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24/08/2022

Angela Merkel reçoit le prix de l'UNESCO de la paix pour sa politique en matière de réfugiés.

ONU et Allemagne. L'ancienne chancelière allemande Angela Merkel va recevoir le prix de l'UNESCO de la paix pour sa politique en matière de réfugiés : pour « ses efforts pour accueillir des réfugiés pendant la crise des réfugiés et de la migration de 2015/16 ».

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(https://www.unesco.org/en/articles/angela-merkel-awarded-felix-houphouet-boigny-unesco-peace-prize)

Geert Wilders se voit attribuer une haute décoration hongroise.

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Pays-Bas et Hongrie. Le président du PVV Geert Wilders se voit attribuer, par la présidente hongroise, une haute décoration hongroise pour son soutien à la Hongrie et à la lutte contre l'immigration.

"Salvini divise la droite sur les sanctions contre Poutine après avoir appelé à ‘’juger de leur utilité’’"

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Italie. Revue de presse.

La campagne électorale en vue des législatives fin septembre continue de faire la une de la presse italienne qui reprend les débats entre les différentes coalitions, notamment autour des réformes sociales et des sanctions vis-à-vis de la Russie. « Taxes, gaz : la compétition est lancée. Confrontation entre Matteo Salvini et Enrico Letta sur les sanctions à la Russie. Giorgia Meloni est la plus ovationnée. » (Corriere della Sera), « La droite se divise autour de Poutine » (La Repubblica), « Meloni-Letta, opposition sur la question du travail » (Il Messaggero).

La polémique suite au partage sur les réseaux sociaux par Giorgia Meloni d’une vidéo relative à un viol survenu à Piacenza apparait également en une. « La victime déplore le fait qu’on la reconnaisse dans la vidéo » (Corriere della Sera), « Giorgia Meloni dénonce ‘’une campagne de haine’’ engagée contre elle et affirme qu’elle ne s’excusera pas » (La Repubblica), « Suite à la publication de la vidéo du viol, la victime est ‘’désespérée’’. ‘’Je ne m’excuserai pas’’ affirme Meloni » (La Stampa).

(Voir la vidéo : https://twitter.com/bsdhvt/status/1561760101312000000)

Les stratégies pour faire face à la diminution des livraisons de gaz russe, et notamment un plan présenté par le ministre italien de la transition écologique Roberto Cingolani, sont reprises par plusieurs quotidiens. « Cingolani et les fournitures de gaz : plafonnement des prix. Le cas de l’Allemagne. » (Corriere della Sera), « Rationnement du gaz, voici le plan » (La Stampa).

Les mesures sanitaires en vigueur à l’école et au travail sont évoquées par plusieurs quotidiens à l’approche de la rentrée. “A l’école, adieu à l’enseignement à distance pour les élèves positifs et isolés » (Corriere della Sera), « A partir de septembre, tout le monde retourne au bureau, le télétravail est terminé » (La Stampa).

