"Un pacte avec Grillo et avec les ténors pour la renaissance du M5S."
22/03/2021
Italie. Revue de presse.
Les retards du plan de vaccination et la volonté de Mario Draghi d'accélérer les livraisons de vaccins au niveau européen par une initiative menée conjointement avec la France et l'Allemagne font les gros titres des médias italiens. La presse relève aussi largement les nombreux loupés dans la campagne de vaccination en Lombardie. « Une équipe d'experts pour les vaccins » - Le gouvernement prêt à aider les régions en retard (Corriere della Sera), « Vaccins, le plan de Draghi pour secouer l'Europe » - Action commune avec Merkel et Macron pour aider von der Leyen dans l'achat de nouvelles doses (La Repubblica), « Vaccins, les livraisons en retard : seulement 200 000 doses par jour» (La Stampa), « Les vaccins en retard, l'accélération de Draghi » - Le Président du Conseil fait pression sur les régions. Chaos en Lombardie (Il Messaggero), « Vaccins, la dernière catastrophe » - La Lombardie pourrait être placée sous tutelle (Il Fatto Quotidiano), « Problèmes en Lombardie» - chaos dans les réservations (Il Giornale).
ENTRETIEN, La Stampa, d’Enrico Letta, secrétaire du Parti démocrate, « Une alliance avec les Cinq Étoiles, mais il ne faut pas qu’ils nous freinent ; deux femmes comme cheffes de groupe au Parlement » : « Pendant mes années passées à Paris, j’ai continué à suivre de près ce qui se passait en Italie. J’ai d’ailleurs participé à une campagne électorale en septembre dernier, chez moi, en Toscane, lorsqu’aux régionales j’ai vu que la Toscane pouvait basculer du côté de la Ligue. Et puis, de l’étranger, on voit mieux les choses. Ces sept années passées avec des jeunes du monde entier m’ont ouvert les yeux sur trois grands impératifs : la jeunesse, la place des femmes, le développement durable. Au sein de mon Parti, je veux donner une vraie place aux jeunes, tout en garantissant un pacte de solidarité avec nos anciens. Accorder le droit de vote dès 16 ans serait une main tendue, une preuve de confiance. Il y a aussi la question de l’égalité femmes-hommes. Personnellement, je ne peux pas concevoir qu’il n’y ait que des visages masculins à la direction de notre parti, à l’heure de l’Europe d’Angela Merkel, d’Ursula von der Leyen ou de Christine Lagarde. Je n’ai rien de particulier contre Graziano Delrio et Andrea Marcucci, au contraire, mais nous avons la volonté politique de lutter contre le sexisme et par conséquent de rééquilibrer la présence des femmes au sein du parti. Deux de nos chefs de groupe doivent donc être des femmes. Les conditions pour la relance sont déjà toutes réunies. La meilleure réponse aux difficultés actuelles de très nombreux Italiens est arrivée vendredi avec les aides de l’État aux entreprises et aux familles du décret ‘sostegni’. Le gouvernement Draghi a par ailleurs très bien su répondre à la tentative de prise d’otage du Conseil des ministres par Matteo Salvini, notamment grâce à un Parti démocrate plus uni et plus fort qu’avant. C’est un des premiers fruits de notre évolution. Nous avons la sensation de pleinement appartenir à ce gouvernement, et c’est plutôt la Ligue qui doit expliquer son soutien et son changement de position sur l’Europe. La Ligue est une caricature de la politique. Nous voulons opposer à la droite une gauche unie et avancer ensemble. Donc, le refus de Renzi aux Cinq Étoiles n’est pas la bonne attitude et ce n’est en tous cas pas la nôtre. Nous, nous souhaitons nouer des alliances et en finir avec les vétos. J’ai été plutôt agréablement surpris par la conversation téléphonique que j’ai eu avec Giorgia Meloni : elle a été tout à fait correcte, comme doit l’être la relation entre majorité et opposition. Un camarade d’une ancienne section du Parti communiste italien m’a dit ‘’souviens toi que tu t’appelles Enrico’’, j’ai toujours eu un grand respect pour Berlinguer. »
ARTICLE, La Repubblica, « Les militants des 5 étoiles veulent à présent un seul dirigeant à la tête du mouvement. Pour 7 militants sur 10, leur chef doit être Giuseppe Conte » : « Le sondage récemment réalisé par Demos pour Repubblica montre comment la base du M5S n'a pas l'intention de confier la direction du Mouvement (mieux vaut dire, du Parti) à un Directoire, comme le prévoyaient les dernières modifications du Statut. 6 électeurs sur 10 préfèrent un chef unique, tandis que moins de 4 (pour être précis, 37%) préféreraient un organe de direction composé de 5 personnes. C'est un signe supplémentaire de la "normalisation" du Mouvement. Par ailleurs, comme le montre le sondage Demos, la figure de Conte semble avoir reconstruit un climat de plus grande confiance autour du parti, miné par les dissensions internes. Plus de 70% de ses électeurs, en effet, disent n'avoir aucun doute sur le choix de Giuseppe Conte comme nouveau leader politique. Les autres sont loin derrière : Luigi Di Maio : 6 %. Di Battista, Crimi, Grillo lui-même : 3%. Sur les alliances, un tiers de la base 5S, en effet, considère qu'il est opportun de construire un pacte solide et stable avec le PD, en vue des prochaines élections. Alors que près de 40% préféreraient une alliance sans conditions. Presque tout le contraire de ce que pensent les électeurs du PD, parmi lesquels 40% sont favorables à la formation d'une coalition, tandis que 30% préféreraient un accord, sans renoncer à leur autonomie. Cependant, environ 70% de la base des deux partis imaginent et souhaiteraient s’allier. Tout en conservant leur spécificité et leur autonomie. Sans devenir, pour autant, un "PD-5S". »
