"L’affaire Vannacci n’est pas encore close : les lepénistes insistent, mais la confrontation est reportée à plus tard."
17/07/2024
Italie. Revue de presse.
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco, « Des négociations secrètes pour éviter l’isolement » : « Les prévisions indiquent que, ouvertement ou non, les voix du groupe conservateur dirigé par la Présidente du Conseil italienne, ou du moins celles de son parti, seront bien en faveur de von der Leyen, le 18 juillet. Ce serait une bonne nouvelle pour l'Italie. On parle moins, en revanche, des problèmes que rencontre la Ligue à la vice-présidence des Patriotes pour l'Europe, le nouveau groupe d'extrême-droite. Il s'agit pourtant d'un faux pas révélateur. Le vice-Président du Conseil et leader du Carroccio, Matteo Salvini, affirme qu'il s'agit d'un "non-sujet". Il ajoute : "Avec von der Leyen, qui revient, sans que l’on tienne compte du vote des Italiens, je pense que Vannacci est le dernier des soucis’’. Mais il semble bien l'être. ‘’C'est un problème à cause des déclarations’’ du général, a fait savoir le parti de Marine Le Pen. ‘’Nous en discuterons, nous essaierons de trouver une solution’’ a dit le chef de la délégation du Rassemblement national, Jean-Paul Garraud. Et l'on se rend compte à quel point les positions homophobes du symbole de la nouvelle formation léghiste, et certaines déclarations encore plus extrêmes que les lepénistes, sont devenues gênantes aujourd'hui. Les élections en France ont montré que le radicalisme souverainiste peut grandir mais ne peut pas gagner s'il ne parvient pas à attirer des alliés. Avoir un personnage comme Vannacci comme numéro deux à Strasbourg confirmerait un éclatant et stérile isolement pour l’Italie. Pour neutraliser le contingent de possibles ‘’francs-tireurs’’, le seul antidote, selon le mode de fonctionnement de l'UE, est une négociation confidentielle : si confidentielle qu'hier le ministre de l'Agriculture, Francesco Lollobrigida, un mélonien tout terrain, à Bruxelles pour un sommet, a préféré ne pas commenter les rumeurs de contacts entre von der Leyen et Meloni. »
ARTICLE, Corriere della Sera, de F. Basso : « L’affaire Vannacci n’est pas encore close : les lepénistes insistent, mais la confrontation est reportée à plus tard » : « L’affaire Vannacci est-elle close ? À en croire la délégation française, qui ne compte pas faiblir, rien n’est moins sûr. En entrant dans la réunion du groupe des Patriotes, le chef lepéniste, Jean-Paul Garraud, a admis que le général Vannacci ‘’est un problème : nous allons maintenant en parler et nous essaierons de trouver une solution’’. Si le RN est l’actionnaire majoritaire du groupe, devant Fidesz et la Ligue, son point de vue n’est pas partagé : pour Jorge Buxadé Villalba de Vox, ‘’Ce n’est pas une question qui nous concerne, elle doit être discutée avec la délégation italienne’’. Les représentants danois et hongrois choisissent, eux, d’éviter le sujet. Une discorde embarrassante pour les Patriotes. Vannacci quant à lui, arrivé en retard, est moins fanfaron qu’à son habitude : il a déclaré aux journalistes être ‘’calme’’ et a reconnu que ‘’bien sûr’’ son cas allait être évoqué. Auprès de la presse italienne, Vannacci est resté très évasif. Quand on lui demande s’il est encore vice-président, il répond qu’il ‘est ‘’arrivé il y a deux minutes, donnez-moi le temps, l’objet de notre discussion est Ursula von der Leyen’’. En vérité, le groupe n’a pas discuté du cas de Vannacci ce jour-là. Comme le rapporte Jean-Paul Garraud, ‘’nous en avons un peu parlé, mais pas beaucoup, parce que monsieur Vannacci est arrivé en retard et que la réunion avec tout le groupe commençait bientôt’’. Il a toutefois ajouté que ‘’nous en parlerions’’. Rien du côté de Jordan Bardella, fraîchement élu président du groupe, qui s’est refusé à parler de Vannacci : ‘’je le ferai en temps voulu’’. Depuis Gênes en revanche, Matteo Salvini est intervenu pour défendre son député : ‘’pour moi, c’est un non-problème’’. »
