"Migrants : la route des faux touristes. De nouvelles mesures pour stopper le flux en provenance d'Asie."
22/04/2024
Italie. Revue de presse.
La décision de la dirigeante du PD de se présenter comme tête de liste aux élections européennes dans deux circonscriptions, après celle d’Antonio Tajani (Forza Italia) annoncée samedi, fait la une de plusieurs quotidiens : « Schlein présente sa candidature et le PD se divise » (Corriere della Sera, Stampa, Messaggero), « Le PD en révolte contre Schlein » (Giornale). La polémique autour de la décision de la RAI d’annuler une intervention de l’écrivain Antonio Scurati, qui prévoyait de dénoncer la position du gouvernement sur l’antifascisme à quelques jours de la fête de la libération du 25 avril, est aussi largement citée « Scurati : « je suis la cible [de la droite] »» (Repubblica, Stampa), « L’affaire Scurati fait vaciller la candidature de Rossi à la tête de la RAI » (Fatto Quoditiano).
ARTICLE, Corriere della Sera, de M.T. Meli, « Elly Schlein se lance dans la bataille sur son nom dans le symbole du PD. La moitié du parti est contre » : « S’adapter aux courants, pour une personne comme Elly Schlein, est presque un calvaire. La secrétaire démocrate décide alors de se laisser encore une porte de sortie. On se demande si les maires du PD ne seraient finalement pas contre sa candidature dans toutes les circonscriptions et si Prodi, qui n'a pas voté pour elle aux primaires, en lui préférant Bonaccini, ne souhaiterait pas qu'elle ne se présente pas du tout, lui reprochant même de ne pas avoir écouté ses conseils. Schlein cherche de son côté à mettre son nom sur le symbole du parti, quitte à se retrouver en minorité au sein de celui-ci. Elle décide de s'engager dans cette voie en ne prévenant presque personne. Quand Prodi l'apprend, il appelle ses proches de la majorité du Parti Démocrate : « Avec quel courage allons-nous lutter contre la réforme du Premierato si Elly propose son nom aux élections européennes ? ». D. Serracchiani se dit contrariée, tandis que Peppe Provenzano et M. Sarracino haussent le ton. Les trois membres du parti n'avaient pas été prévenus, contrairement à Bonaccini, à qui Schlein avait expliqué ses intentions : « C'est une façon d'obtenir plus de votes avec mon nom, c'est tout ». Dario Franceschini ne cache pas sa déception : « Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Vous vous rendez compte des risques que vous courez ? ». De son côté, Cuperlo déclare : « Sans le nom dans le symbole, votre leadership a plus d’autorité ». L’information se répand et une fois arrivé à la direction nationale du parti, Bonaccini confirme la nouvelle. Les oppositions et les incertitudes se multiplient. Graziano Delrio, Cesare Damiano, Susanna Camusso, Laura Boldrini, Annamaria Furlan, Walter Verini, Piero Fassino, Marco Meloni et Roberto Speranza sont tous contre. « Elly, tu n'es pas Meloni, ni Salvini, ni Tajani, ni Renzi, ni Calenda. Tu es meilleure qu'eux et tu viens d'une culture différente » lui disent-ils. « Ton leadership est plus fort sans ce choix » lui dit Gianni Cuperlo. Les discussions des parlementaires du PD tournent au vinaigre et même ses proches ont des doutes. Vincenzo De Luca intervient avec un discours pro-Schlein, signe que le leader du PD n'a pas négligé les chefs locaux. En effet, Lello Topo, un représentant très controversé des Démocrates Napolitains, parrainé par le maire de Campanie, figure sur la liste. Il volera probablement son siège à Sandro Ruotolo (un fidèle du secrétaire d’État) à Strasbourg. Et comme Schlein a fait un pacte avec Bonaccini, elle veut maintenant qu’il en fasse