"Salvini éloigne la Ligue du Nord."
03/08/2020
Italie. Revue de presse.
L’inauguration du Pont de Gênes est reprise par tous les médias : « Le nouveau pont après la blessure » (Corriere), « Gênes, le jour de l’orgueil » (Repubblica), « Le miracle de Gênes, inauguration du pont San Giorgio » (Stampa), « Inauguration du nouveau pont » (Messaggero), « 15 ans de négligence : aucune prescription pour le pont » (Fatto Quotidiano). Les quotidiens italiens titrent aussi sur l’évolution de la pandémie de Covid : « Les scientifiques : maintenant distanciation sur les vols » (Messaggero), « Conflit gouvernement-Régions sur les trains » (Corriere). Ainsi que sur la relance économique italienne : « Décret août, voici le bonus pour les consommations » (Stampa). En politique intérieure, Repubblica ouvre sur le changement interne à la Ligue : « Salvini éloigne la Ligue du Nord » (Repubblica).
L’hashtag #IoMettoLaMascherina (‘’Je porte un masque’’) domine suite aux déclarations de Matteo Salvini sur l’inutilité du port du masque pour limiter la diffusion du Covid 19.
ENTRETIEN (extraits), de la ministre de l’Intérieur italienne, Luciana Lamorgese (Indépendante), Corriere della Sera de samedi, « Plus de rapatriements en avion et en bateau. Ceux qui arrivent ne seront pas régularisés » : « ‘’Au cours de ce mois de juillet, les flux continus de migrants vers l’Italie ont été influencés par la crise économique sans précédents que la Tunisie est en train de vivre. J’ai dit au ministre de l’Intérieur français Gérald Darmanin au cours de notre rencontre au Viminal que la crise tunisienne ne peut pas être gérée par un seul pays mais par l’Europe entière. J’ai obtenu de la commissaire à l’immigration de l’Union européenne, Ylva Johansson, la preuve de la volonté de mettre en place un engagement conjoint en Tunisie le plus tôt possible, pour qu’une crise économique avec des effets migratoires si importants puisse avoir une solution de l’autre côté de la Méditerranée. La Tunisie a besoin de stabilité et l’Italie ne doit pas se retirer face à ce devoir parce que c’est seulement dans un cadre de sécurité qu’il sera possible de gérer le contrôle des frontières et les flux de l’immigration irrégulière, veillant toujours au respect des droits de l’homme et à la sauvegarde des vies en mer et sur terre. Lundi dernier, j’ai rencontré à Tunis le président de la République Kais Saied et le ministre de l’Intérieur Hichem Mechichi et nous avons décidé que pour le mois d’août il y aura une augmentation des vols de rapatriements prévus deux fois par semaine. Nous avons également sollicité la mise en place de modalités moins strictes de retour, par exemple à travers des bateaux’’. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, E. Mauro : « La course pour l’après-Salvini » : « À la fin même Matteo Salvini se découvre victime du virus d’un point de vue politique, comme si la pandémie avait affaibli l’organisme de la Ligue en isolant son Capitano dans une sorte de quarantaine immatérielle qui le tient séparé des problèmes du pays sans plus avoir la capacité d’agir en protagoniste. C’est l’effet de la phase déclinante qu’il est en train de vivre et qui est sous les yeux de tous. Salvini a encore les votes, même si en baisse, mais semble ne plus avoir l’âme pour les représenter ni les idées pour les investir dans un projet politique qui sache remettre la Ligue au centre du Pays. Ce que Salvini n’a pas compris est que le virus n’a pas seulement bouleversé la richesse des Nations mais a touché aussi le ‘marché de la peur’ dont profitaient les populismes de tout genre. Pour la droite cela pouvait représenter une occasion historique pour reformuler son vocabulaire, sa culture, les fondements de son hégémonie particulière : et donc d’un côté son rapport avec les citoyens, et, de l’autre, avec l’Etat. Il est évident qu’elle n’est pas arrivée prête à ce rendez-vous. Un leader capable d’incarner une droite normale pourrait dominer. Pour des hommes de gouvernement, comme Zaia, et pour la troisième génération de la droite, le concours est ouvert. »
ARTICLE, La Repubblica, C. Lopapa, C. Tito : « Le parti de Matteo naît, mais 30 % au sein de la base du Nord ne renouvelle pas la carte » : « Demain, juste demain, la Ligue Nord meurt. Ce n'est pas un paradoxe mais il s’agit d’une date officielle. Parce qu’il s’agit de la journée où l’adhésion au nouveau parti de Matteo Salvini, ‘’ Ligue pour Salvini président du Conseil ‘’, se termine. A partir de demain, les membres ne seront plus les mêmes, le Nord disparaît ainsi que la ‘’ question septentrionale ‘’, comme déjà annoncé lors d’un congrès fantôme d’il y a quelques mois, pour céder la place au thème de la ‘’ droite du Sud ‘’. Zaia et Giorgetti désertent la fête du parti, le malaise croît et la base des membres commence à couver la révolte dans une situation totalement anormale où le mouvement de la Ligue vivait historiquement dans l'identification totale du chef avec les membres. Le passage à la nouvelle ‘’ Ligue Nationale ‘’ de Salvini ne sera pas du tout facile, non seulement en raison de l'abandon des idées originales, mais aussi en raison de l'absence de consensus et de résultats au sein du leadership. Salvini a provoqué la crise de gouvernement, a promis de remporter les élections en Emilie-Romagne, il a été partisan du souverainisme anti-européiste pendant l’épidémie de Covid et il a demandé de rouvrir les régions lorsque les présidents les fermaient : ce sont tous les facteurs qui ont contrarié les partisans et les membres du parti et qui les ont éloignés du leader ».
ARTICLE/SONDAGE, La Repubblica, Ilvo Diamanti : « Cette droite qui grandit, poussée par Meloni et au détriment de Salvini » : « Fratelli d’Italia, le parti dirigé par Giorgia Meloni, est le seul à avoir connu une croissance régulière et significative depuis les élections politiques de 2018. Il y a un an, FdI avait 6,5 % et maintenant les sondages sont supérieurs à 16 %. Un électeur de la Ligue sur cinq voterait pour le parti de Meloni, qui a eu un consensus supérieur à 40 %, même si elle reste liée à un rôle d’opposition. Aujourd’hui, Giorgia Meloni est certainement le rôle moteur du centre-droit, dépassée seulement par Giuseppe Conte mais devant Salvini et Berlusconi. Le tournant a été en septembre dernier, en raison de la crise de gouvernement ouverte par Salvini et des difficultés de la Ligue et FDI a ainsi occupé un espace laissé libre par Salvini, qui a transformé la Ligue du Nord en Parti National de Droite, comme son amie Marine Le Pen, perdant une partie de son identité historique ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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