"La perte des régions comme la Sardaigne et l'Ombrie marque la fin du projet de la "Ligue nationale"."
20/11/2024
Italie. Revue de presse.
Les Unes du jour sont consacrées aux menaces nucléaires de Poutine « Atomiques, Poutine hausse le niveau » (Corriere della Sera), « L'arme nucléaire de Poutine » (Repubblica), « Premiers missiles américains en Russie et Poutine menace avec le nucléaire » (Messaggero) et aux attaques du Hezbollah sur les soldats de la FINUL « Bombes du Hezbollah sur les soldats italiens » (il Giornale), « Au Liban, missiles sur les soldats italiens » (Avvenire). La Stampa (journal de Turin) dédie sa une au bicentenaire du musée d'égyptologie de sa ville.
Les JT couvrent essentiellement, outre les sujets traités par les quotidiens, le G20 de Rio de Janeiro, la réunion des ministres européens des affaires étrangères à Varsovie, et la grève du service sanitaire national.
Sur X, le hashtag #EmiliaRomagna, au sujet de la victoire du centre gauche aux élections régionales, fait encore tendance.
La presse italienne consacre ses Unes et ses premières pages aux menaces nucléaires de V. Poutine. Corriere: « le tournant de Poutine sur le nucléaire » : « avec une mise à jour de la doctrine, le seuil pour leur utilisation étant abaissé, il est maintenant plus facile pour la Russie d’utiliser les armes nucléaires. Entretemps, les alliés européens ont du mal à trouver une stratégie diplomatique et militaire commune en vue des chamboulements inévitables de la politique américaine avec l’arrivée de D. Trump. Il n’y a pas eu un effet émulation entre les alliés sur lequel misaient les Ukrainiens. Berlin et Rome s’opposent à envoyer d’armes de longue portée ». Foglio : « La nouvelle doctrine permet l'utilisation d'armes nucléaires même dans le cas de frappes aériennes menées par un pays non nucléaire avec le soutien d'une puissance nucléaire. Dans le collimateur se trouvent ainsi les Etats-Unis pour les Atacms, mais aussi la France et le Royaume-Uni qui fournissent les missiles Scalp et Storm Shadow ». Stampa : « Le décret 991 du président russe n'est certainement pas destiné à réduire les dangereuses tensions internationales autour de l'Ukraine envahie, mais il semble en même temps laisser de grandes marges d'interprétation au Kremlin, qui entre-temps lance un message à Trump : si le prochain occupant de la Maison Blanche est prêt à « écouter les préoccupations de Moscou » et à « comprendre les raisons pour lesquelles il agit de cette manière », un dialogue « pour parvenir à la paix » sera possible, a déclaré le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov ».
L’attaque par roquettes sur les bases de la FINUL est aussi mentionnée. La presse met en avant les réactions des ministres A. Tajani (Forza Italia) et G. Crosetto (Frères d’Italie). Corriere « Les propos du ministre Tajani ont provoqué un tollé. En équivoquant la mission FINUL, le ministre avait déclaré, hier ‘’nous avons assuré aussi la sécurité du Hezbollah’’. La vice-présidente du PD Pina Picerno a réagi en écrivant sur les réseaux sociaux ‘’le ministre nous communique que la FINUL protège aussi des terroristes’’, poussant le ministre à clarifier sa position par un communiqué diffusé dans la soirée afin de mettre fin aux polémiques : ‘’la FINUL assure la mise en œuvre les résolutions de l’ONU et ne protège activement aucune des parties’’ » Foglio : « Sans doute trop pressé, le ministre Crosetto s’en prend à Israël alors que la responsabilité des frappes sur les sites de la Finul retombait sur le Hezbollah. Une source de la Défense explique alors qu’au moment où Crosetto a parlé ‘’le ministre n’avait pas les bonnes informations’’ ».
