"Fratelli d’Italia se prépare pour la course européenne de Meloni."
24/04/2024
Italie. Revue de presse.
L'abstention de la majorité des députés italiens lors de l’adoption de la réforme du Pacte de Stabilité par le Parlement Européen fait la une de plusieurs quotidiens : « L'Italie ne vote pas le Pacte européen » (Corriere della Sera), « UE, le pacte trahi » (Repubblica), « Non au pacte européen, Meloni se lance dans la bataille » (Stampa), « Pacte de Stabilité, voici les nouvelles règles » (Messaggero). Les heurts entre la police et des activistes pro-palestiniens à l'université de Turin lors d'un événement où participaient quatre ministres, sont aussi cités : « Cortège pro-Gaza, heurts entre la police et les étudiants » (Repubblica), « Affrontement entre la police et les étudiants au cortège pro-Palestine, Meloni : c'est inacceptable » (Messaggero), « [Les activistes] s'en prennent à sept policiers pour faire taire les ministres » (Giornale).
Les JT couvrent essentiellement l’abstention des partis italiens lors du vote du pacte de stabilité, le passage à la Chambre des mesures permettant l’accès des associations pro-vie aux centres de planning familiaux, ainsi que l’absence de réforme sur le treizième mois, la question de l’envoi d’aides humanitaires à Gaza et la manifestation de soutien à Gaza au Caire.
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Fubini, « L’anomalie d’une opposition transversale » : « L’Italie est seule contre le Pacte de stabilité, ou en tous cas, elle est la seule à s’abstenir au Parlement européen. Les eurodéputés italiens sont si unis dans cette opposition que Paolo Gentiloni ne peut s’empêcher de plaisanter : ‘’le vote sur le Pacte a réussi à unir la politique italienne’’. Et en effet, vu de Bruxelles, ce choix de s’abstenir sur le Pacte de stabilité, fait uniquement par l’Italie parmi les 27, a quelque chose de singulier. L’Italie est le pays dont le déficit public est de loin le plus élevé en 2023 au sein de l’UE et la deuxième dette la plus élevée après la Grèce (et le seul avec la France dont la dette est en hausse). Mais l’Italie est aussi le seul pays dont les eurodéputés, de la majorité comme de l’opposition, ont voté contre ou se sont abstenus en bloc contre les règles budgétaires. Il reste toutefois très probable que le redressement budgétaire qui lui sera demandé à l’occasion de la loi de finances pour 2025 ne dépassera pas le minimum prévu par les nouvelles règles. Du moins tant que Paolo Gentiloni sera commissaire européen chargé de l’Economie (jusqu’à fin 2024 au moins). Mais cette opposition transversale de l’Italie attire inévitablement l’attention sur elle. A gauche, une partie du PD voulait voter en faveur des nouvelles règles alors qu’une partie du PD romain voulait voter contre. De façon générale le mécontentement suscité par les nouvelles contraintes budgétaires est très répandu parmi les sociaux-démocrates de tous les pays, y compris allemands. Olaf Scholz avait même parlé aux eurodéputés allemands afin d’assurer leur vote favorable sans parvenir à tous les convaincre. Giorgia Meloni aussi, après l’approbation du gouvernement italien des nouvelles règles budgétaires au Conseil européen, avait demandé aux eurodéputés Fratelli d’Italia de voter en ce sens. Mais tout a changé quand la Ligue a commencé à opter pour l’abstention, et ce seulement pour éviter un vote contraire qui aurait discrédité le ministre de l’Economie et numéro deux du parti, Giancarlo Giorgetti. Forza Italia, en compétition avec la Ligue, a alors changé de position, ce qui fait d’elle la seule force politique du PPE à ne pas soutenir le nouveau Pacte de stabilité. Le groupe des ‘’Conservateurs et des réformistes’’ européens, dirigé par G. Meloni, s’est alors déchiré, le PiS polonais, les Espagnols de Vox votant pour les nouvelles règles et Fratelli d’Italia finissant par s’abstenir et choisissant l’euroscepticisme face à l’offensive de la Ligue. Résultat, tous les partis de la majorité comme de l’opposition n’ont finalement pas souscrit, une fois à Bruxelles, à la discipline budgétaire. Les observateurs européens extérieurs ne peuvent pas ne pas y voir une fuite préventive de l’Italie face à ses responsabilités. Toutes les forces italiennes, de droite comme de gauche, justifient du reste cette abstention en déplorant le fait que nouveau Pacte ne serait pas adapté à relancer les investissements. Le gouvernement italien est pourtant le seul en Europe, parmi ceux qui ont bénéficié des fonds dès le début, à demander d’ores et déjà un report des échéances de 2026 sur la mise en œuvre du Plan de relance. Même sur les fonds dont elle dispose, l’Italie s’abstient de les dépenser en temps voulu. »
