"État d’urgence, on continue."
29/07/2020
Italie. Revue de presse.
L’annonce du prolongement de l’état d’urgence jusqu’au 15 octobre domine, ainsi que les polémiques et les tensions en termes de politique intérieure qu’elle engendre : « Etat d’urgence, on continue » (Corriere), « Gouvernement d’urgence » (Repubblica), « Affrontement sur l’état d’urgence » (Stampa), « Réformes, le plan d’ici octobre. Prolongation de l’état d’urgence » (Messaggero), « Urgence jusqu’au 15 octobre. Salvini &C toujours battus » (Fatto Quotidiano) « Etat d’urgence jusqu’au 15 octobre, feu vert du Sénat » (Sole 24 Ore).
ARTICLE, Corriere della Sera, A. Trocino, « ’’Etat d’urgence légitime’’. Mais sur Conte c’est la polémique » : « Le Sénat a donné le feu vert pour la prorogation de l’état d’urgence jusqu’au 15 octobre. Aujourd’hui le président du Conseil soumettra également à la Chambre la proposition de prorogation, qui devra être décidée définitivement par le Conseil des ministres. Pour Conte, la prolongation de l’état d’urgence est une mesure légitime et inévitable puisque le virus est encore en circulation. Sans ce décret, en effet, 38 règlements cesseraient d’exister, ainsi que l’assistance aux patients positifs au virus ou le volontariat. Mais les oppositions sont sur le pied de guerre, au point que Matteo Salvini, représentant de la Ligue, a appelé le président de la République Sergio Mattarella pour exprimer sa perplexité face à cette décision, en mesure de créer une situation d’urgence qui n’existe pas dans la réalité. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco, « Une décision qui prolonge l’état d’urgence et le gouvernement » : « L’insistance avec laquelle Giuseppe Conte a souligné hier le caractère ‘’technique’’ de la prolongation de l’état d’urgence jusqu’au 15 octobre s’est révélée très défensive et a montré l’importance politique de cette décision pour le gouvernement. La prorogation semble en effet un antidote contre une possible crise gouvernementale pendant la période estivale et maintenant elle pourrait l’aider également à surmonter sans conséquences le vote du nouveau dépassement structurel. Cependant, la perspective de garder le pays dans un état d’urgence pose la question des délais pour un futur retour à la normale, soulevant les critiques de l’opposition. Mais les tensions restent au sein de la majorité à propos du renvoi du MES et de la question migratoire, négligée à l’apparence par les discours du gouvernement ».
ENTRETIEN, La Stampa, Giorgia Meloni, leader de Fratelli d’Italia (FdI), « Dérive liberticide du gouvernement, les touristes et les investisseurs nous échapperont » : « ‘’ Nous avons rédigé un document avec toutes les propositions du centre droit et le gouvernement doit nous répondre. Jusqu'à présent, personne n'a eu l'intention de nous contacter et je suis très pessimiste. Le ministre de l’Economie Gualtieri a fait des promesses sur le dépassement structurel mais ses affirmations étaient trop fumeuses et nous ne voterons plus rien sans avoir appris les chiffres exacts. Cet exécutif est irresponsable et a dépensé des milliards pour des choses inutiles, comme le bonus pour les trottinettes ou les recrutements pour accélérer la régularisation des migrants. Il n'y a pas de raison de prolonger l'état d'urgence ; en Europe nous sommes les seuls à l'avoir fait et il y a un danger d'une dérive liberticide. Conte fait maintenant l'objet d'un consensus très large, mais c'est un phénomène typique en temps de crise et de difficulté ‘’ ».
COMMENTAIRE, La Stampa, Michela Murgia : « Si le PD aussi agit comme la Ligue » : « Brève chronique d'une manifestation qui a échoué, il y a quelques jours à Rome, où pas plus de 250 personnes réclamaient la fin des accords avec les criminels libyens et l'ouverture de couloirs humanitaires pour les migrants qui continuent de mourir en Méditerranée. C'est compréhensible, il faisait chaud et beaucoup sont déjà en vacances, mais je me souviens qu'il y a plus d'un an et demi, pour les mêmes raisons, il y avait 5 000 personnes sous la pluie à la Place Montecitorio. Qu'est-ce qui a changé en 18 mois, après la Covid ? La réponse est trop facile : le gouvernement a changé. Il n’y a plus Matteo Salvini en tant que ministre de l’Intérieur, c’est la majorité de centre gauche qui gouverne et la ministre de l'Intérieur est une femme si discrète que souvent ses décisions passent complètement inaperçues. Et pourtant, elles ne sont pas différentes de celles que Salvini prenait, les décrets sécurité sont encore là et les bateaux des ONG sont toujours bloqués dans les ports par des excuses ridicules. Les accords avec les garde-côtes libyens ont été renouvelés sans problèmes, les femmes et les enfants qui arrivent sont abandonnés à eux-mêmes et risquent de mourir en mer. Face à ces données inaltérées, le fait que la mobilisation civile a diminué suscite un soupçon déconcertant : pour beaucoup, exiger le salut et la dignité des migrants n'étaient qu'une question d'antagonisme politique et non de droit humanitaire. L'antagoniste a disparu, et l'indignation aussi. Dans ce scénario, ce qui pèse le plus, c'est l'hypocrisie du PD et de son secrétaire Zingaretti, qui se félicite pour le renouvellement de l'accord avec les Libyens. L’occasion de se racheter pourrait être demain, lorsque le Sénat votera pour décider l'autorisation de poursuivre Salvini dans l'affaire Open Arms mais rien n'est sûr, car il est désormais clair que sur la question des droits des migrants il n'y a pas de gouvernements amis ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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