"Meloni attaque La Repubblica."
31/07/2024
Italie. Revue de presse.
Les frappes israéliennes qui ont tué, hier à Beyrouth, un commandant du Hezbollah et, ce matin à Téhéran, le chef politique du Hamas, font les unes des journaux télévisés, radios et sites Internet d’information. Les quotidiens titrent sur : « Un coup porté au cœur du Hezbollah » (Corriere della Sera), « La furie d’Israël » (La Stampa), « Les bombes d’Israël sur Beyrouth » (Messaggero, Sole 24 Ore), « Frappe ciblée à Beyrouth » (Avvenire). Le débat autour de la liberté de la presse, après le rapport de la Commission Européenne sur l’Etat de droit en Italie, est aussi cité : « Meloni attaque La Repubblica » (Repubblica), « L’édit chinois de Meloni sur la presse » (Domani).
ARTICLE, La Stampa, F. Olivo « Depuis la Chine, Meloni se dit « préoccupée par la frontière ». La Farnesina ouvre un canal avec la Syrie et l’Iran » : « Il faut l’aide de chacun, « également celle de la Chine ». Quand Israël attaque le sud de Beyrouth à la chasse des commandants du Hezbollah, Giorgia Meloni est à Shangaï. Aux premières heures du jour, Meloni exprimait ses craintes sur cette crise et sur le risque d’une escalade régionale. La stratégie de la Farnesina est articulée. D’une part, on cherche à empêcher l’ouverture d’un nouveau front en faisant pression sur le gouvernement de Benjamin Netanyahu, d’autre part on cherche à parler avec tous les interlocuteurs de la région. La décision du ministère de rouvrir, à la différence des alliés occidentaux, l’ambassade italienne à Damas après une longue période peut être lue dans ce sens. Retrouver un rapport formel avec la Syrie est considéré comme important, non seulement pour l’influence du régime d’al-Assad sur le Hezbollah, mais aussi pour la quantité de réfugiés syriens au Liban. L’autre acteur fondamental est l’Iran. Là aussi, la Farnesina a envoyé un signal avec une lettre de félicitations pour l’élection du nouveau président Massoud Pezeshkian. Alors que la manœuvre, tentée depuis des mois par une sorte de triangulation entre Rome, Washington et Abu Dhabi pour repousser les milices libanaises au nord du fleuve Litani, loin de la frontière avec Israël, est au point mort. C’est cela que Guido Crosetto demande à l’ONU : « Elle doit faire appliquer la résolution 1701, qui invite à la cessation complète des hostilités et renforce le contingent Finul en lui confiant une action tampon au Sud-Liban ». Le ministre avait, dans les mois derniers, envoyé une lettre à l’ONU pour demander une protection renforcée pour les soldats italiens, laissant entendre au Palais de Verre qu’il était prêt à retirer le contingent. Une perspective qui aujourd’hui, n’est pourtant « pas à l’ordre du jour » selon des sources du Ministère de la Défense ».
ARTICLE, Il Messaggero, L. Vita « FINUL, les casques bleus sous les tirs. Une nouvelle brigade venue d’Italie » : « 500 soldats arrivent de la Brigade Sassari pour surveiller la frontière. Mais si l’ONU ne change pas les règles d’engagement, les militaires risquent de se trouver piégés dans le conflit. A la frontière qui n’existe pas, le long de la Ligne Bleue qui sépare Israël du Liban, les casques bleus engagés dans la FINUL réduisent leurs opérations à presque rien. L'opération d'évacuation est prête, mais notre Défense fait venir un nouveau contingent en attendant. Plus de 500 militaires qui remplacent ou s’unissent aux centaines de femmes et d’hommes des forces armées déployées le long du front le plus bouillant du Proche-Orient. La Défense a, depuis longtemps, préparé tous les plans d'évacuation. Guido Crosetto a expliqué que toutes les parties belligérantes ont assuré à la FINUL que les casques bleus ne seraient pas touchés, même en cas d'affrontement ouvert. Si l’objectif de la présence des casques bleus est de tenir les deux parties au large et d’empêcher les affrontements, il semble depuis quelques temps que les résultats ne soient plus satisfaisants. L’armée israélienne et le Hezbollah ont toujours soigneusement évité de frapper les forces internationales de maintien de la paix. Mais le rôle de la mission risque de devenir résiduel. La FINUL peut être une force d'interposition entre les parties belligérantes. Mais tant que la résolution 1701 n'est pas pleinement mise en œuvre, ce scénario est essentiellement exclu».
