"Un député 5 Etoiles agressé par la droite pour avoir brandi le drapeau italien."
13/06/2024
Italie. Revue de presse.
L’ouverture du G7 des chefs d’Etat et de gouvernement dans les Pouilles fait la Une des principaux quotidiens : « Accord au G7 : 60 milliards à Kiev assurés par les actifs russes gelés » (Corriere della Sera), « G7, le double défi lancé à Poutine » (Il Messaggero) « Le G7 se divise sur l’avortement » (La Repubblica, La Stampa). Le débat en France en vue des élections législatives est aussi cité : « La bataille en France : Macron appelle à un front commun contre l’extrême droite » (Avvenire), « France, chaos chez les Républicains, Ciotti exclu de son parti » (Corriere, Domani). Enfin, la séance houleuse d’hier à la Chambre lors de la discussion sur la réforme de l’autonomie régionale fait l’objet d’une large couverture photographique en une « La Chambre devient un ring » (Corriere), « Bagarre à la Chambre » (Repubblica, Stampa, Giornale), « Un député 5 Etoiles agressé par la droite pour avoir brandi le drapeau italien » (Fatto).
(https://www.bfmtv.com/international/europe/italie/italie-...)
Sur X le hashtag #Donno (du nom du député 5 Etoiles Leonardo Donno) fait tendance suite à la rixe ayant éclaté hier à la Chambre des députés.
COULISSES, Corriere della Sera, M. Guerzoni « La toile diplomatique de Meloni, de Gaza à l'aide à Zelensky » : « Pour que "son" sommet du G7 soit "historique", Giorgia Meloni a également choisi personnellement les fleurs et le lieu de la séance photo. La Présidente fera de tout son possible pour que le sommet des sept "grands" ne soit pas offusqué par les négociations entre les leaders des différentes familles européennes, ni par les polémiques sur l'avortement qui ont enflammé la veille. "Ce sommet – a expliqué Meloni à ses plus proches collaborateurs – certifie la nouvelle autorité de notre nation et le poids politique plus fort que nous avons en Europe". La Présidente est concentrée sur les dossiers préparés avec la sherpa du G7 Elisabetta Belloni, et sur lesquels elle veut caractériser sa présidence. La tragédie de Gaza et la paix en Ukraine sont considérées des "priorités absolues", ainsi que les migrations et l'Afrique. Parmi les thèmes centraux il y aussi l'intelligence artificielle, avec l'objectif d'introduire un label pour certifier les entreprises qui respecteront des "normes éthiques" ainsi que le sujet crucial des biens russes gelés en Europe, sur lequel Meloni souhaite mettre tout le monde d'accord. La présence du Pape, invité d'honneur du G7 et dont la participation est une première, représente déjà un succès évident pour le Meloni. L’entretien avec Francois, aura lieu demain, le même jour que la rencontre avec Joe Biden. C'est la troisième bilatérale entre le président des États-Unis et Giorgia Meloni. La rencontre la plus difficile sera celle avec Macron, et non seulement à cause du fait que le président français vit le moment le plus dramatique de son mandat. Ce qui complique des relations, déjà houleuses dans le passé, est la nouvelle entente de Meloni avec Marine Le Pen, le sujet de l'avortement qui a disparu du projet des conclusions du G7 et, non moins importants, les insultes que le vice-premier ministre Matteo Salvini a adressé, pendant la campagne électorale, au Président : Macron "belliciste", "fou", "instable". Avec Zelensky, la Présidente signera aujourd'hui l'accord bilatéral de sécurité et avec son amie Ursula, elle renouera le fil du dialogue, sans trop se prononcer sur sa possible réélection. Marine Le Pen s'oppose radicalement à un "bis" de von der Leyen et Meloni, qui attend le résultat des élections françaises, n'est pas encore prête à montrer ses cartes. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, P. Galimberti « Le sommet des canards boiteux » : « Le G7 qui s’ouvre à Borgo Egnazia est en fait un sommet de canards boiteux. Sur les sept dirigeants, quatre sont susceptibles de subir un revers électoral ou l’ont déjà subi. Emmanuel Macron a reçu un coup dur suite au vote européen, le poussant au pari risqué de décider des élections anticipées. Le parti de Scholz a même été devancé par l’ultra-droite de l’AfD. Quant au Britannique Sunak, il sera très probablement sanctionné lors des élections législatives du 4 juillet. Enfin, Joe Biden, déjà en difficulté dans les sondages face à Trump, a été fragilisé par la condamnation de son fils Hunter. Enfin, concernant le Canadien et le Japonais, ils ne vont pas très bien non plus. Cela explique en partie pourquoi le G7 a perdu cette attraction charismatique et ce pouvoir décisionnel d’antan. Du point de vue économique, le G20 est aujourd’hui plus important car il rassemble et met en relation les puissances historiques et celles émergentes, à commencer par la Chine et l’Inde. C’est la raison pour laquelle dans ce forum un peu mélancolique, le sourire du seul canard non boiteux, Giorgia Meloni, émerge d’autant plus. Elle est tellement euphorique (aussi en raison de la présence sans précédents du Pape François) qu’elle est allée jusqu’à faire éliminer dans le projet de communiqué présenté aux sherpas toute référence au droit à l’avortement qui figurait dans le document du G7 d’Hiroshima, provoquant une forte irritation chez les autres chefs d’Etat et de gouvernement, notamment français et canadien. Renforcée par le résultat des européennes, Meloni se sent en mesure de défier ses partenaires-invités, mais elle risque de dérailler si elle accélère trop ou si elle ne respecte pas, sur le plan des valeurs, les axes du mainstream européen et occidental. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Médiations françaises et bagarres italiennes » : « Confirmant une relation privilégiée, Matteo Salvini et Marine Le Pen se sont rencontrés hier à Bruxelles pour parler de grandes stratégies post-électorales. Ils ne pouvaient pas savoir qu'au cours de l’après-midi, un député de la Ligue donnait un coup de poing à un député du M5S dans l'hémicycle de la Chambre des députés. Dans une atmosphère de bagarre générale, alors qu'étaient débattues les réformes constitutionnelles, on assistait au spectacle honteux d'élus incapables de dialoguer, au point d'en venir aux mains. On dira que c’est à cause de mesures controversées telles que l'autonomie des régions et l’élection directe du Premier ministre ou bien de l'arrogance de la majorité de droite ou des provocations et des préjugés des oppositions. Quelle que soit la raison, malheureusement, elle justifie rétrospectivement pourquoi, lors des élections européennes de samedi et dimanche, plus de la moitié des électeurs ne se sont pas rendus aux urnes, ne se sentant pas représentés. Les scènes d'hier après-midi contribueront à creuser le fossé. À ‘ Paris, après que le président Emmanuel Macron ait été humilié dans les urnes au point de convoquer les élections, les chocs se succèdent (ndr suite à la révolte contre Ciotti chez les Républicains). Ils montrent l'hétérogénéité de la droite européenne et reproposent aussi le thème incontournable de la présence de "deux droites", aux idées opposées, sur le Vieux Continent. Cela s'applique aux relations avec l'UE, à la relation avec l'extrémisme et au conflit entre la Russie et l'Ukraine. Ce contraste se reflète dans l'appartenance à des familles politiques différentes. Et il explique pourquoi la majorité gouvernementale italienne, composée du FdI, du FI et de la Lega, est divisée au sein de l'UE. Salvini insiste pour que, à Bruxelles, les conservateurs de Meloni, le Parti populaire européen de Tajani et le groupe Id, auquel appartiennent la Ligue et Le Pen, présentent un front uni. Mais FI a réitéré le "non" du Ppe et la présidente du Conseil n'a montré qu'une volonté théorique, notamment parce que les membres de l'Ecr sont divisés sur la présence de Viktor Orbán. Tout cela ne manquera pas de se refléter dans les négociations pour la présidence de la Commission et du Conseil de l'UE. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, d’Isaia Sales, « Le signal lancé par le Sud » : « Le résultat des élections européennes dans le sud de l'Italie mérite une réflexion spécifique. Tout d'abord, le taux d'abstention le plus élevé de l'histoire politique italienne y a été enregistré : seulement 43,73% des citoyens ont voté dans le sud de la péninsule et 37,31% dans les îles. Ensuite, ce vote n’était pas en faveur du gouvernement. Et dans les six régions du sud de la péninsule, le Parti Démocrate a dépassé le parti de Meloni (24,34 % contre 23,59 % des voix). On peut donc considérer le vote (et l’abstention) méridional comme un avertissement pour Giorgia Meloni et une série de conseils pour Elly Schlein. Le message adressé au gouvernement par la partie du pays la plus fragile sur le plan social est qu’au sud, la nouvelle ère de prospérité annoncée n'a pas encore été constatée. Un sentiment qui a en partie nourri l'abstention mais aussi le désir de s'opposer au projet d'autonomie régionale différenciée. Il y a un mois, dans un sondage Demopolis, 81 % des habitants du sud se sont déclarés contre l'autonomie. Sous Silvio Berlusconi, le ministre Gianfranco Fini avait contré le sécessionnisme leghiste. Aujourd'hui, Fratelli d'Italia est sur le point d'approuver le plus grand échec de la tradition unitariste de la droite italienne – et d’offrir à la Ligue un succès politique qu’elle poursuit depuis 40 ans alors qu’elle se trouve dans une période de déclin évident. En revanche, dans le Sud, la coalition du Parti démocrate, du Mouvement 5 Etoiles, des Verts et de la Gauche totalise 46,85% des voix, dépassant la coalition de centre-droit qui est à 41,12%. Bien sûr, d'autres apports, d'autres forces politiques sont nécessaires, mais le camp progressiste italien avait besoin de retrouver son âme avant de se lancer à la conquête un centre. L'indifférence à la souffrance d'une partie de la population, l'aveuglement face à la détresse sociale, ont dévasté le camp de la gauche. Elly Schlein a redonné de l'espoir à une partie de la société qui souffre socialement et économiquement. Les forces du centre peuvent et doivent être les alliées d'une gauche solide dans ses convictions, mais pas lui dicter son agenda. Le PD doit avoir la même attention aujourd'hui pour les travailleurs précaires, les personnes sans revenus ou qui, tout en travaillant, vivent dans la privation qu'il avait autrefois pour la classe ouvrière. Le Parti démocrate se doit de les représenter, même sans s’y consacrer exclusivement. Et puis il y a ceux qui, malgré le talent, n’ont pas les mêmes opportunités que les autres, les précaires, souvent des jeunes, qui sont humiliés et offensés. La gauche doit s’attaquer aux grandes structures d'inégalité que sont devenus la santé publique, l'école, l'université, le marché du travail ou les services publics du Sud, au nom du progressisme social. Le PD a trouvé en Elly Schlein un radicalisme doux, une intransigeance attentive aux arguments de chacun, qu’elle associe au besoin de société ouverte que représente l'UE pour les jeunes. Ce n'est pas un hasard si le PD l’a emporté auprès des 18/35 ans. Le nationalisme est à l’opposé d'une société ouverte et l'autonomie différenciée est à l’opposé de la nation. Se fermer à l'Europe et s'enfermer dans des frontières régionales représente la sénilité de la politique, tout ce qu’il y a de plus anti-jeunes et anti-méridional dans l'Italie d'aujourd'hui. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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