Décision de la Commission européenne de ne pas sanctionner l’Italie pour déficit excessif et la nomination de l’Italien D. Sassoli à la tête du Parlement Européen.
04/07/2019
Italie. Revue de presse.
La décision de la Commission européenne de ne pas sanctionner l’Italie pour déficit excessif et la nomination de l’Italien D. Sassoli [du Pari Démocrate (centre-gauche)] à la tête du Parlement Européen font les gros titres des médias italiens. Les observateurs parlent dans l’ensemble de « bonnes nouvelles » (Stampa) venant de l’Europe, mais aussi d’une majorité gouvernementale qui se retrouve « hors-jeu » (Messaggero) dans les décisions communautaires les plus importantes : « Conte : voilà comment j’ai convaincu l’Europe » (Corriere della Sera), « L’Italie échappe à l’infraction » - ‘’Davide Sassoli président du parlement UE (La Repubblica), « Sassoli élu, colère de Salvini » - ‘’Le gouvernement parvient à convaincre Bruxelles sur sa dette’’ (La Stampa), « Stop à la procédure » - ‘’Le Spread revient à 200 pts’’ (Sole 24 Ore), « Pas de procédure, le spread baisse, Sassoli à la tête du Parlement européen » (Il Messaggero), « L’Italie graciée, Sassoli président » (Giornale).
L’éruption volcanique sur l’île de Stromboli, faisant une victime et plusieurs blessés, est aussi largement reprise, avec couverture photographique en Une des principaux quotidiens nationaux.
Enfin, la visite de V. Poutine à Rome, aujourd’hui, est reprise. Les observateurs évoquent comme thèmes possibles la Libye et les sanctions européennes contre Moscou lors des rencontres prévues au Quirinal [présidence de la République] et au Palais Chigi [Premier ministre].
ENTRETIEN de Giuseppe Conte, président du Conseil : « ‘’ Nous sommes partis défavorisés, ma l’Italie du dialogue a gagné’’ » (Corriere della Sera) : « ‘‘ Il a été difficile d’arriver à ce résultat, mais l’Italie a évité la procédure d’infraction pace qu’il faut non seulement voir les résultats obtenus mais aussi les dangers évités. Il faut être réaliste, nous sommes partis défavorisés sur les nominations mais nous avons eu de bons résultats et je ne partage pas l’idée d’un redimensionnement de l’Italie. Le pays a un portefeuille économique important et, avec un commissaire à la Concurrence, il pourrait jouer un rôle stratégique en Europe. La perspective de Salvini au Palais Chigi ? Il est déjà ministre de l’Intérieur et leader de la Ligue, il a déjà beaucoup d’engagements et de responsabilités. La réforme fiscale sera une priorité de la législature prochaine mais maintenant il est encore trop tôt pour parler de détails. Sur l’affaire Sea Watch, je respecte les décisions du juge mais je dis non à l’utilisation politique de situations qui impliquent des vies humaines ‘’ ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, C. Lopapa « Sassoli l’emporte, un vice du M5S, bref une farce pour la Ligue » : « L’ancien journaliste a été élu avec 345 voix. Le 5 Etoiles Castaldo figure parmi ses vicaires. Les hommes de la Ligue restent les mains vides, isolés par l’entente entre le PPE et les Socialistes, et quitte l’hémicycle. Forza Italia s’est abstenu. La Ligue et Fratelli d’Italia votent pour le Tchèque Zahradil pour ne pas contribuer à l’élection de leur concitoyen. Les 5 Etoiles s’en prennent aux léguistes, convaincus que sans le véto à Timmermans, il n’y aurait pas eu Sassoli à la tête du Parlement européen, un comble. Pour la nomination des commissaires, Giorgetti est le plus en vue chez les léguistes ».
ARTICLE, Corriere della Sera, P. Valentino : « Un Kennédien florentin de la Rai à Bruxelles » : « David Sassoli est le nouveau président du Parlement européen. Ancien journaliste Rai, il a entamé en 2009 une nouvelle carrière d'eurodéputé de centre gauche. Né en 1956 à Florence, un air un peu ‘’ kennédien ‘’ et une ressemblance avec Robert Redford, il était le candidat des sociaux-démocrates, deuxième famille du Parlement, pour succéder à Antonio Tajani. Un homme de gauche dont l’élection permet à l'Italie de garder l'un de ses trois postes européens importants, après de départ de Mario Draghi (BCE) et de Federica Mogherini (cheffe de la diplomatie), mais il ne sera clairement pas un allié pour le gouvernement populiste au pouvoir à Rome ».