 Les JT couvrent essentiellement les déclarations de soutien de Mario Draghi à l’Ukraine et sa condamnation ferme de la Russie en marge du sommet de la Plateforme Crimée, le discours de Mario Draghi aujourd’hui à Rimini, la commémoration des 6 mois de l’invasion de l’Ukraine par la Russie alors que les bombardements sur Zaporizhzhia continuent. 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « Le seul accord porte sur la réduction des charges sur le travail » : « Le secrétaire du Pd, Enrico Letta, passe à l'attaque : "Ma voix est celle du seul parti qui n'a pas le nom de son leader dans son symbole. Je revendique ce choix car un parti est une communauté, pas un leader. Le risque est de tomber dans le présidentialisme, ce qui dénaturerait notre Constitution. Nous disons non aux "raccourcis". La réponse de Giorgia Meloni a été immédiate, lors de sa première confrontation publique de la campagne électorale avec son principal challenger : "Nous avons besoin d'un lien direct entre le vote des citoyens et le gouvernement. »  Le secrétaire du Pd propose que les prix administrés soient en vigueur 12 mois et qu'un plafond soit fixé pour les factures. Meloni est sceptique : "Je suis favorable au plafonnement du prix du gaz au niveau européen, mais attention à ne pas le faire au niveau italien. A moins que vous ne décidiez de "nationaliser les entreprises". Le vice-président de Forza Italia, Antonio Tajani, invite toutes les forces politiques à une "bataille" à Bruxelles "pour protéger les intérêts des Italiens". Matteo Salvini, secrétaire de Ligue, déplace en revanche l'axe en relançant la piste du nucléaire : "Le plafonnement du prix de l'énergie, c'est bien, mais si nous voulons être un pays indépendant sur le plan énergétique, nous ne pouvons pas être les seuls au monde à dire non à une énergie nucléaire propre et moderne". Seul point de convergence : la réduction des charges salariales. “Si nous voulons aborder sérieusement la question des salaires", a déclaré Meloni "nous devons réduire les charges sur le travail, qui est la seule façon d'augmenter les salaires. Letta a ajouté : "Tout ce que nous pouvons mettre dans la réduction des impôts doit être mis dans la réduction des impôts sur le travail. Si nous ne sommes pas capables de faire un choix tranché pour donner plus d'argent aux travailleurs à travers leur salaire, nous ne pourrons pas donner aux travailleurs d'espoir en l’avenir". »

ARTICLE, Corriere della Sera, « Un Parlement qui sera fait sur mesure, et où l’électeur ne choisira jamais son candidat » par Antonio Polito : « La loi électorale actuellement en vigueur, connue sous le nom de Rosatellum, fruit de l'échec de la Grande Réforme de Renzi, retire une grande partie du choix aux électeurs. Sur 600 parlementaires (ils seront nombreux cette fois-ci, après la réduction des sièges), seuls 147 députés et 74 sénateurs seront choisis dans des circonscriptions uninominales, où l'on peut mettre choisir directement un nom au lieu d'une liste fermée sans préférence possible. Mais cette fois, il y a une nouveauté. Il reste très peu de circonscriptions uninominales contestables, celles où même quelques centaines de votes "marginaux" peuvent déterminer le résultat. Cela s'explique par le fait que la loi électorale, conçue pour un système bipolaire, fonctionne désormais dans le cadre d'une compétition à quatre partis. D'un côté, il y a le centre-droit, de l'autre trois coalitions, plus d'autres listes perturbatrices. L'effet est que dans une très grande partie des circonscriptions, entre 80 et 90 %, le centre-droit est en tête. La prédiction est donc rarement incertaine. Présenter un candidat local connu, populaire, faisant autorité et capable de représenter le territoire, comme cela devrait être le cas dans la logique du système majoritaire, est donc devenu presque inutile. Vous gagnez (ou perdez) de toute façon. Donc vous pouvez mettre qui vous voulez dans la circonscription uninominale. Le Rosatellum contient en fait une imposture dès sa conception. L’électeur ne peut pas faire de choix différent entre l’uninominal et le collège proportionnel, il devra voter pour le même parti.  Et puis il y a les nominations multiples. Ce n'est pas un mécanisme qui ne concerne que les dirigeants. À Rome, Forza Italia présente Berlusconi comme le leader, Bernini en deuxième position et Gasparri en troisième. Le "petit train" sert à élire Gasparri parce que les deux qui le précèdent seront élus ailleurs. En bref, l'électeur met sa croix, mais ne sait pas sur qui et quelle utilisation sera faite de son vote. »

