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20/07/2019

"Le plan de Salvini pour les élections."

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Italie. Revue de presse.

La possibilité d’une crise gouvernementale fait les gros titres des médias transalpins : « Gouvernement : tensions et menaces de crise » (Corriere della Sera), « La crise est là, personne ne l’admet » (La Repubblica), « Salvini prépare la crise gouvernementale » (La Stampa), « Affrontement Ligue-M5S, le gouvernement vacille » (Sole 24 Ore), « Déchirure de Salvini, vents de crise » (Il Messaggero), « La déchirure de Salvini, le gouvernement vacille » (Il Mattino), « Le plan de Salvini pour les élections » (Il Giornale).

EDITORIAL Corriere della Sera M. Franco « L’Italie vient avant tout » : « En d’autres temps, un affrontement au sein du gouvernement comme celui auquel nous assistons aurait déjà abouti à une crise. Depuis hier, la situation est à risque. M. Salvini, isolé en Europe, assiégé par le M5S mais soutenu par son électorat, a évoqué pendant quelques heures la rupture, en prenant comme prétexte, l’élection de von der Leyen avec les voix du M5S. Mais cela aurait pu être n’importe quel autre sujet, tant les conflits accumulés après le 26 mai sont nombreux. Toutefois, il est temps que l’on explique au pays ce que la majorité populiste et souverainiste veut faire de cette législature. Continuer à tout prix l’inertie multiplie la conflictualité et l’immobilisme, faisant du mal à l’Italie. Les souverainistes, qui sont exclus du grand jeu européen, représentent un désastre continental : l’exécutif a commencé une manœuvre désespérée pour l’amoindrir. Le pari risqué de tout faire sauter est, à ce stade, suspendu par le leader de la Ligue, qui est en train de vivre l’un des pires moments de sa carrière. Le spectacle offert par le M5S et la Ligue est de toute façon déplorable. Il nous pousse à croire que l’idée d’un populisme destiné à diriger longtemps l’Italie est en train de finir. Mais tout doucement, avec mille convulsions »

EDITORIAL La Stampa F. Geremicca « Chronique d’une mort annoncée » : « Oui, cette fois-ci il y a vraiment le risque d’une crise. C’est le ton des phrases lancées mais aussi les argumentations qui semblent être de vraies anticipations de propagande électorale. Les observateurs et les acteurs impliqués se demandent ceux qui peuvent profiter d’une crise. Pour le gouvernement Ligue-M5S, nous pourrions dire que jamais une crise n’a été aussi évoquée, annoncée et peut-être aussi attendue ».

COMMENTAIRE Sole 24 Ore L. Palmerini « La ligne de Mattarella : mettre en sécurité le budget » : « Ce ne sera pas un diktat, car le dernier mot sur la crise et les élections relève des partis, mais le conseil de Mattarella est d’assumer la responsabilité : mettre en sécurité la session budgétaire afin de ne pas conduire l’Italie en exercice budgétaire provisoire. Cela comporterait inévitablement l’augmentation de la TVA, outre d’autres tensions sur les marchés. Les collaborateurs de Mattarella répondent de manière nette qu’au Quirinal il n’y a pas de construction de scénarios en dehors des indications que donneront éventuellement les partis et le Parlement. Si l’on veut verrouiller la session budgétaire, Salvini devrait ouvrir une crise immédiatement, d’ici la fin du mois, pour aller voter le 29 septembre ou la première semaine d’octobre. De toute manière, le Palais Chigi demeure crucial : impossible d’avoir une crise s’il n’y a pas la démission de Conte ou de motion de défiance contre lui de la part du Parlement ».

RESTROSCENA Corriere della Sera F. Verderami « La stratégie de l’attente de Conte, qui sonde le Quirinal et l’opposition » : « La Ligue fait pression pour que Salvini ne perde pas ‘’l’occasion’’ d’ouvrir une crise. Au final, tout se réduit au choix de Salvini et du Palais Chigi qui l’attend au tournant. Hier, le Président du Conseil a eu un entretien réservé avec Mattarella. Conte (et Di Maio) imaginant la ‘’fenêtre électorale’’ désormais fermée, ont commencé à encercler l’allié. Et Conte a peut-être commencé à se regarder autour. C’est ce qu’estiment les hommes de la Ligue, qui se posent la question ‘’qui est-ce le représentant influent d’un parti d’opposition ?’’ qui aurait parlé au Président du Conseil. ‘’Sans doute pas Meloni ni Berlusconi’’. Par exclusion, on est arrivé au PD. ‘’Love is in the air’’, chante à la buvette l’ancienne ministre Boschi, faisant allusion à des relations entre le M5S et son parti. L’opération, toutefois, ne verrait pas l’implication de Di Maio. Selon l’ancien vice-ministre démocrate Giacomelli ‘’la vraie clé est Conte’’. Pour faire sauter cela, Renzi a proposé une motion de défiance contre le ministre de l’Intérieur. Mais pour Zingaretti ce serait ‘’une perche tendue à Salvini’’ ».

