"La droite gagne en Basilicate, le M5S s’effondre."
23/04/2024
Italie. Revue de presse.
La victoire de la coalition de droite aux élections régionales en Basilicate fait la une de plusieurs quotidiens : « La droite gagne en Basilicate, le M5S s’effondre » (Corriere della Sera), « L’abstention gagne » (Avvenire), « La droite s’impose, Bardi confirmé en Basilicate » (Giornale). La décision de la dirigeante du PD de ne pas faire apparaître son nom dans le symbole du parti déposé pour les élections européennes, à l’inverse de ce que font les partis de droite, est aussi en une : « PD, la marche-arrière de Schlein » (Stampa), « Schlein battue par son PD et en Basilicate » (Fatto Quotidiano). Les nouvelles mesures fiscales qui seront adoptées en conseil des ministres aujourd’hui sont aussi en une : « Une treizième mensualité plus importante pour les revenus les plus bas » (Messaggero), « Une fiscalité plus simple pour les travailleurs indépendants » (Sole 24 Ore). Repubblica revient sur la décision de la RAI d’annuler une intervention de l’écrivain Antonio Scurati sur la fête de la libération du 25 avril : « Scurati secoue la droite ». Enfin, la victoire de l’Inter Milan au championnat d’Italie est cité avec large couverture photographique.
PREMIER PLAN, La Stampa, de M. Corbi et M. Tamburrino, « La RAI prise dans une affaire de censure, les coups de fils passés par la Présidente du Conseil examinés par l’Europe » : « La direction de la Rai – le Directeur Général, Giampaolo Rossi, et deux autres directeurs, Paolo Corsini et Angelo Mellone – voudrait adresser une lettre de rappel et suspendre la présentatrice ‘’résistante’’ Serena Bortone [qui a lu durant son émission le texte de l’écrivain Antonio Scurati qui aurait été censuré par la RAI]. S’ils ne l’ont pas encore fait, c’est parce que Giorgia Meloni elle-même a fait savoir qu’elle ne voulait pas d’autres rebondissements dans cette affaire. Les accusations de censure au sein de la RAI sont encore vives et l’affaire est commentée et fait réagir jusqu’au niveau européen. Des appels téléphoniques entre Giorgia Meloni et certains membres de la direction de la RAI, Rossi et Corsini, afin d’imputer l’annulation de l’intervention de Scurati au cachet trop élevé que celui-ci aurait demandé à la Rai pour lire son texte et non à une censure, ont été révélés par la presse. L’Alliance des Verts et de la Gauche accuse le gouvernement de ne pas respecter la réglementation européenne sur la liberté de la presse (‘’Media Freedom Act’’) et ‘’d’ingérence ayant pour but la censure et le contrôle des médias’’. Hier, alors que la RAI tentait de sauver la tête de Paolo Corsini, le syndicat de la RAI (Usigrai) et la Fédération nationale de la presse italienne ont demandé à la Commission de Vigilance de la RAI d’éclaircir le ‘’rôle de Giorgia Meloni dans l’orientation des choix de la direction de la RAI suite aux éléments révélés par la presse et non démentis par les personnes concernées’’. La direction de la RAI se divise de plus en plus, l’Administrateur délégué Roberto Sergio s’étant tout de suite dissocié de ses collègues en affirmant ne ‘’pas être au courant’’. Giampaolo Rossi s’en tient à la version du cachet trop élevé demandé par l’écrivain. Toute la responsabilité reviendrait donc à Paolo Corsini, qu’il serait difficile de remplacer en cette période. Le 8 mai, les dirigeants de la RAI concernés seront entendus par la Commission de Vigilance de la RAI. La présidente de celle-ci, l’élue Barbara Floridia, affirme avoir ‘’demandé d’emblée que tous les détails de cette affaire soient éclaircis’’ et qu’il était ‘’plus que correct qu’il puisse y avoir un dialogue ouvert et transparent entre le Parlement et le service public’’. Une grande tension règne à la Présidence du Conseil car tout ce qui se passe à la RAI tend à être attribué à Giorgia Meloni, d’autant plus que l’équipe de Giampaolo Rossi, un proche de la présidente du Conseil qui devrait remplacer Roberto Sergio au poste d’Administrateur délégué (AD), a créé divers problèmes. Mais si la popularité de l’actuel AD Roberto Sergio remonte, car il apparaît comme un meilleur garant des règles, Meloni n’a pas l’intention de revenir sur son remplacement. »
