"Salis reste en prison, Meloni l’abandonne à la punition d’Orban."
29/03/2024
Italie. Revue de presse.
La décision d’un tribunal hongrois de maintenir en détention la ressortissante italienne Ilaria Salis, procès très largement médiatisé dans la péninsule, fait les unes : « Ilaria Salis ne purgera pas sa peine à domicile » (Corriere), « Salis reste en prison, Meloni l’abandonne à la punition d’Orban » (Repubblica), « Ilaria est traitée comme un chien » (Stampa), « Salis reste en prison, Meloni est humiliée par son ami Orban » (Domani). Les menaces de la Russie selon lesquelles elle serait prête à abattre des F16 sur le territoire de l’Otan et les déclarations de Joe Biden en solidarité aux alliés sont aussi reprises : « Poutine menace l’Otan » ; interview de Donald Tusk, « la guerre est à nos portes » (Repubblica). « La menace de Poutine » - « Prague accélère sur les aides à Kiev » (Corriere). « Les F16 et la menace de Poutine, les risques pour l’Italie (il Tempo). « Les bases des F16 : Poutine ne peut pas se permettre un conflit élargi » (Foglio).
Sur X les hasthag #Ungheria (Hongrie) et #Salis dominent en lien avec l'affaire de la ressortissante italienne, Ilaria Salis, détenue en Hongrie.
ARTICLE, Corriere della Sera, M. T. Meli : « Au Pd, négociations entre Schlein et Bonaccini, mais l'idée de choisir Tarquinio comme candidat fait l'objet d'un litige » : « Elle ne l'aime pas. Il ne l'aime pas. Mais il est le président du PD et elle en est la secrétaire. Elly Schlein et Stefano Bonaccini doivent donc cohabiter. Ils ont prouvé qu'ils pouvaient le faire hier, lors d'une longue réunion consacrée aux listes pour les élections européennes. L'enjeu ne concernait pas seulement la position du gouverneur de l'Émilie-Romagne - auquel Schlein a garanti qu'il sera tête de liste s'il veut se porter candidat : les deux leaders du PD ont également discuté de toutes les propositions de la secrétaire concernant les candidatures, qui laissent beaucoup de membres du parti perplexes. Sur la table, il y a aussi le problème des représentants du courant de Bonaccini que la secrétaire voudrait exclure des candidatures aux élections européennes. '' Nous devons, comme le dit très justement Romano Prodi, penser à une équipe compétitive au Parlement européen, une équipe capable de faire la différence, d'autant plus que la droite reprend son souffle en Europe" affirme Bonaccini. "Certains noms, certaines suggestions sont très intéressants, mais nous devons savoir quel est l'objectif principal, nous devons avoir une physionomie de parti. Il y a une équipe qui a bien travaillé à Strasbourg, l'éliminer serait une erreur". Lors de la réunion, Schlein ne tente pas de cacher les problèmes : "Je sais qu'il y a un malaise dans le parti à propos des listes.'' Mais le sujet des candidatures a ouvert la boîte de Pandore au PD : l'hypothèse d'une candidature d'Ilaria Salis a troublé les membres du parti : " C'est une blague", commentait hier un important représentant du courant de la minorité. "Nous y réfléchissons de sorte que Salis puisse ainsi obtenir l'immunité parlementaire, mais rien n'est décidé", a expliqué Schlein. Une autre candidature divise le PD : celle de Marco Tarquinio, pressenti en quatrième place dans la circonscription du centre de l'Italie. L'ancien directeur d'Avvenire [journal de la Conférence des évêques, ndlr] divise le PD, entre ceux qui voudraient continuer à suivre la ligne Letta sur l'Ukraine et ceux qui préféreraient épouser les positions de Giuseppe Conte. "Le Parti, démocrate doit maintenir une ligne claire et intelligible sur l'Ukraine, qui est actuellement le sujet central et ne peut laisser de place à aucune ambiguïté", affirme l'ancien ministre de la Défense, Lorenzo Guerini. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Carlo Nordio (Frères d'Italie), ministre de la justice, « Il faut pouvoir être jugé par des personnalités adaptées. C'est à cela que servent les tests pour les magistrats" par Virginia Piccolillo : « Sur la décision concernant Ilaria Salis, humainement, je suis désolé et je renouvelle ma proximité. Mais la juridiction d'un pays est souveraine et les polémiques politiques ne servent à rien. Notre gouvernement a fait et fera tout son possible pour que les conditions de détention soient atténuées. Pour le reste, nous continuerons à travailler, de préférence dans la discrétion. Concernant les tests de personnalité pour les juges, c’est une demande des commissions Justice, qui ont demandé au gouvernement de les mettre en place avant le 30 mars, date limite fixée par la loi d'habilitation. Le texte que nous avons élaboré a été approuvé à l'unanimité en Conseil des ministres. Contrairement à ce que dit l’ANM, le parlement