"Les deux Italies issues des urnes : les grandes villes couronnent le Parti Démocrate, Fratelli d’Italia l’emporte en province."
12/06/2024
Italie. Revue de presse.
Le ralliement du chef du parti Les Républicains, Eric Ciotti, au Rassemblement National, fait la Une des principaux quotidiens : « Alliance à droite contre Macron » (Corriere della Sera), « Le recul français » (La Repubblica), « Le cas français secoue l’Union Européenne » (Il Messaggero), « Macron reste seul » (Avvenire), « Le cordon sanitaire anti-Marine Le Pen s’écroule » (Domani). La décision de la justice américaine de juger Hunter Biden coupable de détention illégale d’armes à feu est aussi largement citée « Hunter Biden jugé coupable » (La Repubblica), « Le fils de Biden risque jusqu’à 25 ans de prison » (Corriere). Enfin le Giornale titre sur le G7 des chefs d’Etat et de gouvernement qui s’ouvre demain dans les Pouilles « Le sommet pour sauver l’Ukraine ».
ARTICLE, Il Foglio, P. Peduzzi « Les trois paris risqués qui secouent la France » - Macron fait éclater la droite et la gauche. Les socialistes tentent de former un front « amer », les gaullistes se divisent : « Macron - qui dans une interview au Figaro Magazine a affirmé ‘’non, je ne suis pas fou’’ - veut montrer aux Français que le Rassemblement national, pour qui s’ouvre une éventuelle perspective de gouvernement, ne sait pas s’y prendre. Il veut aussi demander aux Français s'ils sont vraiment sûrs d’accorder une telle place aux lepénistes dans la construction des lois françaises, et compte naturellement sur cela pour montrer leur inadéquation (‘’nous sommes là pour gagner’’, dit le président). Or, tout cela signifie accepter l'hypothèse d'une cohabitation avec les lepénistes. A droite, les gaullistes pensent pouvoir sauver les meubles et conserver un minimum de poids, balayant la perspective d’un front uni allant de la droite à la gauche qui avait jusque-là empêché le lepénisme de gouverner la France. Annihilés par le macronisme, qui a déjà capté l'âme modérée du gaullisme, ceux qui restent pensent qu'il vaut mieux se livrer à l'extrême droite, au risque d’imploser, pour survivre. A son tour, R. Glucksmann renonce au véto contre l’extrême gauche antieuropéenne et pro-Poutine : il le fait en position de force, ayant remporté aux européennes le double des voix de la Nupes de Mélenchon. Toutefois, le risque d’altérer l’essence démocratique de la France est élevé. Il suffit de voir ce qui s’est passé à la Bundestag, qui a accueilli le président ukrainien Zelensky : ils étaient tous présents sauf les députés d’extrême droite et d’extrême gauche. »
PREMIER PLAN, Repubblica, C. Vecchio : « Les deux Italies issues des urnes : les grandes villes couronnent le Parti Démocrate, Fratelli d’Italia l’emporte en province » : « Viterbe est la nouvelle capitale du 'melonisme'. Aux élections européennes, Fratelli d'Italia y a obtenu 44,4 %, le PD 17 %. Dans la province de Vicenza, Fratelli d'Italia obient 39,63 %, le PD 17 %; ce fief de la Ligue a changé de couleur à l’instar de nombreuses communes du Nord-Est. Plus au nord, dans la province de Pordenone, Fdi est à 41,7 % ; à Rovigo à 40,6%. En Sicile, le Pd n'arrive qu’à la quatrième place, après Forza Italia, Fdi et M5S, de même qu'en Calabre. Les provinces italiennes ont donc choisi 'Giorgia'. Dans les grandes villes, c’est le Parti démocrate qui l’emporte. Elly Schlein arrive nettement en tête à Turin, Milan, Gênes, Bologne, Naples et Bari. Rome fait exception, mais de justesse. Il y a donc deux Italies. Les régions de la province semblent avoir le fort sentiment que leur valeur n'est pas reconnue par les classes dirigeantes de gauche. Elles ont l'impression de n'avoir que peu de poids, d'où ce rejet par les urnes. C'est un mécontentement qui couve depuis un certain temps. C'est l'une des raisons pour lesquelles Sergio Mattarella voyage inlassablement à travers le territoire. Par ailleurs, avec la fin du système électoral des préférences, les leaders qui protégeaient les territoires ont également disparus. Toutefois, en ce moment, la périphérie se rebelle contre la gauche et, en général, la politique. "L'abstention n'est pas uniforme et creuse des sillons profonds entre les régions du pays " affirme l'analyste de la société YouTrend, Lorenzo Pregliasco. Il suffirait d'apprendre à parler à ces masses populaires pour récupérer une partie du terrain perdu. »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, M. Galluzzo: « Concurrence ou défense. Les objectifs de Meloni dans l'UE » : « Ursula von der Leyen est convaincue d'avoir toutes les cartes en main. Au point qu'au sein de son équipe, un recueil informel des souhaits des différents gouvernements a déjà commencé, et que chaque case du futur commissaire européen correspond désormais à au moins trois ou quatre pays. Une partie de la confiance de la présidente de la Commission, moindre ou importante, est également accordée à Giorgia Meloni. Aujourd'hui, bien que convaincue qu'un nouveau mandat soit à sa portée, von der Leyen cherche des garanties contre les francs-tireurs (le vote est secret) et l'une d'entre elles est la patrouille de députés européens que Meloni peut lui offrir. Cependant, il n'est pas envisageable pour l'ensemble des conservateurs européens dirigés par Meloni, de voter pour von der Leyen de manière unie. Le risque de francs-tireurs demeure. En échange de son consentement, Meloni a