"Meloni et la Libération : "elle a jeté les bases du retour de la démocratie.""
26/04/2024
Italie. Revue de presse.
La presse titre largement sur les célébrations hier de la fête de la Libération, en mettant en exergue les déclarations du président de la République et de la présidente du Conseil : « Pour Mattarella, nous sommes unis dans l’antifascisme (Corriere), « L’antifascisme est un devoir » (Repubblica), « Fête de la libération : cent mille personnes défilent à Milan » (Nazione). Les heurts entre manifestants pro-Gaza et d’autres membres des cortèges sont aussi cités : « 24 avril, la journée de la haine » (Giornale). La presse titre aussi sur l’annonce par le leader de la Ligue, Matteo Salvini, de la présentation du général Vanacci aux élections européennes : « Le Général Salvini » (Il Foglio).
ARTICLE, Marco Galluzzo, Corriere della Sera, « Meloni et la Libération : « elle a jeté les bases du retour de la démocratie » : « Hier matin, Giorgia Meloni a participé, avec le Président de la République et les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, au dépôt de gerbe à l’autel de la Patrie à Rome en hommage à ceux qui sont tombés contre le fascisme et dans la lutte pour la Libération. Après les polémiques suite à l'affaire Scurati [ndlr : écrivain dont l’intervention à la RAI avait été annulée, au cours de laquelle il avait prévu d’interpeller le gouvernement sur ce thème], elle s’exprime à travers un message court et sec mais ne se déclare pas ouvertement "antifasciste", comme le réclament à cor et à cri ceux qui la critiquent : "En ce jour où l'Italie célèbre la Libération, qui, avec la fin du fascisme, a jeté les bases du retour de la démocratie, nous réaffirmons notre aversion pour tous les régimes totalitaires et autoritaires. Ceux d'hier, qui ont opprimé les peuples d'Europe et du monde, et ceux d'aujourd'hui, auxquels nous sommes déterminés à nous opposer avec engagement et courage. Nous continuerons à travailler pour défendre la démocratie et pour une Italie enfin capable de s'unir sur la valeur de la liberté". Ses proches à Chigi considèrent ce message comme étant sans équivoque. Pour ses détracteurs, elle n’a fait le pas supplémentaire jugé nécessaire. Et ce, bien que Meloni ait déclaré à plusieurs reprises son aversion pour le régime de Mussolini, "qui a détruit les valeurs démocratiques", comparant le type de dictature vécu par l'Italie à d'autres régimes "du passé et du présent" - comme elle l'écrivait dans une lettre adressée à notre journal il y a un an. Les critiques restent multiples, principalement à gauche. Entre autres, le député européen de l'Alliance de gauche et des Verts M. Smeriglio, dans une intervention au journal Il Foglio, estime qu’il suffirait d'enlever la flamme du symbole de Fratelli d’Italia pour que le parti prenne clairement ses distances avec son passé. Francesco Boccia, au PD, juge que Meloni confond les concepts de libération et de liberté. L’équipe de G. Meloni estime que ce sont ‘’des polémiques stériles qui touchent 3% des Italiens et finissent par discréditer un thème aussi sérieux que l'antifascisme". »
COMMENTAIRE, La Repubblica, de S. Folli, « La zone grise dans les manifestations » : « Ce 25 avril s’est déroulé comme de nombreux autres par le passé, avec toutefois certaines ombres à ne pas sous-estimer. L’appel solennel du Président de la République italienne à se retrouver et à s’unir dans l’antifascisme, dont la Constitution italienne est la synthèse absolue, suscite l’attention et l’approbation générale, bien que la droite préfère parler de ‘’victoire de la liberté’’ en 1945 plutôt que de succès de l’Italie antifasciste. Il y a trente ans, aux débuts de la droite de Berlusconi, les divisions politiques étaient bien plus évidentes. Désormais, ‘’la fin du fascisme a jeté les bases de la démocratie’’ dit Giorgia Meloni. C’est un nouveau pas en avant, même si les critiques concernant les ambiguïtés restantes ne manquent