"Meloni : "C'est une défaite, nous en tirerons les leçons"." et "C’est la première région que le mouvement 5 étoiles a conquis."
28/02/2024
Italie. Revue de presse.
Les discussions au sein des partis à la suite de la première défaite de la coalition de majorité lors des élections régionales en Sardaigne alimentent les Unes aujourd’hui : « Meloni : « C'est une défaite, nous en tirerons les leçons » » (Corriere della Sera, Messaggero), « Schlein : « ce n'est qu'un début » (Repubblica), « Tensions entre Meloni et Salvini » (La Stampa). L'intervention de Mario Draghi devant le Parlement Européen à Strasbourg est aussi citée : « Draghi secoue l'Union : il n'est pas possible de dire toujours non, il faut faire des réformes » (Repubblica, Stampa, Sole 24 Ore, Giornale). Enfin, les réactions à l’hypothèse d’envoi de troupes en Ukraine se poursuivent aujourd’hui en Une et dans les pages intérieures : « Troupes en Ukraine, un non collectif à l'hypothèse de Macron » (Corriere, Stampa, Sole)
ENTRETIEN, Repubblica, de Elly Schlein, secrétaire du Parti démocrate, par G. Vitale : « On peut battre Meloni mais il faut être unis. A droite, il y aura des règlements de comptes. A présent nous voulons gagner dans les Abruzzes ». » : « Depuis 2015, nous n'avions pas gagné une région à la droite. Neuf ans, c'est une éternité. Ce qui s’est passé en Sardaigne est un bon signale : c'est notre première reconquête et ce ne sera pas la dernière, c'est mon message à Giorgia Meloni ». La présidente du parti démocrate savoure sa victoire. « Le défi dans les Abruzzes […] peut cette fois nous réserver une nouvelle surprise. Mais aussi la construction d’un parti alternatif, auquel je travaille depuis le début avec un esprit d’unité. La victoire de dimanche prouve deux choses : que la Première ministre n'est pas imbattable et que si nous sommes unis, tout devient possible . La question centrale est celle du rejet des forces gouvernementales. Mais c'est aussi la victoire de la bonne personne : Todde qui a su réunir une coalition. C'était un merveilleux travail d'équipe. Et je suis doublement heureuse parce que le parti démocrate a si bien réussi qu'il est devenu le "premier parti". C'est la méthode de travail qui nous a finalement récompensés et je souhaite désormais la reproduire. Le dépassement du Parti démocrate aux dépens de Fratelli d’Italia me semble être la meilleure réponse. Il étaient sûrs de gagner et ils ont reçu une gifle mortelle, dont Meloni doit assumer l'entière responsabilité. Sur certains sujets majeurs, nous avons déjà commencé à travailler ensemble : salaire minimum, santé publique, Pnrr, égalité des congés... Des points sur lesquels nous pouvons commencer à esquisser notre vision du pays. Trouver des convergences sans être incohérent est possible et nécessaire". Conte a dit que nous avions besoin d'une "alliance juste", pas d'une alliance large. C'est un débat que les citoyens ne comprennent pas. Nous avons montré que l'alternative l'emporte lorsqu’il existe une proposition commune, sérieuse et crédible. Il s'agit d'une responsabilité qui doit être assumée par tous, et pas seulement par le parti démocrate. Aujourd'hui, la priorité est d'unir nos forces sur les grandes questions du pays et je suis convaincue que si nous allons tous dans la même direction, les électeurs auront confiance.
ENTRETIEN, Corriere della Sera, Giuseppe Conte, chef du Mouvement Cinq étoiles, par Monica Guerzoni : « L'extraordinaire victoire d'Alessandra Todde est le signe d'un vent nouveau qui commence à souffler depuis la Sardaigne et qui se répandra dans toute l'Italie. C'est aussi la victoire de tous les Italiens qui n'ont jamais cru aux promesses de Giorgia Meloni et de ceux qui y ont cru en toute bonne foi, mais qui ont été fortement déçus. Les citoyens commencent à en avoir assez. Et c’est la première région que le mouvement 5 étoiles a conquis, donc c’est une grande satisfaction car Todde est la première femme à gouverner la Sardaigne. […] Meloni est réapparue après avoir disparu pendant près de 24 heures, au cours desquelles elle a envoyé Truzzu pour prendre la défaite de face. En réalité, elle l'a imposé à ses alliés, avec cette attitude hautaine qui ne profitera pas à la majorité. Nous avons fait un travail sérieux avec les autres forces progressistes, en construisant un véritable projet sur les besoins des territoires, en mettant de côté les ambitions du parti unique et en bannissant le fait de s'appuyer sur un simple "cartel électoral" de captation de voix. […] Les gens en ont assez des trahisons d'un gouvernement qui fait des dégâts, de l'économie à la politique étrangère. […] Notre méthode a fonctionné en Sardaigne. Il faut d'abord cultiver la discussion pour aboutir à un projet bien structuré, puis choisir le candidat le plus apte à le mettre en œuvre. La victoire de Todde montre qu'il n'y a pas d'alliances forcées, mais des alliances construites sur la base de projets crédibles et concrets. Chaque région a sa spécificité. L'objectif n'est pas d'obtenir une voix de plus que le Parti démocrate, mais de faire de la bonne politique. En plus de notre résultat, nous devons tenir compte de la liste Todde et des listes que nous avons parrainées. On m'a qualifié de gentil populiste, aujourd'hui de populiste modéré. Les deux sont corrects. Dans son sens le plus élevé, celui de la proximité avec les besoins et les sensibilités des citoyens, ce n'est pas une offense ».
