"L'adoption par le Sénat du projet de loi qui renforce l'autonomie des Régions."
24/01/2024
Italie. Revue de presse.
L’adoption au Sénat de la réforme sur l'autonomie régionale différenciée fait les gros titres : « L'adoption de l'autonomie régionale soulève les polémiques » (Corriere della Sera), « L'autonomie régionale est adoptée au Sénat, le PD et le M5S protestent » (Stampa, Il Mattino), « Schlein : ils seront rappelés pour avoir divisé le pays » (Repubblica), « Premier feu vert à la réforme qui donne plus de pouvoirs aux régions » (Il Giornale). La crise au Proche Orient est aussi citée « Mer Rouge : la hausse des prix en raison de la crise » (Messaggero), « Le Qatar annonce des négociations pour une trêve » (Sole 24 Ore), « Le Hamas rejette l'offre d'une trêve de deux mois » (Avvenire), « Le témoignage des otages : « les abus et les horreurs» » (Corriere).
Les JT couvrent essentiellement les obsèques de Gigi Riva, figure mythique du football italien, la victoire de D. Trump aux primaires républicaines dans le New Hampshire, la crise au Proche Orient, l’adoption au Sénat de la réforme sur l'autonomie régionale différenciée et les premières manifestations des agriculteurs italiens après celles en France et en Allemagne contre certaines normes européennes.
Sur Twitter, le hashtag #autonomiadifferenziata (autonomie différenciée) domine suite à l'adoption par le Sénat du projet de loi qui renforce l'autonomie des Régions.
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco, « Le régionalisme de la Ligue et ses ambiguïtés » : « Les dirigeants de la Ligue ont employé à plusieurs reprises l’adjectif ‘’historique’’, et plutôt à raison. Hier, au Sénat, la réforme sur l’autonomie différenciée des régions a obtenu une première approbation, dans le sillage des référendums de 2017 en Lombardie et en Vénétie, et d’une affirmation triomphante contre la ‘’centralisation romaine’’. Le ‘’oui’’ du Sénat a été accompagné de certaines garanties sur la cohésion du pays. La réforme servira aussi à ‘’contrebalancer’’ l’élection directe du chef du gouvernement, précise la Ligue, en somme à limiter le renforcement du rôle de la Présidence du Conseil, qui profiterait avant tout à Giorgia Meloni. Les oppositions accusent d’un bloc Meloni d’avoir ‘’bradé l’unité de l’Italie’’ au nom de l’alliance avec le parti de Matteo Salvini. Mais au sein de la majorité aussi, chacun tend à interpréter la réforme à sa manière, indissociable des perspectives électorales. En 2001, c’est la gauche qui avait fait passer la première réforme concernant les régions, un précédent que seul Antonio Decaro, maire démocrate de Bari, a évoqué afin de rappeler la responsabilité de son parti. C’est toutefois le narratif d’une mesure ‘’scindant l’Italie’’ qui prévaut, visant davantage à mettre en difficulté la Présidence du Conseil que la Ligue. Le parti de Salvini est parvenu à imposer sa ligne sur celle de la Présidente du Conseil, patriotique par essence, et sur celle de Forza Italia. On remarque les efforts de FI et Fratelli d’Italia pour justifier la réforme comme un ‘’pas vers la modernité’’ bien qu’on entende des voix plus discrètes exprimant des avis un peu différents et insistant notamment sur le rôle de ‘’garante’’ que le reste de la droite s’attribue afin d’éviter une dérive ‘’anti-méridionale’’. Du reste, pour la fragile cohésion de la majorité en vue des européennes, ces réformes sont un bienfait, bien que temporaire. Le Parti démocrate et le M5S dénoncent un ‘’troc infame’’ entre réforme de la loi électorale, autonomie régionale et réforme de la justice, soit entre Meloni, Salvini et Tajani. Cet accord montrera peut-être ses limites après les élections de juin, et n’aboutira peut-être pas, entre tensions et referendums, mais pour le moment il calme les frustrations et les craintes qui touchent l’ensemble de la coalition de droite. »
