Berlusconi - Fini : divorce à l'Italienne après 16 ans d'alliance.
02/08/2010
« L’heure de la Liberté » (Ezio Mauro, La Repubblica) :
« L’irruption de la légalité a fait sauter le PdL, le plus grand parti italien. La légalité a eu l’effet d’une bombe dans le monde fermé du Cavaliere. En transformant la légalité en politique, Fini a trouvé la meilleure façon de diminuer le pouvoir du président du Conseil. Il peut maintenant donner naissance à une culture de ‘droite-centre’ qui pour la première fois, pourra parler d’ordre, de règles, de moralité et de Constitution. Et ceci face à un populisme basé sur un leadership issu du consensus populaire et donc suprême, hors de tout équilibre et séparation des pouvoirs. Berlusconi est maintenant seul aux commandes, entouré par les Verdini, Dell’Utri et Brancher, qui lui doivent tout, à l’ombre du château fort où est enfermé son gouvernement sans politique. Maintenant, le fédéralisme fiscal est la seule raison qui peut le maintenir au pouvoir, une idéologie qui n’est pas la sienne, mais qu’il accepte pour faire plaisir à Bossi. Nous en sommes au compte à rebours pour le peuple berlusconien, et l’heure de la liberté est arrivée. »
« Une victoire à la Pyrrhus pour le président du Conseil » (Stefano Folli, Il Sole 24 ore) :
« La logique suggérait un accord, ou au moins un pacte, de cohabitation qui établisse des règles pour que Berlusconi et Fini parviennent à se supporter. A l’opposé, il y avait l’hypothèse d’une scission immédiate, et concordée entre les deux parties, FI et AN, dont était né le PdL. Les dirigeants du parti berlusconien ont choisi une troisième voie, non sans ambiguïtés, qui comporte de nombreux risques. Pas d’expulsion, mais un défi frontal pour le délégitimer totalement le président de la Chambre, coupable d’avoir créé un ‘parti dans le parti’ et qui aurait cessé de représenter un point d’équilibre institutionnel. Il se peut que le choix berlusconien soit efficace pour régler des comptes avec un adversaire interne, mais ça il l’est beaucoup moins pour garantir à l’exécutif et à la législature un parcours serein. Fini est vaincu, pourrait-on dire, mais la victoire de Berlusconi ressemble à celle de Pyrrhus. Une réconciliation à ce stade paraît irréalisable. Le point crucial est désormais de savoir combien de parlementaires rejoindront le groupe autonome de Fini. S’ils n’étaient que 15 environ, ce ne serait qu’une épine au pied de la coalition Berlusconi-Bossi, mais s’ils étaient 30-35, alors l’optimisme du président du Conseil devrait se calmer : 30 et plus dissidents sont en mesure de soustraire au gouvernement la majorité à la Chambre. D’abord, le groupe finien restera dans la majorité (formellement, il ne sera même pas hors du PdL) ce qui signifie que Berlusconi devra sans cesse négocier leur appui. Le fédéralisme, la justice et autres mesures auront besoin de chiffres sûrs. Une situation dont Casini tire avantage, mais le président du Conseil devra de toute manière traiter avec Fini, surtout s’il reste à son poste. Quoiqu’il en soit, au final, cette rupture affaiblit le gouvernement. Son sens ? Redonner à Berlusconi le contrôle total de son parti, s’il souhaite des élections anticipées, mais Bossi n’en veut pas, il veut le fédéralisme. A partir d’aujourd’hui, une nouvelle partie commence et il n’est pas dit que Berlusconi ait joué ses meilleures cartes. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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