"Les juges sabotent les rapatriements."
30/10/2024
Italie. Revue de presse.
En Unes ce matin : toujours le résultat des élections régionales en Ligurie « Les élections en Ligurie secouent la gauche » (Corriere della Sera, La Stampa), l’enquête sur le fichage de personnalités politiques « Des espions au service de pays étrangers » (Repubblica), « Fichage, des contacts avec le Mossad » (Il Messaggero) et l’immigration « Le Tribunal de Bologne saisit la Cour de Justice [au sujet du décret sur les pays sûrs] » (Avvenire), « Les juges sabotent les rapatriements » (Giornale).
Le résultat des élections régionales en Ligurie est encore largement commentée, notamment les tensions au sein des partis de l’opposition avec des commentaires et analyses. Foglio (C. Cerasa) : « démoniser l’ennemi ou se poser en moralisateur, ni même tenter de récupérer des voix du M5S ne suffit pas. Le vote en Ligurie offre au PD l’occasion de tirer des leçons ». Messaggero : « Froid entre Schlein (PD) et Conte (M5S), l’Ombrie représente désormais la dernière possibilité d’une entente pour l’avenir du « campo largo ». Le maire de Milan, Giuseppe Sala, se veut « fédérateur des centristes ». Plusieurs entretiens: Elly Schlein, secrétaire du Parti démocrate (Repubblica), « nous voulonsdevenir le premier parti national, mais pour battre la droite il faut aussi pouvoir compter sur des alliés solides ». Marco Bucci, nouveau président de Ligurie (entretien la Stampa), « Le centre gauche n’a pensé qu’aux alliances mais je confirme mon invitation à Orlando pour coopérer ». Matteo Renzi, dirigeant d’Italia Viva (Stampa), « la cause de la défaite de la gauche est Conte. Il faut un contrat en 10 points pour revenir au gouvernement ».
L’enquête sur le fichage de personnalités politiques se poursuit avec des révélations : Corriere : « Les services secrets israéliens sont prêts à des échanges de données et des informations sur « trafic illégal de gaz iranien ». Repubblica : « parmi les sociétés qui payaient pour espionner leurs dirigeants figurent entre autres : ENI, Barilla, ERG, Ilva, Heineken ». Messaggero : « le service de renseignements israélien aurait proposé à la société Equilize de payer environ un million d’euros pour avoir en échange des données sensibles au sujet des avoirs russes en Italie, des oligarques russes étant soupçonnés d’envoyer des financements pour les miliciens du groupe Wagner ». Les contre-mesures du gouvernement sont aussi évoquées : Repubblica (Ciriaco) « le décret sur la cibersécurité a finalement été reporté en raison de tensions au sein de la majorité. Il est probable que le responsable de l’Autorité sur la cybersécurité, Bruno Frattasi – proche du secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil Mantovano– se soit opposé à ce décret prévoyant plus de pouvoir au Parquet Antimafia, au grand dam de son agence ».
La politique migratoire, avec notamment la décision du Tribunal de Bologne d’interroger la Cour de Justice européenne sur le nouveau décret de loi fixant la liste des pays sûrs, est aussi largement citée. Avvenire : « ce sera donc la Cour de Justice de l’UE qui devra mieux définir les contours du récent décret sur les pays sûrs». Il Giornale (A. Sallusti) « une partie de la magistrature a commencé à agir comme si elle était un véritable parti politique, ayant la nécessité de défendre aussi la moralité. C’est du jamais vu ! ». Stampa (F. Sforza) : « Peut-on définir le Bangladesh un pays sûr alors que les homosexuels peuvent y être emprisonnés ? L’Italie considère que oui. Un citoyen de ce pays a présenté recours au tribunal de Bologne qui a renvoyé le décret devant la Cour européenne. Cependant, l’allusion faite à « l’Allemagne nazie » n’est pas opportune vis-à-vis d’un pays comme l’Italie où règne la démocratie ». Toujours la Stampa rapporte la réaction de Giorgia Meloni « nous décidons et pas les juges, cette sentence est une ‘’provocation’’ ». Messaggero : « le Palais Chigi s’active pour répondre aux juges bolognais : le bureau du procureur général de l'État présentera ses contre-déductions en rejetant les considérations du Tribunal de Bologne. Tajani estime que ‘’les juges sont allés au-delà de leur pouvoir’’, Salvini s’en prend aux ‘’juges communistes’’ ».