Le G20 de Rio a fortement attiré l’attention de la presse italienne, comme ces derniers jours. Messaggero : « G20, le paradoxe des conclusions. Pour ne froisser personne, on fait abstraction des conflits mondiaux ». « D’accord sur tout mais sans rien affronter ». En effet, le paragraphe des conclusions sur l’Ukraine est « presque un pas en arrière par rapport au précédent G20 » : il parle seulement d’ ‘’initiatives adaptées et constructives pour une paix juste et durable’’ sans mentionner la Russie. Il en est de même au sujet de la guerre Gaza. Le communiqué ne fait pas référence à Israël, évoque une « préoccupation par rapport l’escalade » et le droit à l’autodétermination de la Palestine. De plus, comme les prochains G20 seront dirigés par l’Afrique du Sud et les USA de Donald Trump, le Messaggero a peu d’espoir pour la suite. Repubblica parle d’un « G4 [européen] dans le G20 de Rio » et explique que les dirigeants européens ont uni leurs positions sur le sujet russe, E. Macron affirmant que « notre soutien à l’Ukraine ne faiblira pas » et G. Meloni déclarant que « tant qu’il y aura la guerre en Ukraine, nous serons à ses côtés » et qu’elle « comprend la réponse américaine à l’agressivité inédite de la Russie ces derniers jours », ne se déclarant pas « scandalisée par l’appel de Scholz à Poutine ». Le seul à s’opposer clairement à l’envoie de missiles sur le territoire russe est O. Scholz, « mais c’est un Chancelier en fin de mandat dont le remplaçant est Manfred Weber : “Après les USA, c’est à nous européens d’en faire autant" ». Malgré ce front européen, d’autres pays notamment Chine et Brésil ont fait en sorte que le communiqué final soit un compromis jugé frustrant par plusieurs leaders européens ».
Concernant le Mercosur, le Corriere explique que malgré les efforts de la présidente de la Commission européenne U. von der Leyen pour conclure l’accord sur le Mercosur pendant ce G20, l’opposition ferme de la France, suivie par l’Italie, a empêché toute signature, malgré le soutien de l’Allemagne et de l’Espagne au texte. La position italienne, marqué par un « non » ferme de Francesco Lollobrigida nuancé par Antonio Tajani, est saluée par E. Macron, qui, auprès de la presse italienne, a félicité G. Meloni pour sa position qui s’inscrit dans la lignée de celle de Paris, suite à un bref échange entre les deux dirigeants, signal positif de la relation franco-italienne « après tant de tensions et d’incompréhensions ».
Les commentaires et les analyses au lendemain des élections régionales. Corriere : « seul le PD évite les conséquences de l’abstention. FDI perd environ 200 000 voix par rapport aux élections européennes. Le M5S divise par deux son score, alors qu’une partie des électeurs centristes décide de voter à droite ». Repubblica : « Les divisions au sein de la droite après le revers électoral » : « Giorgia Meloni invite la coalition à s’interroger sur les raisons de la défaite. C’est un message qui a aussi le goût d’une demande de clarification adressée aux alliés. Entretemps, Fratelli d’Italia ne veut pas entendre parler de retombées sur le gouvernement. Même si Forza Italia est le seul parti qui sort renforcé de ce rendez-vous électoral. La Ligue est en crise et Salvini se retrouve sur le banc des accusés : son parti risque de perdre aussi la Vénétie et la Lombardie, les alliés FDI et Forza Italia voulant désormais la présidence régionale. La perte des régions comme la Sardaigne et l'Ombrie marque la fin du projet de la ‘’Ligue nationale’’ ».
