"L'alarme de Meloni : "Je crains l'abstentionnisme. C'est un vote important.""
07/06/2024
Italie. Revue de presse.
La décision de la BCE de baisser d’un quart de point les taux d’intérêt dans la zone euro fait les gros titres : « Une première baisse des taux après 5 ans » (Corriere della Sera, Messaggero), « BCE, première baisse des taux depuis 2019 » (Sole 24 Ore), « Baisse des taux d’intérêt, voici ce qui changera » (Giornale). Les commémorations du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie sont largement citées par tous les médias avec large couverture photographique et vidéo : « Kiev est notre Normandie » (Repubblica), « Un D-Day pour Kiev » (Corriere della Sera), « Une « déclaration de Normandie » pour célébrer les 80 ans du Débarquement » (Avvenire). Enfin, le dernier jour de campagne électorale pour les européennes fait la une de certains quotidiens « Elections, le spectre de l’abstention : Meloni invite à aller voter » (Messaggero), « Le bras-de-fer entre Meloni et Schlein sur la Santé publique » (Stampa), « Temps de parole, Meloni monopolise le débat : après La7, c’est le tour de RaiUno chez Vespa » (Fatto Quotidiano)
Les JT couvrent essentiellement le lancement de la « Social Card », une mesure pour aider les familles à lutter contre l’inflation, les meetings de fin de campagne des candidats aux élections européennes, la baisse des taux de la BCE de 0,25%, mais aussi le conflit au Proche-Orient, où les combats se poursuivent, et la guerre en Ukraine, avec une offensive russe importante dans la nuit d’hier, alors que Volodymyr Zelenski s’entretiendra avec Emmanuel Macron en marge des commémorations du débarquement.
ARTICLE, Il Messaggero, « L'alarme de Meloni : "Je crains l'abstentionnisme. C'est un vote important"» : «La Présidente du Conseil a lancé un appel aux citoyens, quelques heures avant l'ouverture des bureaux de vote : "Ne vous détournez pas". "Le taux de participation m’inquiète toujours", a expliqué Meloni en quittant les studios de la Rai hier soir, où elle venait d'être interviewée par Bruno Vespa. "Les élections européennes sont des élections étranges parce que les citoyens perçoivent parfois l'UE comme lointaine, alors qu'en réalité elle est beaucoup plus importante qu'elle ne paraît. Je ne suis pas inquiète pour mon propre résultat, mais je serais désolée si peu d'Italiens votaient". Meloni a clôturé sa campagne électorale avec une dernière intervention télévisée centrée sur les thèmes prioritaires de sa campagne (santé, migrants et données économiques) et sur l'affrontement avec le Parti démocrate. "Ils sont à l'opposition et nous sommes au gouvernement", en se référant aux attaques reçues par Elly Schlein pour les ressources allouées au protocole avec l'Albanie plutôt qu'au système de santé. "Nous avons investi 670 millions pour cinq ans, soit environ 134 millions par an pour l'accord", a déclaré Meloni. Et encore : " Un politicien sérieux doit s’exposer sur la santé. Je n'aide pas le secteur privé, j'aide les malades", a ajouté la Présidente, parlant de "batailles idéologiques du PD menées au détriment des citoyens.". Meloni renouvelle également la promesse de ne pas démissionner en cas de défaite au référendum sur l’élection directe du Président du Conseil ("Je veux aller au bout de ces cinq ans") et sa volonté de modifier la loi Bossi-Fini sur l’immigration pour permettre des "contrôles plus stricts" ; elle revient également sur la question de la séparation des carrières des magistrats qui vient d'être approuvée par le Conseil des ministres, avant de se féliciter des estimations du PIB de l'Istat ("C'est une des rares fois où nous avons une croissance supérieure à celle de la France et de l'Allemagne et où nous ne sommes pas en queue de peloton") et de l’élan impulsé par l'exécutif ("S'il y a un gouvernement qui crée de la stratégie, le tissu industriel, qui est extraordinaire, crée de la richesse"). Mais le point fort de la communication de Meloni d'hier a été le renouvellement de la carte sociale valable pour l'achat de produits alimentaires de base, mais aussi de carburant ou d'abonnements aux transports publics locaux, dont le montant a été porté à 500 euros (contre 460 précédemment) pour les familles dont les revenus ne dépassent pas 15 000 euros et qui ne bénéficient pas d'autres mesures de soutien.