COMMENTAIRE La Stampa M. Sorgi « Les armes émoussées de Conte en Europe » : « Salvini sait très bien que ni Di Maio, ni Conte et encore moins Zingaretti ne pensent vouloir faire tomber le gouvernement. Cela s’explique par la nomination d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission Européenne. Salvini avait misé sur son échec, malgré les voix du M5S. Il a perdu pour 9 voix d’écart. Après avoir défini cette élection comme le fruit de l’axe ‘’Merkel, Macron, Renzi, Di Maio’’, il est difficile d’imaginer que la nouvelle Présidente puisse accepter un candidat de la Ligue. Cette fois-ci Salvini s’est mis dans un cul-de-sac. Et Conte réussira difficilement à faire des miracles, lui qui est l’interlocuteur des délicats équilibres européens qui sont en train de se composer. Il est impossible pour lui de négocier, dans ces conditions, en automne, le budget le plus lourd que l’Italie doit adopter ».

ARTICLE Il Messaggero, A. Gentili « Le Quirinal et la possibilité d’élections anticipées » : « Giancarlo Giorgetti est parti en exploration de Sergio Mattarella. Officiellement pour expliquer les raisons de sa renonciation à la fonction de commissaire européen. En réalité, pour avoir aussi des garanties du chef de l’Etat. ‘’ Si on créait une majorité alternative je ne pourrais pas dissoudre le Parlement. Je ne manigancerai pas, vous pouvez en être sûr ‘’. En réalité, les chances du gouvernement jaune-verte sont désormais à la fin. Pour Salvini il vaut mieux de garder la protection du Viminal plutôt qu’aller aux élections »

ENTRETIEN de Maria Elena Boschi, députée du Parti Démocrate « Si les 5 Etoiles sont cohérents, ils voteront la défiance contre Salvini » : « ‘’Le gouvernement est déjà en crise, ils se disputent pour n’importe quelle raison. Or, il y a une solution : les élections anticipées. Nous souhaitons que l’opposition fasse son travail. Si l’opposition ne propose pas une motion de défiance aujourd’hui contre Salvini, quand est-ce qu’elle pourra le faire ? On ne discute pas des « renziens » et des « non-renziens ». Zingaretti a obtenu les voix pour diriger le parti. Nous ne donnerons pas une note à Zingaretti mais uniquement un coup de main’’ ».

COMMENTAIRE, La Repubblica, Gad Lerner : « Ce que Foa sait sur Poutine » : « A la Rai, il y a un journaliste qui, mieux que quiconque, pourrait raconter la vraie nature des relations entre la Ligue et la Russie de Poutine : il s’appelle Marcello Foa. Il est président de la Rai depuis septembre 2018 et il avait été présenté comme candidat unique par Matteo Salvini qui, pour le faire nommer, avait même imposé de forcer les règles. Pour un leader politique comme Salvini, qui mise tout sur la force de la communication, le choix du bon président pour la Rai ne pouvait pas être impromptu. Contre Foa, il y avait la faiblesse du curriculum : sa carrière italienne s’était arrêtée au poste de directeur du service des affaires étrangères du quotidien ‘’ Il Giornale ‘’ et ensuite il était parti en Suisse, à la direction d’un groupe éditorial du Canton Tessin. Marcello Foa a toujours revendiqué son rôle de journaliste indépendant, mais cela ne l’a pas empêché de partager les canulars d’un antisémite catholique bien connu, Maurizio Blondet, à propos de présumés ‘’dîners satanique‘’ d’Hillary Clinton ni de participer à des rencontres publiques avec des membres du plus fervent souverainisme théoricien du complot. La nomination de Foa, avec des pouvoirs qui se sont avérés être beaucoup plus larges que par le passé, au détriment de l’AD Fabrizio Salini, peut être considérée comme la plus controversée, la plus pénible, mais aussi la plus importante, parmi celles faites par Salvini. Il y a un siècle, un mouvement social -communiste luttant au cri de ‘’ faire comme en Russie ‘’ se répandait dans le pays, deux ans plus tard le résultat avait été la Marche sur Rome de Mussolini. Maintenant, l’histoire semble se renverser. Des intellectuels et des hommes d’affaire intrigants du cercle restreint de Salvini sont aujourd’hui enivrés par la vision de ‘’ démocratie autoritaire ‘’ de Poutine et par la devise ‘’ faire comme en Russie ‘’. Parmi eux, il y a aussi celui qui devrait avoir la fonction de garant du pluralisme dans la télévision publique. Celui qui l’a nommé, aura fait ses calculs ».

