"Salvini annonce ne pas vouloir se porter candidat aux élections européennes, Meloni pourrait le faire."
09/01/2024
Italie. Revue de presse.
Les images d’un rassemblement à Rome de plusieurs centaines de militants d’extrême-droite brandissant le bras droit pour faire le « salut romain » lors d’une commémoration en hommage à des membres du front de la jeunesse du MSI assassinés en 1978 fait les gros titres : « Salut romain, c’est la polémique » (Corriere della Sera), « Le rassemblement brun » (La Repubblica), « les saluts romains » (Stampa). Le sort de l’aciérie de Tarente « Ilva », après le refus d’Arcelor Mittal d’augmenter le capital de l’entreprise, est aussi largement en une : « L’usine Ilva « otage » de Mittal, l’acier redevient public » (Stampa), « Mittal rejette l’offre pour Ilva, la mise sous tutelle de l’usine se rapproche » (Sole 24 Ore, Messaggero). Enfin, la disparition du footballeur allemand Franz Beckenbauer est évoquée avec large couverture photographique en Une.
Sur X l’hashtag #AccaLarentia continue de dominer suite à la polémique qui a suivi les commémorations de l'anniversaire de l'assassinat de militants d’extrême droite en 1978 et au cours de laquelle des centaines de personnes ont fait le salut fasciste.
ARTICLE, Corriere della Sera, de P. Di Caro, « Pour La Russa (Frères d’Italie), ‘’le parti [Fratelli d’Italia] est tout à fait étranger [au rassemblement d’extrême-droite dimanche à Rome et aux saluts fascistes] mais sur le délit d’apologie du fascisme, il y a encore de l’incertitude » : « Ignazio La Russa, président du Sénat de la République italienne et membre de Fratelli d’Italia, dit ne pas vouloir entrer dans les détails de l’affaire du rassemblement d’extrême-droite durant lequel des saluts fascistes ont été filmés dimanche 7 janvier à Rome. Il a lui-même un important passif, ayant appartenu toute sa vie au Mouvement social italien, y compris durant les années très dures du terrorisme et de l’extrémisme, et ayant plus récemment fait l’objet de polémiques, notamment lorsqu’un buste de Mussolini exposé chez lui avait été montré à la télévision. Interrogé par téléphone, il se contente d’affirmer prudemment qu’il est ‘’tout à fait d’accord avec Fabio Rampelli [vice-président de la Chambre des députés et membre de Fratelli d’Italia] lorsqu’il dit que le parti est totalement étranger à l’épisode des saluts fascistes lors de la commémoration des trois jeunes victimes de l’attentat d’Acca Laurentia’’. Ignazio La Russa affirme en outre que dès la naissance de Fratelli d’Italia, les indications données aux dirigeants du parti étaient très claires : ‘’ne pas participer à certaines manifestations ou commémorations, qui finissent inévitablement par être instrumentalisées contre nous’’. Pourtant, sur la question du ‘’salut romain’’ comme geste d’apologie du fascisme constituant donc un délit, le président du Sénat, ‘’en tant qu’avocat plus qu’en tant qu’homme politique’’ voudrait davantage de clarté quant à ‘’la qualification de tels gestes dans le cas de commémorations de personnes défuntes’’, l’incertitude actuelle ‘’n’aidant pas à résoudre le problème ni les polémiques qui ne manquent pas d’éclater à chaque fois’’. Comme pour faire la distinction entre un salut fasciste lors d’une manifestation politique et lors d’un événement privé. La Russa