La mission de Giorgia Meloni en Libye est citée par certains quotidiens. Sole 24 Ore : « Il ne s'agit pas seulement de la coopération en matière de gestion des migrations et de la lutte contre les trafiquants d'êtres humains, qui reste cruciale. Il s’agit aussi des investissements et du commerce, qui ont été au centre du voyage de M. Meloni à Tripoli hier. La présidente du Conseil, accompagnée du ministre de l'Entreprise et du Made in Italy, Adolfo Urso, a voulu participer en personne au Forum business Italie-Libye, qui n'avait pas eu lieu depuis 10 ans et auquel ont participé plus de 200 entreprises italiennes ». Libero : « Meloni rentre en Italie avec 8 accords stratégiques. Au forum sur le business, elle dévoile les contenus d’une collaboration efficace avec le pays nordafricain ». Messaggero : « Meloni a rappelé que l’Italie soutient les efforts des Nations Unies pour la relance d’un processus politique portant à la réunification de toutes les institutions présentes aujourd’hui en Libye. Au cœur de la rencontre avec son homologue Dbeibeh figurait la nécessité ‘’d’intensifier les efforts pour lutter contre le trafic d’êtres humains’’ en renforçant ‘’la coopération avec les pays d’origine’’ et en créant ‘’des partenariats égalitaires’’. ».
L’automobile et les droits commerciaux européens contre la Chine. Repubblica : « les effets sur la fermeture des usines en Allemagne commencent à être perçus en Italie : de janvier à juillet, les exportations de la filière ont baissé de 6%. Concernant la crise de l’automobile, von der Leyen aurait rencontré, début octobre, les managers de Stellantis, de BMW et de Mercedes. Sauf coups de théâtre, les droits commerciaux sur l’exportation de voitures électriques chinoises en Europe entreront en vigueur à minuit. L’Allemagne craint des rétorsions venant de Pékin. ». Messaggero : Le patron de Stellantis, J. Elkann, fait savoir qu’il ne se rendra pas devant le Parlement [pour parler des engagements du groupe en Italie, ndr.] mais se dit disponible à un ‘’dialogue franc et respectueux’’. Le président de la Chambre, Lorenzo Fontana, ne cache pas sa surprise « j’apprends avec consternation cette nouvelle grâce à des sources de la presse. J’espère qu’il y aura un éclaircissement, car éviter le Parlement serait un fait très grave ». Corriere : « les rapports entre le groupe Stellantis et la politique italienne demeurent tendus ». Messaggero rappelle, au sujet de la crise du secteur, qu’il y a en Italie environ 2 200 entreprises appartenant la filière automobile, avec 167 000 travailleurs ».
Repubblica, Elly Schlein, secrétaire du Parti démocrate : « ‘’notre objectif est celui de devenir le premier parti : pas seulement à Gênes mais aussi au niveau national. Toutefois, pour battre la droite, il faut pouvoir compter sur une coalition avec des alliés solides. Nous sommes le premier parti de Ligurie, devant le FdI, qui a perdu 11 points en cinq mois, et nous avons gagné à Gênes, la ville dont Marco Bucci est le maire”. ‘’Andrea Orlando a fait une très belle campagne électorale, il a été battu de justesse’’. ‘’Il faut construire une coalition basée sur un projet pour l’Italie et avec 5 priorités : la Santé, l’école, l’emploi, les politiques industrielles pour la transition écologique et numérique et les droits’’. ‘’Du point de vue électoral, nous avons deux priorités maintenant : gagner en Emilie-Romagne et en Ombrie’’. »
Stampa, Enrico Costa, député de Forza Italia : « Le pouvoir judiciaire n'a pas vocation à interpréter les règles de manière créative ni à tenter d'influencer le pouvoir législatif. Lorsque les juges ne sont pas d'accord avec une mesure, ils tentent d'abord d'influencer l'exécutif ou le parlement. Ensuite, ils essaient de donner une autre lecture de la loi. Et si cela ne fonctionne pas, ils se tournent vers la Cour européenne de justice ou la Cour constitutionnelle. Je n'ai jamais vu un juge se tourner aussi rapidement vers la Cour européenne de justice après l'adoption d'une mesure gouvernementale. Selon les juges de Bologne, avec un décret comme celui du gouvernement, même l'Allemagne nazie aurait été considérée comme un pays sûr. Lorsqu'ils veulent être cités dans les journaux, ils ajoutent quelques phrases choquantes pour faire un beau titre. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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