EDITORIAL, La Stampa, de F. Sforza, « Si Le Pen donne à Salvini une leçon sur les droits » : « Mais être homophobe n’était pas une opinion de droite ? C’est ce qu’on dû se demander les soutiens de Vannacci face à la perplexité qu’il déclenche chez les français du RN, pour qui ses positions sur les droits des homosexuels ne sont pas en accord avec leur ligne politique. Ce n’est pas la première ni la dernière fracture entre les droites européennes, mais ce n’est pas non plus le symptôme d’un débat interne, plutôt celui d’une dérive politique. Premièrement, il aurait pu être bon de se renseigner sur les positions de ses partenaires, d’autant qu’un simple moteur de recherche suffit pour savoir que le RN ne souhaite plus abroger la loi de 2013 sur le mariage homosexuel. Peut-être que c’est un calcul électoral, mais en attendant ce changement montre une chose : le débat de société qu’il y a eu en France sur la question a modifié la position de l’extrême-droite à ce sujet. C’est comme ça que cela fonctionne pour les questions de droit, tout dépend de la culture du pays. Le débat culturel, notamment sur les droits, ne peut pas faire abstraction des témoignages concrets et de l’évolution d’une société. C’est à se demander si l’extrême-droite de Vannacci est consciente que 25 000 citoyens, dont lui, sont mariés à des étrangers, et que tirer à boulet rouge sur ces derniers revient donc à ne pas les prendre en compte ? Que les unions civiles entre homosexuels ont progressé de 31% l’année dernière et que cette dynamique va progresser ? Idem sur les questions de genre. Ce ne sont que des données, auxquelles il faut rajouter tous les raisonnements, les positions différentes mais légitimes, les doutes, les gens qui parlent de leurs expériences… et il ne s’agit pas d’une hégémonie culturelle de la gauche, comme l’extrême-droite la définit souvent, mais simplement de mutations internes à la société, des mutations mais aussi des électeurs que l’extrême-droite devra écouter. Car ses sympathisants, statistiquement, ne peuvent pas être tous des hommes blancs, italiens, et hétérosexuels. »
ARTICLE, La Stampa, de F. Olivo « Ursula-Meloni, négociations en cours - Von der Leyen à Strasbourg pour l'audition avec les Conservateurs. Négociations ardues autour de Sberna, proche de la sœur de G. Meloni, indiquée pour devenir vice-présidente du Parlement » - Aujourd'hui, réunion avec le groupe ECR "mais pas d'alliance" » : « Quarante-huit heures pour choisir son camp. Les contacts entre Giorgia Meloni et Ursula von der Leyen se multiplient en vue du vote de jeudi. Aujourd'hui, le Parlement européen lance la machine de la nouvelle législature et Fratelli d'Italia, sauf surprise, aura une vice-présidence. Le nom indiqué par le parti est celui de la nouvelle élue Antonella Sberna, de Viterbo, liée à la sœur de G. Meloni et chef du secrétariat politique de FdI, Arianna Meloni. Il n'y aura probablement pas de position officielle de FdI avant la dernière seconde. Dès 9 heures ce matin, Mme Von der Leyen sera assaillie de questions, qui promettent d'être polémiques, de la part des membres du groupe des Conservateurs. Les plus durs seront les membres des délégations qui ont déjà annoncé leur vote contre sa réélection ; les Italiens, plus prudents, invoqueront le virage à droite sur les questions les plus identitaires, l'immigration et la limitation des politiques écologistes, mais sans dévoiler leurs cartes. ‘’La commission a déjà déplacé son centre de gravité vers nous", répète Nicola Procaccini, coprésident du groupe. La rencontre ne sera pas décisive, explique FdI de manière informelle, car les négociations les plus stratégiques sont celles que Meloni mène au nom du gouvernement italien. Sur la table, il y a les délégations au Budget, pour le Plan de Relance et à la Cohésion. Le favori reste le ministre Raffaele Fitto, qui a reçu dans l'après-midi Valdis Dombrovskis, l'un des trois vice-présidents exécutifs de la Commission sortante, un rôle auquel l'Italie aspire, mais sur lequel von der Leyen ne semble pas disposée à céder. L'objectif d'ECR est de déplacer l'agenda du prochain exécutif européen vers la droite. Exactement le contraire de ce que souhaitent les députés européens de The Left, le groupe de la gauche européenne, sur les bancs duquel siègent aujourd'hui les élus du M5S. L'un d'entre eux, Gaetano Pedullà, a demandé à von der Leyen de clarifier sa relation avec ECR. Réponse claire : "Il n'y aura aucun type de rapport structurel avec eux". Les conservateurs se déplacent également à l'étranger. Le secrétaire Antonio Giordano s'envolera aujourd'hui pour Milwaukee afin d'assister à la convention des Républicains, le parti allié d'ECR. Si Meloni a envoyé des messages de solidarité à l'ancien président américain, elle a préféré ne pas commenter la campagne électorale. Contrairement à Matteo Salvini qui a annoncé un voyage américain pour rencontrer Trump. Fratelli d'Italia, par la voix de Giordano, semble avoir franchi le pas : " Avec qui sommes-nous ? Nous soutenons le parti républicain et leur candidat est Trump". »
