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04/11/2022

Interview par Lionel Baland du député polonais politiquement incorrect Janusz Korwin-Mikke.

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Pologne. Interview de Janusz Korwin-Mikke :

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Janusz Korwin-Mikke

"L’UE demande à Meloni de sauver les migrants."

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Italie. Revue de presse.

La première visite officielle à Bruxelles de G. Meloni en tant que Présidente du Conseil fait les gros titres de la presse italienne. La plupart des quotidiens souligne une rencontre « cordiale » qui a été l’occasion d’un « dégel » avec les dirigeants européens, ainsi qu’un alignement sur l’Ukraine. La question migratoire – évoquée à cette occasion, sur fond de l’affaire des navires d’ONG en attente de pouvoir débarquer dans les ports siciliens – marquerait cependant un clivage, au vu de la nouvelle posture du gouvernement italien, qui considère la défense de ses frontières comme prioritaire : « Meloni, les requêtes à l’Europe » - Les débuts de la Présidente du Conseil à Bruxelles : le gaz et les frontières sont prioritaires. La Commission demande à Rome de sauver les migrants (Corriere della Sera), « L’UE demande à Meloni de sauver les migrants » - Metsola et von der Leyen apprécient le « message fort » de la présence de Meloni à Bruxelles (La Stampa), « Le chantage sur les migrants » - Le plan de Piantedosi prévoit que les demandes d’asile doivent être adressées aux pays auxquels appartiennent les navires d’ONG. Meloni : l’Europe a vu que nous ne sommes pas des Martiens. Mais c’est le coup de froid avec l’UE (La Repubblica), « « Nous défendons les frontières de l’UE » » - Le dégel avec von der Leyen lors de sa visite à Bruxelles, Meloni obtient des concessions de la part du Commissaire Gentiloni sur le PNRR (Il Messaggero), « Les débuts « soft » de Meloni à Bruxelles » (Il Giornale). La baisse momentanée des prix énergétiques, en raison d’une diminution de la demande de gaz, est aussi citée.