n’a pas été contourné. Sur le Quirinal, nous sommes toujours respectueusement attentifs et sensibles aux messages que Mattarella a adressés à plusieurs reprises tant au Parlement qu'au pouvoir judiciaire. Je pense que tous les magistrats ont été témoins d'attitudes pour le moins excentriques de la part de certains collègues. Ces tests ne visent pas à révéler des pathologies spécifiques, mais des aptitudes à certaines fonctions. Notre programme est axé sur le garantisme, c'est-à-dire sur la présomption d'innocence et, en même temps, sur la certitude de la sanction. Nous y ajoutons maintenant la garantie d'être jugé par des magistrats équilibrés, aptes, même psychologiquement, à assumer leur rôle très délicat. En 2021, Giorgia Meloni a soumis tous les parlementaires du parti au test de dépistage des drogues, en espérant qu'il serait étendu à ses collègues. Je suis prêt à le faire demain aussi. Souvent les procureurs voient les choses de leur seul point de vue, négligeant celui du citoyen injustement emprisonné. La formation collégiale de magistrats intervient déjà, mais après un emprisonnement souvent considéré comme infondé. C'est pourquoi les procureurs seront plus prudents lorsqu'ils demanderont des mesures conservatoires. La surpopulation carcérale diminuera également. Il en va de même pour l'abrogation du délit d'abus de fonction. Chaque année, 5.000 procès finissent en queue de poisson. Le travail des procureurs sera simplifié et non entravé. Le procureur doit rester et restera indépendant. Mais cela doit entraîner une limitation de ses pouvoirs sur la police judiciaire, comme en Grande-Bretagne. Sinon, nous continuerions dans l'hérésie, qu'aucun pays au monde ne connaît, de quelqu’un qui, bénéficiant des protections du juge, n'a de comptes à rendre à personne. Un pouvoir sans responsabilité est inconcevable dans un système démocratique".
ARTICLE, Messaggero, de M. Allegri, « Salis, pas d'assignation à résidence : "Prenez-moi en photo enchaînée ». Pour Tajani (Forza Italia), le juge a tort » : Ilaria Salis reste incarcérée en Hongrie. Pour le juge Jozsef Sòs, qui a rejeté la demande d'assignation à résidence présentée par la défense, « les circonstances n'ont pas changé » et « 13 mois d'emprisonnement, ce n'est pas tant » au vu des crimes commis, jugés trop graves. Depuis février 2023, elle est en prison : aucune remise de peine pour l’activiste italienne, qui est accusée de deux agressions envers des militants d’extrême-droite et de faire partie d’une association criminelle. Pour le magistrat, les charges sont trop lourdes même pour changer le statut de « détenue dangereuse », qui a été transféré de sa cellule à la salle d’audience avec des menottes aux poignets et des chaînes aux chevilles, escortée par un policier. L’ampleur médiatique, les réactions internationales et les appels du gouvernement italien, qui promet de poursuivre la bataille, sont inutiles. Le Ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani se dit « en désaccord avec la décision d’emmener la détenue en prison avec des chaînes aux mains et aux pieds ». Interrogé par Vespa, il ajoute : « Nous continuerons à protester pour que toutes les règles de l'UE sur le traitement des détenus, en particulier ceux qui attendent d'être jugés, soient respectées. Le juge n'a pas voulu accorder l'assignation à résidence, à mon avis, il a tort. » Le ministre a toutefois conclu en ajoutant : « La politisation de cette affaire n'est une bonne chose pour Salis : si nous voulons la ramener en Italie, nous devons agir avec diplomatie, sérieux et prudence. Organiser des manifestations politiques, c'est lui porter préjudice, car cela conduit à un affrontement avec la justice du pays". « La Hongrie est un État de droit et le gouvernement n'interfère en aucune façon face au pouvoir judiciaire », a déclaré le ministère hongrois des Affaires étrangères après la décision du juge. La Défense d'Ilaria a souligné les « changements importants » survenus depuis l'audience précédente. L’inculpée a désormais un domicile hongrois, ce qui lui donnerait la possibilité d’être sous bracelet électronique et de travailler (en télétravail). L'avocat a souligné le comportement de Salis en prison, précisant qu’elle n’a « aucune intention de s'enfuir ou de se cacher », ce que la détenue a confirmé au juge. « Avant d'être arrêtée, j'étais enseignante à Milan et je vivais seule. Je devais passer un concours pour obtenir un poste permanent en mars ». Ce qui a pesé pour le juge c’est le fait qu’Ilaria Salis ait déjà comparu devant un tribunal auparavant. Elle a expliqué qu’elle avait « des antécédents de peine avec sursis pour des condamnations si faibles que l’Italie ne prévoyait pas de prison pour des