pas. Du reste, les résultats du récent sondage Noto sont rassurants : la droite nostalgique du fascisme est réduite à un pourcentage dérisoire alors que 72% des Italiens, jeunes ou vieux, se disent antifascistes. Parmi les sympathisants et les électeurs déclarés de Fratelli d’Italia, 62% se définissent comme tels. Il existe toutefois des zones grises qu’il serait utile de surveiller, de la censure à une gestion parfois arrogante de l’information. Heureusement, la démocratie italienne est solide. Au point de permettre la candidature présentée par Matteo Salvini du général Vannacci qui déclare n’avoir pour sa part rien à fêter le 25 avril. Toutefois, on y voit plutôt une tentative de se soustraire à la mise à l’écart à laquelle certains semblent relégués. Les affrontements à Milan et à Rome font également partie des ombres qui ont plané sur la journée d’hier, tout comme les tentatives d’agression contre la Brigade Juive par des manifestants pro-Palestine et malheureusement pro-Hamas. Si le drapeau de la Brigade avait presque toujours été honteusement sifflé ces 20 ou 30 dernières années, cette fois cela a été bien plus loin. L’attaque a été sauvage et seule l’intervention des forces de police et des carabiniers a évité des conséquences dramatiques. Cela en fait l’une des pires fêtes de la Libération de l’Italie depuis bien longtemps, marquée par des slogans antisémites et antisionistes explicites. C’est malheureusement aussi les positions que l’on entend dans certaines universités américaines. La secrétaire du Parti démocrate, Elly Schlein, a bien fait de rappeler qu’il n’y a pas de place pour l’antisémitisme au sein de la gauche. Cela implique toutefois de ne laisser aucune marge de manœuvre aux groupes se situant aux extrêmes. Il existe des franges antisémites à gauche comme des groupes intolérants et ‘’fascistoïdes’’ existent à droite. Des groupes limités mais capables de causer des dommages considérables contre le dialogue civique et l’esprit du 25 avril. Aujourd’hui, l’antifascisme ne peut plus se contenter d’évoquer le passé, les autocraties dans le monde sont féroces et sont le nouveau fascisme : de l’Ukraine envahie à l’Iran obscurantiste. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Matteo Salvini, ministre des Transports, vice-Président du Conseil et leader de la Ligue, « Je suis contre tous les totalitarismes, le 25 avril est aussi pour Israël » : « [Q : Vous considérez-vous antifasciste ? Que signifie être antifasciste en 2024 ?] Je suis contre tous les totalitarismes et toutes les dictatures, contre toute forme de violence et de censure. J’ai participé à Milan à une cérémonie institutionnelle en hommage à toutes les victimes du nazi-fascisme. Il est absurde de penser que le fascisme pourrait revenir en Italie. Certains principes doivent être défendus coûte que coûte : la liberté d’opinion et d’expression, menacée par le politiquement correct qui atteint désormais des niveaux absurdes de censure. Je pense aussi à la liberté d’exister d’Israël, remise en question dans certaines universités italiennes. Naturellement, les civils sans défense [à Gaza] ne doivent pas payer de leur sang les actes dont sont coupables les extrémistes [du Hamas]. Le 25 avril est une date que la gauche tente de s’approprier pour attaquer la droite. Les sifflets contre la Brigade Juive hier sont une honte. Concernant la candidature du Général Vannacci, cela s’appelle la démocratie. Si certains décident de présenter une candidate qui purge une peine de prison à l’étranger alors que des accusations graves pèsent sur elle [Ndlr : référence à Ilaria Salis, détenue en Hongrie et candidate sur la liste Avs aux européennes], pourquoi ne pourrait-on pas présenter un homme qui a servi l’Italie dans le monde, notamment en Irak et en Afghanistan ? Depuis des décennies, la gauche a été habituée à occuper toutes les institutions : les tribunaux, les universités, les rédactions, les salles de spectacle… il