COULISSES, La Repubblica, de L. De Cicco, « ‘’Je ne peux pas aller contre les avis internes du parti’’ : la leader [du Parti démocrate] renonce après les protestations des ténors, mais la fracture demeure » : « Le logo du Parti démocrate pour les élections européennes était prêt mais sa secrétaire, Elly Schlein, a finalement changé d’avis, renonçant à y ajouter son nom. Elle pensait pourtant que cela pouvait être un bon compromis entre les avis de la minorité qui supporte mal sa candidature pour Bruxelles et les pressions des plus fidèles souhaitant à l’inverse qu’elle se porte candidate partout, du Piémont à la Sicile. Le nouveau logo avec la mention ‘’Schlein’’ devait être une proposition de compromis. Stefano Bonaccini [président de la région Emilie-Romagne], seul ténor du parti informé, n’était pas contre. Avec son aval, Elly Schlein était sûre que la question serait réglée sans difficulté. Elle s’attendait à ce qu’Andrea Orlando soit plus récalcitrant, mais la fracture avec ce membre historique du Parti démocrate est désormais profonde et peut-être irréversible. En revanche, elle ne s’attendait pas aux protestations de plus de la moitié du parti, dont Graziano Delrio, chef de file du courant des catholiques démocrates, ou de Debora Serracchiani. D’après plusieurs démocrates, ce serait finalement la désapprobation de Dario Franceschini, ancien ministre de la culture et grand soutien d’E. Schlein lors du congrès de l’année dernière, qui a convaincu la secrétaire de renoncer à ce logo. Le groupe de Roberto Speranza, ancien ministre de la Santé, était également contre cette idée, de même que Pierluigi Bersani avec qui Elly Schlein s’est aussi entretenue, et d’autres proches qui n’étaient pas au courant, comme Laura Boldrini et de nombreux chefs de courants internes au parti, qui se sont plaints de la méthode et de la gestion du parti. Ainsi, la question a été close, l’accord hier entre le président de l’Emilie-Romagne et Elly Schlein ne suffisant pas. Schlein accuse le coup et devra peut-être aussi renoncer à sa candidature dans toutes les circonscriptions, piste émise dans les déclarations finales après la réunion de la Direction. Ce qui était apparu à beaucoup comme un ultimatum n’est donc plus d’actualité : soit l’ajout de son nom dans le logo, soit sa candidature partout à travers la Péninsule, et pas seulement au centre ou dans les îles. ‘’Je ne peux pas aller contre les positions au sein du parti’’ a confié Schlein à ses proches, donnant l’impression d’avoir cédé face aux courants internes, et mettant à mal son image mais aussi celle de S. Bonaccini, et ce dans un contexte de concurrence avec d’autres leaders ayant protesté, comme Graziano Delrio qui pourrait se présenter à la présidence de l’Emilie-Romagne. Un certain agacement face au binôme Schlein-Bonaccini qui voudrait décider seul transparait également. Cela ne présage rien de bon non plus en vue des élections législatives qui opposeront Elly Schlein et Giorgia Meloni. Un dirigeant du PD affirme toutefois que ‘’la question sera traitée après les européennes’’. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « La victoire nette et les tensions qui viendront » : « Au-delà d’une victoire claire de la droite, même s’il s’agissait d’un rendez-vous électoral mineur, le vote en Basilicate montre des indices significatifs et potentiellement utiles pour deviner les dynamiques qui auront une incidence sur les élections européennes de juin. Le premier, négatif, est la baisse du taux de participation, sous la barre des 50%. Le deuxième concerne le succès du candidat de Forza Italia, Vito Bardi, qui devance nettement la Ligue, le bon score d’Azione et d’Italia Viva – ces deux soutenant le candidat sortant de la coalition de droite – et la primauté de Fratelli d’Italia, même si contenue. Le troisième aspect est l’énième échec de la coalition de centre-gauche. Les 5 Etoiles obtiennent la moitié des voix du PD. L’imbroglio sur les candidatures gâchées à répétition a sans doute joué un rôle important dans tout cela. Tout comme le bras-de-fer féroce de ces dernières semaines entre la dirigeante du PD et le chef des 5 Etoiles Conte. Auquel s’ajoute le scandale qui a rattrapé le PD dans la région voisine, les Pouilles. Reste en tout cas la sensation d’une coalition inadaptée. L’écart des voix accentuera la compétition sur ceux qui devront diriger cette coalition virtuelle, le M5S voulant se distinguer du PD en vue des élections européennes. Par ailleurs, le fait que Schlein ait retiré son nom du symbole du parti en dit long sur la fragilité de son leadership et sur la possibilité d’un revers en Europe. Cette hypothèse est apparue maladroite si l’on considère que le PD s’oppose à la réforme du « Premierato » de Meloni. Les critiques du père noble Romano Prodi, évoquant une ‘’blessure à la démocratie’’ sur le fait que si Schlein devait être élue, elle ne se rendrait pas à Bruxelles, exactement comme dans le cas de Meloni, sont partagées à gauche, à commencer par Giuseppe Conte. Cela