de même. Mais la question sur le symbole ne peut pas être soumise au vote, sinon la secrétaire se retrouvera en minorité. Ses adversaires font également pression. Conte déclare : « le problème est avec ceux qui acceptent d’inscrire des noms qui n'iront pas au Parlement Européen. Je suis d'accord avec Prodi quand il dit que c'est une blessure pour la démocratie ». Schlein répond à ses opposants : « je vais y réfléchir ». Mais elle n'est pas du genre à baisser les bras. Il s'agit soit de son nom en tant que candidate, soit d'un autre siège en tant que tête de liste. »
ARTICLE, Messaggero, de F. Malfetano, « Meloni : réforme de la justice et concessions balnéaires. Les différents projets avant les élections européennes » : «« Aucune division n’est possible ». Un peu plus d'un mois et demi avant les élections européennes et à quelques jours de l'annonce officielle de sa candidature, Giorgia Meloni resserre les rangs de la majorité. Elle l'a fait lors des rencontres au cours desquelles elle a abordé diverses questions (pour le gouvernement : le rapport entre Forza Italia et la Ligue, et pour le parti : les mouvements en interne…). Mardi, Meloni a donc reçu A. Tajani et M. Salvini pour un retour à un minimum de sérénité entre les deux, alors qu’ils sont profondément divisés par leurs débats sur l’autonomie régionale. Alors que la Ligue est sur le pied de guerre pour la faire adopter, elle ne peut pas arriver « les mains vides ». La question est la suivante : comment les amendements très nombreux au décret sur l’autonomie régionale présenté à la Commission des Affaires Constitutionnelles ne vont-ils pas plomber le débat ? Une éventualité qui, mardi, semblait tout sauf acquise lorsque le président de la Commission, N. Pagano, a prolongé de quelques heures le délai de présentation. Salvini prévient : « il ne faut pas que Forza Italia joue de mauvais tours ou il n'y aura pas de marge de négociations pour rester ensemble au gouvernement » ni « pour faire avancer la réforme du “Premierato“ ». Un message bien compris par Meloni qui, avec diplomatie et après avoir écouté la situation problématique de Forza Italia (« Le texte nous fait perdre des voix dans le Sud », aurait dit Tajani), a permis d’apaiser les deux vice-présidents. Pour autant le passage à la Chambre de l’article 29 ne conduit pas à une accélération du vote sur le décret. Forza Italia, qui s’apprête à dépasser la Ligue selon les sondages, a fait un pas de côté, exigeant toutefois une accélération sur « sa » réforme constitutionnelle. Ils veulent que le texte sur la séparation des carrières des magistrats et le tirage au sort des membres du Csm soient présentés en conseil des ministres, plus ou moins en même temps. Meloni l’a promis à Tajani, en donnant son accord pour qu’il soit présenté ce mardi (convoqué à 17h30, mais le matin une « réunion de mise au point » est prévue au ministère de la Justice) ou le 30 avril. Salvini a également obtenu la réadmission de son ministère au sein du Comité interministériel pour la sécurité de la République, qui a la délégation sur les migrations. Une stratégie d'apaisement que Meloni a également proposée sur les concessions balnéaires. Meloni a demandé aux ministres Tajani, Salvini, Fitto et à certaines figures de la Ligue et de Forza Italia de « trouver une solution commune » pour éviter que le chaos n’ait d'impact sur le vote. Cette solution doit se faire dans une discussion « commune » avec Bruxelles également, mais doit être loin de l'opportunisme politique mutuel, notamment parce que Sergio Mattarella a clairement indiqué qu'il ne céderait sur rien à ce propos».