PREMIER PLAN, Repubblica, de V. Conte « Ramener le déficit à 3% nous coûtera 13 milliards par an » : « L'ouverture d'une procédure pour déficit excessif était une évidence, pour nous comme pour la France et d'autres pays. Mais la combinaison avec le nouveau pacte de stabilité, adopté hier par le Parlement européen, lie les mains du gouvernement Meloni. Les coupes présumées de 13 milliards par an pendant sept ans (0,6 % du PIB), prévue par les techniciens du Trésor et confirmée par les projections de la Cour des Comptes et du Bureau parlementaire du budget, envoie aux oubliettes non seulement les étendards électoraux de la droite – allant de l'impôt unique pour tous au quotient familial, de la réforme des retraites quota 41 à l'école maternelle gratuite - mais aussi toutes les politiques qui sont en vigueur cette année et qui arrivent à échéance le 31 décembre. Le ministre de l’Économie Giorgetti et son adjoint Leo assurent que les mesures inscrites dans le document économique et financier (DEF) resteront en vigueur encore jusqu’en 2025. Or, ils ne disent rien sur les autres fonds qui risquent d’être supprimés (le bonus pour la natalité, la réduction de la redevance pour la télévision, les crédits fonciers spécifiques pour les jeunes, la réforme des retraites dite ‘’quota 103’’ et la carte alimentaire). La récréation est terminée : l’Italie devra suivre un régime pour baisser son déficit et le ramener au niveau de 3% de son PIB pour sortir de la procédure d’infraction. Voici le double problème : traiter d'abord le déficit, puis la dette. Ensuite, la clé pour évaluer si l'Italie fait bien ses devoirs repose sur les dépenses primaires nettes des intérêts payés sur la dette, qui ne peuvent pas dépasser un certain seuil. La « trajectoire » que la Commission remettra à l'Italie le 19 juin - un graphique avec les courbes des variables économiques - sera nécessairement « descendante ». Et elle sera utilisée par le gouvernement Meloni pour rédiger le « plan budgétaire structurel à moyen terme », comme on l'appelle. Paradoxalement, si le gouvernement Meloni devait ne pas toucher au DEF, les coupes ne devraient pas être nécessaires. Or, ce document a un défaut de fond, c’est juste une photographie d’un cadre tendanciel. Cela est vrai si le gouvernement Meloni ne reconduit pas pour 2025 toutes les mesures allant de la réduction des impôts aux subventions, des investissements qui ne font plus partie du PNRR aux fonds pour le secteur sanitaire. Giorgetti s’est engagé à présenter au Parlement un cadre de programmation d’ici l’été. Mais avec le plan de l’UE et l’impossibilité de recourir au déficit, il n’y aura que des coupes et des taxes. »
ENTRETIEN, Il Tempo, d’Antonio Tajani, ministre des affaires étrangères, vice-président du Conseil et dirigeant de Forza Italia « Le Pacte de Stabilité peut être amélioré » : « FI n’a pas voté contre le Pacte de Stabilité européen : nous nous sommes abstenus, en permettant ainsi qu’il soit adopté. Nous avons voulu faire passer un message bien précis : le Pacte de Stabilité peut et doit être amélioré. Nous pourrons le faire grâce aux élections avec un nouveau Parlement et une nouvelle Commission. J’ai déjà fait cinq campagnes électorales pour le Parlement Européen. Cette fois-ci je le fais en tant que dirigeant de parti, tout d’abord pour une raison. Je continuerai à travailler pour faire de Forza Italia le premier parti européiste italien. Il faut être pro-européens de manière concrète. Nous connaissons bien l’UE et nous savons agir avec équilibre. A Bucarest, le PPE a désigné sa candidate, Ursula von der Leyen. Ces dernières semaines, on a vu une campagne visant à affaiblir sa candidature et donc le PPE. L’Europe doit être améliorée et le PPE sera encore une fois déterminant pour les décisions qui seront prises après les résultats des élections. Les rumeurs sur une possible candidature de Mario Draghi ? Le mécanisme de sélection pourra s’activer uniquement après avoir connu les résultats électoraux en juin et comprendre quel sera le poids des différents groupes politiques. Draghi est un Italien de prestige et FI a soutenu son gouvernement avec conviction. Le moment venu, les meilleurs choix pour l’Italie et pour l’Europe seront faits. »
ARTICLE, Repubblica, De F. Santelli « Des peines d’emprisonnement pour ceux qui cause des dommages avec l’IA. Durcissement contre les « fake » et les manipulations. »
