"Victoire du centre gauche aux élections régionales en Ombrie et en Emilie-Romagne."
19/11/2024
Italie. Revue de presse.
Les Unes ce matin sont consacrées à la victoire du centre gauche aux élections régionales en Ombrie et en Emilie-Romagne « Double victoire du centre gauche » (Corriere della Sera), « La victoire du « Campo largo » » (Repubblica), « Revanche de Schlein et avertissements à Meloni » (Stampa), « Le doublé du centre gauche » (Messaggero) et à la réponse du Kremlin sur l'autorisation donnée par les États-Unis de frapper le territoire russe avec des missiles de longue portée « L'accord pour des raids en Russie, Poutine attaque Biden « c'est un pyromane » » (Corriere), « Le Kremlin contre Biden » (Repubblica), « Poutine, la revanche sur Odessa » (Stampa), « Macron et Starmer suivent Biden sur les missiles mais pas Scholz » (il Fatto).
La presse italienne consacre ses Unes et ses premières pages aux résultats des élections régionales tenues en Emilie-Romagne et en Ombrie, avec la victoire des candidats de centre-gauche.
Les retombées sur l’exécutif. Messaggero : « A Via della Scrofa [siège de Frères d'Italie (FdI)]c’est l’heure du bilan » notamment dans la perspective des élections régionales de 2025 dans 3 régions actuellement de centre gauche (Campanie, Pouilles et Toscane) et 2 de centre droit (Marches et Vénétie). « FdI est convaincue de ne plus pouvoir se permettre de coups de main comme ceux « imposés » par Matteo Salvini et Antonio Tajani au lendemain du vote en Sardaigne perdu par le candidat de Meloni. En d’autres termes, Meloni serait prête à faire pression pour un « rééquilibrage » régional, déjà demandé à plusieurs reprises à ses alliés », si des candidats issus de la société civile pourraient se présenter dans les Pouilles et en Toscane, Meloni pourrait insister pour présenter un candidat FdI dans les Marche et en Vénétie « si chère à la Ligue ». Des sources proches du gouvernement expliquent ‘’il est temps de gouverner l’Italie comme les impulsions’’. » Repubblica « Le vote est un signal pour ceux qui, depuis deux ans, se considèrent comme les seuls interprètes de la volonté du peuple et, sur cette base, pensent pouvoir imposer des réformes telles que le Premierato et l'autonomie différenciée, critiquées par l'autre moitié du pays. La popularité fluctue, même celle de Fratelli d'Italia, qui s'est retrouvé en Ombrie au-dessous de la barre des 20%. Les résultats d'hier sont la première démonstration concrète que le centre-droit n'est pas impossible à battre et qu'il n'est pas vrai que l'Italie est irrévocablement passée à droite ». Sole 24 Ore, « Pour le Palais Chigi, on ne peut que constater un agenda en perte de vitesse après le feu rouge de la Cour Constitutionnelle à l’autonomie régionale. Quant à la politique étrangère, l’arrivée de Trump poussera Meloni à revoir peut-être sa position sur l’Ukraine et sur l’Europe. Les deux prochaines années s’annoncent décisives pour la Présidente du Conseil ». Giornale, A. Sallusti « Il est inutile de faire des récriminations, les choses sont allées de cette manière. Toutefois, il y a d’autres enjeux pour la majorité, pour lesquels il faudra toute la concentration nécessaire et où les faux pas ne seront pas permis. Il y a la polémique avec la magistrature, les syndicats qui tentent de mobiliser les franges les plus violentes, l’Europe qui ne parvient pas à se doter d’un exécutif et le tourbillon Trump. »
Des analyses sur la baisse du taux de participation. Corriere « Une démocratie qui risque de rester orpheline de ses électeurs » : « les résultats des élections régionales nous disent que les oppositions ont gagné et que la majorité a perdu. Mais à bien voir le taux de participation, il est possible de dire que tous ont perdu. Passer de 67,7% de 2020 à 46,4% marque un effondrement de légitimation dans le fief historique de la gauche, l’Emilie-Romagne. En Ombrie on est passé de 64,7% à 52,3%. Il est frappant de constater que la présence massive des dirigeants nationaux lors de la campagne électorale dans les deux régions n'a pas influencé le résultat final : ne serait-ce que pour ramener l'électorat aux urnes. »
Enfin, des commentaires sur les partis de l’opposition. Stampa « Conte doit maintenant reconnaitre le leadership d'Elly Schlein dans la coalition mais il est difficile que cela puisse contribuer à rendre plus détendues les relations au sein de la coalition de gauche, une coalition qui demeure la seule solution possible au défi qui se tiendra dans trois ans pour la prochaine mandature. » Sole 24 Ore « Les deux victoires galvanisent le centre gauche mais ne changent pas la donne : l’opposition demeure un chantier ouvert, avec des travaux en retard sur la coalition et sur le programme. Deux ans après sa nomination à la tête du PD, Schlein doit exhorter le peuple de gauche à voter ». Foglio « c’est le jour le plus beau pour le