ARTICLE, La Repubblica, « Le ‘Melonomics’ : les recettes populistes de la droite gagnent à Rimini » par notre correspondante Conchita Sannino : « A Rimini, les propositions de la droite fusent. "Supprimer le revenu de citoyenneté" (le leader de Frères d’Italie), "étendre la flat tax aux salariés et aux familles" (le leader de la Ligue), "envisager un système très sérieux de bourses, pour nos enfants qui dans le Covid ont été piétinés et ont tout perdu, du droit aux relations au droit au sport" (elle), "détaxer toutes les primes et heures supplémentaires (lui). Et le " made in Italy ". Meloni a été accueillie presque par une ovation. "Je souhaite que le nouveau gouvernement mette en place ce nouveau cursus d'études supérieures’’. Il s'agit d'une proposition de Fratelli d'Italia. C'est la journée la plus attendue de cette 43e édition, avec le point d'orgue que constitue aujourd'hui le discours de Mario Draghi. Première étincelle entre Meloni et Letta. Quand il promet que "même si nous ne gagnons pas, nous ne laisserons pas le pays tomber dans le présidentialisme, nous défendrons la Charte, nous voulons un Parlement encore plus central qu'aujourd'hui", elle ironise : "mais le semi-présidentialisme est à deux pas de nous, à Paris, et Letta me semble très ami avec la France, étrange qu'il ne l'aime pas". Elle est toujours aux prises avec des papiers et des notes mais plus maîtresse de la scène, Salvini en manches de chemise, les plus formels Letta et Di Maio en cravate. Mais c'est sur les propositions sur le travail, les impôts et l'école que le public est au diapason. Meloni : "Quand Jean-Paul II est venu ici à la Rencontre, il a dit que les ressources appartiennent à l'homme quand il les obtient par le travail. Ici, le revenu présente un paradoxe : nous donnons jusqu'à 700 euros à un jeune valide alors qu'une personne handicapée touche une pension de 270 euros". Un tonnerre d'applaudissements, bien qu'il n'y ait aucune proportion entre les deux catégories. “ Et Dieu sait que j’ai appris plus de choses en travaillant quand j’étais jeune que bien d'autres années au Parlement", dit-elle. » 

SONDAGES, Corriere della Sera, données de Tecnè et Noto, par G.A. Falci, « Le centre-droit continue de monter ; d’après les instituts de sondages ce sont les questions économiques qui pèsent le plus » : « L’impression parmi les sondeurs est que l’impact des polémiques quotidiennes, des joutes à coup de tweets entre Enrico Letta et Giorgia Meloni ou les annonces faites chaque jour par les partis ont peu de poids dans la campagne. Pour le PDG de EMG different, il est probable que la campagne ne rentre dans le vif que deux semaines avant les élections. Pour d’autres sondeurs, ces petites confrontations peuvent même éloigner certains électeurs potentiels, peu réceptifs à la propagande, surtout venant des partis qui ont déjà été au pouvoir. Mais surtout, pour 6 familles italiennes sur 10, la question du prix du panier de courses ou des factures d’énergie est prioritaire sur n’importe quelle autre question. C’est donc l’inflation et le prix de l’énergie qui préoccupent le plus les électeurs. Viennent ensuite les questions de l’économie et du travail, puis de la santé ‘’dont aucun parti ne s’occupe’’ souligne Antonio Noto de Noto Sondaggi. A un mois des élections, le dernier sondage Tecnè pour Mediaset (enquêtes du 17-18 août) donne la coalition de centre-droit en tête avec 49,8% des intentions de vote, contre 30% pour le centre-gauche. Suivent le M5S (10,2%) et le troisième pôle à 4,8%. Fratelli d’Italia est le premier parti avec 24,3% d’adhésion, suivi par le PD avec 23,5%. D’après le sondage Noto du 20 août le centre-droit est également en tête avec 47,5% contre 25,5% pour la coalition de gauche, alors que le M5S et Italia Viva-Azione sont donnés un peu plus hauts : respectivement à 12,5 et 7,5%. L’écart entre Fratelli d’Italia et le PD est un peu plus important : avec 25 et 20,5%. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, de T. Ciriaco, « Gaz, les partis se disputent sur la question du plafonnement des prix ; pour Draghi, le plafond doit être défini à l’échelle européenne » : « La question énergétique est bien présente au Meeting de Rimini ces jours-ci. Les forces politiques s’expriment pour ou contre le plafonnement des prix du gaz et sur un plafonnement national ou européen. Mario Draghi s’exprimera aujourd’hui sur la question. On sait bien qu’au Palais Chigi la crise énergétique est suivie de près et un nouveau décret pour intervenir face aux hausses n’est pas à exclure. Il est toutefois peu probable qu’on aille vers un plafonnement national du prix du gaz, le Président du Conseil plaidant depuis le début pour un plafond à l’échelle européenne. Le ministre de la transition écologique Roberto Cingolani annonce l’imminence du plan pour rationaliser la consommation de gaz et que les stocks sont remplis à 80% alors que les regazéificateurs fonctionnent désormais à plein régime. Concernant le plafonnement, les positions des partis sont très disparates. La Ligue et le Parti démocrate sont favorables à un plafond national, à introduire au plus vite. Enrico Letta plaide en effet pour agir ‘’sans demander la permission à qui que ce soit’’ et donc sans attendre une décision de l’UE qui, si elle tarde à arriver, ‘’deviendra un bouc émissaire’’. Matteo Salvini veut quant à lui anticiper un ‘’automne très rude’’ et envisage pour cela de recourir aussi au ‘’nucléaire propre’’, une piste également promue par Silvio Berlusconi. En revanche Forza Italia, de même que Fratelli d’Italia, Italia Viva et le Mouvement 5 Etoiles plaident pour un plafonnement européen. Pour Carlo Calenda d’Azione un prix national serait une grosse erreur car cela dissuaderait les fournisseurs de vendre leur gaz à l’Italie. Pour Giorgia Meloni, leader de Fratelli d’Italia, les efforts et subventions de l’Italie pourraient ensuite profiter à d’autres pays de l’UE qui achèterait le gaz aux sociétés énergétiques italiennes. C’est dans ce contexte que le Président du Conseil interviendra aujourd’hui à Rimini, où il mettra en avant la méthode et les résultats de son gouvernement, soulignant la capacité des Italiens à surmonter les crises et obtenir des résultats extraordinaires. » 