est bon pour l’Italie de rétablir un peu d’équilibre et de méritocratie. La simplification administrative et le nouveau code des concours publics, les avancées vers l’autonomie régionale différenciée et l’élection directe du Président du Conseil, la sécurité routière, la baisse des charges salariales et la hausse des salaires sont autant de résultats obtenus au cours des 15 derniers mois, mais nous voulons aussi introduire la flat tax jusqu’à 100 000 euros et réformer le système des retraites d’ici la fin de la législature. Concernant l’autonomie régionale, nous avons trouvé un accord au sein de la coalition, comme toujours et nous avançons rapidement. Le projet de loi sera examiné dès lundi au Parlement. Cette réforme est une bataille historique de la Ligue et nous sommes en train de la réaliser. [Q : Vous dites ‘’En Europe, jamais avec Macron’’ mais pour les élections régionales en Basilicate vous étiez alliés à Italia Viva et Azione, est-ce si différent ?] Bien sûr, car ce sont eux [Matteo Renzi et Carlo Calenda] qui ont rejoint nos positions, pas l’inverse. Cela signifie que la Ligue dirige bien les territoires et qu’elle parvient à convaincre d’autres partis à rejoindre son camp. En Europe, je m’en tiens à l’enseignement de Silvio Berlusconi : ‘’pour gagner, le centre-droit doit être ouvert et inclusif, sans opposer de véto’’. Entre Macron qui parle de guerre et Le Pen qui veut la paix, je n’ai pas de doute sur qui choisir. »
ARTICLE, Corriere della Sera, d’A. Baccaro, « Rai, les journalistes (divisés) en grève, le mouvement est prévu le 6 mai. Le syndicat Usigrai dénonce un ‘’contrôle asphyxiant, nous ne sommes pas les porte-paroles du gouvernement’’. L’Unirai refuse de s’associer au mouvement. » : « A Rome, le 25 avril, le Président de la République Sergio Mattarella a lancé un appel durant son discours à respecter le pluralisme, qualifié de “condition essentielle de liberté ”. A la Rai, la grève a été annoncée par le principal syndicat des journalistes, l’Usigrai, pour le lundi 6 mai. Elle devrait avoir lieu pendant 24 heures, à partir de 5h30. Les journalistes du journal Radio Rai feront en revanche grève demain. Ce mouvement de grève est du, selon le syndicat Usigrai au “contrôle asphyxiant sur le travail des journalistes, avec la tentative de faire de la Rai le porte-parole du gouvernement, l’absence dans le plan de la chaine d’un projet pour l’information de la Rai, le manque de personnel dans toutes les rédactions, le non-remplacement en cas de congés maternité, la suppression des primes au mérite, la difficulté à négocier et la situation des travailleurs précaires”. A l’inverse, l’autre syndicat Unirai déclare qu’il ne s’associera pas au mouvement de « grève politique », mais qu’il lutte pour les moyens des rédactions, contre la précarité et pour la prime de résultat. Tout ceci se déroule dans un contexte particulier : hier, le monologue censuré de l’écrivain Antonio Scurati a été lu un peu partout dans les rassemblements du 25 avril. ”Vive les livres, vive la culture, vive la liberté d’expression. Un livre n’est jamais une provocation et cela vaut aussi pour Scurati” a déclaré le vice-Président du Conseil Matteo Salvini. Interrogé sur l’annulation de l’intervention de Scurati à la RAI, Salvini répond : ”Posez-la question à ceux qui ne l’ont pas laissé s’exprimer”. Une attaque directe aux dirigeants de la Rai, qui bien qu’une enquête interne soit en cours, ont répété maintes fois qu’il ne s’agissait pas de censure. La Rai a proposé hier une série de programmes entièrement dédiés au 25 Avril. Au sein de la RAI, tout le monde se montre serein mais attend avec impatience le résultat de l’enquête sur l’affaire Scurati, qui ne sera pas connu avant le pont du 1er mai. »
