"Impôts et tracteurs, l’escalade électorale de Salvini."
01/02/2024
Italie. Revue de presse.
Les conditions de détention en Hongrie de l'enseignante italienne Ilaria Salis, accusée de violences en marge d'une manifestation à Budapest en février 2023, et la réaction de Matteo Salvini à son sujet, font les gros titres : « Les avocats d’Ilaria Salis accusent : « elle est traitée comme un animal » » (Corriere della Sera), « Affaire Salis, Rome demande son rapatriement en Italie » (Stampa), « Salvini le « Hongrois » [attaque I. Salis] » (Repubblica), « Voici les actes d’inculpation contre Salis » (Giornale), « Salis, la ligne dure de la Hongrie » (Messaggero). Les manifestations des agriculteurs, alors qu’un Conseil Européen « tendu » s’ouvre (Sole), sont aussi en Une : « Une main tendue aux agriculteurs » (Messaggero) « L’UE donne son feu vert aux dérogations sur la politique agricole » (Sole 24 Ore), « Agriculteurs, voici les concessions de l’UE » (Mattino).
Les JT couvrent essentiellement la rencontre à Bruxelles entre Giorgia Meloni et Viktor Orban, avant le Conseil Européen, l’affaire Ilaria Salis, les négociations entre Israël et le Hamas pour la libération des otages et pour une trêve, les manifestations des agriculteurs en Italie et en Europe, et des faits divers.
Sur X le hashtag #IlariaSalis, du nom de la jeune femme italienne détenue en Hongrie, continue de dominer.
COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Impôts et tracteurs, l’escalade électorale de Salvini » : « Il s’agit juste d’une journée de campagne électorale et il y en aura encore plusieurs d’ici les prochains mois. Toutefois, il est utile de comprendre les contours de cette bataille tous azimuts, lancée hier par le dirigeant de la Ligue. C’est un récent sondage Noto pour l’émission Porta a Porta qui a provoqué la réaction de Salvini : si auparavant la Ligue voulait juste récupérer du terrain face à Fratelli d’Italia, c’est maintenant le cauchemar d’être devancé également par le parti de la famille Berlusconi qui se concrétise. Si Fdi se renforce (de 29 à 32%), la Ligue serait passée de 8 à 6,5%, devancée ainsi par FI (7,5%). C’est ce qui explique certains choix du dirigeant léguiste, qui a attaqué sur plusieurs fronts. Hier, il a fortement critiqué l’Europe face aux revendications des agriculteurs, en montrant du doigt la Présidente de la Commission von der Leyen. Puis il a critiqué les propos du vice-ministre de l’Economie Leo pour sa campagne contre l’évasion fiscale : ‘’il s’agit d’une chasse aux sorcières qui va au-delà du périmètre du programme gouvernemental’’. On observe une volonté fébrile de se démarquer qui le conduit à commettre des erreurs. Hier, il a critiqué Ilaria Salis en l’accusant d’avoir attaqué en 2017 un stand de la Ligue, mais l’enseignante avait déjà été définitivement acquittée. Or, Meloni rencontre aujourd’hui Orban pour tenter de trouver une solution digne pour la citoyenne italienne détenue à Budapest. C’est aussi ce qu’est en train de faire Tajani. Pourtant, pendant toute la journée, Salvini a continué à critiquer Ilaria Salis. Trois guerres en une journée peuvent suffire. »
ARTICLE, Sole 24 Ore, L. Serafini « Giorgetti (Ligue) annonce la vente d’une partie de la participation de l’Etat dans les Postes, « comme cela a été fait pour ENEL » » : « Hier, le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti a expliqué les modalités de vente de la deuxième tranche de Poste Italiane, tout en assurant le maintien du contrôle public sur le groupe. Le ministre a expliqué qu’il était possible que la participation de l’Etat descende en dessous des 51% et atteigne un pourcentage semblable à celui qu’il détient dans ENI, ENEL ou Leonardo. La part des participations que Poste Italiane peut mettre sur le marché s’élève à 29,6%. Dans ses déclarations, le ministre n’a pas clarifié si cette vente sera faite par une combinaison d’émissions de titres sur le marché et d’une participation de la Cassa Depositi e Prestiti (CDP), dont les parts s’élèvent actuellement à 35%.. Hier, les partis d’opposition, notamment le PD, avaient le ministre dans leur collimateur. La position contradictoire de Fratelli d’Italia sur les privatisations, par rapport aux déclarations faites quand le parti de Meloni était dans l’opposition, représente un sujet trop tentant pour ne pas l’exploiter dans cette campagne électorale. La prudence montrée jusque-là par la majorité laisse comprendre que l’opération de privatisation de Poste, initialement prévue au printemps, pourrait être reportée à l’automne prochain. »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, d’A. Sciacca, « Le mouvement de protestation des tracteurs prend de l’ampleur, [des agriculteurs] rencontrent [le ministre de l’Agriculture] Lollobrigida (Frères d’Italie), un rassemblement est prévu aujourd’hui à Bruxelles. »
ARTICLE, Sole 24 Ore, B. Fiammeri « Les pressions de Meloni sur le Premier ministre hongrois afin de débloquer le budget européen » : « La rencontre est prévue ce matin, avant le début des travaux du Conseil Européen. La Présidente du Conseil italien tentera de convaincre son allié hongrois de revoir sa position, peut-être en échange d’un autre assouplissement sur le gel des fonds destinés à la Hongrie à cause du non-respect de l’Etat de droit par celle-ci. Le « oui » de Orban est fondamental pour Meloni. Il ne s’agit pas de renoncer aux 50 milliards pour l’Ukraine, qui ne sont pas en discussion. Ce que Meloni veut éviter est le plan B, c’est-à-dire l’hypothèse d’avancer à Vingt-six mais seulement pour assurer des ressources à Kiev. En revanche, le feu vert à la révision du budget, selon la proposition avancée par la Commission, permettrait d’augmenter également – et de manière significative – les fonds sur les migrations (environ 10 milliards), sujet qui est cher à Meloni et qui est au centre du « Plan Mattei ». A quelques mois des élections européennes, la dirigeante italienne ne peut pas se permettre de rentrer les mains vides. Sans compter que Salvini a recommencé à souffler sur les braises de l’antieuropéisme en soutenant le mouvement des agriculteurs. Hier, à Bruxelles, le dirigeant léguiste s’est lancé dans une dure attaque contre von der Leyen, en qualifiant de « désastreuse » sa présidence et en annonçant qu’il ne la soutiendra pas pour un second mandat. Il l’a fait alors qu’il sait bien l’effort réalisé par son alliée Meloni dans la construction d’une relation solide avec Ursula, cette dernière ayant participé à plusieurs événements en commun, comme la toute récente présentation du Plan Mattei de lundi au Sénat italien. Meloni veut faire valoir le poids des voix que Fratelli d’Italia obtiendra aux élections et l’offrir à la future majorité (et à son dirigeant) au sein du Conseil Européen. C’est une manœuvre dans laquelle Salvini se retrouve sur la touche. Ce dernier insiste dans sa stratégie pour une majorité pouvant inclure Identité et Démocratie, le groupe parlementaire que la Ligue partage avec le RN de Marine Le Pen et les extrémistes allemands de l’AfD. Une hypothèse qui est catégoriquement exclue par le PPE, dont fait partie le dirigeant de Forza Italia A. Tajani. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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