"Abolition du délit d’abus de pouvoir, l’association nationale des magistrats s’insurge."
05/07/2024
Italie. Revue de presse.
La victoire du parti travailliste aux élections au Royaume-Uni fait la une de la presse : « Royaume-Uni, le raz-de-marée travailliste » (Corriere della Sera, Stampa), « La vague travailliste » (Repubblica), « Londres, le triomphe des travaillistes » (Il Messaggero), « Londres se rend à la gauche » (Giornale). La perspective d’un déplacement de Victor Orban à Moscou alors qu’il vient de prendre la présidence tournante de l’Union est aussi en une, de même que les critiques de M. Salvini aux propos du président Mattarella sur les dangers qui pèsent sur la démocratie : « Salvini attaque Mattarella, et Orban crée la rupture en allant chez Poutine, Bruxelles rappelle qu’il n’a pas de mandat pour le faire » (Stampa), « V. Orban chez Poutine, C. Michel proteste : « il ne peut pas le faire » » (Corriere). Enfin, l’abolition du délit d’abus de pouvoir est citée par certains quotidiens : « Abolition du délit d’abus de pouvoir, l’association nationale des magistrats s’insurge » (Corriere), « Nordio fait marche arrière : la loi d’habilitation arrivera en septembre afin d’éviter les remontrances de l’UE » (Fatto Quotidiano).
ARTICLE, Il Messaggero, F. Sorrentino : « La Chambre vote la suppression du délit de l’abus de pouvoir et introduit celui de détournement de fonds ‘par distraction’ » : « Adieu à l'abus de pouvoir. Le crime le plus classique dont étaient accusés jusqu'à présent les responsables publics pourrait bientôt se retrouver au grenier. Avec 170 voix pour et 77 voix contre, la Chambre des députés a définitivement approuvé l'article 1 du projet de loi Nordio, la disposition qui abolit l'article 323 du code pénal déjà modifié cinq fois avec des réductions progressives de peines. L'abrogation était vivement souhaitée par le ministre Carlo Nordio, certain que l'Italie dispose déjà d’assez de mesures pour contrer les délits commis par l'administration. Le ministre de la Justice veut en particulier rassurer la Commission européenne qui, dans sa dernière directive anti-corruption, avait expressément prévu le maintien d'un délit pour punir l'accomplissement ou l'omission d'un acte, en violation de la loi, par un agent public. L’élimination de l'abus de pouvoir a été approuvé le lendemain de l’introduction du délit de ‘détournement de fonds par distraction', évitant ainsi le risque d'une procédure d'infraction au niveau européen. La réaction des magistrats est négative, ils considèrent qu’il valait mieux ne rien toucher à l'ancien système. Le M5S est sur le pied de guerre." »
ARTICLE, La Stampa, N. Carratelli « Autonomie régionale, coup d’envoi de la bataille référendaire » : « L’opération visant à proposer un référendum destiné à abroger la réforme de l’autonomie régionale différenciée commence ce matin en Cour de Cassation, où les partis d’opposition, les syndicats CGIL et UIL et les associations laïques et catholiques composant le comité promoteur déposeront le texte abrogatif de la loi signée par le ministre léguiste Calderoli. C’est un long chemin estival qui commence pour la collecte de signatures (au moins 500 000) qu’il faudra trouver d’ici le 30 septembre pour que ce référendum se tienne. Il faut ensuite que la Cour Constitutionnelle se prononce sur l’admissibilité du texte. La décision sera prise d’ici la fin janvier et, le cas échéant, il sera possible de voter au printemps 2025. C’est donc un processus qui durera environ un an et qui marquera inévitablement le débat politique. Entretemps, les régions dirigées par les partis de centre-gauche travaillent à un texte parallèle qui mise sur une abrogation partielle de la réforme, limitée à certains articles du texte. Une procédure de sécurité en somme, au cas où la première démarche serait déclarée inadmissible par la Cour Constitutionnelle. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco, « Des patriotismes aux antipodes sur les alliances internationales » : « La possibilité que les Verts d'un côté et les conservateurs de l'autre puissent voter en faveur de la reconduction d’Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne demeure fragile et incertaine. Et tout résultat pourrait mettre en évidence la place centrale du PPE, mais aussi ses contradictions internes. Lorsque le vice-président du Conseil Antonio Tajani, leader de Forza Italia et membre du PPE, valide ce possible soutien mais ajoute que "l'important est qu'il n'y ait pas de pacte organique", il s'inquiète de la réaction possible de la droite, en particulier du groupe ECR de Giorgia Meloni. Et quand son allié Maurizio Lupi évoque la nécessité d'un dialogue entre les Populaires et les Conservateurs "pour éviter qu'ils ne finissent dans les mains de l'extrême-droite", il exprime la crainte qu'ID, le groupe de Marine Le Pen et Matteo Salvini, ne finisse dans le groupe des "Patriotes européens" du Hongrois Viktor Orbán. Il est vrai qu’ECR reste le troisième groupe européen avec quatre-vingt-quatre eurodéputés et que le flux vers la nouvelle formation extrémiste a été contenu. Les nouveaux rapports de force au sein de l'UE après l'affirmation des droites souverainistes dans certains pays constituent toutefois un défi de taille : en particulier pour les positions anti-OTAN et pro-russes des "Patriotes", qui les séparent des Conservateurs, lesquels soutiennent pour leur part fermement l'Ukraine. En tant que Présidente du Conseil, Giorgia Meloni a rencontré hier à Rome le président finlandais, Alexander Stubb, confirmant une politique étrangère alignée sur les choix de l'UE et de l'OTAN. Mais presque au même moment, Orbán, qui exerce actuellement la présidence tournante de l'UE, a déconcerté tout le monde en annonçant un voyage à Moscou afin de rencontrer Vladimir Poutine. Deux "patriotismes" aux antipodes l’un de l’autre se dessinent ainsi, voués à s'affronter. Même si Fratelli d’Italia affirme, à travers la voix du chef de la délégation au Parlement européen, Carlo Fidanza, qu'il n'y a pas de risque de "dépassement ou de concurrence. Les Patriotes, à ce jour, sont une extension du groupe I&D. Ce n’est pas une source d’inquiétude pour nous". Pourquoi pas. Cependant Salvini ne manque pas une occasion de souligner les distances de la Présidence du Conseil italien vis-à-vis de l'Europe. Et ses attaques contre Giorgia Meloni, Antonio Tajani et, avant-hier, contre le chef de l'État, Sergio Mattarella, sont perpétuelles. Une stratégie qui crée des tensions dans les relations non seulement au sein de la majorité, mais aussi avec la plus haute institution du pays. Le fait que Matteo Salvini prenne souvent pour cible ceux qui veillent le plus à ne pas faire dévier la trajectoire et à préserver les alliances internationales de l'Italie, n’est peut-être pas anodin. »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de V. Santarpia, “Le débat à gauche est relancé, Paolo Gentiloni souligne la victoire des réformistes » : « Les travaillistes ont obtenu une majorité écrasante après 14 ans de gouvernements conservateurs qui ont culminé avec le Brexit. Le leader réformiste Keir Starmer a ramené la gauche britannique au gouvernement après une longue période de radicalisme minoritaire". L'un des tout premiers commentaires sur les élections au Royaume-Uni a été publié sur X par Paolo Gentiloni, commissaire européen à l'économie. Il souligne le nouveau visage du parti travailliste, qui souligne son changement, de même que les réformistes qui insistent sur ce point. ‘’Un nouveau chapitre s’ouvre pour le parti travailliste ‘transformé’ ", écrit le député démocrate Filippo Sensi. Toujours du côté du PD, Matteo Ricci, député européen, commente : "Excellente nouvelle du Royaume-Uni. Le Parti travailliste remporte les élections après 14 ans de désastre conservateur. Cela nous donne un bon espoir, nous indique une voie à suivre pour nous aussi. Bon travail à Keir Starmer". Des propos semblables à ceux de Matteo Renzi prononcés un peu plus tôt. "Les conservateurs ont échoué, mais la gauche recommence à gagner aussi parce qu'elle abandonne la vision idéologique d'Ed Miliband et de Jeremy Corbyn et revient à la saison du réformisme, celle qui a été menée à bien par Tony Blair", écrit le leader d'Italia viva. "Je ne crois pas que l'on puisse reproduire les modèles d’un pays à l’autre. Je dis simplement que sans un centre réformiste, la gauche ne gagne pas. L'expérience britannique le démontre clairement". Angelo Bonelli, leader de l’Alliance des Verts et de la Gauche, exulte : "Bonne nouvelle ! Sunak, l'allié de Giorgia Meloni, a perdu les élections !’’. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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