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « Emission de titres de dette européenne et protection des frontières : les demandes de Meloni à l’UE » par Marco Galluzzo : « Giorgia Meloni a demandé à Ursula von der Leyen avec "franchise" qu'une réponse financière de l'UE contre la spéculation sur le marché de l'énergie et la crise économique arrive le plus rapidement possible. La Commission s'efforce de présenter une proposition qui convienne aussi bien à Berlin qu'à Paris, à Rome qu'à Amsterdam, une réponse qui soit "stratégique, déterminée et agile", comme l'ont décidé les chefs d'État et de gouvernement des 27 pays de l'UE lors du dernier sommet. Meloni demande des ressources financières sur le modèle Sure, donc avec l'émission de titres de la dette européenne, ceux que Berlin n'aime pas mais qui garantissent de l'argent à coût zéro ou presque. C'est la première de ses revendications, mais différemment que par le passé, en étant " un partenaire loyal au sein de l'UE ". Elle est venue donner des garanties sur le budget italien et sur la posture internationale, mais elle est aussi venue en tant que leader européen, qui reconnaît la centralité de Bruxelles : "j'ai trouvé des gens prêts à écouter", des gens qui ont vu que "nous ne sommes pas des Martiens". Et elle a reçu une confirmation non négligeable de pleine satisfaction de la présidente de la Commission, qui a souligné "le signal fort envoyé par sa visite ici, lors de son premier voyage à l'étranger". Meloni cherche à écrire un nouveau récit sur l’UE, tout en écrivant sur le livre d’honneur du parlement européen qu’il s’agit d’une entité  qui "vit dans l'identité des nations",  fidèle à son credo d'une Union fédérale ancrée dans le principe de subsidiarité. Mais c'est l'UE dans laquelle elle est désormais une actrice principale et où elle doit exercer un rôle non négligeable si elle veut compter. Et avec les règles nouvelles pour elle, sur lesquelles elle demande conseil à l'ancien premier ministre et actuel commissaire aux affaires économiques, Paolo Gentiloni. Parmi les sujets de la journée, l’Ukiraine, le budget, et la question de l'immigration, "parce que la défense des frontières extérieures est désormais un principe établi" dans les règles européennes, ou encore la proposition d'étiquetage des aliments, chère à la France, que l'Italie voit comme de la poudre aux yeux (elle exclurait notre huile d'olive ou notre parmesan du marché, pour ne citer qu'eux). De grandes questions, stratégiques, délicates, mais aussi des dossiers apparemment mineurs. Sur le PNRR, la Commission s'est montrée ouverte et des changements possibles sont en cours de discussion, révèle Meloni elle-même, "en raisonnant sur les grandes priorités d'aujourd'hui, comme la question de l'énergie". Mais la part des ressources que le nouveau gouvernement souhaite consacrer à la politique énergétique est encore confidentielle. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, A. Bonanni « La trêve armée avec Bruxelles » : « Giorgia Meloni s'est rendue à Bruxelles pour expliquer aux trois dirigeants des institutions européennes que "nous ne sommes pas des Martiens", que l'extrême droite qui est arrivée au pouvoir en Italie n'a pas l'intention de provoquer des problèmes, ni de couler le bateau de l'UE sur lequel, comme les autres, elle tente de survivre à la tempête déclenchée par Poutine. Mais ce qui compte, ce sont les faits. Et le seul point pouvant représenter un fait concret est que Meloni a choisi la capitale européenne pour sa première mission hors des frontières italiennes. C'est un geste symbolique. Mais c'est un geste important, car il indique une priorité politique. Elle ne s'est pas rendue à Kiev, où elle avait également été invitée. Elle ne s'est pas rendue à Varsovie, où gouvernent ses camarades du parti eurosceptique. Elle n'est pas non plus allée à l'OTAN pour souligner une loyauté atlantique distincte de la loyauté européenne. Elle est venue rencontrer l'Europe et tenter d'apaiser la méfiance et les craintes qui ont accompagné sa victoire. C’était un choix qui n’était pas donné comme acquis, et fortement apprécié par von der Leyen et Metsola. Ce geste a-t-il suffi à dissiper les craintes des Européens ? Certainement pas. En témoigne le fait qu'aucune des trois institutions européennes n'a voulu se mouiller en organisant une conférence de presse commune après la réunion. Les risques sont encore trop élevés de laisser émerger des divergences et des désaccords que, pour l'instant, personne ne veut mettre en évidence. Comme par exemple la question migratoire. Meloni a expliqué que, sur cette question, les priorités de l'Italie "ont changé" et vont désormais "à la défense des frontières extérieures de l'UE". Elle a également déclaré avoir trouvé, dans les palais européens, "des oreilles prêtes à écouter". Mais, elle reste délibérément dans l’ambiguïté entre la nécessité de défendre les frontières extérieures, que tous les Européens partagent, et l'obligation morale et juridique de sauver les naufragés en mer, à laquelle son gouvernement semble vouloir se soustraire et qui a été une nouvelle fois réaffirmée hier par le porte-parole de la Commission européenne. Bref, Meloni s’est présentée hier avec un drapeau blanc, en tant qu’adversaire qui veut négocier une trêve armée. Si le nouvel exécutif maintient ses engagements sur les réformes et sur sa dette, en échange des fonds européens, et s’il ne glisse pas sur les droits (comme l’ont fait ses amis en Hongrie et en Pologne) tout ira bien. Au cas contraire, von der Leyen dispose de tous les instruments nécessaires pour intervenir et elle n’hésitera pas. » 