déjà évoqué quelques objectifs avec von der Leyen. Tout d’abord, Rome veut un vice-président opérationnel, avec des pouvoirs importants. Dans le viseur de la Présidence italienne du Conseil il y au moins cinq objectifs : l'Industrie, qui est cependant presque un choix de second ordre, la Défense (si elle est créée), la Concurrence, pour laquelle un savoir-faire considérable est nécessaire ; le Commerce, un portefeuille délicat avec de nombreux choix stratégiques sur les matières premières et le commerce avec d'autres États et continents ; et enfin l'Énergie. Pour l'instant, parmi les noms qui circulent pour les futurs commissaires, il y a celui de l'ambassadrice Elisabetta Belloni, cheffe du département qui contrôle les services et sherpa du G7, et le ministre de l'Économie Giancarlo Giorgetti, qui serait peut-être heureux de laisser la responsabilité du Ministère de l’Economie et des Finances à d'autres. Autre indiscrétion bruxelloise : Roberta Metsola pourrait également être réélue à la tête du Parlement. Deux des quatre postes les plus importants de l'UE seraient ainsi attribués au PPE. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’Antonio Tajani, dirigeant de Forza Italia, ministre des Affaires étrangères et vice-président du Conseil italien « Nous voulons élargir la maison des modérés mais sommes distants des positions de Marine Le Pen » : « ‘’Tout au long de la campagne électorale, j'ai rappelé de manière presque litanique que le PPE serait décisif dans la formation de la nouvelle direction de l'UE. Je continue d'espérer qu'il sera possible de construire une majorité comprenant les Populaires, les Libéraux et les Conservateurs. Le travail sera long, mais c'est ce que j'espère". Q. Mme Meloni devrait donc voter pour Mme von der Leyen ?: "Je ne dis pas à Giorgia Meloni ce qu'elle doit faire, elle est la dirigeante des conservateurs européens, c'est elle qui établira sa ligne. Je parle de mon projet. Il est certain que Meloni, en tant que Présidente du Conseil, a les compétences pour faire jouer à l'Italie un rôle de premier plan et moi, avec FI, je ferai en sorte que cela se produise en proposant et en promouvant des initiatives favorables à notre pays. Nous verrons, les négociations commencent maintenant". Q. Seriez-vous prêt à une alliance avec Marine Le Pen ? Même si Madame Le Pen est différente de l'AfD, le PPE a une vision profondément différente de son parti sur l'Europe et sur la relation avec l'OTAN. Nous verrons comment leurs positions évolueront". Q. A qui cette alliance pourrait-elle s'étendre ? Peut-être à la Ligue, pourquoi pas, mais nous avons besoin de temps pour construire des alliances, il faut procéder progressivement". Q. Qui sera le commissaire italien de référence, Giancarlo Giorgetti ? Je ne sais pas, il n'a pas semblé très intéressé. Une chose est sûre : il faudra un commissaire de haut niveau, avec une délégation importante, qui soit aussi vice-président, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui pour l’Italie". »
ARTICLE, Corriere della Sera, F. Roncone « Les sherpas et les agents secrets dans la résidence de luxe qui héberge le G7 » : « Toute l’organisation du G7 a été confiée à Elisabetta Belloni, l’ancienne secrétaire générale de la Farnesina qui est actuellement à la tête du service de renseignement intérieur. Certes, Mme Belloni ne pouvait pas prévoir le résultat des élections européennes : les rencontres entre Meloni avec Macron et Scholz seront ainsi de véritables hors-programme. La Présidente du Conseil est déterminée : elle veut peser auprès des dirigeants de France et d’Allemagne, sortis fortement amoindris de ces élections. Un gouvernement fort ‘’renforce l’Italie dans toutes les instances internationales’’ raisonne-t-elle, y compris au Conseil Européen où la fondatrice de FdI veut jouer toutes ses cartes dans les nominations à la tête des institutions européennes. Environ 1 500 militaires ont été déployés dans le lieu où se tiendra le sommet, auxquels s’ajoutent 5 000 agents (police, Carabiniers, Guarde des Finances). Pas de casseurs « black-bloc » en vue, à ce stade. »
ARTICLE (extrait), il Messaggero : « G7, accord en vue : 50 milliards pour Kiev grâce aux actifs russes » : « La présidence italienne, dans ce sommet au cours duquel sont prévues 130 groupes de travail et 21 réunions interministérielles, a voulu attirer l’attention sur une séries de sujets. Concernant les zones de crise, les délégations ne se concentreront pas seulement sur l’Ukraine et le Moyen-Orient, mais aussi sur la Lybie, le Venezuela (où les électeurs se rendront aux urnes le 28 juillet, sur fond de crainte quant au respect des règles démocratiques) et l’Indopacifique, où l’implication de la Chine pourrait avoir des conséquences sur l’économie globale. La priorité donnée à l’Afrique est fortement liée au Plan Mattei porté par le gouvernement italien, tandis que sur l’immigration trois thèmes seront abordés : les investissements dans les pays de départ et de passage, la collaboration avec les Etats qui combattent l’immigration illégale, et le renforcement des moyens légaux. À propos de l’intelligence artificielle, le but est d’engager une réflexion sur l’éthique, l’impact dans le monde du travail et le risque d’une accentuation des écarts avec les pays en voie de développement »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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