"Meloni veut privatiser un peu la Rai."
26/07/2024
Italie. Revue de presse.
EDITO, La Stampa, M. Sorgi : « En Europe, la Présidente du conseil prise entre deux blocs » : « Giorgia Meloni est déjà en train de payer ses mauvais choix européens, en particulier son opposition au deuxième mandat d’Ursula von der Leyen. Dans le dernier rapport de la Commission européenne sur l’état de droit, l’Italie est perçue comme un pays où la liberté de l’information est mise en danger, ce que le Président de la République Sergio Mattarella a souligné dans son dernier discours. Il y a toutefois une autre façon d’expliquer ce qui est en train de se passer pour Giorgia Meloni en Europe, en passe d’abandonner la présidence d’ECR. Les élections européennes ont sanctionné une logique de bloc : le bloc européiste d’un côté, le bloc souverainiste de l’autre. Et ce dernier est profondément divisé, et ces divisions se ressentent dans chaque pays, comme en Allemagne où des élections partielles ont actuellement lieu. Des divisions qui risquent de nuire à qui, comme Giorgia Meloni, avait tenté d’être un intermédiaire avant de se repositionner. »
ARTICLE/ENTRETIEN, La Stampa, F. Olivo « Tajani (Forza Italia) freine La Russa (Frères d’Italie) » : « « Je ne suis pas d’accord avec cette approche – dit Tajani. Ce qu’a subi Andrea Joly est un passage à tabac, un acte criminel. Et je dis cela indépendamment du fait qu’il se soit déclaré journaliste ou non ». La Russa, insistent les journalistes, a dit que Joly aurait pu se signaler, « mais il aurait été tabassé tout aussi gravement s’il avait été un citoyen ordinaire. Ensuite, - poursuit le vice-Président du Conseil – il est clair qu’ils l’ont agressé, car il faisait des photos et vidéos ». Mais il y a un thème beaucoup plus politique que Tajani souligne : l’hypothèse de la dissolution de CasaPound. Dans ce cas aussi émerge une distance des opinions du Président du Sénat, qui avait exprimé dess doutes à ce sujet. Forza Italia est en train de créer de vifs débats au sein de la majorité. Tant de fronts ouverts, les listes d’attente dans le domaine sanitaire, l’urgence dans les prisons, et évidemment l’autonomie différenciée. »
ARTICLE, Il Messaggero, G. Rosana et F. Malfetano : « Ursula von der Leyen demande deux noms pour la Commission, Raffaele Fitto et Elisabetta Belloni dans la course » : « Hier, la présidente de la Commission a fait savoir aux dirigeants des pays membres qu’elle souhaitait recevoir deux noms, afin de conserver la parité au sein de l’exécutif européen, de candidats pour la Commission avant le 30 août. Une fois la liste des candidats fixés, ceux-ci seront auditionnés courant septembre. Côté Italie, si tous considèrent que le nom de Raffaele Fitto est presque certain, il se pose la question de la candidate. Le nom le plus probable est celui de la directrice du Département de l’Information pour la Sécurité, Elisabetta Belloni. Mais d’après certaines sources, Meloni ne souhaiterait pas ‘’sacrifier’’ la diplomate, par conséquent d’autres noms sont avancés. S’il est très difficile de savoir qui correspond au portrait-robot pour le poste, certains avancent des noms, comme Mara Carfagna ou l’ex-présidente de la Cofindustria, Emma Marcegaglia. Mais au-delà des noms pour la Commission, il y a l’enjeu du nom pour remplacer Raffaele Fitto. Une seule chose semble sûre, c’est que Giorgia Meloni s’attribuera les Affaires Européennes. Restent donc trois missions : PNRR, Cohésion et Sud. Sur la première, elle pourrait échouer au ministère de l’Économie, sous la forme d’un sous-secrétariat, un poste que pourrait récupérer Ylenja Lucaselli, une étoile montante de FdI. Une autre certitude c'est que Giorgia Meloni veut vite en finir avec ces questions afin de n'éviter que ses alliés au sein du gouvernement n’en profitent pour durcir le ton et demander des comptes. La présidente du Conseil aurait à cet égard prévu de s’en charger à son retour de Chine. »
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « Dossiers économiques et conflits. La première visite en Chine de Meloni » : « Quatre jours entre Pékin et Shangaï pour relancer les rapports politiques et les relations commerciales avec la République populaire et recoudre la plaie de la Route de la Soie. Giorgia Meloni est en route pour sa première visite officielle en Chine, cinq ans après la dernière mission d’un Président du Conseil italien. La Première Ministre sera en visite du 28 au 31 juillet, sur invitation du Premier Ministre Li Qiang, et verra également le président de l’Assemblée du peuple Zhao Leji et le secrétaire du Parti communiste chinois de Shangaï, Chen Jining. Pour la Présidente du gouvernement italien, c’est une mission délicate et importante, le Palais Chigi travaille à l’organisation depuis des mois sur trois niveaux. Il y a le thème politique des rencontres bilatérales au plus haut niveau, le thème économique lié au Business Forum Italie-Chine, et il faut tisser la toile des rapports culturels entre les deux pays : le moment le plus significatif sera l'inauguration de l’imposante exposition sur les 700 ans du Livre de Marco Polo. Des sources du gouvernement prévoient que la visite « s’effectuera dans un climat constructif », et qu’outre les dossiers économiques, Meloni abordera avec Xi Jiping la question centrale et stratégique du conflit entre la Russie et l’Ukraine. Elle atterrira dans la nuit de demain, quelques jours après le Ministre des affaires étrangères de Kiev. Le voyage de Dmytro Kuleba a été narré par le gouvernement chinois comme la preuve d’une attitude « neutre » et « équidistante » sur la guerre de Poutine. La posture diplomatique de Meloni est en accord avec les conclusions