EDITORIAL, Il Foglio, Claudio Cerasa, « Pour Meloni, la fête est finie » : « La première journée historique de Giorgia Meloni à Bruxelles se résume à un objectif : rassurer. Meloni sait que tout ce que l'Italie peut tenter de faire en Europe passe par cela. Mais cela suppose trois trahisons redoutables : trahir ses propres idées, trahir ses amis, trahir son passé. Il s'agit de considérer la solidarité entre les grands pays de l'Union européenne comme le seul bouclier possible pour défendre l'intérêt national contre les nationalismes toxiques répandus sur le continent. C'est vrai en matière d'énergie, bien sûr, mais c'est aussi vrai en matière d'immigration, et la grande trahison, c’est admettre que même sur la gestion des flux migratoires, l'Italie, à moins de mettre toute l'eau de la Méditerranée dans une bouteille, ne peut pas se passer du respect du droit international. Alors que sauver des vies en mer constitue une obligation des Etats et prévaut sur toutes les règles et accords bilatéraux visant à lutter contre l'immigration irrégulière, elle ne peut s'empêcher de mener sa bataille pour la redistribution des migrants, en Europe, en essayant de faire le contraire de ce qui a été suggéré ces dernières années par les champions de l'internationale souverainiste : non pas en fermant les ports, non pas en élevant des murs, non pas en tirant sur les péniches, mais en se battant pour obliger les pays de l'UE à ouvrir les portes de l'accueil plus qu'aujourd'hui.  Moins de souverainisme pour avoir plus de contrôle sur notre souveraineté. Moins de nationalisme pour avoir plus d'outils pour défendre l'intérêt national. Moins de populisme pour pouvoir protéger notre propre peuple. Cela s’applique aussi aux amis, et suppose donc de trahir ceux qui voulaient que le nouveau gouvernement italien serve à détricoter les vieux équilibres européens. Trahir ceux qui, d'Orbán à Le Pen en passant par Vox et l'AfD, ont misé sur le gouvernement Meloni pour tenter de remettre en cause l'intégration de l'Europe, ce que Meloni a déclaré hier vouloir préserver et non combattre. Et l'apaisement, en particulier, signifie offrir aux deux grands pays avec lesquels l'Italie devra compter dans les prochaines années, la France et l'Allemagne, des signes concrets de conversion de ses idées passées. Meloni devra montrer qu'elle ne considère pas la France d'Emmanuel Macron comme un pays désireux de mener des " politiques prédatrices " contre l'Italie et qu'elle considère les politiques lepénistes comme un mal à combattre et non comme un instinct à assouvir. Et elle devra aussi montrer, Meloni, qu'elle ne considère pas le gouvernement allemand comme un ennemi naturel du gouvernement italien, comme elle l'avait dit dans le passé, mais qu'elle le considère, au contraire, comme un allié précieux pour essayer de renforcer la souveraineté européenne, en transformant même les ennemis du gouvernement allemand (AfD et associés) en ennemis du gouvernement italien (et le fait que la première mission à l'étranger du ministre italien de l'économie, Giancarlo Giorgetti, se soit déroulée en Allemagne n'est pas accidentel). Le chemin que Meloni a devant elle en Europe, aussi difficile et inavouable soit-il, consiste à ne pas tenir compte des promesses faites pendant la campagne électorale par sa coalition. Il s'agit plutôt de faire tout ce qui doit être fait, quoi qu'il en coûte, afin que la rupture du nouveau Premier ministre porte davantage sur ses propres idées passées que sur les projets et objectifs du gouvernement qui l'a précédé. En Europe, la fête est finie, mais surtout pour Meloni. » 

SONDAGES, La Stampa, A. Ghisleri « Fratelli d’Italia frôle la barre des 30%, quatre Italiens sur dix apprécient Meloni » : « Les débuts de G. Meloni à Bruxelles sont salués par la chaleur de ses électeurs, qui la récompensent du point de vue du taux de popularité, désormais à 40,6%, avec un bond de 0,9 points en dix jours. Son parti aussi, Fratelli d’Italia, se renforce, passant à 28,7% des intentions de voix (avec +2,7% par rapport aux élections du 25 avril dernier). Cela montre que la lune de miel avec l’Italie va de l’avant. La coalition de droite atteint 45,2% des intentions de vote, et la Ligue augmente de très peu (+0,2 points) pour atteindre la barre de 9%, Forza Italia qui recule d’1,6 points, s’arrête à 6,5% et enfin Noi Moderati à 1%. Concernant les prévisions des Italiens sur l’avenir de la coalition, 27% des sondés estiment que le gouvernement durera toute la mandature ; alors que pour 68% des sondés le parti de S. Berlusconi sera une possible menace pour Meloni. Concernant les partis d’opposition, le M5S devance désormais le PD avec 17% des intentions de voix, contre 16,5% au parti de Letta, tandis que le Troisième Pôle atteint 8,2%, avec une hausse de +0,4 points. L’Italie d’aujourd’hui est encore dans une phase d’attente pour comprendre comment le passage de consignes entre M. Draghi et G. Meloni peut modifier notre quotidien. » 