ANALYSE La Repubblica A. Manzella « Le chas de l’aiguille européenne » : « Le Parlement Européen ‘’influence’’ le Conseil des Chefs d’Etat et de gouvernement et le Conseil des ministres économiques. C’est une institution nécessaire car elle est le chas de l’aiguille d’où devra passer la nouvelle Commission. Certes, les Etats veulent se débarrasser de l’idée d’une ‘’forme de gouvernement’’ parlementaire européen. Mais ils n’y parviendront pas. Ce sera toujours une coalition parlementaire qui rendra possible le gouvernement de l’Union. Le parlement européen a aussi un rôle de fédérateur communautaire. Ce sera une législature pas comme les autres. Avec la présence des souverainistes, les trois grandes batailles pour une Union davantage unie seront encore plus difficiles. Le tout avec l’hostilité claire des Etats-Unis et de la Russie. Mais aussi de l’expansionnisme chinois. Un parlement, donc, qui devra se confronter avec le monde. Le saboter dès le début signifierait de choisir le camp de ses ennemis ».
ARTICLE, Il Messaggero M. Conti « Hypothèse du Commissaire à l’Industrie » : « L’heure est à la course pour la nomination des commissaires européens. Le Président du Conseil Conte estime avoir arraché celui de la concurrence. Or, la nomination de Sassoli, qui a pris de court le Palais Chigi, montre comme tout le match est long et compliqué. Surtout pour Conte, qui est forcé de joué en solitaire, sans l’appui de ses deux adjoints Salvini et Di Maio, puisque ces derniers n’ont pas de grandes connaissances à Bruxelles. Entretemps, la Ligue laisse circuler le nom de Lorenzo Fontana pour remplacer à Rome le poste vacant laissé depuis longtemps par Savona au ministère pour les affaires européennes. Poste vacant aussi en raison des candidats eurosceptiques proposés jusque-là par Salvini. Un poste-clé aussi en vue du bras-de-fer en automne pour l’écriture de la loi de finances ».
ENTRETIEN d’Enrico Letta, Directeur de l’Ecole des affaires internationales de Sciences Po La Stampa « Le gouvernement jaune-vert en sort battu. Il va regretter Juncker et Moscovici » : « ‘’Salvini à Bruxelles ne compte pas, l’Italie n’a jamais été aussi négligeable qu’aujourd’hui dans les tables de choix de l’UE. La seule fonction institutionnelle pour un Italien n’a pas été obtenue par celui qui gouverne. Un des résultats de ce train de nominations a été le calendrier : pas de cadeau aux populistes. Le groupe de Visegrad a joué un rôle clé, la Hongrie de Orban a pesé plus que l’Italie’’. Les vainqueurs sont quatre : Macron et Merkel puis Sanchez et enfin Draghi ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, C. Tito « La crise s’éloigne. Le défi entre l’UE et le gouvernement n’est que reporté à l’automne » : « La phrase ‘’la conformité du document de programmation économique 2020 au pacte de stabilité et de croissance sera évaluée’’ par la Commission européenne nous fait comprendre à quel point la trêve octroyée à l’Italie est fragile et temporaire. L’hypothèse d’élections en septembre s’éloigne. Mais c’est un objectif obtenu surtout grâce au rôle joué ces derniers jours par le Quirinal. Les rêves de gloire fiscale de Salvini devront se mesurer avec la nouvelle réalité qui est en train de s’introniser aux sommets de l’UE. Un automne chaud pendant lequel sera effectué un test sur la survie de cette majorité. Le test final est prévu au moment où il faudra mettre la main sur le Budget 2020. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « La stratégie de l’attente de Salvini » : « Salvini hésite et laisse que le temps avance. Il se contente d’être une sorte de Président du Conseil virtuel, souverain incontesté des réseaux sociaux et de la télévision. Or, les circonstances changent, tôt ou tard. Les derniers événements le démontrent. Même si échappée à la procédure d’infraction, l’Italie demeure sous contrôle de Bruxelles. L’acquittement de la capitaine Rackete est une défaite pour le ministre de l’Intérieur. La colère déversée sur les réseaux sociaux contre les juges est grave. Les pays de Visegrad sur lesquels avait misé Salvini ont succombé face à l’axe franco-allemand. Enfin, ironie du sort, le seul Italien nommé en Europe est un démocrate. A partir d’aujourd’hui, si Salvini veut maintenir en vie le gouvernement avec le M5S, il doit savoir que la pente est ascendante. L’Europe sera plus que jamais une marâtre et l’augmentation de la TVA plane sur 2020. Pourquoi Salvini attend-il pour demander des élections anticipées ? L’été passera et l’automne viendra. Peut-être que les feuilles léguistes, soit le consensus, commenceront à tomber de l’arbre ».
