Corriere della Sera), « L’affaire russe, Salvini démasqué » (La Repubblica), « Metropol, Conte abandonne Salvini »(La Stampa), « Conte démasque Salvini, mais personne ne s’en aperçoit » (Il Fatto Quotidiano), « Conte défie Salvini, M5S en crise » (Il Messaggero), « Le défi de Conte, le M5S craque » (Il Mattino).
ARTICLE Corriere della Sera, M. Galluzzo « Au Sénat Conte accuse Salvini : Savoini a été en Russie avec lui » : « Conte répète plusieurs fois qu’il faut dialoguer avec les parlementaires quand on est au gouvernement. Presque à marquer une distance avec le choix de Salvini de refuser de se présenter au Sénat. En revanche, Salvini déclare de manière explicite que le Premier ministre est en train de chercher d’autres majorités dans le cadre d’une possible crise. Dans son discours Conte admet de ne pas avoir reçu des informations du titulaire du Viminal. Les sièges du Mouvement 5 Etoiles sont presque désertes, en signe de protestation contre l’absence de Salvini (‘’Nous respectons Conte mais ce n’était pas lui à devoir s’exprimer aujourd’hui‘’) ».
ENTRETIEN de Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur : « Encourageants les ‘’ oui ‘’ à la TAV et à d’autres travaux. Flat tax progressive et volontaire » (Il Sole 24 Ore) : « C’est clair que l’intérêt de la Ligue serait d’aller voter demain matin et de doubler le nombre de ses parlementaires, mais, en tant que ministre, j’ai à cœur aussi d’autres choses. Quand je parlais des partis qui disent toujours « non », je pensais à tous les grands chantiers bloqués en Italie et maintenant, en l’espace de 24 heures, les « oui » sont arrivés. C’est un jour de fête. Je serais un Italien heureux si on pouvait débloquer d’autres questions importantes : la sécurité de 15 000 emplois à l’Ilva de Tarente, la politique italienne sur les déchets pour les incinérateurs, la recherche dans le domaine de l’énergie et du pétrole, la réforme de la justice, la réforme fiscale et l’autonomie régionale. Nos propositions économiques sont prêtes, mais nous devons maintenant en discuter avec Conte, Di Maio et Tria. Nous sommes en train de travailler à la paix fiscale depuis 2 ans et nous ne pouvons pas tout faire en même temps, la flat tax sera progressive et nous voulons l’étendre aux entreprises. Il y aura des coupes aux dépenses. Je suis optimiste pour l’autonomie régionale, les négociations sont en cours nous ne voulons pas donner des ressources à certaines régions pour en enlever à d’autres. A propos de l’affaire russe, Conte a dit ce que je savais déjà, je sais très bien la raison pour laquelle je suis allé en Russie, les personnes rencontrées, je sais que je n’ai pas demandé de l’argent. La motion de défiance du PD me fait rire, il n’y a aucune crise de gouvernement, les « fenêtres de crise » qui s’ouvrent et qui se ferment tous les jours sont ridicules. Pour moi tous les jours sont importants et je dois travailler tous les jours pour mon pays ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Le non-gouvernement dans le désert » : « Le spectacle d’hier au Sénat a été une nouveauté absolue dans l’histoire parlementaire de la République : le président du Conseil intervient sur une question très délicate – les relations entre le deuxième parti de la coalition et la Russie de Poutine – et le protagoniste de cette affaire n’est pas là, Salvini, le leader de la Ligue qui aurait dû se sentir obligé de parler au Parlement plutôt que de faire des déclarations par Facebook du Viminal. Et ce n’est pas tout : pendant que Conte commence à parler, les membres du M5S abandonnent la salle et vont se placer au milieu du public. Ils le font contre la décision du Palais Chigi de terminer les travaux de la ligne ferroviaire Lyon-Turin (TAV), un choix attendu. C’est très grave, les deux partis de la majorité ont manqué hier de respect envers leur Président du Conseil, une énième confirmation de la situation de confusion politique et institutionnelle. L’impolitesse reste et en d’autres temps elle aurait provoqué au moins un vote de confiance. Au contraire, le non-gouvernement restera opérationnel, parce le mois d’août a d’autres priorités. Personne n’en sort gagnant : ni Salvini, qui parle sur les réseaux sociaux plutôt qu’au Parlement, et qui ne choisit pas les élections dans un contexte d’isolement international. Ni les Cinq Etoiles, Di Maio étant un petit leader évaporé, mais même pas Conte, dont le discours au Sénat était faible et rigide, ni pour, ni contre Salvini».