ARTICLE, La Stampa, De F. Capurso, « Salvini présente Vannacci sur les listes de la Ligue. Indignations au Nord » : « A Milan, Matteo Salvini a choisi le 25 avril et le moment de la présentation de son livre « Controvento », pour annoncer la candidature du général Roberto Vannacci aux élections européennes : « Je suis heureux qu'un homme de valeur ait décidé de mener ses batailles pour la liberté avec la Ligue au Parlement européen et que dans toutes les circonscriptions, les Italiens puissent trouver le nom de Vannacci sur nos listes ». C’est un grand pari : Vannacci devrait, selon les plans de Salvini, permettre d’aider son parti à enrayer sa chute dans les sondages et à franchir la barre des 8%. Il devrait apporter un vent de fraicheur dans la course européenne de la Ligue car, jusqu’à présent, elle a connu des divisions en son sein. Il y a d’un côté les fervents défenseurs de Salvini, enthousiastes, et de l’autre, les nombreux parlementaires et militants du Nord qui considèrent que l'engagement politique de Vannacci est une erreur. Plus encore, un important député reproche un « manque de respect envers tant de militants qui travaillent dur au quotidien et depuis des années ». Il s’agit presque d’une hérésie. « C'est la décision du secrétaire et c’est très bien comme ça », répond au téléphone le vice-président du Sénat Gian Marco Centinaio, qui s'était fortement opposé à la candidature de Vannacci ces derniers jours. Il poursuit : « Non, je n'ai pas changé d’avis, mais aujourd'hui je suis avec ma famille, il y a peu de place pour la politique. Pas de commentaire ». D’un autre côté, il y a peu de place pour la colère non plus. Tout le monde s’y attendait. La décision, même si elle n’avait pas été partagé avec le parti, avait déjà été prise il y a quelques semaines. La candidature du général est mentionnée par Salvini qui rappelle que « dans son livre « Le monde à l’envers », le général Vannacci, exprimait des opinions qui ne plaisaient pas au conformisme du politiquement correct. Il a été sali, lynché, moqué ». Puis, il ajoute, semblant saluer le mécontentement de certains à la Ligue : « Je ne partage pas toutes les réflexions de Vannacci, mais je défends ardemment le droit d’exprimer des idées. En effet, la bataille commune pour la défense de l’Italie, de la sécurité et de la liberté nous a conduit à partager pour les prochaines années l’engagement de changer cette Europe, ce que nous portons à travers cette candidature sur les listes de la Ligue ». Cependant, la bataille interne au parti n’est pas finie. Ceux qui sont hostiles au général veulent maintenant savoir s’il sera récompensé par une place en tête des liste. Hier, Salvini est resté volontairement vague, se limitant à dire qu'il « se présentera dans toutes les circonscriptions », y compris donc, dans le Nord. Une claque. Mais Vannacci pourrait être placé plutôt en deuxième ou troisième position. D’un autre côté, le général a lui-même indiqué qu’il serait « un candidat indépendant avec sa propre identité ». Et pour le leader, il sera difficile de justifier le choix de positionner en tête de liste un indépendant qui n’a pas l’intention de s’afficher avec les symboles du parti. Vannacci assure uniquement son engagement à « lutter pour affirmer les valeurs de la Patrie, des traditions, de la famille, de la souveraineté et de l’identité », qu’il « partage avec la Ligue ». Dans les étapes de sa prochaine campagne électorale en Vénétie, en Lombardie, au Piémont ou dans le Frioul-Vénétie Julienne, il est peu probable qu'il soit soutenu par les militants de la Ligue. Pour Salvini, qui s'est retiré de la course, Vannacci est la dernière carte qui lui reste, alors que Giorgia Meloni et Antonio Tajani sont déjà en première ligne. Les oppositions commentent : « Une gifle de droite aux valeurs antifascistes », attaque le député Pd Alessandro Zan, « Un crypto-fasciste » selon Alessandro Magi, de Più Europa et une candidature qui marque « un tournant xénophobe pour la Ligue, qui récompense un général qui a été visé par une procédure disciplinaire du ministre de la Défense Crosetto. Une provocation » pour Angelo Bonelli, d’Avs. ».