ARTICLE, La Repubblica, A. Ziniti « Migrants, le dernier chantage : ils doivent demander l’asile sur les bateaux des ONG » - Voici la nouvelle stratégie du ministre Piantedosi pour remporter le bras-de-fer sur les migrants bloqués depuis des jours. Ainsi, si l’Italie devait autoriser l’entrée dans les ports, la gestion retomberait sur les pays d’appartenance des navires : « La demande de protection internationale devra être faite à bord des navires humanitaires pour faire retomber la responsabilité de la gestion des migrants secourus sur l’Etat d’appartenance des ONG. Seulement à cette condition, l’Italie serait disposée à ouvrir ses ports et délocaliser les migrants chez les pays européens concernés. C’est donc dans les plis du droit d’asile que le « très technique » ministre de l’Intérieur du gouvernement Meloni est en train de chercher une porte d’issue à cette impasse. Piantedosi sait très bien qu’il ne peut pas se permettre de perdre son premier bras-de-fer avec les ONG, qualifiées de « navires pirates » par Meloni. Il est en train de travailler afin d’éviter qu’un magistrat (comme ce fut le cas pour Salvini quand il était titulaire de l’Intérieur) ne décide de l’obligation de les laisser débarquer. Ce serait un échec intolérable pour Meloni qui, encore hier à Bruxelles, a annoncé « un changement de posture de l’Italie ». Il faut voir après quelle sera la disponibilité des autres pays de l’Union, à commencer par l’Allemagne qui a reçu de la part de la Farnesina une demande d’éclaircissements dont notamment l’éventualité de demandes de protection internationale faites à bord. Chose improbable, puisque personne ne le fait jamais avant de débarquer. Toutefois, la loi le permet et c’est sur ce point que se base la stratégie de Piantedosi afin de contourner les accords de Dublin. C’est une solution qui permettrait au gouvernement Meloni de maintenir la ligne dure et d’éviter à l’Italie une censure pour d’éventuels comportements inhumains et mettrait les autres pays européens devant la responsabilité de partager la gestion des flux migratoires. »

ARTICLE, Corriere della Sera, « Tajani : pour les navires, il y a des règles. L’UE rappelle que sauver des vies est un devoir » par Francesca Basso : « Le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, qui était à Berlin pour participer au sommet sur les Balkans occidentaux a rappelé la situation : "L'Allemagne est un de nos grands interlocuteurs, c'est un pays ami", mais "quand il y a un message à faire passer", a-t-il expliqué, "notamment sur la question de l'immigration, nous le faisons avec détermination pour faire respecter les règles. Nous avons seulement demandé que les navires des ONG respectent les règles européennes lorsqu'ils secourent une personne en mer et demandent ensuite à accoster dans les ports les plus proches. Nous l'avons fait de manière officielle, avec beaucoup de politesse mais aussi avec beaucoup de fermeté". Pour Tajani, qui s'exprimait aux micros de la RAI, "nous avons besoin d'une collaboration entre tous les pays européens, mais aussi avec les pays des Balkans, pour arrêter l'immigration illégale, car elle risque de devenir un problème de plus en plus grave pour nous tous". Les mesures prises par le gouvernement italien à l'encontre du navire Humanity1 battant pavillon allemand, qui transporte actuellement 104 mineurs non accompagnés - "dont beaucoup ont besoin de soins médicaux", selon Berlin - ont attiré l'attention à Bruxelles, mais aucune invitation ouverte à changer de stratégie n'est venue des institutions européennes. "Nous suivons la situation de près", a expliqué Anitta Hipper, porte-parole de la Commission européenne. "D'après les informations dont nous disposons, poursuit-elle, il y a trois navires avec environ un millier de personnes à bord et ils ont demandé à débarquer en toute sécurité. La Commission ne participe pas aux opérations de sauvetage en mer ni à la définition du lieu de débarquement. Sauver des vies en mer est un devoir moral et une obligation légale en vertu du droit international des États membres, quelles que soient les circonstances". Lors de la première visite de Meloni à Bruxelles, l'effort évident était d'éviter toute forme de polémique pour créer un climat constructif avec le nouveau gouvernement italien. La question des flux migratoires a été abordée lors des entretiens entre Meloni et von der Leyen, ainsi qu'avec Charles Michel, mais ils ne sont pas entrés dans les détails et le cas des trois navires d'ONG n'a pas été abordé. M. Hipper a également expliqué que le mécanisme temporaire de solidarité volontaire sur le transfert des migrants - l'accord a été conclu en juin dernier par 21 pays de l'UE - peut également être utilisé pour redistribuer les migrants actuellement bloqués sur des navires au large de l'Italie dans les eaux internationales. Jusqu'à présent, si l'on exclut les trois navires, il y a eu 8 000 offres de relocalisation et, au cours des derniers mois, 38 migrants ont été transférés en France et 74 en Allemagne. Réactions tièdes au Parlement européen (la plupart des députés européens ne sont pas à Bruxelles pour cause de vacances). Une source du PPE a expliqué au Corriere que les Populaires attendent "des gouvernements italien et allemand qu'ils respectent toutes leurs obligations basées sur le droit international et qu'ils agissent en conséquence". »

