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04/09/2019

" Le ‘’oui’’ de Rousseau, naissance du nouveau gouvernement."

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Italie. Revue de presse.

La validation, par 79% des adhérents du M5S, de l’accord passé avec le parti démocrate fait les gros titres des médias transalpins. La presse revient largement sur la consultation en ligne des militants 5 Etoiles qui a donné naissance à la nouvelle majorité « jaune-rouge » : « Le ‘’oui’’ de Rousseau, naissance du nouveau gouvernement » - ‘’79% favorables. Aujourd’hui Conte au Quirinal avec la liste des ministres’’ (Corriere della Sera), « Le gouvernement last minute » - ‘’Bras de fer sur les ministres, Gentiloni vers la Commission européenne’’ (La Repubblica), « Un gouvernement à l’ombre de Rousseau » - ‘’Conte aux 5 Etoiles : je veux avoir le dernier mot’’ (La Stampa), « Le spread à son minimum, 79% du M5S dit oui à Conte » (Sole 24 Ore),« Conte-bis, bras-de-fer sur les ministres » (Il Messaggero, Il Mattino).

Le bras de fer entre le Premier ministre B. Johson et le Parlement britannique sur le ‘’Brexit’’ est aussi largement évoqué en Une et en pages intérieures de la presse écrite Italienne.

Journaux télévisés : Les discussions pour former un nouvel exécutif avec en premier plan la consultation en ligne des militants du M5S, et le bras-de-fer entre B. Johnson et le parlement britannique font l’ouverture des JT, ce matin.

Réseaux sociaux Sur Twitter, outre l’habituel hashtag du jour #4settembre (4 septembre, sur des thèmes très variés), à signaler aussi #Salviniasfaltato (‘’#salvini enseveli’’ en référence au pari perdu du leader léguiste sur l’impossibilité d’une solution à la crise politique qu’il a ouverte).

COMMENTAIRE Corriere della Sera M. Breda « Les points fermes de Mattarella sur les comptes publics et l’Europe » : « Après avoir attendu, avec froideur, le résultat de la consultation en ligne des 5 Etoiles, Sergio Mattarella attend maintenant que G. Conte se présente pour voir si le programme présenté sera à la hauteur des défis auxquels l’Italie devra faire face, notamment la stérilisation de l’augmentation de la TVA, la loi de finances et le choix du candidat pour le poste de commissaire européen. S’agissant d’un gouvernement politique, le Président n’aura pas de recommandations spécifiques à faire, outre celle de ‘’faire le Président du Conseil et pas le notaire de deux partis politiques’’. L’autre dossier sur lequel Mattarella interrogera Conte est la liste des ministres, avec un regard attentif pour l’Economie et l’Intérieur. Pour ce dernier, il semblerait que Conte souhaite avoir un technicien ».

EDITORIAL La Repubblica E. Mauro « La non-démocratie des lieux secrets » : « C’est le début du gouvernement. 79.3 % ont dit oui à l’alliance avec le PD. C’est un plébiscite comme l’a défini Di Maio. C’est Grillo qui a gagné, qui a voulu le tournant après la trahison de Salvini. Le gouvernement, et c’est sa principale limite, est sans vision nouvelle et forte qui serait capable de justifier une convergence improvisée par des raisons de convenances réciproques après des années d‘opposition féroce. La participation a été très forte. Mais ces quelques 80 000 citoyens appelés à se prononcer sur une décision aussi importante pour un parti et pout tout le pays représente une part assez dérisoire face aux 10 millions d’Italiens qui ont voté pour le M5S en 2018. Déjà dans ces chiffres il y a une contradiction évidente. Tout d’abord parce qu’il s’agit d’une plateforme privée, dont on ne connait pas les règles qui peuvent en certifier la transparence. La question ne regarde pas uniquement le M5S mais tout le système car il met en question toute la ‘’méthode démocratique’’. Outre celle de la démocratie interne du Mouvement, où la discussion publique est inexistante, c’est une chose qui ne peut pas être tronquée par un site informatique, même s’il s’appelle ‘’Rousseau’’ ».

