Carlo Fidanza : "Matteo Salvini fait passer des messages négatifs qui nuisent au gouvernement."
25/03/2024
Italie. Revue de presse.
L’intensification des frappes russes sur l’Ukraine et les incertitudes sur la réaction de Moscou après l’attentat terroriste de vendredi fait la une des Quotidiens.
Les JT couvrent essentiellement l’attentat terroriste de vendredi à Moscou, la hausse des mesures de sécurité en Italie pendant la semaine de Pâques, la suite de l’enquête sur les soupçons d’infiltration mafieuse à la municipalité de Bari, et enfin les initiatives pour la journée nationale consacrée à Dante Alighieri.
Sur X le hashtag #Emiliano (du nom du président, sans parti, de la Région des Pouilles) domine suite à ses déclarations sur un prétendu lien entre des clans mafieux et le maire de la ville de Bari, Antonio Decaro (Parti démocrate).
ENTRETIEN, La Stampa, de Carlo Fidanza, chef de la délégation de Fratelli d’Italia à Bruxelles, par F. Olivo, « Matteo Salvini fait passer des messages négatifs qui nuisent au gouvernement » : « J’ai suivi le meeting européen organisé par Matteo Salvini et le message qu’il fait passer n’est pas positif. Je m’étonne que l’événement d’Identité et Démocratie ait surtout été l’occasion pour eux de se démarquer de nous et d’attaquer Giorgia Meloni. Nous savons bien comment fonctionne le scrutin à la proportionnelle, chacun cherche à se distinguer, mais c’est aller trop loin, ce genre de choses nuisent à l’unité du gouvernement et de la majorité. Concernant les relations avec Marine Le Pen, Giorgia Meloni a toujours dit qu’elle n’acceptait pas qu’un politique étranger lui dise quoi faire. Les succès du gouvernement Meloni en Europe ont été possibles notamment grâce à une relation positive, institutionnelle plus que politique, avec Ursula von der Leyen. Ces succès profitent à tous les partis de la majorité, pas seulement à Fratelli d’Italia, chacun devrait en prendre conscience. Marine Le Pen nous accuse d’être ambigus au sujet d’Ursula von der Leyen mais pas du tout. En 2019 nous n’avons pas voté pour elle, nous n’avons pas manqué de critiques vis-à-vis de la Commission et nos votes le confirment. Aujourd’hui, elle change sur certaines questions comme sur le Plan national de Relance, l’immigration, le pacte vert… notamment grâce à la position plus déterminée de l’Italie avec le gouvernement Meloni. Il est encore tôt pour dire si nous voterons en faveur d’un nouveau mandat d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne. À ce jour, elle est la candidate du PPE, pas la nôtre. Les élections européennes seront un référendum, non pas sur von der Leyen mais sur deux visions alternatives de l’Europe. Nous n’indiquerons pas de candidat pour les Conservateurs. Emmanuel Macron a raison lorsqu’il dit que la Commission doit rester un organe exécutif sans être trop politique. Ce qui est certain, c’est que Giorgia Meloni sera en première ligne des négociations. Fratelli d’Italia nait comme une alternative à la gauche, c’est à la base de notre parti, nous ne ferons jamais partie d’une majorité parlementaire stable qui inclurait les socialistes. La création d’un groupe unique à droite du PPE comme le souhaite la Ligue ne nous convainquait pas il y a deux ans et encore moins maintenant. Nous, nous sommes une droite de gouvernement et nous voulons peser dans les décisions. Cela n’empêche pas qu’il y ait des batailles communes, comme sur l’immigration ou les politiques environnementales. Sur la Russie, notre position est très claire. Quand la gauche fait des attaques instrumentalisées contre Orban nous le défendons, mais il est certain que féliciter Poutine pour des élections en Russie qui n’étaient clairement pas démocratiques n’est pas un bon moyen d’entrer dans notre groupe. Concernant le risque de guerre, nous devons être prêts à faire face à toutes les éventualités, sans effrayer nos concitoyens. La dissuasion est la meilleure forme de défense. Nous soutenons l’idée d’une armée commune, le but est de construire le pilier européen de l’OTAN, il faut trouver un moyen de financer ce projet. Je suis favorable à l’option des eurobonds. Giorgia Meloni travaille avec Joe Biden en tant que leaders de deux pays alliés, toutefois notre proximité avec les Républicains demeure. Concernant Trump, je suis personnellement convaincu qu’une fois à la Maison Blanche il se montrera plus pragmatique. »
Carlo Fidanza