SONDAGES, La Stampa, A. Ghisleri « 30% des Italiens iront voter aux européennes en pensant à la paix mais pour environ 48% d’entre eux, les priorités sont ailleurs » : « La crainte que l’évolution des différents conflits dans le monde puissent conduire à une guerre globale est élevée. 60,3% des citoyens italiens semble partager l’opinion du Pape François selon lequel ‘’les bribes de la troisième guerre mondiale [nous conduisent à] un conflit global’’. Les citoyens sont persuadés que le dialogue, la diplomatie et la médiation peuvent représenter les principaux instruments que l’Union Européenne pourrait utiliser de manière encore plus efficace afin d’arriver à une solution de paix. Dans ce contexte, la position en faveur de la paix peut certainement être un facteur déterminant dans le choix d'une force politique par rapport à une autre, en particulier dans le cadre des élections européennes. En effet, les individus ont tendance à voter pour des partis ou des candidats qui encouragent des politiques visant au maintien de la paix, à la résolution des conflits et à la prévention des guerres. Cependant, il est important de noter que les opinions sur les questions de paix peuvent varier considérablement avec de nombreuses nuances parmi les électeurs et qu'il y a beaucoup d'autres questions politiques qui influencent réellement les décisions de vote, telles que l'économie - en particulier l'économie familiale -, l'éducation, la santé, le travail, la crise climatique et ainsi de suite. Et en effet, si la paix est une motivation valable pour aller voter et choisir un parti plutôt qu'un autre, seuls 31,9% sont d'accord avec cette thèse, alors qu'un électeur sur deux (48,6%) déclare avoir d'autres motivations qui influencent son vote. Bien que l'attention des médias se concentre souvent sur les partis politiques ou les coalitions, les candidats jouent un rôle crucial pour convaincre les électeurs ; même si 39,5% des électeurs italiens jugent négativement la présence de noms célèbres et bien connus, tels que des journalistes, des écrivains, des hommes d'affaires et des sportifs, près d'un électeur sur deux (46,0%) n'exprime pas de jugement pour ou contre, étant plus ou moins conscient que les noms célèbres sont utilisés davantage pour attirer des votes vers le parti que pour la représentation et la préparation. Certains électeurs pourraient évaluer la crédibilité et la fiabilité des candidats individuels au détriment du parti. Il est certain que pour 56,5 % des citoyens, les candidats plus jeunes ne sont pas un facteur discriminant important. Il s'agit d'une lecture politiquement transversale, à l'exception de l'électorat du parti démocratique, dont 52,5 % déclarent qu'ils aimeraient avoir des députés plus jeunes. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, E. Mauro « Les gardiens de l’arrogance » : « La censure mesquine qui a poussé quelques dirigeants de la RAI à annuler l’intervention télévisée d’Antonio Scurati sur le 25 avril, poussant Meloni à mettre fin à la polémique en publiant sur ses réseaux sociaux le texte censuré par le service public, nous pousserait à dire ‘’évitons de faire trop de zèle’’. Cette tentative de récupération ne répare pas pour autant la déchirure entre la liberté d’expression, le débat culturel et le contrôle politique sur toute idée divergente de l’esprit dominant. Cette affaire montre comment une personnalité publique qui a la responsabilité de diriger un pays occidental doit régler les comptes avec le passé. Elle ne peut pas se leurrer en pensant que le vote des Italiens puisse effacer la dette que la droite a avec le passé. On nous avait dit qu’après avoir remporté le pouvoir, la droite extrême aurait remporté aussi le défi gramscien de l’hégémonie culturelle. En réalité, comme l’a montré l’affaire Scurati, cette ambition ne se réalise pas par le biais d’une libre compétition d’idées et d’interprétation de la réalité mais par le bâillonnement des idées d’autrui en mettant des verrous à la RAI comme s’il s’agissait d’une propriété privée, empêchant que ces idées soient diffusées et que le citoyen puisse les connaître. Nous sommes allés bien au-delà de la politique de la répartition des postes de direction de la RAI où le centre gauche était fort : dans ce cas-là, on a choisi non pas des dirigeants d’une entreprise publique cruciale dans la formation de l’opinion, mais des gardiens du temple armés contre les idées d’autrui, transformées en hérésies et donc qu’il faut éradiquer dès qu’elles s’approchent du micro public. Comment est-il possible qu’une jeune dirigeante qui a grandi en Occident ne parvienne pas à assumer la responsabilité d’une norme démocratique : condamner tout simplement le fascisme qui a piétiné la liberté des Italiens ? La présidente du Conseil n’a pas intérêt à attendre encore pour le faire, d’autant plus que l’on fêtera bientôt le centenaire du crime Matteotti [le parlementaire socialiste italien tué par le régime alors qu’il enquêtait sur les sources de financements flous du Parti Fasciste, ndlr]. La dernière des anomalies italiennes est d’avoir une présidente du Conseil certes atlantiste, mais étrangère aux valeurs occidentales. Tout comme le fait d’avoir à la RAI des gardiens zélés ne sachant pas quoi faire de la symbolique du 25 avril expliquée par Scurati. »