ARTICLE, La Repubblica, de D. Castellani Perelli, « Le parlement européen veut mettre un terme aux ingérences russes ; mais Fratelli d’ltalia, la Ligue et le M5S s’abstiennent. » : « Il faut lutter urgemment contre les tentatives d’ingérence russes, en particulier en vue des élections européennes début juin. Le Parlement européen lance l’alerte et appelle les dirigeants des puissances européennes à agir : 429 oui, 27 non, et 48 abstentions. Mais cette fois encore, il manque le feu vert de Fratelli d’Italia et de la Ligue : mercredi ils ont voté non, et hier ils se sont abstenus, de même que le Mouvement 5 Etoiles. FDI et le M5S ne nient pas les ingérences russes, mais ils expliquent leur vote respectivement par “l'instrumentalisation de la gauche” et par leur ”pacifisme”, tandis que la Ligue veut se dissocier des ”calomnies” présentes dans le texte. “L'objectif ultime de l’ingérence russe est de diviser et d'affaiblir l’Europe ainsi que d’amoindrir l’aide à l’Ukraine“. Dans la résolution, on met en garde sur la menace hybride que représente la Russie, il y a un risque de cyberattaques et d’attaques physiques contre les infrastructures électorales, notamment des sabotages. On accuse certains députés européens d’avoir été payés par la Russie pour propager la propagande russe. Des problèmes de ce genre avaient déjà été recensés, mais ils se sont considérablement multipliés récemment: la participation de députés européens au journal pro-Kremlin Voice of Europe, l’accusation d'espionnage pour le compte de la Russie visant l’ex fonctionnaire des services autrichiens Egisto Ott, l'arrestation de deux espions russes en Bavière le 17 Avril, les rapports “crédibles” selon lesquels le dirigeant et député de l'extrême droite Allemande AfD Petr Bystron aurait accepté 25 000 euros pour diffuser la propagande russe… La résolution suggère de renforcer considérablement les procédures de sécurité interne du Parlement Européen. Le Conseil demande l’inclusion dans le prochain paquet de sanctions des médias soutenus par le Kremlin ainsi que les individus responsables des campagnes de désinformation, mais aussi contre l’oligarque ukrainien pro-russe Viktor Medvedchuk et son collaborateur Artem Marchevsky. Le texte souligne le fait que les menaces hybrides que fait peser la Russie ne font qu’encourager l’Europe à aider l’Ukraine. »
ARTICLE, Repubblica, De G. Di Feo , « Le paradoxe italien des armes pour l’Ukraine. Moins d'aides de l’État et plus de ventes privées » : « Le gouvernement Meloni a ralenti sa livraison d’aides militaires à l’Ukraine. A l'inverse de ce qu'ont fait tous les autres pays européens, le soutien concret de l’Italie contre l’agression russe a diminué et nous nous trouvons désormais parmi les derniers donateurs du continent. Nous avons manqué le train pour Kiev dans lequel Draghi pouvait s'asseoir au même titre que Macron et Scholz, car l'engagement de fournitures de guerre a été déterminant, en termes de poids diplomatique et politique, dans les discussions de l'Union sur l'avenir du conflit. Depuis 2023, les équipements fournis ont diminué en quantité, en qualité et en efficacité. Paradoxalement, les ventes d'armement aux forces ukrainiennes par des entreprises italiennes se sont multipliées : plus de 400 millions ont été autorisés l'an dernier. L'Italie est l’unique pays à maintenir le secret sur l'aide militaire qu’elle accorde à l'Ukraine. Une seule estimation circule : la valeur des fournitures données depuis février 2022 s'élèverait à 2 milliards 200 millions d’euros. Au début de la guerre, l’Allemagne fournissait uniquement des casques et des gilets pare-balles. Aujourd’hui, elle est le principal soutien après les États-Unis et a alloué 28 milliards d'euros, dont 6,6 milliards ont déjà été dépensés. Pour sa part, Londres s'est immédiatement rangé du côté de Zelensky en allouant 9,7 milliards d'euros à la fourniture d'armements, dont 4,8 milliards ont déjà été livrés. La France, elle aussi, s'était montrée frileuse, mais actuellement elle en est à 6,9 milliards. Elle est devancée par le Danemark, qui a livré pour 8,4 milliards d’aides, dont 4,5 milliards d'équipements. Les Pays-Bas sont à 4,6 milliards, la Pologne à 4 milliards, la Finlande à 2,3 millards. Parmi les plus grands pays, seule l'Espagne fait moins que nous. Malgré des carences dans les données, l'écart semble s'être creusé principalement au cours de la période récente : Meloni a décidé de 3 aides réparties en 18 mois. Son prédécesseur en avait autorisé 5 sur 8 mois. Le gouvernement actuel a concrétisé certaines des initiatives déjà évoquées par Draghi : la plus importante a été la livraison, conjointement avec la France, d'une batterie de missiles antiaériens Samp-T. Cependant, quand le blocage des fonds américains a poussé les pays européens à se mobiliser, Rome s'est mise à