"La Hongrie avertit l'Italie :"N'intervenez pas sur Salis, c’est ici qu’elle sera punie par nous.""
29/02/2024
Italie. Revue de presse.
Plusieurs titres se partagent la Une : les discussions au sein des partis de majorité au lendemain du revers électoral en Sardaigne : « La droite soutient les présidents de région sortants » (Corriere della Sera, Messaggero), « La Ligue en crise, la Vénétie critique Salvini » (La Stampa), l’affaire de l’activiste italienne emprisonnée en Hongrie « Ilaria Salis, le bras-de-fer avec Budapest » (Corriere), la polémique autour de la charge de la police contre des étudiants à Pise: « L’attaque contre Mattarella : Meloni conteste l’intervention du Quirinal » (Repubblica), « Le PNRR et les chantiers pour la rénovation énergétique des bâtiments dans le viseur de l’UE » (Sole 24 Ore).
Les JT couvrent essentiellement les agressions contre la police à Turin avec notamment les déclarations de G Meloni condamnant les auteurs des actes de violence, les intempéries dans le Nord, avec l'alerte rouge lancée en Vénétie, et les funérailles de l’opposant russe Alexeï Navalny qui auront lieu demain.
Sur X, le hashtag #Vannacci domine, du nom du général Vannacci qui a été suspendu de l’armée suite aux propos racistes tenus dans son livre.
COMMENTAIRE, Repubblica, C. Bonini : « Le masque est tombé » : « Le masque est donc tombé. Battue en Sardaigne, hantée par le spectre d'un possible nouveau revers dans les Abruzzes, où elle a écrit une nouvelle page de sa conception familiale et tribale de la politique, Giorgia Meloni fait la seule chose dont elle est capable. Tenter de sortir de sa faiblesse politique actuelle en radicalisant l’affrontement politique. Et cette fois, comme pour une sorte de répétition générale de sa réforme pour l’élection directe du Premier ministre, elle le fait en visant la présidence de la République. Car c'est au chef de l'Etat qu’elle s'adresse lorsqu'elle met en garde contre ces « institutions qui retirent leur le soutien à ceux qui chaque jour mettent en jeu leur sécurité pour garantir la nôtre". Et elle le fait avec l'outil qui lui appartient, la manipulation. Elle essaye de transformer en discours partisan la critique faite ces derniers jours aux violences à Pise par le président Mattarella, tout comme son rappel de la valeur constitutionnelle du droit de manifester,. Nous assistons à une distorsion de l'équilibre délicat entre le rôle du Président de la République en tant que garant de la Constitution et le rôle de direction politique de la Présidente du Conseil. Il est utile de mesurer et d’analyser, une fois de plus, le degré de résistance du système politico-institutionnel face à ceux qui, comme Meloni, ont décidé de le saboter de l'intérieur. Nous sommes certains que le pays ne lui permettra pas de le faire. »
ARTICLE, Repubblica, « La Hongrie avertit l'Italie :"N'intervenez pas sur Salis, c’est ici qu’elle sera punie par nous" » : : « Il est surprenant que l'Italie tente de s'immiscer dans une affaire judiciaire hongroise. J'espère qu'Ilaria Salis recevra la punition qu'elle mérite en Hongrie. » Le ministre hongrois des affaires étrangères, Péter Szijjartó coupe court aux demandes de l'Italie sur le cas de l'antifasciste de Monza, incarcérée depuis plus d'un an dans la prison de haute sécurité de Budapest. Des mots durs qui se sont soudainement abattus sur Rome, après une rencontre cordiale à la Farnesina avec le ministre Antonio Tajani qui avait récemment revendiqué comme un succès la discussion italienne avec ses collègues hongrois à propos de l'amélioration des conditions de détention de Salis et de l'avancement de deux mois de l'audience, fixée au 28 mars. « L'ambassadeur m'avait dit que la réunion s'était bien passée, alors imaginez si ça s’était mal passé... », commente Roberto Salis lors de la marche aux flambeaux organisée pour sa fille à Milan. Les oppositions - Pd, Avs, +Europa - élèvent la voix : « Et ceci serait l'indépendance de la magistrature dans le pays d'Orbán ? » Le titulaire de la Farnesina réagit à son tour : « Il n'y a pas de volonté d'ingérence », explique M. Tajani, « mais une