laisse transparaitre une méfiance face à la dirigeante du PD pouvant émerger sur d’autres points. Si le PD devait atteindre l’objectif des 20%, les opposants internes auraient plus de difficulté à la désarçonner. Toutefois, la possibilité d’un règlement de comptes demeure et cela représente un problème de moins pour la majorité. Par ailleurs, cela était clair depuis longtemps, les vraies difficultés pourraient venir de l’intérieur de la coalition. Elles s’appellent Matteo Salvini. L’hémorragie de voix en Basilicate de la Ligue vers le parti berlusconien de l’autre vice-président du Conseil, Antonio Tajani, montre la hausse de la composante modérée et met en évidence les difficultés de Salvini face à un électorat peu convaincu par son virage extrémiste. Dans la perspective des européennes, Meloni a un allié, la Ligue, en perte de vitesse. Les sondages prévoient une perte de deux tiers par rapport au score de 2019. Un Salvini affaibli représenterait une inconnue pour les équilibres de la majorité. L’autre inconnue est représentée par le sujet de l’antifascisme, reproposé de manière maladroite par l’entourage de Meloni. Cela représente un terrain glissant non pas pour les retombées sur l’électorat italien mais pour les répercussions européennes. Ce débat pousse le Palais Chigi à être sur la défensive, après avoir marqué contre son propre camp et fait de la fête de la Libération non pas une date d’unité mais de discorde embarrassante et inacceptable. »
ARTICLE, La Stampa, De M. Bresolin, « La procédure d’infraction de l’Union européenne après le vote. La Ligue face à l’abstention sur la réforme du pacte » : « Avec une dette plus de deux fois supérieure à la moyenne de l’Union européenne et de la zone euro, l’Italie, incontestablement en première place, enregistrerait en 2023 le ratio déficit/PIB le plus élevé de toute l'Union européenne. C'est ce qu'a révélé hier Eurostat, revoyant ainsi à la hausse de deux décimales l’estimation de l'Istat en mars, rapportant à 7,4% la valeur finale. Rapidement après les élections européennes, la Commission ouvrira une procédure d’infraction pour déficit excessif qui imposera à l'Italie une réduction annuelle de son budget structurel d’un demi-point de PIB, soit environ 10 milliards d'euros. C’est ce que prévoit le nouveau pacte de stabilité auquel le Parlement européen donnera aujourd'hui son feu vert définitif. Le vote est attendu vers midi à Strasbourg, où le parti du ministre des finances – la Ligue – devra choisir entre confirmer la position tenue par Giancarlo Giorgetti (Ligue) au Conseil ou prendre ses distances et glisser vers l’euro-scepticisme. Il est possible que nous assistions à une abstention de leur part. Carte blanche également pour le PD : lors d'une réunion interne, de nombreux députés se sont exprimés en faveur de la réforme, mais par « esprit de discipline », ils suivront les indications d’Elly Schlein. Dans ce cas, le manque de soutien au texte fera également émerger un désaccord par rapport à la position de Paolo Gentiloni : le commissaire à l'économie avait présenté une proposition différente de celle issue des négociations, mais il a rappelé à plusieurs reprises que la réforme « constitue un pas en avant » par rapport aux anciennes règles. La réforme du pacte de stabilité devrait être soutenue par la majorité des députés européens, bien qu'il puisse y avoir de nombreux désaccords. En particulier au sein du groupe S&D, dont fait partie la délégation du PD. Hier encore, les principales organisations syndicales de Belgique, d'Espagne, de France et d'Italie ont envoyé une lettre afin de demander le rejet de l'accord conclu à la fin de l'année dernière par les ministres des finances et la réouverture des négociations après les élections européennes. Ils considèrent que l'accord est « le résultat d'une approche basée sur l’austérité » qui « obligerait les États membres à réduire leurs dettes rapidement et d'une manière insensée sur le plan économique et social ». Pour l'Italie, le document est signé par Maurizio Landini (Cgil), Luigi Sbarra (Cisl) et Pierpaolo Bombardieri (Uil). Au vu du nombre de pays qui finiront par faire l'objet d'une procédure pour déficit excessif, il est certain que l'Italie sera bien accompagnée. Selon les données d'Eurostat, 11 États sont dans ce cas-là. Après l'Italie, les dettes les plus élevées ont été enregistrées par la Hongrie (6,7%) et la Roumanie (6,6%). Parmi les pays de la zone euro, la France (5,5 %), la Slovaquie et Malte (4,9 % chacun), la Belgique (4,4 %), l'Espagne (3,6 %) et l'Estonie (3,4 %) suivent. La Pologne (5,1 %) et la République tchèque (3,7 %) figurent également sur la liste des pays qui feront l'objet d'une procédure. La dette moyenne pour 2023 dans la zone euro est de 3,6 %, tandis que celle globale de l’Union européenne est de 3,5 %. En ce qui concerne la dette publique, l'Italie reste en deuxième position (137,3 % du PIB) après la Grèce (161,9 %), suivie de la France (107,7 %) et de la Belgique (105,2 %). La dette moyenne de la zone euro est tombée à 88,6 % (après avoir dépassé 90 %), tandis que celle de l'Union est tombée à 81,7 %. »
