"Réformes et démocratie, l’alerte lancée par [le président] Mattarella."
04/07/2024
Italie. Revue de presse.
L’hypothèse d’un retrait de la candidature de Joe Biden pour un second mandat font la une de la presse : « Pressions sur Biden, mystère sur son retrait » (Corriere della Sera, Il Messaggero), « NYT : « Biden pourrait retirer sa candidature » » (Stampa, Repubblica). L’allocution du Président de la République S. Mattarella à Trieste sur les équilibres des pouvoirs institutionnels est aussi citée : « Mattarella : « non à des pouvoirs illimités » » (Repubblica), « Réformes et démocratie, l’alerte lancée par Mattarella » (Stampa). Enfin l’autorisation par la Commission Européenne du rachat de la compagnie Ita par Lufthansa fait la une de certains quotidiens : « Feu vert de Bruxelles aux noces entre Ita e Lufthansa » (Sole 24 Ore, Corriere, Giornale).
COMMENTAIRE, Corriere della Sera. M. Franco « Une large coalition de gauche inspirée de la France est condamnée à l’ambiguïté » : « L’allocution du Chef de l’Etat Sergio Mattarella à Trieste représente un appel dramatique à apprendre l’alphabet de la démocratie. Cet appel plane sur la majorité et sur un gouvernement de droite tentés par la simplification des institutions au nom de la stabilité. A droite, les tensions s’intensifient entre Frères d’Italie, Forza Italia et la Ligue, que ce soit sur la RAI, les alliances en Europe ou sur l’Ukraine. L’appel de Mattarella plane aussi sur les partis d’opposition qui ont tendance non seulement à montrer du doigt le passage en force des adversaires mais aussi à les délégitimer. Bref, ils semblent d’abord vouloir trouver des prétextes à un bras-de-fer plutôt qu’à entamer un dialogue. L’alliance entre les partis d’opposition semble bien compliquée. Le « modèle français » de tous les partis hostiles à l’extrême-droite de Marine Le Pen semble faire des émules ici en Italie. Il est vrai que cette coalition hétérogène est censée tenir jusqu’au test du second tour en risquant de se diviser ensuite sur la politique étrangère, sur les questions économiques et sur de nombreux sujets. La situation en Italie n’est pas trop différente. Les partis d’opposition se sont réunis à Bologne mais leurs divergences semblent même s’accentuer. Le M5S est en train de chercher au niveau européen un abri sous le toit d’une gauche extrême hostile à l’Ukraine et beaucoup moins à la Russie, tout en faisant savoir qu’il ne veut pas d’ententes avec les centristes d’Azione et d’Italia Viva. Ces derniers, affaiblis par les résultats aux élections européennes, font pression sur leurs dirigeants Calenda et Renzi pour qu’ils fassent un pas de côté car leur querelle éternelle est vue comme contre-productive. Au sein des 5 Etoiles, le mécontentement augmente : certains remettent en cause le rôle de Giuseppe Conte et une alliance avec le PD, rêvant d’un retour aux origines. C’est la raison pour laquelle la photo de Bologne de cette « large coalition » apparait comme une nébuleuse d’intérêts aléatoires et remplie d’ambiguïté. On risque d’assister à des affrontements entre partis minoritaires, à gauche comme à droite, ce qui ne pourra qu’alimenter le phénomène de l’abstention. »
COULISSES, Repubblica, T. Ciriaco : « Vote anticipé et nouvelles réformes : la carte cachée de Meloni » : « Sur la réforme pour l’élection directe du Premier ministre, Giorgia Meloni commence à douter de tout : de la stratégie, du parcours, jusqu’à la vision finale de la réforme. Elle ne se repent pas, mais s’inquiète de ne pas réussir à atteindre son objectif. Elle craint de rassembler contre elle ses adversaires, et, en privé, affirme percevoir une hostilité du Quirinal au projet de loi constitutionnelle. Elle a peur d’échouer lors du référendum, sans réussir à obtenir ce dont elle rêvait : un présidentialisme absolu, qui donnerait encore plus de pouvoirs à ceux qui sont au pouvoir. Et donc, elle doute, et même si elle continuera à dire publiquement que tout va bien, elle est terrifiée à l'idée d'avoir choisi la mauvaise voie. C’est pourquoi elle n’exclurait aucun scénario. Y compris celui d'une remise à zéro : des élections anticipées, une nouvelle légitimation populaire et, seulement ensuite, une réforme présidentielle sans plus d'obstacles. Pour comprendre la tempête actuelle, il faut revenir quelques jours en arrière, au début du mois de juin, quand tout était