Nomination des Commissaires européens. Repubblica : ‘’Un feu vert a été obtenu sur les nominations de l’italien Raffaele Fitto (Frères d’Italie) et de l’espagnole Teresa Ribera (Parti socialiste), on est proche d’un accord au sein de la Commission européenne’’. ‘’Il a fallu l’intervention du PPE, du PSE et de Renew pour débloquer la situation et élire l’exécutif européen dans les délais prévus, c’est-à-dire d’E. Macron, D. Tusk et P. Sanchez’’. ‘’La solution a été mise en place ce week-end à travers une série d'entretiens téléphoniques entre les leaders, en commençant par l’appel entre la Présidente de la Commission U. von der Leyen, et le président français E. Macron. Ce dernier a joué les médiateurs avec le socialiste allemand Scholz, le socialiste espagnol Sanchez et le socialiste polonais Tusk. Tous craignaient en effet que l'UE ne tombe dans un flou paralysant pour une durée indéterminée, alors que la nouvelle administration américaine de Trump est sur le point d'entrer en fonction et que les attaques russes en Ukraine connaissent un tournant. L'accord prévoit également la rédaction d'un document signé par les trois chefs de groupe réaffirmant que la majorité politique soutenant Mme von der Leyen n'est composée que de leurs trois partis. En somme, un élargissement aux conservateurs du groupe ECR dirigé par Giorgia Meloni est exclu, il s’agit d’une demande explicite du S&D et de Renew.’’. Messaggero : ‘’Les anciens présidents du Conseil italiens Romano Prodi et Mario Monti soutiennent la nomination de Raffaele Fitto comme commissaire européen’’. ‘’Un accord émerge concernant le candidat italien et l’espagnole Ribera au nom d’un pacte de législature entre le PPE, les socialistes et les libéraux qui rejettent toutefois un accord avec les droites’’. ‘’Il s’agit de ‘blinder’ le front pro-européen au sein de la Commission’’. ‘’La majorité large autour d’U. von der Leyen semble avoir enterré la hache de guerre après quelques jours mouvementés’’. ‘’L’impasse retenait en otage la Commission européenne toute entière qui devrait toutefois être investie comme prévu le 27 novembre à Strasbourg’’. ‘’En échange de la réconciliation des trois groupes, les Socialistes, malgré les dernières résistances françaises et allemandes, voteraient pour R. Fitto, qui représente les Conservateurs qui restent toutefois hors de la coalition. Les Populaires lèveraient quant à eux le veto contre la socialiste Ribera. »
Stampa, entretien d’Antonio Tajani (Forza Italia), ministre des Affaires étrangères : « Cette situation a un coupable tout désigné : Vladimir Poutine. Les actions des dernières semaines, et notamment l'entrée en scène des troupes nord-coréennes, ont représenté une escalade de la part de la Russie, à laquelle les Américains réagissent. L'Italie ne change pas de ligne : nous fournissons des armes à des fins défensives et nous sommes proches de l'Ukraine, mais nous ne sommes pas en guerre avec la Russie. Notre politique est différente de celle des autres pays. Si la guerre se termine en 2025, l’Ukraine entrera dans l’Otan et le processus d’entrée dans l’Union pourra commencer. Quant à la hausse des dépenses militaires, les pays comme l’Allemagne, contraires à faire de la dette commune avec les Eurobonds, sont en train de revoir leur ligne. Nous avons réaffirmé, également dans les conclusions de Varsovie, que les investissements militaires devaient être détachés du pacte de stabilité et nous continuerons à présenter notre demande à Bruxelles. Concernant la candidature des commissaires européens, je suis confiant. J'ai parlé à tout le monde ces derniers jours, y compris à Ursula von der Leyen et à Manfred Weber, et je suis convaincu que les vetos sont tombés, notamment grâce à l'intervention du président Mattarella. Je ne crois pas qu'il y ait de génocide à Gaza, il n'y a pas de base juridique pour cela. Néanmoins, nous sommes très critiques quant aux conséquences humanitaires des actions du gouvernement israélien. Il y a trop de victimes civiles, et le Hamas est co-responsable’’ ».
Quotidiano Nazionale, entretien de Gilberto Pichetto Fratin (Forza Italia), ministre pour la souveraineté énergétique : « je suis sûr que les Etats-Unis continueront dans la transition énergétique, cela était vrai même pendant la première présidence Trump. La Chine, quant à elle, a atteint ses objectifs en réduisant les émissions fossiles bien avant la date de 2030. C’est un processus inévitable. Il faut mettre les pays pauvres en condition de trouver les ressources pour répondre au dérèglement climatique. Pour l’Italie, les objectifs de décarbonisation ne représentent pas uniquement un objectif environnemental mais aussi un objectif économique et de qualification sociale. La demande d’énergie est en hausse et les sources photovoltaïque et éolienne ne suffisent pas. Nous avons donc prévu dans notre plan PNIEC sur dix ans le recours à l’énergie produite par des petits réacteurs nucléaires de nouvelle génération, les ‘petits réacteurs modulaires’ (SMR). L’Italie est en train de participer à différents projets et il pourrait y avoir une filière SMR italienne. Nous pouvons créer dans le pays une industrie manufacturière nucléaire. Il faut créer pour cela un cadre juridique pour le retour au nucléaire. Un projet de décret de loi sera présenté au Parlement. Cette nouvelle génération n’émet pas de Co2, et cela aussi va dans le sens de la décarbonation ».
(Ambassade de France à Rome)
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