ARTICLE, Il Messaggero, « "Moins de 50 % des électeurs iront voter" » : « L'abstentionnisme, ce fantôme qui plane sur les élections depuis quelques décennies, continue de faire peur. Lors de ce scrutin, le parti de l'abstention pourrait atteindre pour la première fois la majorité absolue. D’après certains analystes, le taux de participation sera inférieur à 50 %. Un pronostic sombre. " Les sondages ne sont pas en mesure de donner des pourcentages exacts, étant donné qu'aujourd'hui environ 20 % de l'électorat ne sait pas encore s'il ira voter et surtout pour qui il votera", explique Antonio Noto, directeur de Noto Sondaggi. Le premier aspect qu’il faut considérer est le territoire : "La participation n'est pas homogène au niveau national : dans le nord, elle a tendance à dépasser 60 %, dans le sud, elle est inférieure à 50 %." Dans les îles, la baisse de la participation est beaucoup plus marquée que dans le reste du pays : "Elle passe même sous la barre des 40 %". "Dans le Sud, les citoyens ont tendance à moins voter, mais en exprimant une préférence pour les candidats, par rapport au Nord, où le vote est plus fortement idéologique". Selon Noto, l'abstentionnisme pénalisera différemment les partis : "Lorsque la participation est faible, les partis idéologiques ont tendance à être plus avantagés, car leurs électeurs maintiennent une certaine constance dans leur soutien politique". En revanche, les partis dont l'électorat est plus fluctuant, fasciné par le charisme des leaders politiques, ont tendance à souffrir davantage : "Ces électeurs sont moins prévisibles et peuvent changer de préférence politique d'une élection à l'autre, passant de la droite à la gauche ou ne se rendant pas aux urnes". En matière d'abstentionnisme, la génération des jeunes est au centre des débats. Selon l'institut de sondage Swg, le taux d'abstentionnisme chez les jeunes avoisinera les 50 %. »
ARTICLE, La Repubblica, S. Folli « Ce fil qui relie la Russie aux amis italiens » : « Le fait que Poutine ait été satisfait de la ligne modérée, pas trop antirusse et parfois même amicale de l'Italie signifie beaucoup en filigrane. Cela signifie probablement que quelqu'un a bien travaillé ou, du moins, que le « Tsar » en est convaincu. Si l'Italie est la seule nation nommée de manière presque positive dans une longue liste de capitales hostiles au Kremlin et à ses activités militaires, ce n’est pas un hasard. D'autre part, il suffit de parcourir les journaux pour s'en rendre compte. Salvini est un vieil ami de la Russie, comme le confirment ses photos, vidéos et autres sarcasmes visant à mettre Poutine sur un trône et à se distinguer de la ligne pro-OTAN du Palais Chigi. Par ailleurs, si la ligne de Meloni, de son ministre de la défense Crosetto et du président du Sénat La Russa est atlantiste, celle de son parti est beaucoup plus tiède, voire ambiguë. On perçoit encore les vieilles positions anti-américaines d’antan. Meloni a le mérite d’avoir rénové la politique étrangère. Toutefois, elle est à la tête d’un regroupement en Europe dont les tentations pro-Poutine sont à l’ordre du jour. Cela est encore plus vrai pour Marine Le Pen. A gauche, les 5 Etoiles sont déterminés à abandonner l’Ukraine à son destin et le PD a dans ses listes une série de « pacifistes » prorusses comme jamais auparavant. La politique étrangère n’aura jamais été aussi polarisée, avec des polémiques très dures. »
SONDAGES, La Stampa, A. Paci « Les Italiens sont surtout préoccupés par les salaires et la santé » : « Les Italiens se rendront aux urnes pour élire samedi et dimanche le nouveau Parlement Européen en pensant surtout aux problèmes nationaux. Nous avons assisté à une campagne électorale avec des mesures adoptées à la dernière minute, en style berlusconien. Selon la responsable d’Euromedia Research, Alessandra Ghisleri, ‘’la migration demeure un sujet fort, et notamment la partie concernant la redistribution des migrants, la capacité de l’Italie à absorber toutes les personnes arrivant sur nos côtes mais voulant pour la plupart aller ailleurs. C’est un sujet très européen’’. Concernant l’Ukraine, ‘’au début nous avons pensé qu’il était possible de la faire gagner par le biais d’une guerre par procuration, en envoyant des armes et en étant confiants dans le fait que les parties finiraient par résoudre le problème sur le terrain de bataille. Or, la majorité des Italiens a toujours été contre l’envoi d’armes à l’Ukraine. Chaque électeur italien votera en espérant que les conflits se terminent’’. ‘’Mais la principale inquiétude des Italiens est en réalité la stabilité économique, la peur de ne pas arriver à planifier sa vie. Cela peut déterminer chez les Italiens la tentation de changer de parti. En deuxième place se trouve la santé, soit l’inaccessibilité aux services sanitaires dans sa propre région’’. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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