"L’affaire Sangiuliano est devenue un problème international."
04/09/2024
Italie. Revue de presse.
En unes, les frappes russes sur la ville ukrainienne de Poltava « Frappes russes, des dizaines de victimes » (Corriere della Sera), « Le massacre à l’hôpital, la dernière horreur de Poutine » (Stampa) ; l’affaire de l’emploi fictif présumé d’une assistante du ministre de la culture G. Sangiuliano (Indépendant, autrefois MSI) « Sangiuliano résiste et ne démissionne pas » (Giornale, Avvenire), « Sangiuliano auditionné pendant deux heures par Meloni » (Fatto Quotidiano) ; enfin les tractations pour les nominations des commissaires européens « Von der Leyen, désaccord avec Macron et Scholz sur la nomination de Raffaele Fitto » (Repubblica).
Gennaro Sangiuliano
Sur X les hashtags #Sangiuliano et #Boccia, concernant l’affaire de l’emploi fictif présumé d’une assistante au ministère de la Culture, dominent.
PREMIER PLAN, La Repubblica, de G. Foschini, « Sangiuliano, l’inquiétude des pays du G7, l’affaire prend une ampleur internationale » : « L’affaire Sangiuliano est devenue un problème international pour le gouvernement italien, alors que deux pays du G7 qui participeront à la ministérielle Culture du G7 prévue dans deux semaines ont demandé des explications et des garanties sur la sécurité et le bon déroulement de l’événement en Italie. Les services de renseignements étrangers s’interrogent sur le rôle de Maria Rosaria Boccia et les informations auxquelles aurait eu accès cette proche (mais pas collaboratrice) du ministre de la Culture Sangiuliano. Des enregistrements audio et vidéo de rencontres au ministère et en-dehors ont en effet été retrouvés dans son téléphone, dont certains réalisés avec une caméra placée dans ses lunettes. Elle assure n’avoir aucune intention de faire du chantage et le ministre de la Culture a juré hier encore à la Présidente du Conseil Giorgia Meloni que M. R. Boccia n’avait eu accès à ‘’rien de sensible’’. D’après les informations de Repubblica et des rapports établis et annotés par les forces de police, elle aurait été présente lors de repérages pour l’organisation du G7 Culture, toutefois aucune des informations partagées ne serait classifiée. Afin d’éviter tout embarras, la séquence prévue à Pompéi (et pour laquelle M. R. Boccia aurait été impliquée) pourrait tout simplement être annulée, dans la tentative de calmer les contrariétés internationales. Un rendez-vous à ce sujet est prévu demain à la Préfecture. L’ampleur prise par cette affaire inquiète toutefois la Présidence du Conseil et Giorgia Meloni a rappelé hier à son ministre ne pas pouvoir se permettre d’autres épisodes de ce genre. Mais si le ministre Sangiuliano assure qu’aucun centime de l’Etat n’a profité à la ‘’non-collaboratrice’’, il n’y a pas que la question financière qui pose problème. On se demande comment cette personne, avec ses maigres qualifications, soit arrivée dans l’entourage très proche du ministre et de dossiers tels que l’organisation d’une ministérielle du G7. Est-ce si facile d’approcher le gouvernement ? Les journalistes continuent à chercher des explications concernant plusieurs mouvements récents dans l’entourage du ministre de la Culture. »
ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Cremonesi, « Un tête-à-tête de 90 minutes sur les dépenses et l’accès aux dossiers : le ministre [de la Culture] conserve la confiance » : « . Après 90 minutes passées au Palais Chigi, avec le ministre de la Culture Gennaro Sangiuliano, la présidente du Conseil a décidé, contre la volonté des oppositions, de le maintenir en poste. Bien sûr, il ne faudrait pas que des documents indiquant le contraire ne fuitent. Hier par ailleurs le festival « Il Libro Possibile » de Polignano a fait savoir qu’il s’est entièrement chargé des frais de voyage et d’accueil pour la participation publique du ministre Sangiuliano et de son staff, « billets d’avion et trois chambres d’hôtel compris ». Dont une pour Mme Boccia, mais ce qui a d’abord interpellé l’entourage de Giorgia Meloni est la précision des justifications du ministre : « Tout a été fait dans le respect des indications du secrétariat du ministère ». Le ministre a toutefois lui-même reconnu dans la foulée que l’hypothèse d’une nomination pour Boccia était sur la table. La présidente du Conseil a pris sa décision entourée de ses plus proches collaborateurs, mais sans consulter ses alliés, qui lui avaient exprimé leur confiance dans ce cas. Si la confiance au ministre est maintenue, le doute persiste au sein du ministère et certains proches de Meloni se voyaient déjà remplacer Sangiuliano, comme l’ex directeur de la Rai Giampaolo Rossi ou Alessandro Giuli, président du musée Maxxi. »
ARTICLE, Corriere della Sera, de D. Polizzi, « Le forum économique de Cernobbio fête ses 50 ans, Giorgia Meloni et onze ministres s’y rendront » : « La croissance, les grands enjeux économiques, la technologie, l’Intelligence artificielle mais aussi et surtout la paix, thème sur lequel on espère que ‘’le forum de Cernobbio permettra de catalyser une action concrète puisque, sans paix il ne peut y avoir de croissance’’. Le discours d’ouverture sera prononcé vendredi par Valerio De Molli, CEO de The European House Ambrosetti (EHA). De nombreuses figures politiques interviendront : onze ministres dont le vice-président du Conseil et ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, le vice-président du Conseil et ministre des Transports Matteo Salvini, la ministre de l’Enseignement supérieur et le ministre de l’Education pour parler d’emploi et de politiques sociales ; la Présidente du Conseil Giorgia Meloni et trois chefs de