"Meloni veut impliquer l’Europe dans le Plan Mattei : des hotspots en Afrique et 4 milliards en 5 ans."
26/01/2024
Italie. Revue de presse.
Les mesures sur la fiscalité adoptées hier en Conseil des ministres font les gros titres : « Retraités, concordat fiscal, privatisation des Postes : voici les nouvelles mesures » (Corriere della Sera, Giornale), « Une évasion fiscale « concordée » pour les professions libérales » (Repubblica), « Concordat : les impôts seront bloqués pendant deux ans » (Sole 24 Ore), « Fonds pour la rénovation énergétique des bâtiments : les contrôles seront effectués pendant huit ans » (Messaggero).
24 Ore, L. Palmerini « Coup d’envoi de la campagne électorale avec une main tendue aux professions libérales » : « Au Conseil des ministres d’hier, c’est un peu comme si on avait commencé à préparer le terrain de jeu pour les élections européennes. Il a été décidé de concentrer les élections européennes et municipales en deux jours, les 8 et 9 juin, notamment pour contenir le risque d’abstention, les électeurs de droite étant moins mobilisés lorsqu’il s’agit de choisir les parlementaires européens. Il y a une autre décision qui a été prise au Palais Chigi et qui représente une main tendue à l’électorat de la majorité. Il s’agit du concordat fiscal permettant aux professions libérales un délai de deux ans pour fixer le montant des taxes à payer, et cela sans risque de contrôles. Cela concernerait 4,5 millions de travailleurs indépendants, des petits entrepreneurs, de professionnels qui représentent depuis longtemps cette « épine dorsale » des partis composant la coalition. Cette fois-ci, le gouvernement a été très généreux, puisqu’initialement cet accord devait concerner uniquement les contribuables « fiables ». Désormais, il a été élargi à toute la catégorie. C’est donc là un beau cadeau qui leur est offert, et qui pourrait accroitre le nombre de personnes « reconnaissantes » envers la majorité mais qui pourrait aussi susciter le mécontentement des contribuables « fiables », qui se voient désormais placés dans la même catégorie que ceux qui ne le sont pas. Un autre élément pouvant se retourner contre l’exécutif est le choix de rapprocher les dates des élections européennes de celles concernant les régions du Basilicate, de l’Ombrie et du Piémont. Or, l’entente sur les candidatures demeure un dossier clivant qui alimente la tension entre les alliés, notamment après la « rupture » en Sardaigne [Fratelli d’Italia ayant imposé son candidat à la Ligue, ndlr.]. Il y a aussi la question de la limite du troisième mandat pour les présidents de région, sur laquelle Meloni n’a pas encore pris de décision. A ce stade, la limite peut être dépassée uniquement pour les maires des petites villes. Il faut donc s’attendre à un autre bras-de-fer avec Salvini. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Gilberto Pichetto Fratin (Forza Italia), ministre de l’Environnement et de la sécurité énergétique, « Un plan national pour produire les petits réacteurs nucléaires ».
ARTICLE, Repubblica, T.Ciriaco « Meloni veut impliquer l’Europe dans le Plan Mattei : des hotspots en Afrique et 4 milliards en 5 ans » : « Selon le raisonnement de Giorgia Meloni, partagé avec quelques ministres proches ces derniers temps, pour voter en faveur de la prochaine Commission européenne, elle pourrait mettre parmi les conditions le principe de rendre européen son projet italien de Plan Mattei. Lorsqu'on lui a demandé ce que cela signifiait, elle a expliqué que Bruxelles devrait également investir dans les infrastructures et la formation en Afrique, suivant l'exemple que l'Italie s'apprête à proposer. Et cela suppose aussi que l’Union européenne devrait garantir (par une mission ou du personnel européen) la sécurité, le respect des droits de l’homme et la reconnaissance du droit d’aile aux migrants dans ces hostpots sur le continent africain. Meloni envisage d'établir des centres d’accueil le long des côtes du Maghreb et dans des zones spécifiques en Afrique subsaharienne, sur le modèle de l’accord Rome-Tirana. C’est avec cette ambition qu’elle s’apprête à accueillir la Conférence Italie-Afrique à Rome ce lundi. Mais le Plan Mattei, qui couvre plusieurs années, nous rend bien éloignés de cet objectif, et il a consisté jusqu'à présent principalement en un slogan utilisé pour atténuer les échecs dans la gestion des débarquements. Le gouvernement italien vise à mobiliser jusqu'à quatre milliards d'euros sur 5 à 7 ans pour l'Afrique, avec des fonds italiens et d'autres sources que l'argent public. L'objectif est de demander aux grandes entreprises publiques, en particulier dans le secteur de l'énergie, de planifier avec le gouvernement les projets d'infrastructures à financer. Donc en premier lieu Eni et Enel, déjà actives en Afrique. Mais aussi de convaincre des universités italiennes d’investir dans des projets de formation, de partenariats et de bourses d’études, bien au-delà de ce qui est déjà fait, à travers des co-financements ou des abattements fiscaux. Et on envisage de mobiliser la CDP pour le soutien aux banques de développement, ou des instituts de crédit privé. La mobilisation des géants publics de l’énergie, déjà présents sur le continent, viserait à rationnaliser les efforts. Selon le Foglio, ENI et Enel seraient prêts à se concentrer surtout sur l’Algérie, la Tunisie, la Libye, l’Egypte, la Cote d’Ivoire et l’Ethiopie. Seule une partie des fonds viendrait des ressources destinées chaque