dit ‘’attendre avec intérêt’’ la décision de la Cour de Cassation sur ce point précis et qui ‘’pourrait bien établir qu’un salut romain effectué lors d’une commémoration ne relève pas de l’apologie du fascisme’’. Enfin, le président du Sénat souhaite rappeler que pour beaucoup de victimes des années de plomb et du terrorisme en Italie, justice n’a pas été faite et qu’elles seraient les oubliées de la mémoire : ‘’je ne voudrais pas qu’il y ait des victimes plus importantes que d’autres’’ a dit La Russa. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, « Predappio, Dongo, Salò : l'anomalie italienne des manifestations autorisées » par Paolo Berizzi : « (…) Au nom de quelle "dérogation", de quel principe d'ordre public ou peut-être même de "bien vivre", a-t-on permis pendant des années - nonobstant les gouvernements de différentes tendances politiques, donc sans distinction - que la capitale de l'Italie subisse la honte d'une mascarade noire gonflée des salutations de Mussolini et d'Hitler, mise en scène sous le prétexte de commémorer trois victimes des années de plomb ? Il en va de même à Milan pour le 29 avril en l'honneur de Ramelli : là aussi on a vu les bras tendus et l'appel des "présents". Et puis les processions et les pèlerinages à Predappio et Salò ou à Dongo, où le Duce et ses hiérarques ont été arrêtés. "La manifestation était autorisée". C'est la rengaine que répètent les organisateurs et la préfecture de police. Il n'y a pas de doute. Il en est ainsi depuis des années et personne n'a jamais envisagé que ce n'était pas le cas. Et c'est bien là le problème. Ceux qui, ces derniers jours, se sont rendus au commissariat pour signaler l'aberrante manifestation d'Acca Larentia avant qu'elle ne se produise, affiches à l'appui, se sont vu répondre que : premièrement, "la manifestation est autorisée" et, deuxièmement, "les autorités de la Digos et de la sécurité publique sont informées". L’éloquence des images de ce qui s'est passé à 18 h 20 (heure du double meurtre de Franco Bigonzetti et Francesco Ciavatta, ndlr) en dit long. Pourtant, selon l'article 4 de la loi « Scelba », le crime d'apologie du fascisme est commis par "quiconque exalte publiquement les symboles, les principes, les faits ou les méthodes du fascisme". Il y a donc une anomalie italienne de tolérance à l'égard du néo-fascisme. D’abord par l'ambiguïté des décisions de justice à ce sujet. Certains ont jugé que le salut romain était autorisé s'il était fait « à des fins commémoratives » et « dans des lieux appropriés » (comme les cimetières). Au nom de ces décisions, de nombreux acquittements ont été prononcés. D'autres arrêts ont affirmé le contraire. Quoi qu'il en soit, Acca Larentia est bien une commémoration, mais ce n'est pas un cimetière, c'est une voie publique. Et le cadre néo-fasciste choisi pour commémorer "tous les camarades tombés au combat" n'est pas exactement une expression de sobriété et de silence respectueux. S'il s'agit donc de commémorer, le but est de glorifier les coutumes et les manières du fascisme transmises par le néo-fascisme des années 1970. « La Digos fera un rapport au parquet de Rome", a fait savoir la préfecture de police. Et puis il y a le silence de la politique. Celui de la première ministre Meloni, ou du ministre de l'Intérieur Piantedosi (Indépendant) ».