ANALYSE La Repubblica A. Bonanni « Le suicide européen de Salvini »  « Quand Salvini proteste contre la tentative d’alliance entre le M5S et le Parti démocrate, en disant qu’il donnerait vie à un ‘’gouvernement voulu par Bruxelles’’, cela frôle la vérité. Car il n’y a pas de doute que l’UE et les principales capitales européennes salueraient bien volontiers la naissance d’un gouvernement italien excluant la Ligue. Mais à la base de cette situation il y a les élections européennes. Les populistes et souverainistes ne sont pas arrivés à créer l’exploit et la majorité est restée dans les mains des partis pro-européens. Même le M5S a pris acte de cette situation et a fini par soutenir la candidature d’Ursula von der Leyen, partagée par les libéraux français de Macron. Ce dernier et Merkel ayant à l’intérieur de leurs pays des adversaires menaçants tels le FN et l’AfD, ils ont doublement intérêt à former un cordon sanitaire isolant l’extrême droite. Or, Salvini s’est enfoncé dans le trou qu’il a lui-même creusé. Il n’a pas compris pourquoi aucun de ses ‘’amis’’ de la droite souverainiste, allant d’Orban aux Polonais du PIS, en passant par les nationalistes flamands, n’ont voulu entrer dans le groupe politique d’extrême droite que la Ligue partage avec Le Pen et l’AfD. Ainsi, en regardant uniquement le périmètre national, voire romain, le leader de la Ligue a ouvert une crise politique qui lui a rapidement échappée des mains. Même Berlusconi commence à voir que l’homme mis à l’index par l’Europe, les Etats-Unis, le Vatican et Wall Street, est loin d’être l’allié idéal pour un parti qui se prétend libéral et européen. Et peut-être qu’une partie de la bourgeoisie de l’Italie du Nord commence aussi à le comprendre ».

EDITORIAL Corriere della Sera A. Alesina et F. Giavazzi « Deux choses à faire » : « Pour l’Italie, il y a deux points cruciaux qu’il faudra affronter pour enlever le monopole de la propagande populiste : l’immigration et la stagnation économique. Pour le premier point, plusieurs Italiens votent pour ceux qui promettent de les protéger de la perception du risque de l’immigration. Ces craintes se basent souvent sur une conviction erronée, sur la désinformation, sur l’exagération de l’effet du phénomène sur la criminalité. La réalité est que l’Italien moyen n’est pas prêt à vivre dans une société multiethnique ou du moins pas encore. Le nouveau gouvernement devra ainsi être très prudent sur les ouvertures des frontières, sur le nombre d’immigrés à admettre et sur celui à accueillir. L’Italie, et cela est aussi sa faute, attire les migrants les moins instruits et riches. Nous devons apprendre à séduire des personnes avec une instruction plus élevée. L’autre facteur qui alimente le consensus des populismes, est cette stagnation économique qui dure depuis 20 ans. Les parents ont perdu l’espoir de voir leurs enfants vivre mieux qu’eux. L’école ne garantit pas les mêmes opportunités. Et si l’Italie n’avait pas accumulé une dette pareille nous aurions les fonds pour combattre la récession avec des politiques expansives ».

ARTICLE La Repubblica A. Cuzzocrea « Les doutes de Renzi : ce n’est pas l’équipe de mes rêves mais au moins Salvini a perdu » : « L’ancien président du Conseil aurait préféré d’autres noms pour l’équipe ministérielle. Il aurait aimé voir Cantone à la Justice ou Gentiloni à la Farnesina. Raison pour laquelle il continue à envoyer des signaux guère rassurants de perplexité. Toutefois, il montre à tous les messages venant de ses amis européens ‘’l’Italie est de retour’’. Renzi est en train de préparer son meeting annuel (Leopolda) en octobre. Le thème principal sera le racisme. Entretemps, il garde le mystère sur comment se comporteront ses parlementaires dans l’hémicycle face au nouvel exécutif »