année à l’aide au développement. Cette année Cirielli serait prêt à consacrer 200 millions de plus sur le chapitre africain de cette aide. Et à déplacer donc les deux tiers des fonds sur ce dossier. Mais la nouveauté, c’est que Meloni compte mobiliser l’intégralité du système économique national vers le sud de la méditerranée, en parvenant à convaincre les pays africains que ce n’est que grâce au financement des infrastructures et aux projets de formations que la classe moyenne, capable d’assurer la croissance, pourra augmenter. C’est de tous ces sujets qu’il sera question lundi au palazzo Madama. Il y aura aussi lundi Ursula Von der Leyen, sur laquelle Meloni compte pour rallier Bruxelles à ce projet en soulignant le poids des votes des Conservateurs européens dans le processus de formation de la prochaine Commission européenne. En outre, elle compte profiter de la présidence italienne du G7 en 2024 pour promouvoir davantage le dossier africain lors du sommet dans les Pouilles, qui aura une place de choix dans le sommet, avec l’objectif de placer l’Afrique au centre des investissements de la Partnership for Global Infrastructure and Investment, l'initiative d'infrastructure élaborée par l'administration Biden pour contrer les Routes de la Soie chinoises et jusqu’à présent surtout concentrées sur l’indo-pacifique. »
ARTICLE, Messaggero, F.Savelli « Le ministère de l’Intérieur demande aux organisateurs des manifestations pour la Palestine de les reporter » : « Le ministère de l'Intérieur a décidé d’interdire les manifestations pro-Palestine organisées pendant le "Jour de la Mémoire". Pour l'instant, le ministère opte pour une approche conciliante : "nous demanderons le report des manifestations", a déclaré le ministre Matteo Piantedosi (Indépendant). […] »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Guido Crosetto (Frères d'Italie), ministre de la Défense, ''L’Italie est prête à prendre la tête de la mission en Mer Rouge''. » : « Selon moi la majorité reste unie, les polémiques sont des inventions, la motion du chef de groupe de la Ligue Massimilano Romeo [sur l’aide à Kiev] a été reformulée et approuvée par l’ensemble de la majorité. Si vous me demandez s’il y a une lassitude de la guerre, je dirais que tout le monde est las, les Ukrainiens, les Russes, les Français, les Allemands, les Italiens. Mais tant que Poutine ne se lassera pas, tout cela va continuer pour nous tous, et cela risque même d’empirer. Celui qui se lasse, c’est celui qui a déclenché cette guerre. Il est faux de dire que nous nous mobilisons moins que nos alliés financièrement. Au sein de l’UE, nous sommes juste après l’Allemagne, et après le Royaume-Uni et les Etats-Unis hors UE. Concernant la mission en Mer Rouge, si on nous le demande, nous prendrons le commandement de la mission européenne. Nous en avons les capacités, mais si la France le veut cela nous va très bien, l’important est d’avoir bientôt une mission efficace pour assurer la sécurité des navires commerciaux et le respect du droit international. A ce jour, il y a 27 politiques étrangères différentes au sein de l’UE, chaque pays a son propre agenda, c’est pourquoi nous n’avons pas un rôle de poids dans le monde. Nous devons envoyer un nouveau navire et des missiles en Mer Rouge et il ne sera pas facile de financer de nouvelles dépenses. En Italie, nous avons hérité d’une situation des Forces armées découlant de l’illusion que nous n’aurions plus à nous défendre. Il faut tout changer, y compris les règles et les pouvoirs de mon ministère, pour nous doter d’une capacité réelle et efficace de défense. J’ai pour objectif de constituer une Réserve nationale des forces armées, comme en Suisse et en Israël, à activer, bien entendu, seulement dans des cas très graves. Une loi sera proposée en ce sens au cours des prochaines semaines, c’est une des réformes nécessaires pour l’Italie. En Mer Rouge il y a plusieurs guerres, la Russie et la Chine y mènent une guerre hybride : leurs navires commerciaux sont épargnés par les Houthis et ont donc un avantage compétitif qui met à mal la concurrence. Un précédent gouvernement avait retiré les armes à l’Arabie Saoudite et aux Emirats lorsqu’ils combattaient les Houthis qui sont plus dangereux que le Hamas et le Hezbollah, nous en payons aujourd’hui les conséquences. Nous sommes prêts à augmenter le contingent italien au sein de la mission FINUL mais il faut que cela soit financé et approuvé. C’est un dossier complexe, pour l’instant il est prématuré de parler d’augmentation du contingent. Pour pouvoir répondre aux demandes des israéliens, il faudrait changer les règles d’engagement. Dans le cadre du projet Gcap, la gouvernance sera répartie équitablement entre l’Italie, le Royaume-Uni et le Japon, une première pour un programme militaire de premier plan. Seulement une fois la phase de construction à trois achevée, le projet pourra être élargi à d’autres pays comme l’Arabie Saoudite et les Emirats qui veulent financer le projet. Une éventuelle élection de Trump ne rendra pas l’Europe plus vulnérable face à la Russie, les accords de l’OTAN et les bases américaines ne sont pas remises en cause, mais nous devrons nous préparer tout de suite à un changement de stratégie de Washington sur la guerre en Ukraine. »
ARTICLE, Sole 24 Ore, Carlo Marroni « Tajani (Forza Italia) en Israël : deux Etats, l’unique solution. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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