COMMENTAIRE, La Stampa, M. Sorgi, « Ne pas rétablir, ne pas renier. Almirante docet » : « Le plus rapide à réagir a été Giuseppe Conte (M5S). Mais il a un compte à régler avec Meloni depuis que celle-ci a désigné Schlein comme sa « principale opposante ». Et le PD de son côté l’a laissé faire, conscient que l’antifascisme n’est plus un thème porteur depuis longtemps pour gagner des voix. Mais tout le monde, de Calenda à Schlein, en passant par la gauche radicale ont condamné les images inqualifiables de la commémoration de l’assassinat de Acca Larentia. Elle a réuni beaucoup plus de monde que d’habitude, avec tous ces bras tendus et les cris « présent » en mémoire des extrémistes de droite, victimes de la violence politique de gauche en 1978. Le vice-président Fratelli d’Italia à la chambre parle d’« électrons libres, sans lien avec le parti » tandis que le parti dénonce « l’hypocrisie de la gauche » car ce rassemblement n’a jamais été interdit par le passé. Mais à l’intérieur du parti, l’embarras pour ce qui s’est passé dimanche est évident, quatre jours après l’appel de Meloni aux responsables de son parti à « se montrer exemplaires ». Mais la première réponse a été Acca Larentia. Et même si personne ne pourra vérifier s’il s’agissait de militants de Frères d'Italie (mais le PD a présenté une question parlementaire à Piantedosi (Indépendant)), il n’y a pas eu de condamnation de la part du parti de la première ministre pour ce qui s’est passé. Ce qui confirme que la ligne de Meloni sur les nostalgiques du fascisme reste celle définie par Almirante : « ne pas rétablir, ne pas renier ». La Ligue est restée silencieuse, et le seul qui a souhaité se distinguer a été Tajani, qui n’a pas rappelé par hasard comment lui-même et son parti appartiennent à la mouvance anti-fasciste et que, « dans ce pays, il y a une loi qui empêche de faire l’apologie du fascisme ».
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « Salvini (Ligue) annonce ne pas vouloir se porter candidat aux élections européennes, Meloni pourrait le faire » : « La trêve de Noël a cessé d’un coup avec l’annonce à la télévision par Matteo Salvini qu’il ne souhaite pas être candidat aux élections européennes. Lors de son intervention à l’émission de Mediaset Quarta Repubblica, le chef de la Ligue a fait d’autres déclarations traduisant son irritation sur l’absence d’accord dans la majorité sur les candidats en vue des élections régionales. ‘’j’ignore ce que feront les autres. Pour ma part, je ne me porterai pas candidat, je serai le ministre des infrastructures’’. Salvini espère pouvoir indiquer comme chef de liste pour la Ligue aux européennes le général Roberto Vannacci : ‘’cela me ferait plaisir’’ explique-t-il. Il fait comprendre sa colère à l’encontre de Meloni : ‘’le renvoi de la réforme de la justice est une grosse erreur, tout comme ne pas avoir cherché à adopter un moratoire fiscal’’. C’est une intervention qui prend de court le gouvernement et qui pousse même le général Vannacci à s’exprimer sur son entrée dans l’arène politique. Ce dernier fait savoir qu’il va ‘’y réfléchir, pour le moment [il] reste un militaire’’. Le fait que Salvini se défile révèle sa peur de faire un mauvais score lors des élections européennes : alors que Fratelli d’Italia pourrait compter sur 30% des votes, la Ligue et Forza Italia pourraient obtenir juste un tiers des voix de leur allié. Au point que Renzi a évoqué la possibilité que Forza Italia se fasse ‘’cannibaliser’’ par Frères d'Italie. Le dirigeant de Forza Italia, Tajani, dément ce scénario et déclare que ‘’notre objectif est d’atteindre 10% de voix’’, tout en tentant de convaincre Meloni de résister aux sirènes de la campagne électorale (‘car on risque d’avoir une moindre implication dans l’action du gouvernement’’, dit-il). Ce sont des mots bien choisis par le chef de la diplomatie, qui sait bien que Meloni a peur de se détourner [pour la campagne] du temps essentiel qu’elle doit consacrer à gouverner et donc de risquer d’affaiblir le gouvernement. Les représentants du gouvernement