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « Meloni « absout » Ursula et attaque les quotidiens « porteurs d’intérêts » » : « La lettre de réponse de Giorgia Meloni à la Commission, avec laquelle elle espérait se défendre des critiques sur l’Etat de droit en Italie, sur la « RAI mélonisée » et sur les relations (difficiles) avec l’information, finit par la rattraper jusqu’au dernier jour de sa visite à Pékin. A l’hôtel Regent, Meloni a répondu pour la première fois aux journalistes qui l’ont suivie en Chine. Selon la présidente du Conseil, le travail de la Commission européenne "suscite des accents critiques de la part de certaines parties prenantes". Lesquels ? Les quotidiens ‘’Domani, Il Fatto Quotidiano, Repubblica...". Pour la présidente du Conseil, ce rapport n'apporte rien de nouveau par rapport aux années précédentes et s'il a fait tant de bruit, c'est parce qu'il a été "instrumentalisé" par ceux qui, en Italie, s'opposent à son gouvernement et dénoncent, mais Meloni ne l'a pas dit, les attaques contre les journalistes - que même le chef de l'Etat Sergio Mattarella a fortement stigmatisées. ‘’Je ne vois pas de répercussions négatives pour l'Italie, je ne pense pas que les relations avec la Commission se détériorent". Bref, il n’y a pas de "frictions", même si Bruxelles ne semble pas vouloir donner satisfaction : "Nous lirons, nous évaluerons...". Sandro Ruotolo (PD) dénonce : "La présidente du Conseil ne peut pas faire de listes de proscription, sinon elle exposera physiquement les journalistes critiquant Meloni". Pour le Vert Angelo Bonelli, Meloni continue de nier la vérité, alors qu’ "elle a occupé la Rai". Giuseppe Conte l'incite à "essayer de remédier à la situation grave et critique de l'information libre en Italie". Les comités de rédaction des trois journaux attaqués par la présidente du Conseil défendent le rapport de l'UE sur la "situation critique" de l'information en Italie. Repubblica dénonce une attitude de "squadrisme médiatique" ; le syndicat Usigrai et le conseil de rédaction de l’agence Agi solidarisent avec Matteo Pucciarelli, le journaliste et syndicaliste de Repubblica qui s'est retrouvé dans le collimateur de la droite. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de L. Haxhitasim, ambassadrice du Kosovo en Italie : « Nous dans l’OTAN, un message aux Russes » : « J’estime particulièrement le président Mattarella : il fut un des premiers à venir au Kosovo libéré. J’espère que quelque chose va changer dans la reconnaissance du Kosovo par l’UE, cela montrerait qu’il y a enfin une politique étrangère européenne unifiée. Je comprends que reconnaitre un pays dans ces circonstances est difficile mais il faut être ouvert et comprendre les motivations d’un Etat qui de toute façon existe et est indépendant. La décision européenne de janvier, qui autorise les kosovars à circuler sans visa dans les pays de l’espace Schengen aidera. Nous sommes une démocratie sortie de la dernière guerre en Europe. Nous comprenons les Ukrainiens et c’est pour ça que nous tendons la main. Aujourd’hui, tous les Balkans ne désirent qu’une chose : entrer dans l’UE. Il est vrai qu’il existe une présence russe dans les Balkans, avec des formes hybrides de désinformation. Notre perspective est euro-atlantique avec l’adhésion à l’OTAN. Nous sommes la plus jeune démocratie avec la démographie la plus dynamique d’Europe. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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