PREMIER PLAN, La Repubblica, C. Sannino, « Salvini divise la droite sur les sanctions contre Poutine après avoir appelé à ‘’juger de leur utilité’’». : « Les sanctions contre la Russie révèlent des fissures dans le centre-droit, et offrent de nouveaux éléments sur le pro-putinisme de la Ligue. Ce sont les sanctions économiques contre la Russie qui ont fait la une des journaux hier, déjà en marge de la réunion de Rimini. « Je ne voudrais pas que nos sanctions alimentent la guerre », a déclaré Matteo Salvini, « regardons les chiffres, évaluons l'utilité de l'instrument : s'il fonctionne, allons-y, mais s'il frappe davantage les pays qui le sanctionnent que la Russie sanctionnée, il profite à ceux qui le subissent et alimente la guerre au lieu de favoriser la paix. J'espère qu'ils y pensent à Bruxelles ». Ainsi, le centre-droit, qui semble se diriger de manière compacte vers les sondages favorables, est divisé sur la question des dommages économiques à infliger à la Russie. Giorgia Meloni, atlantiste naissante mais inébranlable, bien que dans la veine d'un euroscepticisme constant, n'est pas intervenue hier sur les sanctions, mais en a partagé la nécessité, même si elle a demandé des « mécanismes de compensation pour les économies qui paient un prix plus élevé » pour les conséquences qu'elles entraînent. Francesco Lollobrigida, son bras droit ainsi que le chef de groupe de Fratelli d’Italia à la Chambre a déclaré : « Nous avons un programme clair : nous soutiendrons les politiques de l'alliance occidentale envers la Russie et nous le ferons avec force, comme c'était le cas. Ceci est écrit dans notre programme et nous le maintiendrons » mais il ajoute : « C'est autre chose de dire que les dommages collatéraux des sanctions doivent être partagés entre les nations occidentales », explique Lollobrigida, « il est clair qu'il y a ceux qui auront plus de dommages et qu'ils doivent être compensés par les autres, sur le modèle du Brexit, pour lequel des fonds ont été alloués et qui ont été partagés entre l'Irlande, la France, l'Allemagne et l'Italie, en petite partie. L'Italie est lésée par ces sanctions et les autres pays occidentaux doivent en assumer leur part. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, « Le poids du facteur Moscou » par Francesco Bei : « Il y a un facteur M qui chauffe la campagne électorale italienne. Mais ce n'est pas, comme on pourrait le croire, le M de Mussolini si admirablement sculpté dans la trilogie d'Antonio Scurati. C'est le M de Moscou, du Kremlin, De l'aveu même du conseiller politique de M. Poutine, Dmitry Suslov, la Russie espère que le résultat des élections modifiera l'orientation du gouvernement en ce qui concerne la guerre et les sanctions contre l'agresseur. Cela devrait créer un effet domino dans l'Union européenne, jusqu'ici compacte, qui, malgré l'exception de Viktor Orbán, a su maintenir une position cohérente pour défendre le droit international et la souveraineté ukrainienne. Giorgia Meloni, créditée par les sondages (à notre avis même par défaut) d'un résultat égal à la somme de ses alliés réunis, est consciente du poids qu'elle porte sur ses épaules. C'est à elle, en cas de victoire réelle du centre-droit, de prouver que le pari du Kremlin est faux et que le Tsar a fait un mauvais calcul. Son silence embarrassé face à la dernière tirade de Matteo Salvini contre les sanctions contre Poutine est significatif. A ses proches, elle a confié ces derniers jours qu'à ses yeux, l'échiquier politique italien semble se diviser en quatre secteurs en matière de politique étrangère. Un "parti français", mené par le PD du professeur de Sciences Po Enrico Letta, qui comprend également le macronien Renzi&Calenda ; un "parti chinois" : le Mouvement 5 étoiles, bien sûr ; et, bien sûr, un "parti russe" composé de Salvini et Berlusconi. Quant à son propre parti, pour Meloni, ce serait le seul authentiquement "italien", c'est-à-dire le seul qui n'ait à cœur que les intérêts de la communauté nationale et qui n'ait pas d'accointances avec des gouvernements étrangers. Le "parti italien" de Meloni pourra-t-il résister au "parti russe" de Salvini et Berlusconi une fois que Draghi aura quitté la scène ? »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