Giuseppe Conte et Alessandra Todde
COULISSES, Corriere della Sera, de F. Verderami « Les dangers des prochains rendez-vous électoraux et les soupçons de Meloni à l’égard de Salvini » : « Meloni en est convaincue : "Salvini essaiera toujours de se démarquer’’. Personne ne peut la persuader du contraire et personne n'ose le faire. Pas après une journée "un peu comme ça", avec la défaite en Sardaigne encore à digérer. Comme si cela ne suffisait pas, le vote de dimanche a modifié le calendrier de Meloni, qui imaginait avoir réglé ses comptes avec le secrétaire de la Ligue en juin. Car si la droite trébuche dans les Abruzzes ou en Basilicate, la débâcle sarde ne sera pas interprétée comme un simple faux pas mais comme le début d'une phase négative qui pourrait affecter les élections européennes. Meloni reconnaît ses erreurs. L'erreur a été d’imposer le candidat de son parti au poste de président de Région après un affrontement dur avec ses alliés dans les négociations. Pour une fois, Meloni ne pointe pas du doigt Salvini, dans le sens où ce n'est pas la Ligue, qui n'a pas d’enracinement organisé sur l'île, qui aurait fait manquer ces milliers de voix d’écart décisifs. C'est plutôt Solinas qui est le principal suspect, le président sortant qui - pour se venger de ne pas avoir été soutenu pour un second mandat - aurait mobilisé une partie de son électorat contre Truzzu. Si la victoire en Sardaigne a été remportée par le Pd et le M5S avec moins de trois mille voix, la droite ne peut se permettre que ce résultat se répète dans les Abruzzes et la Basilicate avant les élections européennes. Si dans les Abruzzes la droite ne devrait pas avoir trop de problèmes, en Basilicate, il y a une certaine incertitude sur le résultat. Meloni ne peut pas se permettre de revivre l’échec de la Sardaigne, c'est pourquoi les ‘’pompiers’’ de poids travaillent depuis hier pour éteindre les feux qui peuvent s’allumer, pour "renforcer les relations entre les alliés", parce que "nous ne pouvons pas commettre les mêmes erreurs". Enfin, aux élections européennes, comme le disent des sources autorisées, Meloni sera "obligée de se présenter comme candidate", puisque les voix potentielles sur qui elle peut compter sont les siennes, et non celles de son parti FdI. »
ENTRETIEN, Libero, de Francesco Lollobrigida (Frères d’Italie), ministre de l’Agriculture : « Encore une fois, c’est l’idéologie qui s’impose en Europe » : « ‘’C’est une vision idéologique qui remet en discussion le rôle de l’homme et ses capacités à gérer le territoire. Le texte adopté en deuxième lecture concernant la restauration de la nature risque de provoquer des retombées graves car il est le fruit de préjugés. Il y a même eu une partie du PPE qui a voté contre la consigne du groupe de repousser cette norme. Nous nous retrouvons avec une Europe en flammes en raison de mauvaises politiques contre les agriculteurs, contre ceux qui produisent du travail. On tente d’affaiblir un continent pour favoriser d’autres pays extra-européens qui polluent plus que nous. Si on raisonne sur un impact zéro sur l’environnement, il faut que cela soit valable pour tous. Si nous diminuons nos productions en utilisant des fertilisants ayant un impact zéro sur l’environnement, le résultat est qu’on finit par favoriser les marchés étrangers qui polluent. Quel est alors l’avantage final ? Quand on s’aperçoit d’avoir fait une erreur, il faut changer de cap. La PAC a été mal écrite et j’ai porté au Conseil de lundi un document pour en demander la révision. Concernant [la proposition italienne d’interdire la production et le commerce de la viande de synthèse, il n’y a que deux pays qui sont contre : le Danemark et les Pays-Bas. En revanche, il y en a 19 qui y sont favorables, dont la Slovaquie qui soutient par ailleurs la candidature de la cuisine italienne au patrimoine de l’UNESCO alors que ce pays a une majorité de centre-gauche.’’ »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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