PD de Schlein car les partis les plus extrémistes ont été pénalisés. Ces deux élections montrent la bonne santé de la coalition de gauche, notamment du PD. Les mauvais scores du M5S devraient convaincre le PD à ne pas suivre l’agenda du Mouvement mais à en imposer un nouveau, transversal et plus ambitieux par rapport à celui basé exclusivement sur l’antifascisme. Enfin, il est possible de voir que l’électorat italien n’a pas récompensé les deux partis pro-Trump : la Ligue et le M5S. Ce sont des petits signaux qu’il ne faut pas sous-estimer. Il y a beaucoup de bipolarisme et peu de trumpisme en Italie. Cela n’est pas seulement une bonne nouvelle pour le PD mais aussi pour le pays entier. Corriere : « le M5S s’effondre et pour Conte le casse-tête des alliances devient incontournable. Selon Roberto Fico (M5S), il faut avancer dans la construction d’une alliance progressiste. Selon les indépendantistes, en revanche, le Mouvement est destiné à jouer un rôle mineur s’il ne se présente pas seul aux rendez-vous électoraux. »
Corriere della Sera : ‘’Le président Lula lance une alliance contre la faim, Giorgia Meloni souligne une ‘coopération décisive’ possible sur ces sujets ‘afin de trouver des solutions concrètes aux défis de notre temps, de plus en plus interconnectés’‘’. ‘’Lors de son intervention au G20 la présidente du Conseil italienne refuse ‘un monde où les riches consommeraient des aliments naturels et les pauvres des aliments de synthèse’ ‘’. ‘’L’Argentine s’est mise en travers des discussions : le président ultralibéral J. Milei, qui recevra G. Meloni demain à Buenos Aires, est le seul dirigeant du G20 à s’être opposé à l’alliance globale contre la faim, la pauvreté et les inégalités, avant de changer de stratégie en cours de discussions’’. ‘’Il n’y a pas eu de réunion bilatérale avec Emmanuel Macron mais G. Meloni s’est entretenue avec ses homologues canadien, indien et émirati’’. ‘’La Présidente du Conseil a énuméré lors de la première session de travail les projets dans le cadre du Plan Mattei et relancé la bataille de son gouvernement contre la viande synthétique’’. ‘’En coulisses, les leaders européens et sud-américains ont également discuté de l’accord du Mercosur, qui ne convainc pas tout à fait l’Italie. Et bien qu'Ursula von der Leyen ait œuvré lors de ce sommet pour sceller l'accord, selon des sources gouvernementales brésiliennes, ‘il n'y a aucune perspective de revirement sur l'accord Mercosur-UE au G20’.’’
‘’A Rio, Milei joue les trouble-fête, brouille les négociations et irrite tout le monde’’. ‘’Le Brésil n'était pas le seul à être irrité, des plaintes ont également été entendues dans d'autres délégations contre Milei, considéré comme un saboteur envoyé par Trump et portant atteinte au multilatéralisme’’. ‘’Le président français Emmanuel Macron a quant à lui été vu en train de discuter amicalement avec lui. Macron veut lui faire comprendre qu'il risque d'isoler l'Argentine et lui demander de préserver l'ordre international après l'investiture de Trump.’’
Stampa : ‘’Le G20 se divise sur la question de l’alimentation’’. ‘’Cela aurait pu être l’occasion idéale, au lieu de cela, d’abord la France puis de manière inattendue l’Italie des souverainistes alimentaires, ont remis en cause l’accord du Mercosur, la plus importante plateforme intergouvernementale d’Amérique du Sud’’. ‘’C’est un autre effet du tremblement de terre Trump, la guerre des droits de douane renverse tout, l’Europe cours aux abris mais, comme souvent, trébuche sur ses propres spécificités nationales et se divise’’. ‘’Le bruit des klaxons des tracteurs est bien parvenu jusqu’à l’Elysée et rallume l’alerte en Italie’’. ‘’Lors de la rencontre bilatérale avec Lula il y a deux jours, Meloni avait illustré les différentes positions de l'UE. L'Espagne et l'Allemagne poussent à la conclusion de l'accord, la France s'y oppose fermement et l'Italie se rapproche de la position de Paris. Au sein du gouvernement italien de droite, il y a toutefois des nuances dans les approches’’. ‘’Certaines sources diplomatiques à Rio ont affirmé hier, sans confirmation officielle, que Meloni s'est efforcée de convaincre l’argentin Milei qui serait quant à lui bien heureux de voir dérailler l’accord.’’
Sole 24 Ore : ‘’Le G20 se divise sur tout’’. ‘’Sur le développement durable et le climat, la lutte contre la faim, la gouvernance de l’ONU, ou encore sur les guerres, les distances restent sidérales entre les leaders réunis à Rio, et le multilatéralisme subit un coup de frein’’. ‘’Le caractère solennel du sommet induira toutefois à quelques engagements communs génériques, et sur l’Ukraine les termes de la déclaration finale seront édulcorés’’. ‘’Les défis sont de plus en plus interconnectés et nous démontrent que les problèmes du Sud sont aussi ceux du Nord et vice-versa’’. ‘’Giorgia Meloni entend promouvoir la coopération entre G7 et G20.’’