"Notre terre est notre vraie richesse. Prêts à défendre notre agriculture."

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Italie.

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"Notre terre est notre vraie richesse. Prêts à défendre notre agriculture."

Interview, par Álvaro Peñas, d’Andrej Mitić de Dveri.

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Serbie. Álvaro Peñas a interviewé pour El Correo de España Andrej Mitić de Dveri :

Andrej Mitić : « La Serbie vit sous occupation sur 17 % de son territoire, au Kosovo-Metohija »

Entretien avec Andrej Mitić, diplômé en philosophie, docteur en droit, secrétaire international et conseiller du groupe parlementaire du mouvement serbe Dveri.

Le Mouvement serbe Dveri compte actuellement 6 députés à l'Assemblée nationale et pèse 4% des voix, mais ce parti est né comme une organisation chrétienne ? 

Dveri (la signification même du mot Dveri est très spécifique d'un point de vue culturel et religieux car c'est un mot serbe médiéval, et c'est la « porte » de l'église orthodoxe serbe qui mène à l'autel) est né à l'aube de l'agression de l'OTAN contre la Serbie en 1999, en tant que jeune mouvement conservateur essayant de restaurer la tradition culturelle nationale serbe et les valeurs orthodoxes-chrétiennes supprimées pendant des décennies par le régime communiste. Premièrement, en adoptant la position métapolitique. Ainsi, le leader de Dveri, Bosko Obradovic, a fondé un petit cercle intellectuel à vocation nationale qui a rapidement commencé à gagner en influence dans le public serbe, étant très prolifique sur le front culturel : maison d'édition, magazine influent et présentations publiques d'idées, le tout étant très couru, notamment par les jeunes. En 2012, Dveri a été transformé, à la demande du public, en un parti politique qui est entré au Parlement en 2016 pour la première fois, et actuellement pour la deuxième fois, dans la nouvelle plate-forme politique nationale-conservatrice, avec une groupe parlementaire très fort et compétent.

