"L’ombre des arrivées clandestines en 2023 plane sur la réunion consacrée aux flux migratoires."
12/01/2024
Italie. Revue de presse.
La crise au Proche-Orient fait les gros titres de plusieurs quotidiens : « Gaza, le bras-de-fer sur le génocide » (La Repubblica), « Israël à la barre » (Avvenire), « Les navires de l’Europe dans la Mer Rouge » (Stampa), « ONU, un procès aux victimes » (Giornale), « Israël accusé de génocide à La Haye » (Domani). D’autres sujets sont également cités « Elections régionales, aucun accord n’a été trouvé » (Corriere della Sera), « Automobile, la Chine est le leader mondial avec 30 millions de véhicules vendus » (Sole 24 Ore). Enfin, le remaniement gouvernemental en France est cité en Une et dans les pages intérieures de certains quotidiens « Paris, le virage à droite » (La Repubblica), « La France d’Attal rêve d’un renouveau » (La Stampa), « Attal surprend la France et nomme comme ministre son ex-compagnon » (Messaggero).
ARTICLE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « L’ombre des arrivées clandestines en 2023 plane sur la réunion consacrée aux flux migratoires » : « Il était question d’un déjeuner entre les dirigeants de la majorité pour faire le point sur les élections régionales. Or, le Palais Chigi a précisé hier qu’il s’agissait en réalité d’une réunion entre Meloni et les deux vice-présidents du Conseil Tajani (Forza Italia) et Salvini sur le dossier migratoire et que les candidatures n’avaient pas du tout été évoquées. Visiblement, il est encore trop tôt pour aborder le dossier le plus chaud du moment, celui des élections régionales. Mieux vaut se concentrer sur celui des migrants, s’agissant du plus important engagement de Meloni sur lequel elle est en compétition avec son allié Salvini. ‘’Je ne suis pas satisfaite des résultats’’ a-t-elle reconnu lors de la conférence de presse du 4 janvier. Comment la blâmer ? En 2023, première année de son gouvernement, les arrivées ont augmenté malgré des mesures mises en place rapidement. Il y a d’abord eu le décret sur les ONG, considérées comme un facteur d’attraction, puis le décret contre les passeurs après la tragédie de Cutro, et enfin l’accord avec la Tunisie où elle s’était rendue avec Ursula von der Leyen, sans obtenir de succès. L’année dernière, le record des 155 000 arrivées a terni la stratégie mélonienne. C’est ce qui explique l’annonce surprise de l’accord avec Tirana, avec la création de deux centres de détention entièrement aux frais de l’Italie. Le Parlement italien devra ratifier cet accord : le gouvernement veut accélérer sur ce dossier malgré les critiques exprimées par certains juristes. Il est évident qu’elle doit pouvoir mener sa campagne électorale en se targuant d’avoir obtenu des résultats avec les premiers navires de migrants débarquant en Albanie. La candidature de Meloni dépend aussi de cela : seules des solutions fortes pouvant être revendiquées justifieront sa candidature comme tête de liste. Il y a aussi le « Plan Mattei », l’autre dossier majeur de la stratégie Meloni. Lors de la conférence de presse du 4 janvier, elle avait affirmé que son ‘’objectif est de travailler sur l’Afrique’’, or, jusque-là, l’exécutif n’a travaillé que sur la gouvernance. Il faut donc accélérer et c’est ce qu’on a vu lors de la réunion d’hier. La campagne électorale coïncidera avec la saison printanière et estivale et il faudra à tout prix éviter les images de débarquements sur les côtes italiennes. »
ARTICLE, Avvenire, D’Angelo et Marcelli, « L’UE met en garde l’Italie sur l’abolition de l’abus de pouvoir » : « Les polémiques ont fini par arriver jusqu’à Bruxelles. Le porte-parole de la Commission européenne Christian Wigand assure être ‘’au courant’’ de la réforme de la justice italienne sur les délits pouvant concerner l’administration et des changements qui pourraient ‘’dépénaliser d’importantes formes de corruption et avoir un impact sur la capacité d’identifier des cas de corruption’’. L’UE continuera ainsi de ‘’suivre la suite des étapes’’ de la réforme, soulignant que ‘’la lutte contre la corruption est une priorité majeure de la Commission Européenne’’. En Italie, le dirigeant du M5S Giuseppe Conte a alerté sur la possibilité que cette réforme puisse ‘’effacer quelques 3 600 sentences de condamnation’’, tandis que les sénateurs 5 Etoiles de la Commission justice ont évoqué ‘’un démantèlement des normes contre la corruption et les délits des cols blancs notamment avec la réforme sur les écoutes qui demeurent l’obsession de la droite, d’Azione et d’Italia Viva’’. Au sein du PD, malgré la ligne officielle de la direction, certains maires démocrates se sont félicités de ce projet de réforme. C’est la responsable pour les affaires juridique Deborah Serracchiani qui a rappelé les membres de son parti à l’ordre : ‘’l’abrogation de l’abus de pouvoir est une mauvaise réponse à une demande légitime’’. »
