"Conte est prêt à dire "oui" aux chantiers de la TAV."
23/07/2019
Italie. Revue de presse.
L’incendie d’une cabine électrique près de Florence, qui a bloqué hier une grande partie du transport ferroviaire italien, fait la Une des médias italiens. La presse transalpine fait état d’un acte de « sabotage », voire d’un « attentat » attribué à la mouvance anarchiste, opposée à la TAV : " Sabotage, trains dans le chaos " (Corriere della Sera), " L’Italie paralysée, le gouvernement même pire " (La Repubblica), " Un attentat bloque la TAV " - " TAV, un attentat coupe l’Italie " (Il Messaggero - Il Mattino)
La réunion qui s’est déroulée hier à Paris sur la question de la répartition des migrants fait la une du Corriere della Sera et du Messaggero et est traitée, en pages intérieures, dans l’ensemble des journaux italiens. Les commentateurs font état d’un nouvel épisode de tensions entre la France et l’Italie : " Les accusations de Macron à l’Italie des migrants " (Corriere della Sera)
ARTICLE/ENQUETE, La Repubblica, L. Montanari, F. Tonacci : « Les anarchistes qui haïssent la TAV : ‘’ Il faut provoquer la panique ‘’ » : « L’énième sabotage nocturne d’une cabine électrique près de Florence a bloqué le transport ferroviaire italien et a coupé la ligne ferroviaire Milan-Rome, véritable colonne vertébrale de la ligne à grande vitesse (TAV). Le sabotage a été revendiqué par une groupe anarchiste italien qui a annoncé : ‘’ Il faut provoquer la panique et l’apporter à la superficie des choses ‘’. Il existe l’hypothèse que la raison de cette action aurait été un avertissement dans l’attente de la décision du juge, qui devait se tenir hier après-midi, qui a ensuite condamné les trois anarchistes toscans pour la bombe du Jour de l’An 2017 à la librairie ‘’ Il Bargello ‘’considérée proche de CasaPound. Les services de renseignement sont très préoccupés par ces actions des anarchistes qui sont, en effet, les partisans principaux de l’action destructrice directe ».
COULISSES, M. Galluzzo/A. Trocino, « Conte est prêt à dire « oui » aux chantiers de la TAV. Risque de chaos pour le M5S – La décision sera connue d’ici vendredi, avec un report éventuel des fonds » :« Seulement deux mois après avoir exprimé ses ‘’doutes et perplexités’’ et après avoir consulté le dossier coûts-bénéfices, il avait dit qu’il se ‘’battrait pour ne pas laisser ouvert le chantier TAV’’. Mais les choses changent, la réalité est là, l’Europe pousse, la Ligue insiste, et voilà que G. Conte est prêt à donner son accord au chantier le plus détesté des 5 étoiles : le Lyon-Turin. Une décision difficilement imaginable qui devient un dû. Conte s’exprimera devant le Parlement et il ne s’agira pas de déclarations contre Salvini mais bien en défense du gouvernement. »
ARTICLE La Stampa, C. Martinetti « L’Italie brisée par les anarchistes » : « L’attentat à la ligne de haute vitesse dans la périphérie de Florence est un acte trop grave pour être considéré comme une écœurante querelle politique. Trois incendies volontaires ont divisé en deux l’Italie. Trains annulés et retards jusqu’à 240 minutes. Après trois heures d’attente nombreux ont essayé de trouver un moyen alternatif tel que voiture ou avion. La piste anarchique est privilégiée. ‘’ J’espère qu’ils seront attrapés et iront en prison‘’, affirme le représentant de la Ligue Matteo Salvini. Le ministre des Infrastructures Danilo Toninelli assure : ‘’ On ne craint pas des attentats. L’Etat italien est fort et l’attention est très élevée‘’ ».
ARTICLE, La Repubblica, A. Ginori « Macron attaque Salvini sur les migrants : ‘’ Accord européen, l’Italie n’est pas là ‘’ » : « L’Europe cherche-t-elle des solutions pour faire face aux débarquements de migrants ? Salvini répond absent. Ce n’est pas la première fois que le ministre de l’intérieur déserte une réunion européenne, mais hier son absence a été remarquée parce que la France avait organisé une rencontre informelle précisément pour tenter d’aider les pays les plus exposés aux débarquements, en premier lieu l’Italie. Il n’y avait aucun représentent important de notre gouvernement. Le thème de la réunion était la proposition franco-allemande, déjà présentée à Helsinki, pour organiser la répartition des migrants. L’affaire dramatique du navire Sea Watch a convaincu Paris et Berlin d’agir, mais Salvini ne veut ni discuter ni présenter une contre-proposition. Il continue d’évoquer la réforme des règles de Dublin, bloquée par ses alliés, les pays de l’Est, et il se limite au slogan ‘’ ports fermés ‘’, inhumain et inefficace. Le ministre de l’Intérieur a donc envoyé à Paris une délégation technique avec le mandat précis de bloquer les tentatives d’arriver à un document partagé : mission qui a échoué. Même le gouvernement de Malte, exposé aux débarquements comme l’Italie, s’est aligné avec la ‘’ coalition de volontaires ‘’ et il devrait organiser la prochaine réunion sur le ‘’ mécanisme de solidarité ‘’ en septembre. L’Italie est donc restée seule, avec ses contradictions. Il est probable que le leader français en parlera aujourd’hui lors de la rencontre avec Ursula Von der Leyen ».