SONDAGES, La Stampa, d’A. Ghisleri, « Aux élections européennes, Meloni pourrait récupérer les voix des électeurs de Salvini ; aucune majorité stable n’émerge pour le moment au Parlement européen » : « A ce stade, il semblerait qu’un électeur italien sur deux ira voter aux élections européennes de juin. Les alliances entre forces politiques et les têtes de liste vont être décisives. On peut d’ores et déjà analyser 4 grands scénarios possibles quant à la répartition des sièges au Parlement européen. Dans un premier cas de figure, seuls Fratelli d’Italia, le Parti démocrate, le Mouvement 5 Étoiles, la Ligue et Forza Italia dépasseraient le seuil nécessaire pour siéger au Parlement européen. Il y aurait alors peu de changements par rapport à 2019, hormis le fait que Fratelli d’Italia et la Ligue renverseraient l’équilibre de leurs voix respectives : Salvini obtiendrait actuellement 8 sièges contre 29 en 2019, et Giorgia Meloni 26 contre 6 en 2019. Dans le second cas de figure, Carlo Calenda dépasserait le seuil minimum et remporterait alors 4 sièges avec 4,3% des voix, au détriment de Fratelli d’Italia, du Parti démocrate et du M5S. Dans le troisième cas de figure, les Verts, Sinistra et +Europa feraient alliance, remportant ainsi 5% de voix et 4 sièges. De cette façon Fratelli d’Italia obtiendrait 23 sièges, le M5S 14 et Azione 3. Enfin, dans un quatrième cas de figure s’ajouterait également Italia Viva de Matteo Renzi, qui remporterait 4,3% des voix et 3 sièges, de même qu’Azione. Lors des élections de juin, 705 députés de tous les pays membres seront élus, dont 76 italiens. EU election a proposé le 22 mars une répartition des sièges au Parlement européen pour les prochaines élections, basée sur les sondages de tous les pays de l’UE. Pour obtenir la majorité, il faudra dépasser le seuil de 353 députés. Or, par exemple, une alliance entre les partis de la coalition du gouvernement Italien, soit entre le PPE (Forza Italia), Identité et Démocratie (la Ligue) et le groupe des Conservateurs (Fratelli d’Italia) n’obtiendrait pas suffisamment de sièges pour avoir une majorité (seulement 339 députés). Mais une alliance entre le PPE et l’Alliance Progressiste des Socialistes et des Démocrates (S&D) ne serait pas suffisante non plus, avec seulement 315 sièges. Les alliances restent donc encore à définir et dépendront de nombreux facteurs, notamment les sujets d’actualité (immigration, changement climatique, sécurité…) et les dynamiques entre forces politiques qui émergeront d’ici là. »
ARTICLE, Il Messaggero « Salvini revient sur ses attaques contre Macron : « je n’en ai pas après lui mais il faut que la ligne de l’UE change »» : « Matteo Salvini entame un autre round de son combat avec l’UE et Emmanuel Macron. Le vice-président du Conseil a expliqué hier le sens du meeting d’Identité et Démocratie de samedi à ses yeux : donner l’idée de ‘’faire partie d’une équipe’’ et faire tomber certains tabous, en déclarant ‘’je suis un souverainiste, ce n’est pas un gros mot’’. Après les attaques adressées au président français, le dirigeant de la Ligue a à nouveau lancé ses piques contre l’UE. Au sujet du président Macron, il a déclaré : ‘’je n’en ai pas après lui’’, tout en rappelant la ligne de la Ligue contre la position française et européenne, notamment sur la guerre. ‘Une Europe qui évoque l’envoi au massacre de ses soldats au-delà de ses frontières va contre les principes de la communauté européenne’’ alors que ‘’nous devrions œuvrer pour nous défendre des terroristes’’. A cette occasion Salvini a parlé de 2024 comme d’une ‘’année de la renaissance’’ en se référant non seulement aux élections européennes mais également à la présidentielle américaine (‘’Si l’UE change de cap en juin et les Etats-Unis en novembre, nous verrons la paix’’). Si Salvini se veut rassurant sur la pérennité du gouvernement (‘’nous gouvernerons pendant cinq ans, voire plus’’) mais n’hésite pas pour autant à critiquer son allié Forza Italia (‘’il y a cinq ans, Forza Italia a choisi de gouverner avec les Socialistes, la gauche et Von der Leyen en votant avec le PD et le M5S’’). Enfin, Salvini a tenu à remercier Elon Musk pour son soutien pendant le procès relatif à l’affaire du navire ONG « Open Arms ». [En août 2019, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, Salvini avait bloqué le débarquement de 147 migrants du navire de l'ONG espagnole à Lampedusa. ndlr.]» ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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