ARTICLE, Corriere della Sera, par P. Di Caro: « Tajani (Forza Italia) n’exclut pas de se porter candidat mais tout dépend de la décision que prendra Meloni» : « Hier, le dirigeant de Forza Italia, après ses déclarations selon lesquelles il ne se porterait pas candidat aux élections européennes, a fait des concessions : ‘’nous devons attendre le congrès du parti qui devra élire son nouveau chef les 23 et 24 février. Je n’aurai aucun problème à le faire, j’ai déjà été élu cinq fois au Parlement Européen. Si cela devait être utile pour Forza Italia, je me porterai candidat, les électeurs savent bien quel en serait le but : le dirigeant politique se porte candidat pour renforcer FI qui connait une remontée de sa popularité dans les sondages’’. S’agit-il d’une marche-arrière de sa part ? Disons plutôt qu’il s’agit d’une stratégie pour gagner du temps afin de ne pas laisser le terrain libre à la Présidente du Conseil. Cette dernière n'a pas exclu une candidature en tant que cheffe de liste afin de ‘’mesurer sa popularité auprès des Italiens’’. Tajani fait donc savoir qu’il ‘’ décidera après le congrès du parti’’ puis il ajoute qu’il en parlera aussi avec les dirigeants des autres partis de la coalition. Il faut prendre une décision ensemble, avancer en ordre dispersé serait inutile. En réalité, Salvini a déjà fait savoir qu’il n’y était pas du tout intéressé. Tajani non plus, à vrai dire. Les sondages montrent que la participation des dirigeants comme chefs de liste ne change pas beaucoup le choix des électeurs. Par ailleurs, le ministre des Affaires étrangères estime qu’après toutes les fois où il a participé pour ensuite occuper des charges institutionnelles importantes, il ne serait pas très sérieux de sa part de le faire maintenant sachant qu’il devra à la fin y renoncer. Toutefois, tant que Meloni ne prendra pas sa décision, il faudra patienter. Cette dernière serait la seule à avoir un avantage ày aller, fait-on savoir, surtout pour mesurer le poids qu’auront les siens sur le territoire et en évaluer la force. Au sein de Fratelli d’Italia et de Forza Italia, on estime que du moment où sa sœur Arianna se portera très probablement candidate, à la fin Giorgia se désistera. ‘’Avoir deux Meloni comme tête de de liste serait absurde’’ fait-on savoir. »
ARTICLE, Sole 24 Ore, E. Patta « Réforme pour l’élection directe du Président du Conseil : le duel entre Frères d’Italie et Forza Italia conduit à reculer la date limite pour présenter les amendements » : « D’une part l’autonomie différenciée pour la Ligue, d’autre part la réforme pour l’élection directe du Président du Conseil pour Giorgia Meloni : chacun pourra ainsi revendiquer sa réforme-phare aux élections du 9 juin. C’est le chef de groupe de la Ligue au Sénat, Massimiliano Romeo, qui a évoqué un ‘’pacte de majorité’’ (le renforcement des pouvoirs au Président du Conseil doit être rééquilibré par une plus grande autonomie sur le territoire). Or la seule nouvelle concernant la première réforme nous dit que la dernière date utile pour présenter des amendements au décret signé par Mme Casellati, prévue initialement pour le 29 janvier, est repoussée. La date doit encore être décidée. C’était aussi la requête des oppositions afin de mettre au point une contre-proposition basée sur le modèle du système allemand de désignation du Chancelier, qui pourrait également représenter un point de chute entre les positions divergentes de Fdi et de la Ligue. En effet, pendant les auditions sur le décret Casellati, plusieurs points critiques ont été soulevés. A commencer par l’idée de prévoir dans la Constitution une prime de majorité à 55% sans fixer de seuil [minimal pour les candidats] et l’introduction de la figure institutionnelle du Premier ministre adjoint. Ce sont deux sujets fortement voulus par la Ligue. Tel que le texte est conçu à ce stade, seul le vice-président du Conseil aurait le pouvoir de dissoudre les chambres. Or, Meloni soutient toujours la solution ‘’simul stabunt simul cadent’’, à savoir qu’en cas de crise gouvernementale, les élections anticipées seraient inévitables. Mais certains, même au sein de Fdi, expriment des doutes sur une telle rigidité, notamment dans le contexte international actuel. L’ancien président du Sénat Marcello Pera suggère alors un système basé sur le modèle en vigueur au Royaume-Uni : soit le Premier ministre obtient à nouveau la confiance des chambres, soit il décide de les dissoudre. Cette solution pourrait rencontrer les faveurs de la Ligue. »