ARTICLE, Corriere della Sera, d’E. Buzzi « Un pacte avec Grillo et avec les ténors pour la renaissance du M5S. La prudence de Conte sur les prochaines décisions» : « Giuseppe Conte a plusieurs difficultés à régler, à commencer par le bras-de-fer avec D. Casaleggio sur le rôle de la plateforme Rousseau et le mécontentement des parlementaires à l’idée de devoir lui reverser 3 000 euros par mois. Ou encore l’impasse politique qui accompagne le Mouvement depuis désormais un mois. Conte a choisi le chemin du silence : une réserve presque hermétique qui serait, explique-t-on, nécessaire. Conte ne veut pas parler sans avoir d’abord une légitimité. Il attend de pouvoir bénéficier d’un périmètre politique autonome, qui soit autorisé par le consentement de la direction, des élus et des partisans. Ces derniers jours, Conte a travaillé sans cesse sur la refonte de la structure du Mouvement. Il a aussi rencontré les chefs de groupe pour tenter de « tenir » les élus à la Chambre et au Sénat. Conte ne veut pas de fuites sur son projet de modification du Mouvement avant de le partager avec les 5 Etoiles. L’avocat a dans sa tête un agenda bien clair, prévoyant d’abord la discussion avec les ténors, puis avec les élus. Grillo est constamment en contact avec lui. Le problème le plus épineux, celui concernant les questions politiques et économiques avec Rousseau, sera affronté après Pâques. Contourner Rousseau s’avère plus difficile que prévu. Une chose est sûre, Conte veut revoir les relations avec les territoires en misant sur une structure plus traditionnelle, à partir des référents régionaux, et valoriser les femmes. On évoque aussi un renouvellement du parti avec de nouveaux visages. Mais cela se fera dans un deuxième temps, une fois que Conte aura pris la direction du Mouvement et une fois définies certaines questions importantes pour les équilibres du M5S allant des alliances pour les élections municipales au positionnement des 5 Etoiles en Europe (avec la tentative d’entrer dans la famille des socialistes), jusqu’au fonctions internes au parti.»
ENTRETIEN, La Stampa, de Roberto Gualtieri (Pd), ancien ministre de l'Économie « Le décret pour les aides aux secteurs les plus touchés est une bonne chose. Il faut que la Ligue cesse les spéculations politiques » : « ‘’Le décret sur les aides adopté est un acte positif, il représente une continuité avec la ligne que nous avons suivie pendant la pandémie. Le renforcement à hauteur d’1,5 milliards pour le revenu d’urgence est à mettre au crédit avant tout du PD et du ministre du travail A. Orlando. J’invite la Ligue à cesser sa propagande [sur le fait que les aides prévues seraient insuffisantes, ndlr.]. Il est juste de continuer le soutien à l’économie comme indiqué par Mario Draghi. Il faut être aussi conscients du fait qu’il s’agit d’un moment exceptionnel, que nos capacités fiscales sont limitées et qu’il faut d’autres investissements et d’autres réformes pour la relance. Le pari le plus important est celui de doter l’UE d’une capacité budgétaire suffisante, alimentée par la dette commune européenne, en rendant structurelles les innovations du Next Generation EU. En regardant ce que fait Biden sur les défis du changement climatique, il est clair que l’Europe doit continuer sur le chemin pris avec un niveau d’ambition qui soit à la hauteur. Ce sera un match difficile mais l’Italie a toutes les conditions pour le remporter en tant qu’acteur principal, surtout si elle sait utiliser au mieux les ressources du Plan de Relance européen’’. »
ARTICLE, La Stampa, de G. Longo « Di Maio et la nouvelle Libye ‘’L’Italie a désormais un rôle de premier plan » : « Le ministre des Affaires étrangères Luigi Di Maio a rendu visite à Tripoli au nouveau chef du gouvernement libyen, Abdul Hamid Dbeibah. Avec cette première visite officielle d’un ministre européen depuis le départ de Sarraj, l’Italie veut se positionner en chef de file de la coopération de l’Europe avec le nouveau gouvernement d’unité nationale ‘’qui aurait été encore impensable il y a un an’’. Le déplacement du ministre était important pour le renforcement des relations géo-stratégiques, notamment sur la question des flux migratoires, et de la coopération économique, notamment dans le domaine de la production d’énergie. Le nouveau ministre du pétrole et du gaz, Mohamed Oun, ainsi que le PDG d’ENI, Claudio Descalzi, ont d’ailleurs participé à la rencontre. Le gaz était au centre des discussions, un secteur stratégique pour Eni qui est déjà le leader local dans le domaine, fournit 80% du gaz disponible sur le marché et souhaite développer de nouveaux projets. La collaboration avec ENI devrait également porter sur les domaines des énergies renouvelables, de l’économie circulaire, des projets sociaux, de l’accès à la santé mais aussi à l’énergie, l’éducation et la formation professionnelle. Luigi Di Maio a également rencontré son homologue ainsi que le Président du Conseil présidentiel, évoquant notamment le projet d’autoroute côtière de la Tunisie à l’Egypte, un projet qui faisait partie du traité d’amitié italo-libyen signé par Berlusconi et Kadhafi, mais jamais réalisé. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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