faits commis il y a dix ans ou plus ». Ces déclarations n’ont pas convaincu le juge qui a confirmé que les accusations étaient « trop graves » et soutenu que les coups portés aux victimes étaient « potentiellement mortels ». « Les circonstances restent inchangées », un risque de fuite existe toujours, la détention provisoire de 13 mois « n'est pas si longue au regard de la gravité des faits reprochés ». Des paroles devant lesquelles le père d'Ilaria, Roberto Salis, a quitté la salle d'audience avant de revenir s'asseoir à côté de son épouse Roberta. A la fin de l’audience il s’en est pris aux gouvernements hongrois et italien : « Ils l’ont encore traité comme un chien », Orban à nouveau « a fait une démonstration de force et se moque des droits européens », tandis que l’Italie « devrait faire un examen de conscience » étant donné la « la mauvaise impression donnée par ses ministres ». Il appelle à la solidarité et réclame « une protestation contre l'immobilisme italien. Dans ce pays, elle est coupable : c'est une femme, elle n'est pas hongroise et elle est antifasciste. Cela fait d'elle une personne à éliminer, même physiquement. Je vais maintenant m’adresser au Quirinal ». Plusieurs de ses amis venus soutenir Ilaria ont été interpelés à l'extérieur de la salle d’audience par le groupe de Zoltan Toth, un militant d'extrême droite victime de l'agression du 10 février. « Ils nous parlaient en hongrois sur un ton menaçant », a déclaré Eugenio Losco, l'avocat italien de Salis, « l'interprète a dit qu'ils prononçaient des phrases comme : nous allons vous casser la figure ».
ARTICLE, Corriere della Sera, « Affaire Salis, l’opposition en colère contre Budapest. Pour Tajani, « politiser l’affaire ne sert à rien » par Marco Cremonesi : « Elle apparait de nouveau enchaînée et sa demande d'assignation à résidence est rejetée. Après 13 mois de détention, Ilaria Salis restera en prison. Mais la décision et les images de Budapest ne plaisent pas à la droite, ni même à Fratelli d'Italia : le parti de la première ministre Meloni est un actionnaire important dans le groupe ECR, le plus susceptible d'accueillir le Fidesz, le parti du président hongrois Viktor Orbán. Le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani (FI) ne cache pas sa déception : "Le juge n'a pas voulu accorder l'assignation à résidence, à mon avis à tort". Cependant, "la politisation de cette affaire n'est pas bonne pour la détenue". Une référence aux représentants de l'opposition qui ont assisté à l'audience d'Ilaria Salis hier, comme l'ancienne présidente de chambre Laura Boldrini et Sandra Zampa (PD), Nicola Fratoianni et Ilaria Cucchi (Avs), Ivan Scalfarotto (Iv). Le groupe italien, qui comprenait également une délégation des « juristes démocrates », le dessinateur Zerocalcare et quelques amis de Salis, a également été intimidé par des Hongrois, peut-être des amis de l'homme pour l'agression duquel Salis est en prison. La secrétaire du Pd, Elly Schlein, s'est montrée très sévère. Les événements d'hier sont "une gifle inadmissible aux droits d'une personne détenue, une compatriote. Nous attendons du gouvernement de Giorgia Meloni qu'il réagisse immédiatement". Le PD réfléchirait à la possibilité de présenter l'enseignante de Monza aux prochaines élections européennes, malgré son profil politique très différent. Mais Marco Pellegrini, du M5S, estime que "cela lui porterait préjudice, car elle doit avoir la possibilité de se défendre". Pour Matteo Renzi, "Giorgia Meloni doit être une vraie patriote et expliquer à Orbán que soit la Hongrie respecte l'Etat de droit, soit aucun euro des impôts des Italiens ne doit finir à Budapest". Pour le vice-ministre de la justice Francesco Paolo Sisto (FI), "la détention d'Ilaria Salis en Hongrie n'est pas un camouflet pour le gouvernement italien. C'est plutôt un camouflet à la présomption de non-culpabilité. Nous savons qu'en Hongrie, la conception de la détention provisoire est beaucoup plus dure qu'en Italie". Le président de Noi moderati, Maurizio Lupi, estime que "en tant qu'État, nous devons nous faire entendre pour que ses droits soient respectés. Et c'est pourquoi nous demandons qu'ils soient également respectés en Hongrie.“ Du côté de FdI, le chef du groupe sénatorial, Lucio Malan, déclare que "nous sommes contre ce type de traitement", mais que "le gouvernement a pris des mesures pour obtenir le respect des droits de l'homme". Le responsable de l'organisation du parti, Giovanni Donzelli, ajoute que "c'est à nous d'essayer de défendre nos concitoyens, quel que soit leur comportement. Je n'absous pas automatiquement Salis, mais c'est une citoyenne italienne et le gouvernement fera tout ce qui est en son pouvoir pour la défendre ».
