"La Sardaigne punit Meloni."
27/02/2024
Italie. Revue de presse.
Les élections régionales en Sardaigne, marquées par la victoire de la candidate du centre-gauche Alessandra Todde (M5S), font les gros titres : « La surprise Todde, un revers pour la droite » (Corriere della Sera), « La Sardaigne punit Meloni » (Repubblica), « Sardaigne, un revers pour le gouvernement » (La Stampa), « La Sardaigne au centre gauche » (Messaggero), « La droite marque contre son propre camp » (Giornale), « Un coup d’arrêt » (Avvenire). La protestation des agriculteurs à Bruxelles est aussi citée : « Le mouvement des tracteurs encercle Bruxelles, l’UE annonce de nouvelles règles » (Messaggero). Enfin, dans les pages intérieures, plusieurs journaux reviennent sur la conférence en soutien à l’Ukraine d’hier soir : « L’hypothèse de militaires OTAN en Ukraine » (Corriere) ; « Macron ouvre à l’hypothèse de troupes de l’OTAN » (Messaggero), « Un changement de cap proposé par Macron aux leaders : « on n’exclut pas l’envoi de troupes » (Stampa), « Un sursaut stratégique » (Foglio).
Les JT couvrent essentiellement les élections régionales en Sardaigne avec la victoire de la candidate de centre-gauche Todde, la manifestation à Bruxelles des agriculteurs avec aussi la reprise des déclarations de G. Meloni pour ‘’revoir la PAC et soutenir les salaires des agriculteurs’’, les frappes de l’armée israélienne au Liban, et la conférence de Paris en soutien de l’Ukraine.
COMMENTAIRE, Repubblica, S. Folli « Sardaigne : c’est une nouvelle page blanche qui s’ouvre » : « Pour la première fois, Giorgia Meloni a commis une grave erreur, notamment sur le terrain qui en théorie devrait être le plus naturel pour elle : la gestion de sa popularité et la capacité d’interpréter les signaux envoyés par un électorat qui demande des choses simples et concrètes. L’échec est douloureux, au moment où la Présidente du Conseil s’apprête à se rendre aux Etats-Unis avec tous les dossiers de politique internationale en suspens. Meloni pourrait être tentée de hausser les épaules et aller de l’avant. Mais ce serait une autre erreur. C’est une défaite qui est grave au regard des circonstances dans lesquelles elle a eu lieu et du défi en cours au sein même de la coalition. Meloni voulait en effet donner le coup de grâce à son rival Salvini. S’il est trop tôt pour dire que le déclin du « melonisme » a commencé, la saison où les divergences étaient observées avec indulgence est toutefois révolue : maintenant, Salvini (qui n’a rien gagné mais qui peut se réjouir de la défaite de Meloni) sera de plus en plus déterminé à exiger le partage de toutes les décisions du gouvernement. Le pacte de la coalition devra être revu, y compris du point de vue des relations personnelles. Il faudra bien plus qu’un petit-déjeuner au Palais Chigi ou d’un Conseil des ministres plus long pour résoudre les questions épineuses. Par ailleurs, dans la perspective des élections européennes, il faut s’attendre à ce que le dirigeant de la Ligue intensifie ses contacts avec l’extrême-droite européenne, à commencer par les Allemands de l’AfD. Il le fera dans le but mettre en difficulté le pragmatisme de Meloni, notamment ses bonnes relations avec Ursula von der Leyen. Pour la Présidente du Conseil, un sursaut s’impose. Concernant les partis d’opposition, entre Schlein et Conte, c’est plutôt ce dernier qui est le vrai gagnant : il a su montrer que la coalition à gauche (« la coalition large ») ne fonctionne que lorsqu’elle est guidée par le M5S. Dans le cas contraire, il y aura toujours une raison pour ne pas s’unir, en laissant Schlein seule avec son opposition interne au sein du PD. La coalition de centre-gauche en Sardaigne sera difficilement exportable au niveau national. »
ARTICLE Repubblica, A. Fraschilla : « La Ligue s'effondre et Forza Italia la dépasse mais Salvini réagit : maintenant, il faut sécuriser Zaia " » : « Matteo Salvini et ses proches tentent de se rassurer, malgré les résultats bien inférieurs par rapport à il y a cinq ans en Sardaigne (11 % lors des dernières régionales, et moins de 5 % hier) et la honte de voir Forza Italia les dépasser, alors que le parti est orphelin de son leader Silvio Berlusconi. Salvini pense déjà à une stratégie pour exploiter ce vote dans son rapport de force au sein de la coalition et en vue des nombreux problèmes qu'il voit apparaître à l'horizon pour le parti et sa direction. Son entourage lui suggère de se concentrer sur ce qui s'est passé en Sardaigne pour dire à Giorgia Meloni qu'il ne faut pas faire "trop de calculs" et se concentrer sur des choix sûrs et gagnants dans certaines régions : "En commençant par la Vénétie, en misant sur Luca Zaia et en approuvant au Parlement le troisième mandat des gouverneurs". C’est cette ligne que suivra le leader de la Ligue après la Sardaigne : se relancer sur le troisième mandat qui permettrait d'obtenir la plus grande région d'ici 2025, la Vénétie. Il faut aussi éviter un changement de candidat, comme cela s'est produit en Sardaigne où c’est le candidat de Fratelli d'Italia qui a finalement été choisi. Pour la Vénétie, Meloni aurait déjà un nom en tête, le sénateur Luca De Carlo. La relance du troisième mandat permettra également au ministre d’occuper Zaia, son principal rival en interne pour la direction du parti. Depuis hier, Salvini, au sein du centre-droit, n'a