ARTICLE, Corriere della Sera, de Rinaldo Frignani e Cesare Giuzzi, « De Milan à Rome, un 25 avril sous haute surveillance en raison de la présence des contestataires » : « A Rome, il y a un risque d’affrontement entre la communauté hébraïque et les manifestants pro-palestiniens [à l’occasion de la commémoration du 25 avril demain] . Plusieurs risques se présentent, allant des provocations antisémites au terrorisme. C’est pourquoi le ministre Matteo Salvini s’interroge sur la pertinence de présenter son livre demain. Ce sera en effet un 25 avril tendu, après les manifestations universitaires violentes à Turin et précédemment à Rome. Le ministre de la justice Carlo Nordio (Frères d’Italie)commente : “Notre code pénal, bien que réformé, est “fasciste“, même s’il est très bien écrit. On célèbre la fête de la libération et l’antifascisme, tandis que l’on ne célèbre pas les héros de la résistance comme Vassalli. Un autre paradoxe de l'Etat”. A Milan, la tension monte après l'appel lancé par l'association des Palestiniens d’Italie. La même association qui en cette période de conflits a animé des dizaines de manifestations violentes vis-à -vis d'Israël, avec des centre sociaux et certains groupes anarchiques. L’attention est aussi centrée sur la participation du groupe appelé « Brigade hébraïque » au cortège. En effet, on observe une division politique à gauche et au sein de l’ANPI (association des partisans italiens) sur le terme de “ génocide” employé pour décrire les massacres dans la bande de Gaza. Cela a poussé la communauté juive de Milan à ne pas défiler avec l’étendard de ladite Brigade. Le préfet Claudio Sbaraglia et le préfet de police Giuseppe Petronzi travaillent à l’organisation du plan d’ordre public. Même si par le passé les manifestations ont été bien gérées, cette fois-ci l’attention va se concentrer sur ce qui se passera à l'intérieur du cortège. Sur l’estrade, on devrait retrouver l’écrivain Antonio Scurati, qui lira le monologue [sur la fête de la libération] qui avait été censuré par Rai, ainsi que peut-être la secrétaire du parti démocrate Elly Schlein. Même à Rome, des mesures de sécurité de grande envergure sont prises, avec des zones fermées et des contrôles renforcés pour éviter des actes violents et des débordements de la part des mouvements d'extrême-droite. L’attention est élevée sur le quartier « Piramide » où la Brigade hébraïque croisera les pro-Palestiniens, ce qui risque d’entrainer des problèmes d’ordre public. »
ENTRETIEN, Il Messaggero, d’Antonio Tajani (Forza Italia), ministre des Affaires étrangères, vice-Président du Conseil et coordinateur de Forza Italia, « L’esprit de Berlusconi pour un 25 avril [anniversaire de la Libération de l’Italie] sous le signe de la liberté » : « Silvio Berlusconi avait parfaitement illustré l’esprit du 25 avril dans un petit village des Abruzzes dévasté par un tremblement de terre : c’est une fête de la liberté reconquise, de l’envie de recommencer, la fête de tous les Italiens. C’est une date très importante à laquelle il ne faut pas donner de connotation politique partisane, c’est la célébration de l’unité nationale pour tous nos concitoyens. La liberté est une valeur politique et le fondement de notre cohabitation civique, mais elle n’est pas l’apanage de telle ou telle tendance politique. Dans son discours resté célèbre, Berlusconi portait le foulard des Partisans [résistants italiens] pour appuyer son propos : la nécessité de se relever en tant que pays, sans divisions, sans polémiques, sans guerres idéologiques et attaques entre partis, dans le même esprit qui avait animé nos compatriotes à la fin du fascisme. Aujourd’hui, nous avons deux guerres à nos portes, nous vivons dans un monde en ébullition, faisons face à de nombreux obstacles, y compris économiques, il faut améliorer l’Europe… Il nous faut mener une approche commune dans de nombreux domaines et une mise en commun des moyens pour atteindre nos objectifs. La direction générale ne peut pas ne pas être partagée par les différentes forces. Je ne vois aucun risque de sous-estimer la culture antifasciste et partisane. Il faut avant tout dire que le fascisme a pris fin il y a 70 ans. L’antifascisme est une valeur absolue sur laquelle est basée notre Constitution républicaine. Nous n’oublions pas ceux qui se sont battus contre le nazisme, le fascisme, le communisme et autres despotismes en Europe. Pour ma part je célébrerai le 25 avril aux fosses ardéatines [où des centaines de civils italiens ont été massacrés]. Il faut se souvenir de tous ceux qui se sont battus pour la Liberté, quelques soient leurs opinions politiques, profession, extraction sociale… par amour pour la patrie. Faisons d’eux un exemple pour nos jeunes et ne commettons pas l’erreur de faire du 25 avril une fête partisane. Je ne pense pas qu’il faille demander à chacun, chaque jour, une déclaration d’antifascisme, car il est intrinsèque à la Constitution sur laquelle nous avons juré. La meilleure condamnation des dictatures du siècle dernier est l’Union Européenne. J’espère voir le drapeau ukrainien dans les cortèges de demain, eux aussi, comme les Partisans en 45, se battent pour la liberté. Le 7 octobre dernier, le Hamas a eu le même comportement que les SS et la Gestapo, j’espère que les jeunes qui seront dans les rues demain auront bien ça en tête et qu’ils se battent réellement pour qu’Israéliens et Palestiniens vivent en paix. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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