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Giorgia Meloni et Ursula von der Leyen

ARTICLE, Corriere della Sera « Les ONG et le gouvernement font du surplace. Un débarquement prévu uniquement pour les femmes et les enfants » par Rinaldo Frignani : « Alors que le bras de fer entre Rome et Berlin pour accorder la permission à l'ONG allemande d’accoster se poursuit, 456 migrants qui se trouvaient à bord d'un bateau de pêche parti de Libye sont arrivés à Crotone. Le bateau avait été repéré mercredi par un hélicoptère de la Guardia di Finanza et les moyens de Frontex lui ont porté assistance, permettant aux migrants d'arriver en Calabre. L'approche à l’égard des navires des ONG reste tout à fait différente. Après la demande de la Farnesina d'obtenir la liste des personnes à bord, la décision prise en accord avec l’Intérieur reste que seuls les femmes et les enfants doivent être débarqués. Il semble peu probable que le navire soit finalement laissé sans port de débarquement, mais l'intention du gouvernement semble claire : prendre son temps. C'est la ligne de l'ancien ministre de l'Intérieur Matteo Salvini suivie par le passé, pour décourager les départs d'Afrique du Nord. La droite l’avait clairement annoncée lors de la campagne électorale et l’esprit de la note de Piantedosi pour qui l’action des ONG n’est pas "conforme à l'esprit des réglementations européennes et italiennes en matière de sécurité et de contrôle des frontières et de lutte contre l'immigration clandestine"". Humanity1 a fait savoir qu'elle avait déjà envoyé "17 demandes infructueuses à Malte et à l’Italie" et a ensuite lancé un nouvel appel : "Les 179 personnes à bord ont besoin de toute urgence d'un endroit sûr. L'état de santé des naufragés se dégrade. En raison des températures froides de la nuit, une fièvre se répand à bord. Les tests Covid sont négatifs, cependant'. Hier, M. Piantedosi a participé par vidéoconférence à la réunion du groupe MED5, qui comprend, outre l'Italie, Chypre, la Grèce, Malte et l'Espagne. La décision finale prévoit "un changement de stratégie qui doit être réalisé en renforçant les canaux d'entrée régulière dans l'UE, ainsi qu'en intensifiant les relations avec les pays d'origine et de transit des migrants". Une approche qui vise à lutter contre le trafic de migrants en réduisant à la fois les naufrages et les profits criminels". La même demande avait déjà été soumise à l'UE au cours des derniers mois, mais elle n'a pas abouti jusqu'à présent. »