plus seulement comme problème celui de retrouver sa place dans sa relation avec la Première ministre mais aussi la crainte d’être dépassé par Forza Italia d'Antonio Tajani. Ce n'est pas une coïncidence si un fidèle du secrétaire de FI, le chef du groupe au Sénat Maurizio Gasparri, a déjà botté en touche hier soir, rejetant même l'idée de reconduire Solinas comme le souhaitait Salvini. La Ligue et Fratelli d’italia se sont trompées. Et peut-être que le candidat aurait pu être un membre de Forza Italia, soit Pietro Pittalis ou Ugo Cappellacci. C'est dire le climat qui règne à droite après les élections en Sardaigne. Hier soir, Tajani s’est dit ‘’certain qu'il n'y aura pas de répercussions sur le gouvernement’’ », tout en mettant en garde Meloni : « maintenant, allons-y pour gagner en Basilicate où je suis absolument convaincu que le candidat sera Vito Bardi », son fidèle. »
ARTICLE, Repubblica, G. Colombo : « Treize milliards d’économies pour sauver le PNRR. Les administrations qui seront en retard devront rembourser les fonds » : « Le dossier du PNRR se concentre désormais sur la chasse aux responsables des retards dans la réalisation des projets qui ont été financés. Le ministre Raffaele Fitto parle de 'responsabilisation', mais la nouvelle mesure introduite dans le décret visant à accélérer les dépenses ressemble à un ultimatum. Pour les ministères, mais aussi pour les municipalités et les autres acteurs de la mise en œuvre des projets du PNRR : ceux qui ne respectent pas les objectifs fixés devront restituer les ressources obtenues, quitte à payer de leur poche. La "menace" est brandie avec un mécanisme précis : si la Commission européenne constate 'la non-réalisation ou la réalisation incomplète' d’un projet, l’Etat demandera à l'administration de rendre les montants reçus. Sous la supervision de la structure de mission, le Palais Chigi pourra également décider d'effectuer des inspections et des contrôles ponctuels dans les ministères et les municipalités. Des commissaires arriveront aussi dans trois ministères pour accélérer certains investissements et le gouvernement pourra revendiquer des pouvoirs de substitution s'il constate des 'retard ou des incohérences' par rapport aux calendriers des interventions. Avec le décret approuvé hier, le Conseil des ministres cherche aussi à trouver des fonds pour les nouveaux projets et à récupérer les sommes allouées à ceux qui ont été annulés. Il s’agit d’un casse-tête complexe, qui est la conséquence de la révision du Plan voulu par le gouvernement et qu'il est maintenant en train de résoudre en soustrayant des ressources à d'autres investissements ou en utilisant des fonds non dépensés. Le secteur des infrastructures est parmi les plus touchés avec 2.2 milliards en moins pour investir dans les chemins de fer régionaux, la surveillance des ponts et viaducs, l’électrification des quais et d’autres travaux dans les ports. Les 250 millions d'euros prévus pour les zones touchées par le tremblement de terre (L'Aquila et le centre de l'Italie) sont également supprimés. Au total, ce sont environ 13 milliards qui ont été repris d'autres fonds pour financer les coûts des nouvelles mesures. »
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « Mattarella invite l’UE à accélérer sur le pacte pour la migration et l’asile » : « A l’occasion de sa visite d’Etat à Chypre, Sergio Mattarella a évoqué le « plan Mattei » qui est cher à Meloni. Cela n’a pas dû échapper au Palais Chigi, après l’appel du Président de la République au ministre de l’intérieur Piantedosi (Indépendant) sur l’affaire de la gestion par la police de la manifestation des étudiants à Pise, et le coup de froid entre les partis de droite et le Quirinal. ‘’Le plan Mattei a été lancé pour collaborer avec les pays du Continent africain de manière à impliquer toute l’Union Européenne’’ a-t-il souligné à l’issue de sa rencontre avec son homologue Cyprien Christodoulides. A cette occasion, il a invité Bruxelles à mettre en action le nouveau pacte sur la migration et l’asile qui est ‘’très urgent’’ et il a invoqué un changement de vitesse afin que le phénomène « désordonné et tumultueux de l’immigration géré par les passeurs » puisse se transformer « en une arrivée ordonnée en Europe selon les exigences des Etats qui les accueillent de manière légale’ ». Mattarella a attribué à Chypre un rôle fondamental de ‘’plaque tournante de la sécurité énergétique de l’Union’’. Car l’île est particulièrement exposée aux vents de guerre qui soufflent en ce moment. Les deux présidents ont évoqué le Proche Orient, partageant l’exigence d’arriver à un cessez-le-feu pour résoudre ce conflit en évitant un embrasement de la région. L’agression russe en Ukraine a elle aussi été évoquée. Mattarella a répété ‘’le plein soutien’’ de l’Italie à Kiev. »
ARTICLE, Corriere della Sera, S. Montefiori : « L'hypothèse d’envoyer des troupes de l'OTAN en Ukraine » : «[…} Certains pays comme la France envisagent l'idée, d'autres comme l'Allemagne l'excluent clairement. ''Il n'y a pas de consensus aujourd'hui pour envoyer des troupes, mais en perspective, rien ne doit être exclu. Nous ferons tout ce qu'il faut pour que la Russie ne gagne pas cette guerre" a déclaré le président français. […] »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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