Réunion informelle sur les migrants à Helsinki : ARTICLE Sole 24 Ore G. Pelosi « L’UE toujours divisée sur les migrants, l’Italie contre la France et l’Allemagne » : « Un ‘’non-accord’’ sur les migrants entre les ministres de l’Intérieur européens. C’était peut-être l’objectif non déclaré que le ministre italien Salvini avait poursuivi avec détermination pendant toute la durée du sommet. Il a répété comme un mantra ses priorités : plus d’expulsions et serrer la vis contre les ONG. Il était pratiquement naturel d’arriver à un dialogue entre sourds avec l’Italie d’un côté et la France et l’Allemagne de l’autre. Ce n’est qu’un avant-goût de ce qui pourrait se passer avec la nouvelle Commission dirigée par une présidente qui a fait explicitement référence à la solidarité, au sauvetage des vies en mer et à la réforme du règlement de Dublin. Des positions inconciliables, du moins pour le moment, comme l’a souligné le ministre français Castaner, qui a reconnu que ‘’l’accord n’est pas là’’. ‘’Salvini défend ses positions politiques, qui sont légitimes. Mais mes positions sont, elles-aussi légitimes et sont différentes. L’initiative franco-allemande est aussi une initiative de solidarité envers l’Italie et Malte’’. Ce ne sera pas facile de trouver un accord ».

Article Il Messaggero, C.Mangani « Migrants, stop à l’Italie. Mais situation délicate avec les ONG » : « L’Europe est de plus en plus divisée sur la question des migrants, mais surtout incapable de trouver une vraie solution aux milliers de personnes qui s’échappent des guerres et de la misère. En réalité, chacun suit son chemin. L’axe Paris-Berlin a tenté de mettre en place un document que le front italien et maltais n’a pas trop apprécié. Une proposition que Matteo Salvini a rejetée, en la qualifiant comme « inadmissible ».

ENTRETIEN de Mario Monti, ancien président du Conseil » : « ‘’ Politique étrangère déformée par le gouvernement. Ainsi l’Italie se fait mal ’’ » (La Repubblica) : « ‘ L’Italie est encore un pays crédible, avec ses entreprises et ses universités, mais politiquement elle se présente aujourd’hui en Europe et dans le monde désarmée, même pire, armée contre elle-même. Salvini a créé un grave problème de réputation pour l’Italie, non seulement maintenant, mais même avant, par ses déclarations où il affirmait qu’il se sentait beaucoup plus chez lui à Moscou que dans de nombreuses capitales européennes. Il s’agit des déclarations très graves contre l’Italie et l’UE, ainsi le pays risque de devenir le Cheval de Troie en Europe. Nous avons deux partis qui, d’après leurs déclarations, veulent changer l’Europe. On peut aimer l’Europe ou non, mais elle est un peu plus compliquée que ce que cette approche laisse comprendre. Il n’y a pas besoin de gifles ni de déclarations grandiloquentes, mais nous avons besoin plutôt d’un travail tenace et continu, avec des alliances, un travail qui ne donne pas une popularité immédiate, comme les annonces de gifles qui ne seront jamais données, mais qui donne des résultats pour le pays, si l’on obtient des politiques ou des modifications des règles utiles pour l’Italie‘’ ».

ARTICLE Il Fatto Quotidiano, C. Di Foggia «TAV, dernier jeu de Conte. Toninelli négociera avec Paris » : « Giuseppe Conte tente la dernière médiation avec la France afin de de résoudre la question Tav. Le destinataire est le ministre des Infrastructures Danilo Toninelli, auquel le Chef du gouvernement a demandé ces derniers jours de rencontrer son homologue française Elisabeth Borne pour examiner la disponibilité de Paris. La confrontation devrait se passer dans les prochains jours, mais cela pourrait se résoudre par entretien téléphonique. Le projet TAV évolue de manière très positive et ne rien faire revient à un feu vert. Toninelli-Borne est considéré par Conte la dernière tentative possible après l’échec avec Macron »

(Traduction : ambassade de France à Rome)