l’écart, faisant d’elle la grande absente de l'opération organisée par les autorités de Prague pour trouver dans les marchés internationaux les munitions indispensables pour faire front. Le Palazzo Chigi rappelle toutefois que nous souscrivons à hauteur de 12% du fonds créé par Bruxelles, avec 124 millions d’euros. Une autre spécificité italienne est de ne donner à l'Ukraine que des armements déjà usés et souvent obsolètes alors que depuis l’automne 2022, les autres gouvernements ont commencé à commander la construction de nouveaux systèmes à donner à Kiev, en particulier des équipements antiaériens, nécessaires pour la protection de la population. Notre gouvernement a préféré puiser dans les excédents de nos stocks, en repêchant les missiles sol-air Aspide mis hors service et destinés à être détruits. D'après la Repubblica, parmi les dernières livraisons figurent un radar Skyguard pour diriger les tirs d'Aspide et quelques missiles Stinger. Des obus de 155 millimètres ont également été retirés des entrepôts. Mais dans les premiers mois de la guerre, même les véhicules anciens étaient bénis par les Ukrainiens et les dizaines de vieux canons M109 étaient très appréciés, puis l'évolution technologique des déploiements a réduit l'efficacité guerrière de ces instruments. Le gouvernement Meloni ne commande pas de nouvelles armes pour l'Ukraine, mais autorise la vente par des entreprises nationales. En 2023, il y aurait eu des contrats pour 417 millions d'euros. Le rapport sur les exportations d'armes présenté par le secrétaire d’Etat Mantovano indique que « ce chiffre met en évidence comment le conflit a impliqué très largement les capacités de production de l'ensemble du système national ». Le document compte 2 032 pages mais reste opaque, n’indiquant pas quels systèmes ont été vendus à quels pays. Le croisement entre les caractéristiques techniques et les informations financières permet de se faire une idée. La commande la plus importante est celle de l'Allemagne pour la construction de deux batteries antiaériennes aux portes de Rome par Rheinmetall Italia, valant plus de 100 millions d’euros. Leonardo fournira les canons pour les navires de guerre ukrainiens et l'équipement électronique pour environ 18 millions. Les usines de munitions dominent le marché, quadruplant le chiffre d'affaires total. L’entreprise MES (Mechanics for Electronics and Servomechanisms) a reçu des commandes pour un montant total de 346 millions d'euros, dont une part importante est destinée à Kiev. Les « Fonderie Patrone » ont vendu des cartouches également pour 128 millions et la Simmel à Colleferro a touché 111 millions. Il y a les légendaires M104 des troupes alpines, des chars Leopard et des VCC2. Autre paradoxe : le gouvernement a déclaré à plusieurs reprises qu’il donnait seulement des armes « défensives », alors que nous sommes en train de vendre des centaines de milliers d'obus d'artillerie à Kiev.
ane technocratique dans une société démocratique. Macron veut précisément multiplier les objectifs - et donc l'opacité - de la BCE. "Il faut", a-t-il dit, "élever le débat théorique et politique pour savoir comment intégrer dans les objectifs de la Banque centrale européenne, au moins un objectif de croissance, sinon aussi un objectif de décarbonisation". L'Europe que veut Macron est une Europe qui veut un "choc d'investissement commun" et un "grand plan d'investissement public" pour lequel, de toute évidence, le soutien de la Banque centrale (aussi risqué soit-il) est important. L'objectif est de faire de l'Europe un "leader mondial" dans les années 1930 avec des "stratégies d'investissement dédiées" dans cinq domaines : l'intelligence artificielle, l'informatique quantique, l'espace, les biotechnologies et les nouvelles énergies. Il faudra aussi réécrire les règles du commerce international, maintenant que les États-Unis et la Chine ne respectent plus les règles existantes. Le point de contact entre le dossier économique et le dossier militaire est la "préférence européenne" dans les achats. La défense européenne devra s'appuyer sur une "initiative européenne de défense" qui dotera "peut-être" l'Union d'un bouclier antimissile (dont l'absence s'est fait cruellement sentir ces dernières semaines). Il faudra se renforcer, a-t-il ajouté, en matière de cybersécurité et de cyberdéfense. Les réactions du chancelier allemand Olaf Scholz ont été positives, très différentes des réactions froides d'Angela Merkel en 2017. "La France et l'Allemagne veulent ensemble que l'Europe reste forte. Votre discours contient de bonnes idées pour y parvenir", a-t-il écrit sur X. "Ensemble, nous faisons avancer l'UE : politiquement et économiquement. Pour une UE souveraine et innovante ! Vive l'Europe !" ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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