du G7 et donc avec la recherche de relations constructives et stables » et d’une coopération jugée « nécessaire pour affronter les défis globaux ». Se passer de la Chine n’est pas possible, du point de vue géopolitique autant qu’économique, et la présidente du Conseil demandera à Xi de faire tous les efforts possibles pour promouvoir la fin du conflit. « La Chine – affirme Antonio Tajani – peut être un interlocuteur porteur de paix. Elle doit être impliquée, elle peut donner des conseils plus modérés à Moscou. Évidemment, les affaires et l’intention réciproque de « relancer les rapports bilatéraux dans les secteurs d’intérêt commun seront également au centre des réunions et de l’étape suivante à Shangaï. Pour préparer les négociations, Rome et Pékin ont travaillé à la relance du Comité de gouvernance et la Commission économique mixte, au 20e anniversaire du partenariat stratégique global. L’échange commercial valait 66,8 milliards en 2023, et l’objectif du gouvernement et de le faire grandir davantage. Pour Mao Ning, porte-parole du Ministère des affaires étrangères, un développement « sain et stable » des relations convient aux deux nations. Pour Pékin, la visite de Meloni est une opportunité pour « consolider l’amitié traditionnelle » avec l’Italie et pour renforcer les relations entre la Chine et l’Europe. Les mots de la porte-parole, sur l’intention de « profiter » de la visite de Meloni pour » valoriser l’esprit de la Route de la Soie », sont étonnants. »
ARTICLE, Repubblica, D. Ranieri : « L'Italie nomme un ambassadeur et rouvre un dialogue avec Assad » : « Le ministre des affaires étrangères Antonio Tajani annonce que le gouvernement italien a choisi un ambassadeur italien en Syrie, ce qui signifie qu'il se prépare à remettre en service l'ambassade à Damas. Il s'agit d'une petite révolution diplomatique, qui sera certainement menée avec d'autres pays de l'UE. En mars 2012, l'ambassade d'Italie en Syrie avait été évacuée pour des raisons de sécurité et pour rompre les relations avec le régime du président Bashar el Assad. Le retour, aujourd’hui, d'un ambassadeur italien à Damas signifie que l'Italie veut rompre l'isolement international de la Syrie, qui avait été décidé en guise de punition pour les nombreuses atrocités commises contre les civils – avec un nombre de morts qui pourrait dépasser le demi-million. " Avec cette nomination, nous voulons donner un signal, également à nos amis européens, d'une attention accrue. Nous ne pouvons pas laisser le monopole de la situation aux Russes et à d'autres". Il y avait déjà eu des signes de cette ouverture du gouvernement italien à l'égard de Bachar el Assad. Le 28 mai, la télévision syrienne avait annoncé la visite de Gianni Caravelli, chef de l'Aise - les services secrets qui s'occupent des activités à l'étranger - pour rencontrer le directeur des services syriens. Les deux hommes auraient discuté de l'éventuelle création d'une zone de sécurité près de la ville de Homs pour rapatrier les réfugiés syriens à l'étranger. Lundi, Tajani a envoyé avec les ministres de Croatie, de Chypre, de la République tchèque, de Grèce, de Slovaquie et de Slovénie une lettre à Joseph Borrell, Haut représentant de l'UE, en affirmant que l'Union européenne doit revoir sa stratégie sur la Syrie, qu'elle doit être "plus réaliste, proactive et efficace pour accroître l'influence politique" (traduit : elle doit rouvrir les relations diplomatiques avec Assad). Ces dernières années, durant les phases les plus violentes de la guerre civile, le parti de Giorgia Meloni, Fratelli d'Italia, avait à plusieurs reprises défendu le régime d'Assad. »
EDITORIAL, Il Foglio, C. Cerasa « Meloni veut privatiser un peu la Rai » : « Dans l’agenda politique de Giorgia Meloni, une surprise pourrait prendre au dépourvu tant l'opposition que la majorité. Un coup de théâtre qui pourrait devenir l'un des thèmes de la prochaine loi de stabilité : privatiser la Rai. L'évocation soudaine du scénario d’une privatisation de la RAI est plus qu'un simple raisonnement comptable et s'apparente plutôt à une manœuvre politique et culturelle. Politique, car si les adversaires de Meloni accusent la Présidente de vouloir accaparer le service public en le transformant en dépotoir du ‘melonisme’, enlever une partie de politique dans la RAI et au contraire faire entrer un peu de marché dans la RAI, permettrait de modifier cette narration. La formule sur laquelle raisonne Meloni est encore vague : avec certains collaborateurs la Présidente serait allée jusqu'à dire que la privatisation idéale coïnciderait avec 50 pour cent de la valeur de la RAI. C’est un raisonnement qui pourrait surprendre ses alliés dont certains, comme Forza Italia, et comme la famille Berlusconi, qui pourraient être inquiets à l'idée d'avoir à l'avenir une Rai plus désireuse de concurrencer Mediaset sur le marché de la publicité. Aller dans la direction d'une privatisation importante de la RAI est cependant une voie inévitable pour tous ceux qui ont un minimum de connaissances sur la délicate et dramatique question de la dette accumulée par la RAI au fil des ans, qui s’élève à 568 millions. Mercredi prochain, a déclaré hier le ministre des Relations avec le Parlement, Luca Ciriani, les présidents de la Chambre et du Sénat tenteront de fixer une date pour élire les quatre membres du Conseil d'administration de la RAI. Et qui sait si, lorsqu'elle se retrouvera à déplacer les pions de la Rai du futur, Meloni ne donnera pas suite à son idée : sortir la politique du Viale Mazzini et mettre la Rai sur le marché. L'idée est là. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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