ENTRETIEN, Il Messaggero, de Matteo Piantedosi (Indépendant), ministre de l’intérieur : « Migrants : la route des faux touristes. De nouvelles mesures pour stopper le flux en provenance d'Asie » par Francesco Bechis : « Les contrôles à la frontière slovène se sont avérés efficaces sur une route particulièrement sensible. Du 21 octobre 2023 à ce jour, 2 613 étrangers en situation irrégulière ont été interceptés, dont 1 542 ont été refoulés. 142 personnes ont été arrêtées, dont 73 pour aide à l'immigration clandestine. Avec la Slovénie et la Croatie, nous travaillons au renforcement de la frontière extérieure de l’UE avec la Bosnie. Dès que possible, nous rétablirons la libre circulation. Les migrants économiques arrivent du Bangladesh en se servant des visas touristiques obtenus dans certains pays de transit. Nous travaillons avec eux pour enrayer cette dynamique. Concernant l'affaire Iuventa [navire venu en aide aux migrants il y a plusieurs années et dont les responsables ont été récemment acquittés, ndlr], elle relève d’une période qui n'a pas concerné l'action de ce gouvernement. Nous avons simplement affirmé la nécessité que la coordination des sauvetages en mer soit faite par les autorités prévues par les réglementations internationales et italiennes. Et ce, précisément en raison de la délicatesse de la question et pour éviter que la spontanéité et les "facteurs d'attraction" n'affectent la sécurité et la vie des personnes. Sur le Mare Ionio [sur lequel des gardes côtes libyens auraient tiré, ce que le ministre Piantedosi a démenti, ndlr], les accusations représentent une mystification des faits dont, au contraire, j'ai rendu compte sur la base d'actes officiels des autorités compétentes. Il est inquiétant que l'opposition politique sur une question aussi importante que l'immigration tienne des allégations gravement fausses. La visite de la présidente Meloni à Tunis la semaine dernière représente la poursuite d'une collaboration qui s'avère fructueuse et stratégique. L'Italie et la Tunisie ne sont séparées que par un court bras de mer et partagent une histoire séculaire. Les deux pays sont mutuellement importants l'un pour l'autre et je crois que ce fut une erreur dans le passé de l'avoir négligé pendant trop longtemps. J'espère que les données positives de ces premiers mois de coopération seront également de bon augure pour les mois à venir. Le président Saied conduit la Tunisie à bâtir une amitié importante avec l'Italie. La Tunisie subit sur son territoire les effets de l'action criminelle de trafiquants sans scrupules et a accepté de gérer le problème avec nous et avec l'Europe. Elle partage avec nous une vision de rejet total des catastrophes humanitaires et des tragédies causées par la traite des êtres humains. Concernant les centres en Albanie, le ministère a déjà attribué la gestion des services à fournir dans les centres. Les ingénieurs travaillent d'arrache-pied pour construire rapidement l'infrastructure nécessaire à l'ouverture des centres, dans le but de l'achever le plus tôt possible. C'est précisément grâce aux initiatives italiennes que l'Europe commence à regarder ces projets avec intérêt, des projets qui sont, en outre, autorisés par les règlements du nouveau Pacte sur les migrations et l'asile, récemment approuvé par l'UE avec une contribution importante de l'Italie. Sur ce pacte, le gouvernement a dû négocier et servir de médiateur entre 27 pays aux sensibilités différentes. Nous avons donc accepté un point d'équilibre et le cadre est désormais plus favorable à l'Italie. Ce qui est différent, c'est la possibilité qu'avaient les forces politiques des différents pays de voter sur des points particuliers des différents règlements. Concernant la situation au Proche-Orient, il est trop tôt pour dire si la situation pourrait alors conduire à une augmentation du risque terroriste. En tout cas, nous avons élevé le niveau d'attention : pensez au nombre de personnes, 55, que nous avons expulsées depuis le 7 octobre pour "danger de terrorisme et de radicalisation"“. Pour le 25 avril, comme pour chaque anniversaire chargé d'une signification symbolique, des services de prévention spécifiques sont en place. Nous faisons attention mais il n’y a pas d'alarmisme parce qu'il n'y a pas d'éléments spécifiques de préoccupation". »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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