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco : « La solitude du garant » : « L’isolement par rapport à sa majorité était un prix que Giuseppe Conte savait qu’il devait payer. Et il l’a payé au Parlement, conscient que l’encerclement par le M5S et la Ligue est ambigu : il est plus apparent que substantiel et toutefois sans issue. Mais surtout, en évoquant la centralité des Chambres, il a lancé un avertissement à la Ligue, qui vise à l’épuiser et à le remplacer. Attention, si vous pensez décharger sur la législature vos difficultés et vos ambitions électorales, vous devez savoir qu’aujourd’hui cet épilogue n’est plus si sûr. Il faut rééquilibrer le contrat entre M5S et Ligue, en tenant compte des rapports de force que Salvini considère en sa faveur. La nouveauté est que Conte semble relire le résultat des élections européennes non seulement comme un triomphe de la Ligue mais aussi comme un présage d’isolement d’une Italie identifiée avec le ‘’ souverainisme ‘’ de Salvini. Hier, le président du Conseil a joué le rôle du double bouclier : pour protéger Luigi Di Maio de la colère du Mouvement après le oui à la TAV et pour offrir une défense à Salvini, empêtré dans l’affaire des relations de la Ligue avec la Russie. Mais Conte a revendiqué, en même temps, avec le Président Mattarella, une loyauté européenne et à l’OTAN, en tant que périmètre naturel de la politique étrangère. L’absence du Mouvement au Sénat et le refus de Salvini de se présenter aux Chambres sont devenus les deux côtés de l’embarras du gouvernement. Il est facile pour les oppositions de soutenir qu’ils sont dans une crise de gouvernement, mais il s’agit d’une crise encore virtuelle. La nouveauté est que Conte se trouve dans les alliances internationales non pas comme l’interprète du populisme souverainiste mai plutôt comme ‘’ garant ‘’. En ce qui concerne les relations entre la Ligue et la Russie, Conte a liquidé ‘’ Monsieur Savoini ‘’ comme une imprudente légèreté de Salvini. Conte est destiné à flotter sur ces contradictions, surtout celle de l’exigence de Di Maio de confier au Parlement la décision finale sur la TAV. Mais il sait que ce sera de plus en plus compliqué, mais l’avertissement que Conte a lancé à Salvini a été très clair et a provoqué la colère du leader de la Ligue ».
ARTICLE Il Messaggero, S. Canettieri « Maintenant Casaleggio élève la voix. On ne gouverne pas à tout prix » : « ‘’ Personne m’a prévenu de la vidéo de Conte sur la ligne Lyon-Turin et surtout cela est la preuve qu’on ne gouverne pas à tout prix ‘’, déclare Davide Casaleggio. Si Alessandro Di Battista échange des messages d’urgence avec les parlementaires proches de lui, Roberto Fico ne se prononce pas. Et cela car Fico, en tant que président de la Chambre, ne peut pas aller à l’encontre de la proposition de vote faite par Di Maio. Sur le discours de Conte, la députée du Mouvement 5 Etoiles Fabiana Dadone, a été encore plus explicite : ‘’ Sur la ligne Lyon-Turin il y a eu la première erreur politique de Conte. Le président aurait dû motiver mieux les choix personnels et avec des manières compatibles avec les institutions‘’ ».
ARTICLE Il Messaggero, G. Nicola « Appendino peut perdre la majorité. Deux conseillères du Mouvement 5 Etoiles prêtes à quitter » : « Les conseillères du Mouvement 5 Etoiles, Daniela Albano et Maura Poli, sont prêtes à quitter leur parti politique. ‘’Ce qui a été mis en place par Di Maio et Conte a été pénible et inacceptable. Si les ministres et les parlementaires du M5S ne mettent pas en crise le gouvernement en cas de feu vert de la ligne Lyon-Turin pour nous il est impossible de continuer à faire partie du gouvernement ‘’. La maire de Turin, Chiara Appendino : ‘’J’ai toujours été contraire à la ligne Lyon-Turin, mais dès le début de ma campagne électorale j’ai dit qu’un maire et une administration locale ne pouvaient pas la bloquer. Mon auspice est que la majorité puisse continuer, car on a beaucoup de thèmes très importants‘’ ».
ARTICLE Corriere della Sera, T. Labate « Tav et poison, guerre froide entre Di Maio et Conte » : « La guerre froide entre Conte et Di Maio est le fruit de la division interne au sein du Mouvement 5 Etoiles sur la ligne Lyon-Turin. Et surtout des mots prononcés par le président du Conseil lors de son discours. Le chef politique du M5S : ‘’ Mais sur cela on ne s’était pas mis d’accord. On est restés qu’il aurait dit seulement que le dernier mot appartenait au Parlement, mais pas jusqu’à ce point-là ‘’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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