SONDAGE, La Repubblica, « Seuls 5 % des Italiens croient à la piste ukrainienne sur l'attentat de Moscou. »
ARTICLE, Corriere, de M. Galluzzo, « Meloni remercie les soldats au Liban : “beaucoup de ceux qui parlent de paix le font confortablement depuis leur canapé“ » : Alors que la veille avec le premier ministre libanais, Meloni évoquait les aspects les plus difficiles de la stabilisation du pays à laquelle l’Italie contribue avec ses soldats, hier au contraire, le scénario géopolitique et les échanges entre les deux chefs de gouvernement ont été suivis d’une journée plus légère. La présence militaire de l’Italie est reconnue pour ses capacités de dialogue dans le maintien de la paix que les forces armées italiennes savent instaurer avec les différentes troupes en conflit sur le territoire. Meloni a constaté que « l’Italie doit être consciente de ce qu’elle garantit par ses sacrifices. Vous renoncez à tout pour construire et garantir cette paix dont tant de gens, en particulier en ce moment, profitent confortablement depuis leur canapé. La paix ne peut pas exister sans respect, le respect que l’Italie a réussi à construire dans les nations et les territoires comme celui-ci, un respect garanti par le professionnalisme et l’humanité, par la capacité à être compétent et à prendre en compte les besoins des autres. C’est notre identité, notre fierté. » Des compliments pour les militaires quelques heures avant Pâques et des remerciements explicites pour les sacrifices que chaque mission à l’étranger représente : « Je suis venue aujourd’hui vous dire merci, au nom de l’Italie pour avoir choisi d’endosser l’uniforme. Merci d'avoir compris que cela signifie être capable d'utiliser à la fois sa tête et son cœur. Merci pour avoir étudié, car vous saviez qu’endosser ce rôle exigeait des compétences. Merci d'avoir accepté de venir jusqu'au Liban, où nos forces armées depuis des décennies jouent un rôle fondamental dans la mission FINUL, une mission indispensable dans un pays qui est le berceau de grandes civilisations qui, pendant longtemps, a été un modèle de coexistence entre différentes traditions et confessions religieuses. » La cheffe du gouvernement italien a aussi mentionné l’autre participation de l’Italie : « outre le travail que nous menons aux Nations Unies, l’Italie est également engagée au niveau bilatéral dans la mission italo-libanaise (Mibil) qui forme et soutient les forces de sécurité libanaises qui sont essentielles pour sauvegarder le cadre institutionnel de cette nation. C'était un travail important hier et il devient essentiel aujourd’hui ». Après le discours officiel et le déjeuner à la cantine avec les milliaires, elle a fait une partie de baby-foot : durant sa visite au Liban, la Première Ministre Georgia Meloni est restée quelques heures à la base de Shama, dans le Sud du pays, avec les troupes italiennes de la FINUL et de la Mibil. Elle a reçu un bouquet de roses de la part des soldats, avec lesquels elle a posé pour une série de selfies, dont un avec trois femmes militaires et un avec les cuisiniers de l'armée. A la veille de Pâques, elle ne pouvait manquer un œuf en chocolat, emballé aux couleurs du drapeau italien. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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