parfait et que Meloni occupait le devant de la scène du G7 à Borgo Egnazia, avec ses 28,8 % aux élections européennes. Trois semaines plus tard, tout a changé : la Présidente du Conseil est sortie humiliée des négociations sur les postes européens les plus importants, exclue de la majorité de la prochaine Commission, acculée et contrainte de s'excuser pour les révélations scandaleuses immortalisées par les vidéos de Fanpage. Au Palais Chigi, on sait que les caisses sont vides et qu’on ne pourra pas faire de promesses permettant de gagner en popularité lors de la prochaine loi de finances. Le risque d'un assaut des marchés à l’automne sur les obligations du gouvernement italien (en pleine procédure d'infraction pour déficit excessif) perdure. Comme si cela ne suffisait pas, Matteo Salvini est entré dans la danse, bénissant un groupe de "patriotes" poutiniens, ce que la Présidente du Conseil devra expliquer avec embarras hors de nos frontières : aux réunions de l'OTAN, à la Maison Blanche et dans les principales chancelleries européennes. Est-il judicieux de risquer de tout perdre lors d'un référendum ? Il serait peut-être préférable d'anticiper les élections et de n'approuver le présidentialisme qu’après, ce qui serait de toute façon suivi d'un référendum. C'est une voie qui comporte des risques énormes. Il s'agirait de forcer la main pour sortir du coin. Le ‘bain’ électoral pour se relancer. Le doute subsiste : menace tactique ou véritable désir de rédemption ? Pendant ce temps, la Ligue mène l’offensive et multiplie les obstacles : l'amendement sur les concessions balnéaires, la proposition sur la redevance RAI qui pénaliserait Mediaset, le ‘mariage poutinien’ de Salvini avec Orban. Et encore, l'échec de la négociation avec Ursula von der Leyen, que Meloni gérera probablement avec une abstention au Parlement européen, le désaccord sur la réforme pour l’autonomie des Régions avec Forza Italia et puis la crainte d'un automne compliqué pour les comptes du pays. Sans argent, avec et au moins dix milliards à trouver déjà en 2024. Enfin, le chaos des décrets : il y en a neuf et ils doivent être approuvés en 35 jours. »
ARTICLE, Sole 24 Ore : « Feu vert de Bruxelles pour les noces entre Ita Airways et Lufthansa » : « C’est un feu vert ‘’sous conditions’’ que la commission européenne a exprimé sur l’entrée de Lufthansa dans le capital de Ita Airways. Cette acquisition partielle d’Ita par Lufthansa est conditionnée au respect de garanties en faveur de la concurrence : cession de plusieurs « slots » dans les aéroports de Milan et de Rome pour les compagnies concurrentes et arrivée de concurrents sur des routes où Ita et Lufthansa ont un monopole direct ou indirect. Le compte à rebours commence donc, car les deux entreprises ont quatre mois pour proposer une liste de concurrents à qui donner les places laissées vacantes et les liaisons aériennes, et Ita doit de son côté attendre novembre pour voter l’augmentation de capital de Lufthansa et élire le nouveau conseil d’administration. Pour le ministre de l’économie et des finances, Giancarlo Giorgetti (Ligue), ‘’nous avons sélectionné un partenaire industriel pour que la compagnie ait des perspectives sur le long terme. Nous pouvons affirmer aux contributeurs italiens que nous n’utiliserons plus un seul euro de leurs taxes pour financer Ita Airways’’. ‘’À la fin, l’accord prévoit que la gestion soit faite par les actionnaires majoritaires. L’Etat ne doit pas s’immiscer, mais il sera présent pour veiller au contrôle stratégique et au soutien des intérêts nationaux’’. Carsten Spohr, quant à lui, ne s’est pas prononcé sur le non du prochain administrateur délégué, il s’est limité à dire qu’il faudrait ‘’quelqu’un qui comprend Lufthansa, l’aviation, et l’Italie’’. Selon Lufthansa, Ita profitera de la synergie avec l’entreprise allemande, que ce soit sur la vente internationale, le programme de fidélité ou l’acquisition de nouveaux avions et carburants. L’Italie devrait par ailleurs devenir le deuxième marché domestique de Lufthansa en Europe, et Roma Fiumicino sera l’un des hubs les plus importants de la compagnie. Les seuls inquiets, en revanche, sont les voyageurs : ils dénoncent le manque de clarté sur les mesures visant à protéger les passagers. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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