COULISSES, M. Conti, Messaggero, « Duel final sur le Développement économique et le secrétaire d’Etat. Affrontement sur services secrets et sécurité » - « Le M5S veut Spadafora au Palais Chigi, refus du PD : Conte impose Chieppa, actuel secrétaire général du palais Chigi » - « Rôle de l’Industrie stratégique pour les nominations dans les entreprises où l’Etat a une participation » : « Le choix de Chieppa comme secrétaire d’Etat au palais Chigi ‘’brûle’’ de fait la candidature de Spadafora que Di Maio aurait voulu. Le leader du M5S devrait lui aller aux Affaire étrangères, ce qui lui donnera une ‘’promotion’’, mais il quitte ainsi le Travail, le Développement économique et surtout la vice-présidence du Conseil. »

ARTICLE Corriere della Sera F. Basso « Gentiloni pressenti pour aller à Bruxelles » : « Avec la formation du gouvernement ‘’jaune-rouge’’, la case du commissaire italien devra être remplie pour que von der Leyen puisse avoir tous les morceaux du puzzle des dicastères. Le nom de Paolo Gentiloni (PD) se fait de plus en plus souvent. Il n’est pas exclu, toutefois, que l’on fasse un nom d’une femme, respectant ainsi les attentes de la Présidente von der Leyen. Alors, le nom de Paola Severino (ancienne ministre de la Justice) serait le plus accrédité ».

ARTICLE, La Stampa, R. Giovannini, « Des impôts à l’environnement : les nœuds du programme M5S-PD » - « Nouvelle stratégie sur les migrants et la difficile rive européenne » : « Trouver une ligne commune semble difficile pour les deux partis. Une nouvelle loi est annoncée, pour dépasser la Bossi-Fini : elle a dix-sept ans et les événements ont montré qu’elle était dépassée car, en bref, elle a empêché les entrées légales mais elle n’a pas freiné les entrées illégales. Sur la lutte contre l’immigration clandestine annoncée, cela signifie de nouveaux accords avec la garde côtière libyenne. Il est donc évident que, outre la droite bien sûr, la gauche très à gauche de Liberi e Uguali (LeU),  et une partie du PD entreront en crise. La stratégie du visage féroce de Matteo Salvini a fini par remplir les rues de clandestins. Le nouveau gouvernement est à un carrefour : où il les régularise tous (comme avait fait par ailleurs Berlusconi en 2002 à la promulgation de la nouvelle loi) ou il poursuivra les chimères de l’expulsion de masse. Des expulsions qui se sont révélées impossibles car il manque les accords avec les pays d’origine. L’Italie, seule, ne parvient pas à imposer ce genre d’accord au Tiers monde. L’Union européenne, sait-on jamais ».

ENTRETIEN, Pekka Haavisto, ministre des Affaires étrangères finlandais, La Stampa, « Immigration nécessaire, Bruxelles créera un groupe d’Etats voulant l’accueil » - « L’Union européenne redistribuera les réfugiés, mais l’Italie doit collaborer sur la Libye » - « L’opération Sophia a créé des bénéfices et doit être relancée. L’immigration est pour nous un thème clef » : « ‘’Sur la redistribution : un sommet aura lieu à Malte bientôt. Nous reprendrons le travail accompli au Sommet de Paris de fin juillet et espérons pouvoir avancer dans cette direction.  Nous savons que certains pays sont totalement opposés à la redistribution mais nous voulons créer un groupe d’Etats de bonne volonté. L’Italie a une grande connaissance de la Libye. Au temps de Prodi, avec Kadhafi encore vivant, nous avions parlé des différentes options d’une possible intervention européenne.  Ses compétences et ses capacités de comprendre les dynamiques libyennes m’avaient beaucoup frappé’’. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)