"Le plan de privatisations allant des ports à la Poste, en maintenant toutefois le contrôle de l'État."
02/09/2024
Italie. Revue de presse.
En unes, le triple meurtre commis par un adolescent qui a tué ses parents et son frère, à Milan - « Il extermine sa famille à 17 ans » (Corriere della Sera, Messaggero), « Le massacre d’une famille » (La Stampa); la nouvelle des 6 otages israéliens détenus par le Hamas retrouvés morts « Israël, révolte contre Netanyahou » (Corriere della Sera), « Le Hamas tue 6 otages, la protestation monte en Israël » (La Repubblica); et enfin la montée de l’extrême-droite lors des élections régionales en Allemagne ce week-end, « Allemagne, la vague néo-nazie » [sic !] (La Repubblica).
ARTICLE, Il Messaggero, U. Mancini, F. Bisozzi « Le plan de privatisations allant des ports à la Poste » : « L’objectif, certes ambitieux, est de réaliser en 2025 des recettes à hauteur d’environ 5 voire 6 milliards d’euros avec les privatisations. Voici le parcours conçu afin d’arriver à la réduction de la dette publique. Des cessions en maintenant toutefois le contrôle de l'État, selon la stratégie de l'exécutif. Mais l'objectif de doubler ce chiffre d'ici à la fin de 2024, par exemple en vendant une autre part de la banque BMPS, où l'État contrôle encore 26 %, ou d'Enav (société de gestion du trafic aérien), où le Ministère de l’Economie (Mef) est l'actionnaire majoritaire avec 51 %, n'est pas difficile à dépasser. Une vente éventuelle de 20 % d'Enav rapporterait environ 400 millions d'euros, tandis que pour BMPS, il s'agit de protéger le caractère stratégique de la banque, en évitant qu'elle ne passe dans des mains étrangères. Bref, un partenaire italien serait le bienvenu. Parmi les dossiers à l'étude figure aussi celui des ports maritimes. Plusieurs hypothèses sont sur la table. La première, avancée par des techniciens, envisage de suivre le modèle des aéroports, avec l'ouverture de la gestion des ports à des privés, voire des fonds d'investissement, étant donné que l'activité portuaire et logistique a des tendances de coûts et de revenus assez sûres. Il n'est pas certain, à ce stade, que l'ouverture à de nouveaux partenaires concernera chaque port ou que, comme l'imaginent certains experts du secteur, une « super Autorité portuaire » pourrait voir le jour. Le dossier de la Poste est moins complexe. Pour atteindre le chiffre de six milliards de recettes de privatisation dès cette année, il suffirait de vendre une autre tranche. La vente de 15 % du capital permettrait de maintenir le contrôle public sur l'entreprise et garantirait, selon les analystes, environ 2,5 milliards d'euros de recettes pour les caisses de l'État. Une autre solution possible, mais probablement seulement à partir de 2025, est la vente d'actions de Ferrovie dello Stato (FS) et de Trenitalia. Toujours dans le cadre d'une réorganisation générale du groupe FS, il y aurait l’hypothèse de la création d'une société ad hoc pour l'énergie, capable d'utiliser celle produite dans les zones appartenant à FS (gares et zones industrielles) et qui pourrait, à l'avenir, se retrouver sur le marché. Ce sont là des options à vérifier et sur lesquelles le Mef devra donner son feu vert. »
ARTICLE, Repubblica, par G. Cerami, « Le chemin de croix du centre-gauche, tensions sur les alliances et la politique extérieure » : La guerre froide se poursuit sur plusieurs points. Le principal, pour Giuseppe Conte, est l'indigeste mais possible accord entre la secrétaire démocrate Elly Schlein et le leader d'Italia viva Matteo Renzi. Au siège du leader du Mouvement 5 étoiles, le raisonnement est toujours le même. Les accords locaux sont une chose, comme en Émilie-Romagne et en Ombrie, régions dans lesquelles les candidats représentent un champ très large qui comprend également Italia viva et Azione ; mais les accords au niveau national en sont une autre, et l'avertissement lancé au PD par l'ancien premier ministre résonne encore fort : « Sachez que Renzi est halogène au champ progressiste ». Mme Schlein salue « l'avancée significative » du M5s, qui a retiré son candidat en Ligurie pour soutenir le démocrate Andrea Orlando. Ce pas en avant est le résultat de contacts continus entre le M5S et le PD à tout niveau, comme Goffredo Bettini et d'autres, et M. Conte lui-même. L'ancien premier ministre a donc été convaincu, après avoir appelé plusieurs fois Schlein, et avoir mis de côté sa réserve, mais le mantra ne change pas et il l'a répété dans tous ses entretiens : « Renzi n'est pas fiable ». Il ne s'agit pas de simples escarmouches, mais d'un malaise plus profond, qui comprend également la politique étrangère, source de discorde autant sur le dossier ukrainien que sur la Moyen-Orient. Ce n'est pas un détail qu’évoque Carlo Calenda, le leader de l'Action, en affirmant que la politique étrangère est « un facteur discriminant » et que M. Schlein s'éloigne du sillon européen. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Où nous conduit le tournant sur Kiev » : « En fin de compte, il a été possible de trouver un sujet sur lequel la droite au gouvernement et le centre-gauche dans l'opposition pensent de la même manière : refuser à l'Ukraine le droit de frapper le territoire russe pour se protéger des bombardements dont l'origine se trouve dans les bases de Poutine de l'autre côté de la frontière. L’UE et l’Otan acceptent désormais cette possibilité comme un fait normal. L’Italie a un avis différent. Le gouvernement envoie des armes à Zelensky, mais à condition qu'elles ne soient utilisées que sur le territoire national, c'est-à-dire lorsque les missiles et les bombes sont déjà arrivés à destination. La brève période pendant laquelle Rome a parlé le langage de la loyauté atlantique et de la solidarité avec l'Ukraine meurtrie semble être révolue. La ferveur pro-Kiev du gouvernement italien a quelque peu diminué et, entre-temps, plusieurs impulsions pro-Poutine ou peut-être simplement pacifistes ont refait surface dans le débat public, peut-être dans l'intention de plaire à la prédication du Pape. Cela concerne pratiquement tout le système politique italien. Seul Calenda, avec son petit parti Azione, s'est prononcé en faveur d'une aide militaire illimitée à l'Ukraine. L'argument qui rassemble tous les autres est le suivant : "nous ne sommes pas en guerre avec la Russie". Ainsi, le jour où l’Allemagne voit sa crise intérieure s’intensifier en raison de la victoire de l’extrême droite aux élections régionales, l’Italie s’inscrit au club des pays qui positionnent l’Ukraine aux marges de l’Europe, ne partageant pas la politique envers l’Ukraine. A ce club figurent aussi la Hongrie et la Slovaquie. Mais il faut être clairs sur un point : tous ne sont pas des partisans conscients des positions russes en Europe de l'Est. Salvini (Ligue) à droite et Conte (M5S) à gauche le sont. Les deux utilisent avec cynisme la politique étrangère comme instrument pour conditionner leurs camps respectifs. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Lorenzo Fontana (Ligue), président de la Chambre des Députés « Il faut des pas en avant vers la paix. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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