ARTICLE, Sole 24 Ore « Accord entre l’Italie et l’Egypte pour l'extraction de ressources premières » : « Le gouvernement égyptien se dit prêt à sceller des accords bilatéraux de coopération sur l’extraction et le première phase de production des matières premières critiques directement sur le sol égyptien. C’est ce qu’a déclaré le ministre des Entreprises et du made in Italy, Adolfo Urso (Frères d’Italie), à la suite de sa rencontre avec le ministre du commerce et de l’industrie Ahmed Samarin et avec le ministre Tarek El-Molla, chargé du pétrole et des ressources minières. Adolfo Urso, qui continue sa mission aujourd'hui, a parlé d'un plan d’action des deux gouvernements. Dans la matinée, avec le ministre des communications Amr Talaat, ils ont abordé un projet de hub de l’intelligence artificielle pour le développement durable en Afrique. La visite du ministre Urso, qui se fait dans le cadre du plan Mattei, suit d'à peu près un mois celle de la présidente du conseil italien Giorgia Meloni et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Pendant que les négociations avec le gouvernement égyptien ont lieu, le procès pour l’assassinat du chercheur Giulio Regeni, tué en Egypte en 2016, se déroule en même temps en Italie. »
ARTICLE, Il Foglio, de M. Zanon, « Agitation dans le souverainisme français, Marine Le Pen et sa nièce sont plus proches » : « La flamme s’est rallumée entre Marine le Pen, cheffe de groupe des députés du Rassemblement national et Marion Maréchal, vice-présidente de Reconquête. La tante et la nièce les plus connues du souverainisme français, se sont recontactées régulièrement, et il n’est pas exclu de revoir Marion Maréchal dans l’orbite du RN, non à l’intérieur de la formation dirigée par Jordan Bardella, mais plus tôt avec un ”parti satellite”. “Marion peut revenir, mais pas tout de suite, nous ne voulons pas sa mort, c’est une le Pen” a fait savoir un fidèle de Marine le Pen à Libération, “ nous nous sommes débarrassés des traîtres, des fous, des mythomanes et des chasseurs de sièges”. Mais Marion, c’est une autre histoire : même si elle a décidé de masquer le nom de famille de sa mère pour se rapprocher d’Éric Zemmour, ancien journaliste du Figaro et éditorialiste préféré de Vincent Bolloré avec lequel elle a fondé le parti Reconquête, elle reste quand même une Le Pen. “ Le poids affectif a toujours un rôle important chez les Le Pen. Ils peuvent s’embrouiller mais à la fin leur rapport reste très fort. C'est pour cela qu’il ne faut pas parler mal d’un Le Pen à un autre Le Pen. Cela peut amuser Marine deux minutes, mais pas plus que ça” a raconté la même source. Marine et Marion, selon ce qui a été rapporté par libération, se seraient revues l’été dernier et à Noël aussi. Selon nos informations, elle se seraient revues aussi pour un déjeuner quelques semaines avant le début de la campagne électorale européenne, où Reconquête a du mal à prendre son envol à cause des désaccords entre Marion et Éric Zemmour. Une source proche de Reconquête a confirmé au Foglio que les relations entre Marion Maréchal et Marine Le Pen seraient « redevenues bonnes » et que RN serait ouvert à l’idée de Marion Maréchal d’unifier les droites”. Ce rapprochement crée aussi des divisions internes dans reconquête, entre” les admirateurs de Marion Maréchal” et “les adulateurs d’Éric Zemmour”. Dans le journal hebdomadaire Marianne, on relève la récente vidéo postée par Marion Maréchal sur les réseaux sociaux, dans laquelle elle exhorte Jordan Bardella à réserver ses attaques aux “adversaires communs”, soit la Gauche et les Macronistes, et non Reconquête. “Et si la représentante de Reconquête, en conflit avec Éric Zemmour, retournait dans sa tanière après les élections européennes ?” se demande Marianne. Mais la seule condition pour un retour, serait celle d’être à la tête d’un parti “frère”, qui fasse partie de la galaxie Le Pen-Bardella, mais avec son autonomie. Après les élections européennes, Reconquête ne sera plus comme avant ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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