La guerre en Ukraine. Suite à la décision de Joe Biden d’autoriser Kiev à utiliser les missiles Atacms contre le territoire russe, la presse italienne rapporte les réactions. Corriere : « Donald Trump : Biden « est en train de lancer la Troisième Guerre Mondiale ». D. Peskov, porte-parole du Kremlin dit que « les Etats-Unis jettent de l’huile sur le feu. » et fait référence à la déclaration passée de Poutine selon laquelle l’utilisation d’Atacms contre le territoire russe signifierait que les Etats-Unis et leurs alliés sont en guerre contre la Russie ». Il Sole 24 Ore : « L’Union européenne est divisée ». Corriere : « O. Scholz, l’Italie, la Hongrie et la Slovaquie sont contre la décision américaine, alors que les puissances nucléaires France et Royaume-Uni y sont favorables ». Stampa : « Les divisions européennes s’accentuent dans un moment où l’arrivée de Trump requiert plus de cohésion ». Ainsi, la Stampa titre « Les armes de longue portée isolent Allemagne et Italie » : « On constate une fracture au sein de l’Europe alors qu’elle devrait faire preuve d’unité face à l’arrivée de Trump à la Maison Blanche ». Il Sole 24 Ore : « L’UE est prise de court par l’accélération voulue par Biden et se divise. Selon le ministre français J.-N. Barrot : « Une option prise en considération ». En Allemagne, les Verts, les libéraux et les chrétiens-démocrates allemands sont favorables à un élargissement de l’usage des armes, mais pas O. Scholz. Bref, la France fait des concessions, l’Allemagne hésite et l’Italie demeure contraire à l’utilisation d’armes en territoire russe. ». Enfin, Il Sole revient sur les mille jours du conflit : « on est loin de l’opération rapide et indolore qu’imaginait Poutine au départ. « En termes de nombre d’armes et militaires, c’est le plus grand conflit depuis la WW2 ». Selon Bloomberg, on pourrait arriver à 100.000 soldats nord-coréens en Ukraine
La décision américaine divise aussi le G20. La Stampa : « Lula refuse de modifier le ton du communiqué final au sujet de l’Ukraine » : il veut « l’équidistance » entre Poutine et Zelensky. Le communiqué laisse plus de place au conflit à Gaza et condamne beaucoup moins la Russie que l’année dernière. Il Sole : L’actualité ukrainienne a permis à Biden de recentrer les sujets du G20 sur l’Ukraine. Joe Biden au G20 : « À mon avis, tous autour de cette table devraient soutenir l’Ukraine autant que les USA ». Sur l’appel de O. Scholz à V. Poutine la semaine dernière, le Corriere indique que « O. Scholz se défend des critiques en disant que l’objectif est que « Trump ne soit pas le seul à parler à Poutine ». Pas de critiques de la part des Etats-Unis qui semblent avoir été mis au courant en amont de cet appel et l’avoir approuvé ».
Corriere della Sera, entretien de Giovanni Donzelli, coordinateur national de Frères d’Italie : « ‘’il y a deux mois, les prévisions tablaient sur une défaite cuisante du centre droit, or, la majorité a tenu. Certes, nous avons perdu et les électeurs ont toujours raison. Toutefois, nous avons gagné dans 11 régions et perdu dans 3. Les partis de droites confirment ainsi leur popularité sur le territoire. C’est la première fois que nous assistons à une popularité aussi importante après deux ans de gouvernement. Nous analyserons les résultats et nous les évaluerons sans drame car la politique vit d’alternance. Le phénomène de l’abstention concerne tous les partis, à droite comme à gauche. C’est un signal au monde politique que personne ne peut sous-estimer. Enfin, au sein de la droite il y a toujours eu un transfert de voix d’un parti à l’autre, mais dans l’ensemble, la coalition se porte bien’’ ».
Giovanni Donzelli
Repubblica, entretien de Elly Schlein, dirigeante du Parti démocrate « ‘’Il s'agit d'une victoire plurielle et collective à laquelle toutes les forces progressistes ont contribué : elle nous montre la voie à suivre pour construire une alternative à la droite. Pour le Pd, il s'agit d'un résultat vraiment extraordinaire qui nous confirme que nous devançons tous les autres partis sur le terrain. Nous avons un Pd qui, à lui seul, en Émilie-Romagne, recueille plus de voix que l'ensemble de la coalition de centre-droit. Le déclin évident des partis de gouvernement devrait les inciter à s'interroger sur les politiques erronées qu'ils poursuivent. Le FdI en Ombrie a perdu 14-15 points par rapport aux élections européennes en seulement cinq mois. Je ne pense pas que ce soit une coïncidence que cela se produise au moment où le gouvernement annonce de nouvelles coupes dans les écoles et la santé publique, trahit ses promesses sur les retraites, et au moment où, face à une baisse de la production industrielle qui dure depuis 20 mois, il a décidé de soustraire 4,6 milliards d'euros à l'industrie automobile. Ce sont des choix qui n'apportent que déception et incertitude aux familles et aux entreprises’’. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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