ARTICLE, Il Messaggero, « Migrants, davantage d’entrées régulières. L'impasse sur le navire allemand » par Andrea Bulleri : » « De la part de Bruxelles (et avant cela de Berlin), on sent les pressions pour que l'Italie prenne en charge les presque mille réfugiés à bord des trois navires des ONG qui se trouvent actuellement au milieu de la Méditerranée. Mais Tajani, lors du sommet des Balkans, a rappelé que pour Rome, il faut d’abord "respecter les règles" en matière d’accueil. Traduction : il est juste d'intervenir s'il y a des personnes en danger ("L'Italie ne recule pas quand il s'agit de sauver des vies humaines", a prévenu M. Tajani), mais il n'est pas juste de permettre le débarquement aveugle sur les côtes italiennes de navires battant pavillon étranger. Le ministre Matteo Piantedosi a appelé hier à un "changement de stratégie" au niveau européen sur la question des migrants : "Renforcer les canaux d'entrée réguliers dans l'UE", peut-on lire dans l'appel rédigé à l'issue de la réunion Med5 (les cinq pays européens de la Méditerranée), pour lutter contre le trafic illégal d'êtres humains et le business des passeurs. Et puis "intensifier les relations avec les pays d'origine et de transit des migrants", à commencer par les États africains. Mais entre Rome, Berlin et Bruxelles, il y a toujours la question des trois bateaux d'ONG qui insistent pour entrer dans les ports italiens.  "Quand un navire demande à accoster, nous voulons savoir qui est à bord, c'est une question de sécurité nationale", a prévenu Tajani à l'issue du sommet de Berlin avec Scholz. A l'Allemagne et autres partenaires, précise-t-il, "nous avons seulement demandé le respect des règles. Nous l'avons fait de manière officielle, avec beaucoup de politesse mais aussi avec beaucoup de fermeté". Une ligne aussi revendiquée lors du face-à-face d'une demi-heure avec la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.  Avec l'Allemagne ("Un pays ami et un grand interlocuteur"), il n’y a pas de friction, tient à souligner M. Tajani. La question, sauf dans le cas spécifique du navire Humanity 1 battant pavillon allemand, "ne concerne pas Berlin, mais le droit européen". "Puis ajoute Tajani quand il y a un message à donner, notamment sur la question de l'immigration, nous le faisons avec détermination". "L'Italie ne peut pas devenir un refuge pour tous les immigrés", résume le ministre des Relations avec le Parlement Luca Ciriani. Et donc "l'Allemagne ne peut pas secourir les migrants en mer sans en informer les autorités italiennes, et dire ensuite qu'il y a un problème humanitaire mais que vous vous en occupez". Matteo Salvini est encore plus dur : "Où devrait aller un navire norvégien ? C’est simple, en Norvège" a tweeté le chef des infrastructures, commentant le cas de l'Ocean Viking. La porte-parole de la Commission européenne, Anita Hipper, a lancé à l’attention de l’Italie : "c'est une obligation morale et légale pour les États membres de sauver les gens en mer". Des déclarations auxquelles Tajani lui-même a répondu indirectement hier, en soulignant que "s'il faut sauver la vie de quelqu'un, l'Italie est prête" (mais aussi que "ce n'est pas le cas en l’espèce"). Pas seulement : lors des entretiens bilatéraux avec ses collègues du G7, le chef de la diplomatie romaine est revenu plaider pour une solution européenne : " L'Italie a 7 000 kilomètres de côtes ", a-t-il rappelé. "Nous ne pouvons pas être les seuls, avec la Grèce et Malte, à prendre en charge le problème".