intention claire de faire pression pour vérifier que les conditions de détention sont conformes aux règles européennes qui appellent à la protection des droits de l'homme. Et c'est ce que le gouvernement italien continuera de faire ». À Szijjartó, le ministre Tajani, avant d'aborder les questions géopolitiques, a présenté déjà fait un compte-rendu détaillé de la situation de Salis. Elle est devenue une affaire nationale aussi en Hongrie. Mais après la réunion, pendant laquelle les néo-nazis romains ont inscrit "Ilaria doit mourir" près de l'ambassade de Hongrie, la douche froide est arrivée. Elle intervient au moment même où une fenêtre d'opportunité s'est ouverte pour que la mesure de précaution d'Ilaria Salis passe de la détention à l'assignation à résidence. D'abord à Budapest, où la famille Salis a réussi à trouver un logement. Puis en Italie, grâce à une décision-cadre de l'UE de 2009. Aussi, dans son post sur X, le ministre hongrois s’en prend aux « médias italiens qui ne montrent pas le côté des victimes mais seulement celui de Salis ». Puis l'accusation : « La dame a été présentée comme un martyr en Italie, ce qui n'a rien à voir avec la réalité », « elle est arrivé en Hongrie avec un plan précis pour attaquer des innocents dans la rue, en tant que membre d'une organisation d'extrême gauche. Il ne s'agit pas de crimes commis sur un coup de tête, mais d'actes bien pensés et planifiés. Ils ont failli tuer des gens ». Le chef d'accusation retenu contre Salis est celui de blessures "potentiellement mortelles", mais guérissable en 5 à 8 jours, contre trois néo-nazis, battus lors d'actions orchestrées par des membres ou des sympathisants de la "Bande du Marteau". L'antifasciste de la Brianza risque jusqu'à 24 ans de prison ; l'accusation a proposé une négociation de peine de 11 ans, mais Salis plaide non coupable. « Ce que j'ai entendu aujourd'hui est inacceptable. Le ministre Tajani a mes coordonnées s'il veut me dire quelque chose », ajoute Roberto Salis. Il est furieux des propos de Szijjartó : « Nous devons lui demander ce qu'il entend par "martyr". Si vous voulez parler d'une personne torturée pendant 35 jours, Ilaria en est une ».. »
ARTICLE, Corriere della Sera, C. Voltattorni « Les avoirs gelés russes dominent le G7. Les différentes options sur la table » : « ll faut donner des bases légales solides à l’utilisation des avoirs financiers russes pour indemniser l’Ukraine ». A Sao Paolo au Brésil, en marge du G20, le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti (Ligue) a présidé hier la première rencontre des ministres des finances du G7. Le soutien à l’Ukraine était au cœur des débats. Le directeur de la Banque d’Italie Fabio Panetta était aussi présent. Avec Giorgetti, il a échangé avec les ministres sur la question de l’utilisation des avoirs russes congelés en Occident. Il s’agit d’environ 300 milliards de dollars qui pourraient ‘’compenser les dommages de guerre causés par la Russie à l’Ukraine’’. A cette réunion, le ministre ukrainien S. Marshenko a également participé en visio-conférence, auquel on aurait exprimé ‘’la nécessité de doter l’initiative d’une base légale solide et conforme au droit international’’. Les ministres français et allemand Le Maire et Lindner ont eux aussi appelé à la prudence, tout en qualifiant cette possibilité de ‘’ pas concret’’. Giorgetti en a parlé aussi à la secrétaire du Trésor américain Janet Jellen lors d’une rencontre bilatérale. Jellen a remercié à cette occasion ‘’l’Italie et le reste de l’Union Européenne pour l’adoption du fonds quadriennal de 50 milliards d’euros pour l’Ukraine’’. Parmi les dossiers du G7 figurent aussi l’impact de la crise au Proche-Orient et en Mer Rouge. Le directeur Panetta a parlé des ‘’risques de fragmentation du commerce, de la finance et des échanges’’ en soulignant l’importance pour l’Italie de ‘’se consacrer à maintenir le fonctionnement du système multilatéral qui a assuré la croissance, la mondialisation mais aussi la paix pendant les récentes décennies’’. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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