et de Fratelli d’Italia donnent pour acquis la candidature de la Présidente du Conseil, notamment dans les circonscriptions où Elly Schlein sera présente face à cette dernière. Meloni pourrait ainsi consolider son leadership et la force de son parti. Toujours selon l’entourage de Meloni, la campagne ne prévoirait que ‘’peu de meetings et bien ciblés’’ cela afin de ne pas prendre trop de temps dans un semestre bien rempli déjà avec la présidence du G7. ‘’Elle fera sa campagne depuis le Palais Chigi’’, fait savoir un proche. La priorité de la Présidente du Conseil serait à ce stade le « Plan Mattei » pour freiner le phénomène migratoire en vue de la conférence Italie-Afrique prévu à la fin du mois. Entretemps, le dossier des aides militaires à l’Ukraine pourrait alimenter d’autres frictions. Demain, le ministre de la Défense Guido Crosetto devra expliquera à la Chambre le décret de ‘’prolongation de l’autorisation à la cession de moyens, de matériel et d’équipement militaires’’. Les partis devront trouver un accord sur le texte de la résolution, sachant que la Ligue s’oppose à l’idée d’aider Kiev. »
Roberto Vannacci
ENTRETIEN, Messaggero, de Matteo Piantedosi (Indépendant), ministre de l’Intérieur « Les loups solitaires, l’alerte maximale et le plan pour les grandes villes : plus de militaires et plus de contrôles » : « ‘’Nous vivons une conjoncture internationale caractérisée par plusieurs facteurs extraordinaires qui ont provoqué l'année dernière une augmentation des flux de migrants irréguliers, et cela doit être constamment surveillé. L’attention est élevée de la part de notre système de surveillance des frontières. Lors de chaque débarquement, avec la participation de Frontex, une activité attentive pour déceler et identifier est menée, ce qui a conduit à l'arrestation en 2023 de 154 étrangers, principalement des Tunisiens, déjà sous le coup de mesures d'expulsion. 77 étrangers ont été expulsés en 2023 pour des raisons de sécurité nationale liées au risque de radicalisation, dont 27 après le 7 octobre, et 2 en 2024. [..] En Italie, les activités d'enquête ont été intensifiées sur ce front, comme en témoignent les opérations menées ces derniers mois à Milan, Gênes, Brescia et récemment à Padoue. L'échange d'informations entre les organismes de police à l'échelle internationale est constant. Certes, le risque que des loups solitaires agissent ne doit jamais être sous-estimé, comme le montrent les incidents graves survenus récemment en Europe. Il n'y a cependant pas d’alertes spécifiques, mais l'attention doit rester élevée. Depuis un an, nous opérons avec des dispositifs d'intensité particulière dans les gares des principales villes italiennes. À Rome et à Milan, nous avons mené 188 opérations interarmées à fort impact, mobilisant plus de 22 000 membres des forces de police. Nous avons contrôlé plus de 231 000 personnes, dont plus de 100 000 étrangers. 488 personnes ont été arrêtées, 2 447 ont été signalées, et 747 étrangers ont été expulsés. Dans la loi de finances, nous avons prévu de renforcer la présence militaire dans les gares [..]. Au sujet du cas Pozzolo, l’enquête en cours doit être préservée de toute interférence étrangère aux dynamiques procédurales. Concernant la polémique lors de l’évènement consacré au massacre d’Acca Larentia, je comprends l'indignation, car je pense que les valeurs et l'esprit de la commémoration de tragédies aussi graves sont trahis par la répétition de gestes et de symboles représentant une époque ou des situations condamnées par l'histoire. Cela dit, je tiens à souligner que l'ordre public a été maintenu, une fois de plus assuré par la préfecture de Rome et visant, comme toujours, à garantir que chaque manifestation se déroule prioritairement sans incident’’. »