ARTICLE/UNE, S. Montefiori, Corriere della Sera : « Tension diplomatique. Les accusations de Macron contre l’Italie sur les migrants » : « Nouvel affrontement entre Macron et Salvini sur les migrants. 14 pays ont trouvé hier un accord hier à Paris pour créer un ‘’mécanisme de solidarité’’ pour la redistribution des migrants. Pas avec l’Italie, qui n’a pas participé et a rejeté l’accord. Macron n’a pas nommé Salvini mais a déploré des absences ‘’injustifiées’’, ajoutant que l’’’on ne gagne jamais rien en ne participant pas’’. Salvini a répliqué : ‘’l’Italie a relevé la tête, elle ne prend pas d’ordres’’. L’accord de Paris a été pensé pour répondre aux griefs de l’Italie, se plaignant d’être laissée seule face aux débarquements. L’idée serait que les pays européens acceptent le principe selon lequel ceux qui débarquent en Italie débarquent en Europe, et acceptent donc de prendre en charge les migrants, relocalisés rapidement ; l’Italie est appelée à rouvrir ses ports pour accueillir de nouveaux bateaux en difficulté, en conformité au droit international. Cette sorte d’échange n’est pas accepté par l’Italie qui a déserté la rencontre. Salvini a défini la rencontre de Paris comme étant un ‘’flop’’ et ajoutant que ‘’si Macron veut discuter d’immigrés, qu’il vienne à Rome’’. Ce n’est pas l’invitation la plus diplomatique qui soit. A Helsinki, il avait déjà rejeté l’éventualité que l’Italie rouvre ses ports, avec d’un côté France et Allemagne et de l’autre l’Italie et Malte qui ne veulent pas être les ‘’hotspots’’ de l’Europe ».
ARTICLE/UNE, V. Errani, Messaggero, « Affrontement Macron-Intérieur, 14 pays pour l’accord » : « L’affrontement entre Macron et Salvini a eu lieu à distance. De fait, la France a encaissé l’adhésion de 14 états de l’UE pour un ‘’mécanisme de solidarité’’ avec une indication indigeste pour le ministre de l’Intérieur italien, concernant l’obligation du débarquement dans le port le plus proche. Les positions à Helsinki étaient les mêmes et hier, Salvini avait envoyé une délégation technique à Paris avec pour mission de rejeter les tentatives de parvenir à un document partagé. Ce n’est pas le premier affrontement et la solution semble encore loin ».
COMMENTAIRE La Repubblica, S. Folli : « L’anomalie Salvini et ses inconnues » : « Il est désormais inutile de découvrir de combien de mines le chemin du gouvernement est disséminé. La liste est longue : le conflit Nord-Sud, la ligne Lyon-Turin (TAV), la flat-tax, l’élection de la nouvelle présidente de la Commission européenne, jusqu’au scandale des financements russes à la Ligue. Tout peut arriver, il faut attendre la position de Conte sur la défense de Salvini et voir si le ministre de l’Intérieur prend une décision qu’il a reportée jusqu’à maintenant. La Ligue souverainiste coïncide plus que jamais avec ‘’ l’anomalie italienne ‘’, mal tolérée par l’axe qui gouverne l’Europe, de Macron à Merkel et Von der Leyen. Par conséquent, une crise de gouvernement en août équivaut à ouvrir la boîte de Pandore. Certaines voix du PD sont en train de demander une ouverture au M5S. C’est vrai qu’il n’y a pas les conditions pour un exécutif basé sur une entente PD-Cinq Etoiles et Renzi a assez d’amis au Parlement pour boycotter l’opération. Mais lui aussi, comme Salvini, il fait partie des ‘’anomalies italiennes ‘’ et pour le leader de la Ligue le risque serait de perdre la partie politique, un premier pas vers le déclin malgré les sondages au zénith ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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