ARTICLE, Il Messaggero, d’A. Bulleri : « Metsola ‘’l’œcuménique’’ peut devenir un plan B » : « Pour l’instant, ce n’est rien de plus qu’une suggestion, mais elle pourrait se concrétiser si Ursula von der Leyen ne l’emportait pas jeudi. Aujourd’hui à Strasbourg, les eurodéputés font leur rentrée, et plusieurs discutent de cette possibilité : Manfred Weber, président du PPE, aurait son plan B, qui se confirme être Metsola. Elle a en effet l’avantage de jouir d’un soutien plus large que von der Leyen, puisqu’elle a été élue avec 74% des voix à la présidence du Parlement européen, un pourcentage impressionnant qui pourrait augmenter encore cette année. Une hypothèse autour de laquelle Manfred Weber a déjà essayé de créer un consensus, ce qui n’est pas difficile : les réticents du PPE ou de Renew seraient ravis de voter pour elle plutôt que pour von der Leyen, tout comme la droite portugaise et espagnole. »
COULISSES, Corriere della Sera, de F. Verderami « Fratelli d’Italia envisage un vote favorable à Ursula mais les négociations sont encore en cours (et le rôle de Fitto comptera) » : « ‘’Je ne verrais pas d'inconvénient à ce que Mme von der Leyen soit réélue à la présidence de la Commission". Les raisons qui ont poussé Giorgia Meloni à s'exprimer ainsi il y a quelques jours, lors d'une réunion confidentielle, sont multiples : tout d'abord la reconnaissance qu'"Ursula s'est toujours comportée correctement avec notre gouvernement", et la conviction que la relation se poursuivra sur cette "ligne de collaboration" ; ensuite, la conscience que l'Europe ne peut pas se permettre une crise institutionnelle au milieu d'une crise internationale sans précédent. Bref, ce n'est pas la peur de l'isolement de l'Italie qui l'a poussée à s'exprimer de la sorte. C'est plutôt la volonté de montrer l'Italie comme un élément de stabilité au sein de l'Union, "alors que les autres grands pays sont dans une situation politique d'instabilité". Un message envoyé à l'Allemagne et à la France. Certes, les propos de Meloni laissent une marge d'incertitude, mais il s'agit d'une ambiguïté qui résulte des négociations sur le rôle qui sera attribué au représentant italien au sein du conseil de Bruxelles. Et il ne fait aucun doute que la médiation sera close avant le vote de confiance à bulletin secret du Parlement européen sur la direction de la Commission. Tout indique que von der Leyen aura à ses côtés le ministre Fitto, avec qui elle entretient d'excellentes relations et qui aurait été expressément indiqué à Meloni au cours d’entretiens confidentiels. La négociation porte sur le portefeuille qui lui sera attribué. Jeudi, l'UE aura son nouveau gouvernement. Lors de la rencontre, aujourd’hui, entre von der Leyen et le groupe ECR, dont Meloni est la cheffe de file. On s'attend à ce qu'à l'issue des discussions, les députés conservateurs obtiennent la "liberté de vote". En revanche, certains - Belges et Tchèques - ont déjà prévu de voter pour, tandis que les Polonais sont déterminés à voter contre. Quant à la délégation FdI, son attitude peut se résumer ainsi : "Si von der Leyen nous satisfait publiquement jeudi, nous voterons pour elle publiquement. Sinon, nous le ferons en secret". »
ARTICLE, La Stampa, de G. Agliastro : « La lettre de Viktor Orban à l’UE : “Maintenant, négocions la paix’’. Mais Bruxelles le boycotte » : « Le bras de fer entre Viktor Orban et l’UE est de plus en plus intense. Critiqué pour son tour du monde des dirigeants autoritaires, le premier ministre hongrois st surtout accusé d’avoir brisé la doctrine d’isolement diplomatique de la Russie en se rendant au Kremlin il y a quelques jours, chez un Vladimir Poutine qui l’a accueilli ‘’pas seulement comme un partenaire de longue date, mais aussi comme président du Conseil de l’UE’’. Un autre sujet de discorde est la lettre qu’il aurait envoyé pour prévenir les partenaires européens de ses voyages. Si la Commission affirme ne pas l’avoir reçue, Charles Michel admet qu’elle lui a été transmise. D’après des informations de la BBC, cette lettre appellerait les dirigeants européens à négocier la paix, assurant que Vladimir Poutine y est prêt, mais qu’il souhaite juste la démilitarisation de l’Ukraine. Dans la lettre, aucune mention de l’agression russe qui a déclenché la guerre. Du côté de la diplomatie européenne, Josep Borell est de plus en plus enclin à boycotter les sommets organisés par la Hongrie, comme celui des ministres des affaires étrangères organisé à Budapest. L’idée serait d’en organiser d’autres, en même temps, pour forcer le boycott. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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