l’opposition : E. Schlein (PD), C. Calenda (Azione) et G. Conte (M5S). Des économistes, des scientifiques, des entrepreneurs, des représentants des institutions italiennes et internationales échangeront aussi. Une intervention du Président de la République italienne Sergio Mattarella est attendue, ainsi que la venue du Président ukrainien V. Zelensky. Le rôle de l’Italie sur la scène internationale sera au centre de ces trois jours, évoqué notamment par Giorgia Meloni. En toile de fond il y aura les chiffres du EHA qui reflètent le point de vue des entreprises : l’industrie ralentit mais reste dans le vert et la volonté d’investir et d’embaucher se confirme. Un des sujets les plus délicats, l’approvisionnement énergétique à la suite du conflit en Ukraine, sera abordé avec le président azerbaïdjanais I. Aliyev et les lignes directrices du Conseil européen seront débattues lors d’un panel avec V. Orban, le jour où V. Zelensky est attendu (vendredi). Un dialogue entre R. Fitto (Frères d’Italie) et le ministre italien des Entreprise A. Urso (Frères d’Italie) conclura cette 50ème édition. »
Adolfo Urso
ARTICLE, Corriere della Sera, F. Bas. « L’hypothèse d’un commissariat à l’économie et au PNRR pour Fitto » : « Le fait est que le portefeuille de cohésion, dont dépendent les fonds structurels destinés à aider les régions et les autorités locales, intéresse beaucoup de pays membres. Outre l'Italie, la Grèce et la Bulgarie, il y aurait aussi la Roumanie. C'est ainsi que certains à Bruxelles expliquent l'hypothèse parue hier matin dans le journal allemand Die Welt, qui, en dénonçant les faits, écrit que Raffaele Fitto sera "vice-président exécutif de la Commission et responsable de l'économie et de l'aide à la reconstruction de la Covid". Cette solution aurait l'avantage de libérer le volet "Cohésion", que la Présidente von der Leyen pourrait attribuer à une candidature féminine qui se présenterait à elle. Toutes ces spéculations suscitent toutefois un débat. Certains y voient une tentative de sonder les réactions, une sorte de ballon d’essai. Il est clair que le portefeuille « économie » à Fitto surprend, à commencer du fait que l’Italie se verrait alors confier ce volet pour deux mandatures (le poste est actuellement assuré par Gentiloni). Pour que cette hypothèse ne suscite pas trop de mécontentement, il faudra voir comment seront distribués les autres postes en termes géographiques et politiques. Une hypothèse est que les directions générales de l'Italie sont celles qui appartiennent au Next Generation EU (le Recovery Fund et la partie concernée de la DG Ecfin) et que la vice-présidence exécutive est le pôle des portefeuilles économiques. Les vice-présidences exécutives iraient donc non seulement à à la France (Thierry Breton aurait le portefeuille de l'industrie et de l'autonomie stratégique), à l'Espagne (Teresa Ribera celui de la transition écologique) et à la Lettonie (Valdis Dombrovskis celui de l'élargissement et de la reconstruction de l'Ukraine) mais aussi à l'Italie. »
COMMENTAIRE, Il Foglio, D. Carretta « Super Fitto » : « Si la reconstruction de l’article Dei Welt devait se concrétiser, cela représenterait un grand succès pour Giorgia Meloni. Toutefois, selon certaines sources à Bruxelles, cela serait une sorte de ballon d’essai, une fuite laissée filtrée par l’équipe de von der Leyen pour tester la réaction des capitales et du Parlement Européen avant d’arriver aux décisions définitives. Face aux critiques du gouvernement Meloni à l'égard du nouveau pacte de stabilité et à la dette record de l'Italie, les États membres favorables à la rigueur budgétaire pourraient s'opposer à e que Fitto se voie confier des pouvoirs étendus en matière d'économie. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, C. Tito « La stratégie de von der Leyen pour aider Meloni » : « En Italie on l’appellerait un « gouvernement technique », car au Palais Berlaymont, l'équipe d'Ursula von der Leyen parle d'une Commission "dépolitisée". Avec pour conséquence le rejet de ce que l'on appelle la "majorité Ursula". Il s'agit en fait d'une « déparlementarisation » de l'exécutif européen. Mais la démarche de M. von der Leyen inquiète au moins trois des groupes parlementaires qui ont voté pour sa réélection il y a 45 jours : les socialistes, les libéraux et les verts. Et surtout les deux chancelleries les plus imposantes : la française et l'allemande. Qui n'acceptent pas, après avoir œuvré pour la reconduction d'Ursula, d'être mis sur le même plan que ceux qui ont voté contre, comme Fratelli d'Italia, le parti de droite de Giorgia Meloni et Fitto lui-même. Le bras de fer a donc déjà commencé et l'issue est encore indéchiffrable. »
ARTICLE, La Repubblica, F. Santelli « L’Italie et le spectre des droits de douane, une victoire de Trump nous coûterait 6 milliards d’euros » : « Si l’on devait prendre au sérieux la propagande de Donald Trump, notamment ses promesses d’imposer les droits de douane à hauteur de 10% sur toutes les importations vers les Etats-Unis, le coût pour l’Italie serait exorbitant. Le scénario le plus pessimiste pourrait tabler environ 6,5 milliards d’euros, mettant les entreprises face à un carrefour : accepter les conséquences ou risquer de quitter le marché. Mais l'effet d'une guerre tarifaire serait dévastateur : elle coûterait un point de PIB à l'Europe, les grands exportateurs comme l'Italie payant davantage. Un coût que divers membres de la majorité souverainiste italienne, qui soutiennent plus ou moins ouvertement Trump, ne semblent pas considérer. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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