ARTICLE, La Repubblica, G. Di Feo « Le message d’Haftar au gouvernement Meloni : un bateau avec 500 personnes à bord » : « Ce n’est pas un hasard si le navire est parti depuis la Cyrénaïque quelques jours après la prise de pouvoirs de G. Meloni. Il s’agit d’une sorte d’avertissement lancé par Khalifa Haftar, le seigneur de la guerre libyen qui continue ses manœuvres de pouvoir sur les deux côtés de la Méditerranée. La situation de la Cyrénaïque est bien différente par rapport à celle du reste de la Libye : Haftar dispose de forces militaires qui ont le contrôle total des côtes. Les passeurs peuvent agir uniquement avec son autorisation. Le Raïs de Tobrouk n’a pas renoncé à jouer les protagonistes et profite du fait que la Libye soit divisée en deux et sans gouvernement. La Libye est désormais disputée entre Erdogan et al-Sisi pour la suprématie de la Méditerranée. Haftar tente de s’insérer dans le jeu. Il peut compter sur de bonnes relations avec Le Caire et sur le soutien de la Russie. Le vieux général use alors l’arme des migrants comme instrument de pression sur l’Europe et notamment sur l’Italie pour obtenir une reconnaissance politique et économique. Le navire arrivé à Crotone n’est que le premier signal lancé à Meloni. C’est là une sonnette d’alarme pour l’exécutif italien, qui devra trancher sur quel dirigeant miser et comment bouger entre l’Egypte et la Turquie, le tout en harmonie avec les initiatives européennes. Samedi dernier, l’UE a signé un accord avec le gouvernement d’al-Sissi en allouant 80 millions d’euros pour renforcer la surveillance de la frontière avec la Libye. Il est assez singulier que pour assurer l’application de l’entente il y ait, outre l’OMI, la Civipol, une structure du ministère de l’Intérieur français. En Libye comme dans le reste du Maghreb, Paris suit ses intérêts, qui vont souvent à l’encontre de ceux des Italiens. C’est une opposition qui a marqué l’histoire récente du pays africain, depuis la chute de Kadhafi. Et qui risque de rendre vaine toute tentative de stabiliser la Libye. »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de l’Amiral Cavo Dragone, chef d'état-major des armées, "Le front ukrainien est désormais dans l'impasse. Les négociations doivent être relancées" par Rinaldo Frignani : « Je pense qu'il ne peut y avoir de solution militaire au conflit parce que la Russie n'a pas atteint ses objectifs stratégiques et parce que l'Ukraine a réagi avec un fort sentiment d’unité nationale. D'autre part, les territoires pris par les Russes ne peuvent être récupérés. Maintenant qu'il y aura une pause hivernale, le temps froid intensifiera la guerre de tranchées avec le repositionnement des deux camps. Au printemps, les hostilités reprendront de manière plus violente, à moins que - comme je l'espère - la communauté internationale ne parvienne à catalyser ses efforts en vue d'une "solution négociée". "Il faut accorder le poids nécessaire à ce qui est dit, le contextualiser avec les risques qu'il y a pour un geste risqué, pour une erreur. Il est peu probable que ces menaces soient suivies d'effet : il y aurait un effet domino imparable. Il faut considérer ce qui est dit dans le contexte d'une confrontation pour la conviction des esprits : essayer de gagner des positions de force, dans une tentative d'affaiblir psychologiquement l'adversaire et d'obtenir un avantage lorsqu'il sera assis à la table des discussions. La dissuasion nucléaire a toujours existé, mais elle n'a pas servi à dissuader les Russes de se battre. A l'avenir, la dissuasion sera technologique afin de faire comprendre à nos hypothétiques adversaires qu'il ne vaut pas la peine d'aller au combat. Ce sera le nouveau paradigme qui régira les confrontations entre grandes et moyennes puissances. Nous assistons à une confrontation conventionnelle à laquelle nous n'étions plus habitués, après les guerres asymétriques et le terrorisme. Nous avons entendu les canons tonner et les missiles voler, mais il existe une activité de cyberespionnage, de collecte d'informations également dans l'environnement cognitif : tout ce qui a une influence sur l'opinion publique (fake news, réseaux sociaux, information) peut se refléter dans les décisions politiques. Cela s'est produit lors de certaines campagnes électorales, ils ont peut-être essayé d'affecter la dernière en Italie également.  La crise commence à l'Est et passe par la Méditerranée pour atteindre l'Atlantique puis l'Indo-Pacifique, où il y a des foyers qui peuvent se répercuter même chez nous. Il ne s'agit pas seulement de la présence de navires russes, mais des tensions en Afrique du Nord, en Libye, puis au Sahel et en Syrie, qui sont aussi les filles de cette confrontation. La présence italienne a été renforcée à l'Est, conformément aux décisions de l'OTAN et de l'UE. Mais ce ne sont pas seulement les 2 500 hommes que nous avons là-bas qui sont touchés par cette crise, et qui sont déjà intervenus de manière décisive pour empêcher les frappes aériennes, mais aussi les 8 000 autres sur les théâtres opérationnels de la Méditerranée élargie. S'il doit y avoir des augmentations de personnel, elles seront décidées par le politique, mais des mesures correctives seront nécessaires compte tenu du scénario géopolitique. En termes de moyens également. Nous nous consacrons à l'innovation multi-domaine et technologique. Et à l'espace, qui deviendra un domaine où les combats auront lieu. Nous devrons être prêts. Et puis il n'y a pas que la guerre. Les flux migratoires, les sources d'énergie secondaires, la sécheresse, la surpopulation doivent être pris en grande considération. Nous sommes le point de friction de l'Europe avec l'Afrique. C'est essentiel. La marine et l'armée de l'air sont engagées dans des contrôles en Méditerranée : le simple fait de les effectuer est dissuasif pour empêcher les actions contre les dorsales sous-marines pour l'approvisionnement en carburant et les pipelines de transfert de données : 95% des informations voyagent sous l'eau, 5% seulement via les satellites ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Le ministre italien des relations avec le Parlement Luca Ciriani : "Le temps du débarquement facile est révolu."

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Italie. Le ministre des relations avec le Parlement Luca Ciriani déclare sur la Rai 3, à propos des bateaux de migrants : le temps du débarquement facile est révolu.

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Giorgia Meloni et Luca Ciriani