ARTICLE, La Stampa, I. Lombardo : « Meloni retourne à Kiev pour rassurer Zelensky. Tensions sur le sommet pour la reconstruction » : « Giorgia Meloni se prépare à retourner à Kiev. Un an exactement après son unique voyage dans la capitale ukrainienne. La mission est pour l'instant secrète, mais elle est inscrite à l'agenda du personnel diplomatique. Le voyage devrait se tenir la dernière semaine de février, sur deux jours. Pour des raisons de sécurité, les informations sont limitées et vagues. Une certaine agitation règne toutefois autour de la Présidente du Conseil, qui se rendra officiellement en Ukraine dans le cadre de ses déplacements pour la présidence italienne du G7. Le soutien à Kiev a quelque peu disparu du débat politique italien, et il y moins de ressources et d'armes à envoyer, comme en témoignent les inquiétudes des hauts fonctionnaires du ministère de la Défense. Il y a quelques jours, après la participation de Zelensky au Forum économique mondial de Davos, la présidente de la Confédération suisse, Viola Amherd, a annoncé que celle-ci travaillait à l’organisation d’un sommet pour la paix et la reconstruction de l'Ukraine, qui devrait se tenir d'ici la fin de l'année 2024. Ce serait un coup dur pour Meloni, qui, en août dernier, dans un message vidéo adressé à Zelenksy, avait proposé l'Italie comme lieu de la conférence sur la reconstruction (mais en 2025). La Présidente Meloni comptait sur l'aide du Premier ministre britannique, le conservateur Rishi Sunak, qui, le 12 janvier, rencontrant Zelensky dans la capitale ukrainienne, avait annoncé un nouveau programme d'aides de près de 3 milliards d'euros. Un soutien financier qui, avec les ressources actuelles, est impensable pour l'Italie. Mais Meloni, dans les mois à venir, agira aussi et surtout en tant que président du G7. Les attentes sont fortes et Kiev demande également à Rome davantage de sanctions contre les citoyens russes liés au régime de Poutine. Hier, c'est le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères Antonio Tajani qui s'est voulu rassurant, rejetant les accusations de ceux qui prétendent que l'Italie abandonne l'Ukraine : "Nous ne laisserons pas Zelensky seul". Une promesse qui devient encore plus exigeante en campagne électorale : en effet, le conflit en Ukraine ne réchauffe pas le cœur des électeurs de droite. Et cela, Meloni l'a toujours su.»
ARTICLE, Repubblica, A. Fontanarosa : « Ita-Lufhtansa, l'accord qui ne décolle pas. Pour Bruxelles, la concurrence est en danger » : « Douche froide pour le gouvernement Meloni sur l'alliance entre Lufthansa et Ita Airways. L'Italie, qui s'attendait à un feu vert de la Commission européenne déjà en janvier dernier, devra encore patienter. La Commission, garante d'une concurrence loyale entre les entreprises, décide de lancer une enquête plus approfondie sur l'acquisition de 41 % d'Ita Airways par le géant allemand du transport aérien Lufthansa, et dispose à présent de 90 jours supplémentaires pour se prononcer sur le rachat. Le verdict n'interviendra pas, on le craint, avant le 6 juin 2024. Et jusqu'à cette date, la fragile compagnie italienne, née des cendres d'Alitalia, devra se maintenir par ses propres moyens financiers : elle ne pourra compter ni sur le soutien allemand, ni sur le soutien du gouvernement italien. À la naissance d'Ita, la Commission européenne a elle-même autorisé l'Italie à verser 1 350 millions à la nouvelle compagnie mais, désormais, chaque euro supplémentaire serait considéré comme une aide d'État, et donc illégale. C'est pourquoi le ministère italien de l'économie - qui commercialise Ita - espère une décision définitive de l'Europe avant le mois de juin "pour soutenir le développement d'Ita en vue de la saison estivale". La Commission européenne craint que l'arrivée de Lufthansa dans la capitale italienne ne réduise la concurrence "sur certaines liaisons entre l'Italie, les États-Unis, le Canada, le Japon et l'Inde". Les liaisons entre l'Italie et l'Europe centrale inquiètent également Bruxelles. Plusieurs compagnies aériennes à bas prix empruntant les mêmes itinéraires peuvent compter sur des escales moins pratiques, telles que Charleroi en Belgique et Orio al Serio (Bergame). Un autre point critique est Milan Linate, où Ita Airways pourrait renforcer une "position déjà dominante". Les nombreuses objections de la Commission européenne indiquent une chose précise : en juin 2024 ou avant, tout feu vert de Bruxelles sera lié à des conditions strictes. En d'autres termes, Lufthansa, ainsi que ses filiales, et enfin Ita devront renoncer à toute une série de liaisons pour ne pas écraser les autres transporteurs. En janvier, Lufthansa a tenté de lever les doutes de Bruxelles en se disant prête à réduire certains de ces liaisons. Certains d'obtenir gain de cause, les Allemands promettent, maintenant, un dialogue encore plus serré et constructif avec l'Europe. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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