Dveri se définit comme un parti conservateur national et j'ai vu que vous avez participé à la CPAC (Conservative Political Action Conference) qui s'est tenue en Hongrie en mai de cette année. Quelles sont vos références ?

Compte tenu du contexte politique serbe, Dveri est une nouvelle force politique qui n'a jamais été au pouvoir, jusqu'à présent. Politiquement, nous sommes opposés aux deux régimes : l'actuel d'Alexandar Vucic et le précédent qui était radicalement pro-UE. Nous représentons la forme serbe de la troisième voie. Notre idéologie, à un niveau fondamental, est fortement liée à la souveraineté et à l'identité nationale, au maintien des valeurs orthodoxes-chrétiennes et de l'Église orthodoxe serbe, et à un programme pro-famille fort pour lequel nous sont largement reconnus en Serbie comme notre politique phare. Mais Dveri est un parti très moderne, très actuel. Nous répondons à tous les défis conjoncturels actuels : nous sommes contre les politiques LGBT+ et pro-immigration, et nous nous opposons à toutes les formes destructrices de transhumanisme ou de surveillance biopolitique. D'un autre côté, nous sommes le premier parti national-conservateur en Serbie qui a commencé à défendre notre nature et notre écologie, mais pas sous la forme de l'agenda vert de l'UE, mais sous une forme de traditionalisme et de localisme, ramenant la question de défense de la nature hors des mains des gauchistes libéraux qui l'ont kidnappée. Dans le contexte européen, nous reconnaissons clairement les nouvelles forces conservatrices, qui partagent des vues similaires aux nôtres. En ce sens, nous apprécions ce qu'a fait le parti espagnol  Vox. Nous soutenons cette nouvelle configuration idéologique conservatrice paneuropéenne qui est chrétienne, pro-famille ou « illibérale » dans ce nouveau sens du terme.

Vous avez mentionné le mot « illibéral», donc je comprends que Viktor Orbán est une référence pour son parti. Le gouvernement hongrois entretient des relations étroites avec le gouvernement Vucic et est un fervent partisan de l'adhésion de la Serbie à l'UE.

Oui, Viktor Orbán est l'une de nos références en matière de politiques familiales, dans sa lutte contre l'idéologie du genre et dans son modèle d'État. Sa relation avec le gouvernement serbe est une question complexe et est due à la présence d'une minorité hongroise en Serbie, une minorité dont les droits sont pleinement respectés. Cependant, la politique interne de Vucic est à l'opposé de la politique d'Orbán. Vucic essaie de se présenter comme le « Orbán » serbe, mais malheureusement ce n'est pas vrai en raison de son programme néolibéral et culturel fort. C'est pourquoi nous essayons de souligner ces différences entre les deux : Vucic est un libéral, Orbán est un conservateur.   

Lundi dernier, plus de 50 000 personnes ont manifesté contre la célébration de la Gay Pride à Belgrade. Dans quelle mesure tente-t-on d'implanter l'idéologie du genre en Serbie et qui en fait la promotion ?