PREMIER PLAN, La Stampa, P. Baroni « Ilva, l'hypothèse d’une nationalisation : il faut trouver 1,5 milliard d'ici mai et obtenir l’accord de l’Europe » : « Il y a eu d’abord une gestion par l'Etat puis une privatisation par ArcelorMittal qui a (malheureusement) duré cinq bonnes années et qui a fait plus de dégâts qu'autre chose. Et finalement un retour à la gestion par l’Etat. Tel est le destin tragique de l'ancienne Ilva, devenue Acciaierie d'Italia, contrôlée à 62 % par le géant franco-indien et à 38 % par le partenaire public Invitalia. Selon le plan présenté en décembre dernier par la directrice générale Lucia Morselli, pour faire face à la gestion actuelle et payer notamment les fournisseurs, l'entreprise aurait besoin de 320 millions d'euros immédiatement, puis d'ici mai d'un autre milliard d'euros pour racheter les usines de l'ancienne Ilva, en redressement judiciaire. À cela, s'ajoutent des milliards d'investissements pour la mise aux normes des usines et la décarbonation des hauts-fourneaux : autant de dépenses auxquelles Arcelor ne veut plus faire face, même en réduisant de moitié sa participation au capital et en devenant actionnaire minoritaire. C’est de là qu'arrive l'impasse qui s'est produite hier au Palais Chigi, avec les négociations qui s’interrompent et la décision du gouvernement de passer à la contre-attaque. Le seul moyen de sortir de l'impasse et d'éviter l'effondrement final de l'ex-Ilva, qui, l'année dernière, malgré la forte reprise du marché, a produit à peine 3 millions de tonnes d'acier par rapport aux 12 millions de tonnes de capacité, est une nouvelle gestion de l’entreprise par l'Etat. L'actionnaire public Invitalia peut l'activer en invoquant le décret de 2023 sur les usines d'intérêt stratégique national. Le gouvernement, qui fera jeudi le point de la situation avec les syndicats, voudrait une intervention à réaliser en peu de temps, notamment parce que la crise de l'ex-Ilva est chaque jour plus aiguë. Une fois que l'État aura repris le contrôle du groupe, ce qui ne le met d'ailleurs pas à l'abri d'un éventuel contentieux avec ArcelorMittal, il faudra assurer à l'usine les ressources et les garanties nécessaires à la poursuite de ses activités, en revenant au schéma des prêts de l’Etat qui ont déjà coûté 3,5 milliards d'euros, sans compter les coûts des aides sociales pour protéger les revenus de milliers de salariés. Ainsi, à nouveau, les négociations avec Bruxelles devront être rouvertes pour définir les prochaines étapes. Cette phase pourrait durer entre six et douze mois. D'ici là, il faudra chercher un nouveau partenaire privé suffisamment solide pour assumer un tel défi, afin de soutenir non seulement la gestion actuelle et les échéances les plus imminentes, mais surtout un programme de décarbonation assez exigeant qui représente à lui seul environ 4,7 milliards, couverts pour moitié par l'État. Le nom le plus coté est celui d'Arvedi, qui avait déjà tenté sans succès de reprendre Ilva en 2017. Aujourd'hui, le groupe basé à Crémone, après avoir racheté Acciai speciali Terni, est devenu le numéro un italien du secteur avec plus de 7,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 6 600 employés et une capacité de production de 6 millions de tonnes. »
ARTICLE, Corriere della Sera, F. Basso « La présidence tournante de l’Union, le MES et la position belge : ‘’l’Italie doit le ratifier’’ » : « La prochaine réunion de l’Eurogroupe est prévue pour lundi prochain. A cette occasion, le ministre Giorgetti (Ligue) devra faire part à ses 19 collègues du vote du Parlement italien contre la ratification du traité de réforme du MES empêchant son entrée en vigueur le 1er janvier. A l’occasion de la conférence de presse de début de la présidence tournante belge, le ministre des finances van Peteghem a fait savoir que ‘’la première option est que l’Italie ratifie le MES, c’est l’hypothèse majoritairement préférable.’’ ‘’J’ai entendu les déclarations de Meloni sur la réouverture du débat sur le « backstop » pour le MES, ce qui me parait bien difficile’’ a-t-il ajouté. Au menu de la présidence belge, on trouvera aussi l’accord à trouver avec le Parlement européen sur la réforme du Pacte de Stabilité, après celui du 20 décembre dernier. ‘’L’objectif est de compléter les négociations d’ici mars afin d’arriver à la ratification finale en avril’’ a fait savoir le ministre belge. Le premier banc d’essai de la présidence belge sera toutefois la révision de moyen terme du budget européen dont dépend aussi le paquet d’aides à hauteur de 50 milliards pour l’Ukraine que le Premier ministre hongrois Orban a bloqué en décembre. Le 1er février se tiendra un Conseil Européen extraordinaire et le Premier ministre belge De Croo a annoncé vouloir ‘’trouver une solution à 27’’, même si l’UE travaille également à une solution à 26. Le mot-clé de la présidence belge est « compromis », y compris pour ce qui concerne le choix du successeur de Charles Michel, qui quittera en avance son poste de Président du Conseil s’il est élu au Parlement européen. Les dirigeants européens visent à éviter que l’intérim soit assuré par le souverainiste Orban. »
COULISSES, La Stampa, d’I. Lombardo, « Draghi rencontre Macron et les commissaires européens ; les tentations européennes autour de l’ancien Président du Conseil » : « Quoi qu’il fasse, quel que soit son agenda, Mario Draghi ne laisse jamais indifférent le monde politique. Des fans aux observateurs les plus critiques, tout le monde est curieux de savoir ce que fera l’ancien Président du Conseil italien et ancien président de la BCE. Pleinement entré dans son rôle de consultant chargé de préparer un rapport sur la compétitivité de l’industrie européenne par Ursula von der Leyen, Draghi a élargi le cercle de ses rencontres : il rencontrera demain à Milan les managers des principales multinationales européennes. Dans la semaine, il devrait se rendre à Bruxelles pour une réunion du collège des commissaires européens et, il y a un mois environ, il a déjeuné avec Emmanuel Macron. Un échange entre deux leaders et amis qui, d’après des sources proches de l’ancien chef de l’exécutif italien, ferait partie d’une série de rencontres menées dans toute l’Europe par Draghi dans le cadre du rapport sur l’état de l’économie réelle de l’Union dont il a été chargé. Il rencontre ainsi des chefs d’Etat et de gouvernement mais aussi des académiciens, des philosophes, des experts en Intelligence artificielle et quiconque peut apporter sa contribution et sa vision pour la construction de ces Etats-Unis d’Europe dont rêve Mario Draghi. Le déjeuner avec Macron, à priori à Paris, relance les rumeurs sur une possible candidature au Conseil européen (jugée plus vraisemblable qu’à la Commission). Draghi maintient qu’il n’est pas intéressé. Pourtant, c’est une candidature politiquement assez neutre, en mesure de mettre d’accord les libéraux de Renew Europe, les socialistes (Parti démocrate italien) et les Populaires (Forza Italia). La rencontre avec les principales entreprises européennes se prête également à une lecture plus politique, organisée par l’European Round Table of Industry qui regroupe une soixantaine de président et PDG en faveur de la compétitivité européenne (Vodafone, Total, Michelin, L’Oréal, BMW, Mercedes, Arcelor Mital qui se dispute en ce moment même avec le gouvernement italien sur les anciennes aciéries de Tarente), Shell, Airbus, AstraZeneca, Nestlé. Les entreprises italiennes présentes seront ENI et CIR. Le commissaire à l’Economie et lui aussi ancien Président du Conseil Italien, Paolo Gentiloni, participera également à la réunion à Bruxelles, ce qui pourra être l’occasion de revenir sur le nouveau Pacte de Stabilité. Giorgia Meloni suit avec une attention particulière l’agenda de Draghi et lors de la conférence de presse de début d’année elle est restée prudente quant à une possible candidature européenne de son prédécesseur. Fratelli d’Italia limite ses commentaires à ce sujet mais on perçoit l’agacement de ne pas pouvoir contrôler cette nomination qui serait plus européenne qu’italienne. Beaucoup d’inconnues demeurent mais, si elle est reconduite à la tête de la Commission, il fait peu de doutes qu’U. von der Leyen préférera avoir à ses côtés, au Conseil européen, Mario Draghi plutôt que Charles Michel. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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