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, D. Di Vico : « La forte baisse de la natalité, une urgence oubliée » : « La population italienne a continué à baisser l'an dernier, selon les chiffres publiés mercredi par l'institut national de la statistique (ISTAT). Le nouveau président, Giancarlo Blangiardo, autorité scientifique importante de la démographie italienne, a relancé le problème, en publiant hier le budget démographique national, après avoir déjà souligné le risque des « berceaux vides » dans le Focus du rapport annuel de l’ISTAT. L'Italie comptait 60,36 millions d'habitants fin 2018, soit 124.000 de moins que fin 2017. C'est la quatrième année de baisse consécutive de la population. Le nombre de naissances est le plus faible depuis l'unification du pays en 1861. Malgré ces chiffres, le gouvernement n’a pas encore mis à l’ordre du jour de son agenda politique cette bombe démographique. Au contraire, il semble même qu’il se dirige dans la direction opposée, par la mesure adoptée de retraite anticipée - Quota 100 ».
ARTICLE La Repubblica, G. Vitale « ‘’La Libye n’est pas fiable’’ : Moavero et les 5 Etoiles démentent Salvini » : « La Libye n’est pas un port sûr. Après le bombardement sur le centre pour les migrants de Tajura, la thèse de Salvini pour justifier les refoulements en mer (soit que le pays dirigé par Serraj offre des garanties pour pouvoir accueillir les milliers de réfugiés dirigés vers l’Europe) a été démentie par son propre gouvernement. Le ministre des Affaires Etrangères Moavero a répété toute sa méfiance envers la fiabilité des Libyens. Tout cela va ouvertement contre l’orientation du vice-président du Conseil léguiste, qui a été démenti même par ses alliés de gouvernement. Les 5 Etoiles de la commission affaires étrangères ont mis noir sur blanc ‘’le carnage des migrants est la démonstration tragique que la Libye en guerre ne peut pas être considérée comme un port sûr’’. Un changement de situation qui a poussé aussi le PD à renier le travail de son ancien ministre de l’Intérieur Minniti et à s’abstenir au financement de la garde côtière libyenne et à voter en faveur des autres missions à l’étranger ».
ARTICLE La Stampa F.Semprini, « Raid en Lybie : massacre de migrants. Paris aussi condamne Haftar » : « Bombes sur un centre de détention aux portes de Tripoli, au moins 44 morts. ‘’J’espère que la communauté internationale se réveille, la responsabilité est de Haftar. C’est un acte criminel’’ déclare le ministre de l’Intérieur Matteo Salvini. Alors que les gouvernements européens se dépêchent de condamner le raid, y compris la France qui a toujours été proche du général ».
ENTRETIEN de Vladimir Poutine, Président russe, - « ‘’ Moi, Trump et Salvini ’’ » (Corriere della Sera) : « ‘‘ Les relations entre Russie et Italie sont très positives et nous avons mis au point un dialogue basé sur la confiance. Nous ne voulions pas étendre les sanctions aussi aux liens économiques avec l’Italie, mais nous n’avons pas pu agir de manière sélective pour éviter d’avoir des problèmes dans le cadre de l’Organisation mondiale de commerce. Nous apprécions l’engagement de l’Italie pour renforcer la compréhension réciproque dans la zone euro-atlantique. L’interaction avec les Etats-Unis sur la réduction des armements stratégiques est difficile mais la Russie et prête à relancer le dialogue sur beaucoup de thèmes stratégiques et moi et Trump, nous avons parlé de cette possibilité lors du sommet G20 au Japon. L’accusation contre la Russie d’avoir influencé les élections américaines a été absurde, la commission Mueller a mis en évidence l’absence de tout complot. Le but était de ‘’ continuer de diaboliser ‘’ notre pays, mais nous ne faisons pas comme les Etats-Unis, nous ne nous ingérons pas dans les affaires intérieures d’autres pays. Salvini montre une grande bienveillance envers nous et nous avons des contacts constants avec sa Ligue ‘’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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