Berlusconi, entre le Sud et Bossi.
04/08/2009
« Berlusconi faut cesser la dissidence : ‘un parti du Sud est inacceptable’ » (Paola Di Caro, Corriere della Sera) : « Hier Berlusconi a clos une fois pour toutes la polémique sur un parti du Sud et surtout le dossier sicilien, coûteux pour le gouvernement en termes d’image et d’équilibre politique. Après une entrevue avec la ministre Prestigiacomo, un déjeuner avec les siciliens ‘loyalistes’ et avant un dîner de clarification avec Miccichè, Berlusconi a mis fin aux rêves ou aux velléités de ceux qui imaginaient un parti du Sud fédérateur, proche, différent du PdL actuel : ‘je ne crois pas que ce soit une hypothèse qui puisse avoir un avenir ; j’ai rencontré quelques députés (Miccichè et les siens) qui avaient suggéré cette idée au sein du PdL ou même l’émergence d’une nouvelle formation politique, eh bien je peux dire que c’est exactement le contraire de ce pour quoi j’ai travaillé avec le PdL’ ; voilà pourquoi ‘je ne peux regarder avec sympathie ou même accepter qu’au lieu de renforcer la cohésion du PdL nous allions droit à la division’. Et si le message n’est pas assez clair, Berlusconi explique les conséquences de cet éventuel coup de tête par une citation latine : ‘extra ecclesiam nulla salus’ ; hors de l’Eglise, point de salut, et moins encore en dehors du PdL. »
Entretien avec Claudio Scajola, Ministre du développement économique, dans La Stampa – « Voici le plan pour la Sicile : 500 millions pour les aqueducs, puis les routes, les écoles et les ponts » : « Sous l’impulsion de Berlusconi, nous avons accéléré les projets en faveur du Sud. Depuis quelques mois, nous nous sommes engagés à revoir les projets régionaux présentés avant la crise économique avec de nouvelles exigences, pour nous concentrer sur des projets d’un niveau de compétitivité plus élevé et rapidement exploitables. Le premier acte se jouera en Sicile, avant une extension des Pouilles au Latium, de la Lombardie au Molise. En plus de la révision et du déblocage des projets régionaux, un dialogue sera engagé avec les régions. Le plan pour le Sud aura pour objectif d’associer les fonds régionaux et nationaux au développement d’infrastructures, de réseaux énergétiques, du tourisme, de soutien aux entreprises, de l’emploi et d’une meilleure image pour le Sud. Sans oublier la fiscalité et la sécurité. »
« Un choix obligatoire pour éviter le risque de scission » (Massimo Franco, Corriere della Sera) : « Difficile de ne pas percevoir la fébrilité avec laquelle le gouvernement tente de neutraliser les poussées centriguges au sein du PdL sicilien. Les 4 Md€ accordés à la Sicile et une sorte d’excommunication contre le ‘parti du Sud’ ne suffisent pas à dissiper une impression de fragilité. Ces derniers mois, le Palais Chigi semble avoir, par désintérêt ou par négligence, minimisé les protestations qui montaient en Sicile. Le déblocage des fonds décidé hier par Berlusconi devrait toutefois mettre fin à la tentation de diviser le PdL au nom de la ‘sicilianité’. Mais les tensions n’ont pas cessé pour autant, au point qu’hier Berlusconi a été obligé de répéter qu’il n’y a ‘place pour aucun parti du Sud allant contre [son] rêve : il y a déjà le PdL’. La rapidité avec laquelle le président du Conseil a cherché à neutraliser la possible scission du Pdl confirme sa prise de conscience du danger et la difficulté de la direction sicilienne ‘loyaliste’ à l’enrayer. »
« Entre Obama, Ligue et sondages, Berlusconi risque l’ambiguïté » (Stefano Folli, Il Sole 24 ore) : « Pour le gouvernement, le problème afghan a deux versants : la loyauté à l’OTAN et aux Etats-Unis et les sondages – où Bossi a vu la confirmation des réserves d’une bonne moitié du pays (nul n’aime les images de guerre et les soldats tués). La Ligue a parlé de retrait pour aller dans le sens d’une opinion inquiète, poussant Berlusconi et Frattini à rassurer les alliés. On a dit, justement, que certaines sorties électoralistes teintées de provincialisme coûtaient en crédibilité, à Washington, à un gouvernement avide de plaire à Obama. L’affaire semblait close dans le sens d’un attachement responsable à nos alliances. Mais Berlusconi lit aussi les sondages et ils l’ont troublé, au point de ne pas vouloir laisser à Bossi le monopole du ‘pacifisme’. D’où sa phrase surprenante : ‘ce n’est qu’après les élections afghanes que nous pourrons réfléchir à une exit strategy, d’un commun accord avec nos partenaires’. Vu la proximité des élections, cela veut dire que l’Italie se donne moins d’un mois avant de commencer à définir une stratégie de sortie. Bien sûr il n’en sera rien mais l’ambiguïté, voulue ou non, fait mauvaise impression –alors que Zapatero s’apprête à envoyer des renforts, à l’évidence pour complaire aux Américains, et que du reste l’Italie renforce son contingent. Alors quel sens donner à l’exit strategy de Berlusconi ? Comme d’habitude, c’est un geste à usage purement interne, fait pour complaire à la Ligue et garder le contact avec l’électorat inquiet. Implicitement, la mission continue jusqu’à ce que les Occidentaux changent de ligne. Mais cette façon de jouer avec les mots ne fait pas de bien au moral des soldats sur le terrain, qui risquent leur vie et ont le droit d’y voir clair ; ni à la clarté de la relation avec les alliés. »
(Traductions : ambassade de France à Rome.)
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