Oui, Dveri est le pionnier de la lutte contre le totalitarisme LGBT+ en Serbie. Dès le début, nous nous sommes opposés à cette puissante structure hégémonique. Dans un geste chargé de symbolisme, Vucic a nommé un Premier ministre ouvertement lesbien. Ces événements dits de « gay pride » ont lieu régulièrement depuis que Vucic et son parti sont au pouvoir, en fait depuis 2012. Du 12 au 18 septembre prochains, ils franchissent une autre étape. Ils veulent organiser l' « Europride » avec plus de 130 événements dans toute la Serbie, faisant la promotion de leurs homos, trans et, qui sait, quel programme, avec le mariage gay comme justification politique de l'événement. Dveri a mené une campagne très difficile contre elle, culminant avec des manifestations dans les rues de Belgrade (les Serbes considèrent Belgrade comme la ville de la « Mère de Dieu »). Plus de 85% des Serbes sont contre. Notre Église s'y oppose. C'est une tyrannie totale d'une minorité extrémiste. Mais je crois que Dveri et le peuple serbe gagneront et que l'Europride n'aura pas lieu à Belgrade. Comme l'a souligné notre président Obradovic à l'Assemblée nationale : « Personne ne peut être discriminé en raison de son orientation sexuelle, mais vous ne pouvez pas imposer vos valeurs à cette société. »

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Belgrade

Fin juillet, une situation très tendue s'est installée à la frontière avec le Kosovo suite à la décision du gouvernement kosovar d'interdire l'utilisation des cartes d'identité et des plaques d'immatriculation serbes. Qu'y a-t-il derrière tout cette affaire ?

Il n'y a pas de « frontière » avec le Kosovo, seulement la ligne administrative imposée par l'UE et l'OTAN. La Serbie vit sous occupation sur 17% de son territoire au Kosovo-Metohija (c'est le nom complet de la province du sud de la Serbie qui est occupée. Metohija signifie "la terre de l'église" et représente presque la moitié du Kosovo, c’est pour cette raison qu’ils ont interdit ce nom). C'est le cœur de notre identité, notre terre sainte, avec quelque 1 300 églises et monastères. Plus de 150 ont été détruites ou endommagées, plus de 10 000 icônes volées ou endommagées, nos tombes, nos monuments. Les Serbes vivent dans l'apartheid sur leur propre terre, en Europe, au XXIe siècle, aux mains d'un groupe islamiste et mafieux extrémiste. C'est pourquoi le peuple serbe et le parti Dveri sont sincèrement reconnaissants que l'Espagne n'ait pas reconnu l'indépendance du soi-disant « Kosovo » (Kosovo est un mot serbe, soit dit en passant). Cela signifie beaucoup pour nous et permettez-moi d'adresser le message de gratitude du président de Dveri Obradovic au peuple et à l'État espagnols.

À l'heure actuelle, de fortes pressions sont exercées sur la Serbie pour qu'elle reconnaisse de force l'indépendance de notre territoire et déchire notre constitution. Les derniers événements ne sont rien d'autre qu'une demande élargie, un chantage. Il faut dire que Vucic a beaucoup fait pour l'indépendance, et c'est pourquoi nous nous y opposons fermement. Mais nous espérons que le moment du changement est venu et que la Serbie parviendra à un nouveau consensus national pour défendre notre Kosovo-Metohija.

Le gouvernement kosovar a déclaré qu'il reportait les mesures à septembre. Que peut-il arriver si cela dégénère ?

Le risque d'éclatement de conflits est élevé, même avant le 1 septembre. Les Albanais amènent leurs forces armées dans le nord du Kosovo, qui est entièrement peuplé de Serbes, et ils ne sont pas autorisés à le faire, Ils enfreignent le droit international et la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'ONU. Ils fabriquent des nids de tireurs d'élite, des fortifications, etc. Ils veulent occuper la partie nord qu'ils ne contrôlent pas. Malheureusement, la KFOR et l'OTAN ne réagissent pas et autorisent pratiquement ces activités illégales. Si la guerre éclate, ce sera entièrement sous votre responsabilité. La Serbie défendra notre peuple, nous ne pouvons pas nous permettre plus de meurtres, de viols, de nettoyage ethnique des Serbes et la destruction de nos églises et de notre patrimoine culturel qui existe depuis plus de 1 000 ans.

Un autre point critique est la situation en Bosnie-Herzégovine. « La Bosnie a échoué », a déclaré Milorad Dodik, chef de la Republika Srpska (République des Serbes de Bosnie). Cet échec pourrait-il déclencher un nouveau conflit dans cette région ?