ARTICLE, Repubblica, D. Longhin « L'ancienne aciérie Ilva revient à l'État : ‘’Mittal doit se retirer, un divorce consensuel ou la nomination d’un commissaire" » : « L'ère ArcelorMittal dans l'ancienne usine Ilva est terminée. Pour le gouvernement Meloni, il n'y a pas d'autre solution. Le géant franco-indien, qui a remporté l'appel d'offres en 2017, doit quitter Acciaierie d'Italia à Tarente. Au cours des quatre derniers mois, la perspective a changé : d'abord, l'exécutif a essayé de calmer le jeu et de faire en sorte que l'actionnaire majoritaire reste. Aujourd'hui, la seule voie possible est celle de la séparation. Une voie que le ministre des Entreprises, Adolfo Urso, avait déjà indiqué dans la matinée lors d'une réunion au Sénat, en parlant d'"une intervention radicale", de la nécessité de "changer l'équipage à la barre de l'ex-Ilva pour inverser le cours des choses". Urso avait souligné qu'"il n'est plus possible de partager la gouvernance avec ArcelorMittal". Le divorce peut se faire de manière consensuelle, avec une solution partagée par les juristes d'Invitalia et d'ArcelorMittal, qui demande une compensation à l'Etat, d'ici mercredi prochain. Sinon, pour le gouvernement, la rupture aura lieu de toute façon. Dans ce dernier cas, le recours à la gestion extraordinaire et à une tutelle de l’Etat par la nomination d’un commissaire n'est pas à exclure. Une solution, que l'exécutif peut activer à tout moment, mais qui, pour les syndicats, "serait un désastre". Le 18 janvier, les secrétaires des trois syndicats de la métallurgie seront à nouveau réunis au Palais Chigi. C’est une question de stratégie : la volonté de rechercher une solution juridique qui satisfasse tous les acteurs est réelle, et éviterait ainsi le poids de la surcharge judiciaire. "Nous travaillons activement pour tracer le chemin sur l'avenir de l'usine dans un cadre clair et défini qui a comme premier objectif d’assurer la continuité de la production de l'usine", explique le Palais Chigi. L'exécutif a également garanti la protection de l'emploi et la sécurité des travailleurs ; une façon d’attirer également de nouveaux partenaires industriels privés. Le gouvernement, comme l’a affirmé le secrétaire d’Etat Mantovano, a souligné qu'en toute circonstance, l'État apportera l'argent nécessaire pour soutenir les activités de l’ex-Ilva. »
ARTICLE, Il Foglio, D. Carretta « Meloni peut jouer un rôle de médiateur entre l’Union et Orban » : « A Bruxelles comme dans les autres capitales européennes, on s’attend à ce que Meloni puisse intervenir rapidement en utilisant sa proximité politique avec Orban pour pousser ce dernier à lever son véto au paquet d’aides à l’Ukraine. D’après Bloomberg, la présidente du Conseil italien serait en train de travailler en coulisses. Elle aurait offert pour ce faire son accord à l’entrée du parti Fidesz dans le groupe souverainiste des Conservateurs et Réformateurs Européens (ECR) après les élections du 9 juin. C’est la course contre la montre car, en absence d’accord au prochain Conseil Européen du 1er février, Kiev pourrait se retrouver sans argent pour payer les retraites et les salaires. Un ministre impliqué dans les négociations, qui souhaite rester anonyme, nous révèle que ‘’face à Orban, il est utile de miser sur Meloni car plusieurs choses se font en petit format’’. Ce qui se traduit par un dialogue à trois Scholz-Macron-Meloni avant le grand format du Conseil Européen. La Présidente du Conseil ‘’est pleinement engagée et représente un pont avec Orban en raison de son appartenance politique’’, fait-on savoir. Pour sa part, le Premier Ministre hongrois sait qu’il a besoin d’alliés en Europe. Ses relations avec Meloni sont bonnes. Par ailleurs, la Présidente du Conseil a toujours justifié les décisions adoptées par son homologue hongrois, même celles qui se retournaient contre l’Italie, comme le véto qu’il avait opposé aux conclusions sur les migrations lors du Conseil Européen de juin dernier. Avec la perte de son allié polonais le PiS, désormais à l’opposition, et avec un allié tel que le Slovaque Fico – qui n’est pas un poids lourd – Orban a besoin de protection. Pour sa part, Meloni sait qu’elle peut jouer plusieurs cartes avec Orban pour se rendre utile à la cause ukrainienne et pour augmenter son influence dans l’UE. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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