Comme vous l'avez peut-être remarqué, il s'agit d'une pression synchronisée, d'une agression régionale très complexe, de sorte que la Republika Srpska est détruite et qu'une Bosnie-Herzégovine unitaire est construite sous domination musulmane. Mais ce sont précisément les raisons de la guerre des années 1990. Pourquoi l'Europe tolère-t-elle et promeut-elle l'extrémisme musulman au Kosovo-Metohija et en Bosnie-Herzégovine ? C'est ce que se demandent les Serbes, l'un des peuples européens les plus anciens et les plus chrétiens, allié de l'Occident dans les deux guerres mondiales. Nous nous sentons trahis par l'Occident. Nous espérons que l'unification de la Bosnie-Herzégovine s'arrêtera. Sinon, la Republika Srpska devra être indépendante. 

Plus la guerre en Ukraine durera, plus un nouveau conflit éclatera dans les Balkans, un conflit qui pourrait être encouragé par la Russie, les États-Unis ou même la Turquie, selon leurs intérêts. Partagez-vous cet avis ?

Bien sûr, il existe des analogies structurelles et le potentiel de conflit est présent. Dveri pense que la guerre en Ukraine doit cesser immédiatement. Cela ne favorise pas les Européens. L'Europe et la Russie doivent coopérer et trouver de nouvelles voies pour un avenir meilleur pour tous. Ils doivent faire ainsi.

Hier, le gouvernement monténégrin est tombé après une motion de censure, cette chute est-elle liée aux pressions dont vous parliez tout à l'heure ?

La principale raison de la chute du gouvernement du Premier ministre Dritan Abazovic a été la signature d'un accord avec l'Église orthodoxe serbe au Monténégro. C'est un enjeu majeur depuis deux ans, puisque les Serbes et les fidèles de l'Église orthodoxe serbe ont manifesté dans la rue contre la discrimination et l'intention du président Milo Djukanovic de saisir les biens et l'identité de l'Église. Abazovic a signé l'accord et Djukanovic s'est retourné contre lui. Je m'attends donc à une période d'instabilité au Monténégro, qui, bien sûr, rejoint l'instabilité au Kosovo-Metohija et en Bosnie-Herzégovine. Tout cela crée un nouveau contexte pour le conflit dans les Balkans et, malheureusement, ils ont tous en commun la question serbe dans la région et la discrimination dans les États nouvellement formés. 

Les crimes de Tito ont fait l'objet d'enquêtes plus ou moins poussées en Croatie, en Slovénie ou en Bosnie, mais pas en Serbie. Pourquoi les crimes communistes n'ont-ils pas été signalés en Serbie ? Quelle est la position de Dveri à ce sujet ?

C'est un problème qui n'a pas été résolu en Serbie parce que nous sommes l'un des rares pays qui n'a pas ouvert les archives de la période communiste, parce que les petits-enfants de ces communistes sont toujours au pouvoir et ils ne veulent pas que ces vérités sortent. Dveri représente les victimes de la période communiste parce que les Serbes ont également souffert sous le règne de Tito et soutient la vision historique selon laquelle la Seconde Guerre mondiale était aussi une guerre civile dans le royaume de Yougoslavie. Les Alliés finirent par soutenir Tito et le général Dragoliub Mikhaïlovitch, qui dirigeait l'armée royale yougoslave, a été exécuté en prison en 1946. On ne sait même pas où il a été enterré, pas plus qu'on ne sait où les milliers de Serbes tués par les partisans de Tito sont à Belgrade. Par conséquent, Dveri est en faveur d'enquêter sur les crimes communistes et de faire sortir la vérité à propos de tout ce qui est arrivé sous la dictature de Tito.

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Andrej Mitić

Article traduit dans le cadre de la Coopération mediatique internationale

(https://elcorreodeespana.com/politica/338058035/Andrej-Mi...)