"Giorgia Meloni a demandé à ses collaborateurs de suspendre immédiatement Emanuele Pozzolo."
03/01/2024
Italie. Revue de presse.
Des Unes disparates avec toujours beaucoup de commentaires dans les médias suite à l’ouverture d’une enquête sur l’affaire du député de Fratelli d’Italia, E. Pozzolo, accusé d’avoir blessé accidentellement par arme à feu le gendre du garde du corps du secrétaire d’Etat à la Justice le soir du jour de l’an (Corriere, Stampa). Le « raid d’Israël à Beyrouth » avec la mort du numéro deux du Hamas et les « limites posées par Mattarella au gouvernement sur les autorisations accordées aux vendeurs ambulants », estimées « non conformes aux règles de l’UE » (Repubblica) sont très repris. Enfin, les 70 ans de la Rai sont à l’honneur avec de nombreux témoignages d’animateurs, etc. – « Notre maman Rai » (Stampa).
ARTICLE, Il Messaggero, F. Malfetano « Autorisations pour les vendeurs ambulants, le gouvernement surpris par le Quirinal. La Ligue et Forza Italia veulent défendre la loi à tout prix » : « Ce qui a le plus surpris la droite, sont le ton et le moment choisis par le Quirinal. Le soupir de soulagement que certains, à la tête du gouvernement, avaient eu après le discours du Nouvel An de Sergio Mattarella a, en effet, été balayé par "une lettre que le Président avait manifestement déjà dans sa poche sans que personne ne se doute rien". Au point que l'on raconte qu'un Alfredo Mantovano, le secrétaire d’Etat qui tient le fil des relations avec le Colle pour Giorgia Meloni, est très déçu du manque de coordination qui normalement fonctionne très bien entre le gouvernement et le chef de l’Etat. Si le gouvernement avait été prévenu, il aurait donné l'occasion à ceux qui sont plus conciliants au sujet des diverses récriminations de Mattarella - comme le ministre des Affaires européennes Raffaele Fitto – d’anticiper ceux qui, au contraire, n'ont aucun mal à se lancer dans des déclarations belliqueuses. Et donc d’éviter des communiqués tels que notamment celui de la Ligue, qui a tonné contre "ceux qui, au nom de l'Europe, ont essayé de brader le travail et les sacrifices de milliers d'Italiens". La réaction de Forza Italia a été plus calme : "la règle ne doit pas être modifiée". Une possibilité qu’au contraire n’exclut pas Fratelli d'Italia. Le 16 janvier, la réponse italienne à l'avis d'infraction européenne à ce sujet est attendue. Et l’on sait déjà que juste après, la Commission se tournera vers la Cour de justice de l’UE. Certains estiment que la lettre de Mattarella est une réaction à la non-ratification du MES et le silence de Meloni sur la question sert à marquer sa distance avec la Ligue, mais aussi avec Bruxelles. Une façon comme une autre, raisonne-t-on parmi les stratèges du parti de la Présidente, de '’garder l'équilibre en marchant’' vers les élections européennes de juin. »
COULISSES, P. di Caro, Corriere della Sera, « La présidente du Conseil furieuse : ‘’certains n’ont pas conscience de leur rôle et à cause d’eux nous semblons peu fiables’’ » : « Ils la décrivent comme étant furieuse. Parce que ce qui devait être la consécration d'une année de gouvernement avec des objectifs atteints - de la réduction du coin fiscal aux bons résultats en Europe, avec l'obtention des tranches du Pnrr, une loi de finances passée sans chocs - risque de devenir un champ de mines. Surtout à cause de l'attitude d'un député piémontais qui ne fait certainement pas partie du ‘’cercle restreint’’, mais qui y est lié, via le secrétaire d’Etat Delmastro – organisateur de la malheureuse fête où des coups de feu ont été tirés. Giorgia Meloni a demandé à ses collaborateurs de suspendre immédiatement Emanuele Pozzolo, un ancien de la Ligue passé à Frères d’Italie depuis huit ans : ‘’Cette folie nous nuit !’’. Ses fidèles, Donzelli (Frères d'Italie) et Fazzolari (Frères d'Italie), l'avaient d'abord freinée : attendons d'en savoir plus et ne transformons pas un fait divers en événement politique. Mais la suspension du parti pourrait être imminente et Meloni prendra sa décision d'ici demain, jour où se tiendra sa conférence de presse de fin d'année - reportée à cause de ses ennuyeux problèmes d'otolithes. Celle-ci risque de devenir un tribunal populaire : il faut décider comment traiter l'affaire, sans céder aux diktats de l'opposition mais aussi sans défendre l'indéfendable. Et puis il y a eu le rappel à l’ordre du Quirinal : si son discours de de fin d'année avait été très apprécié, hier Sergio Mattarella a sévèrement posé des limites au gouvernement sur les autorisations pour les vendeurs ambulants et les établissements balnéaires. Pour Meloni, le comportement des siens est un vrai problème : ce n'est pas la première fois qu’elle se plaint de l'attitude de certains élus. ‘’Beaucoup travaillent énormément mais il y a une partie des députés et des sénateurs qui se croient en vacances. Ils n'ont pas du tout compris leur rôle. Et ils font des dégâts, ils nous font passer pour indignes de confiance’’. On dit aussi qu’elle a été très déçue par l'absence de nombreux élus fin décembre lors de la fête d’Atreju. G. Meloni souhaite lancer des projets pour 2024, travailler sur le présidentialisme et l’autonomie, mettre en avant l'importance de la présidence du G7 qui reviendra à l'Italie. Mais elle est bien consciente qu'elle devra s'attaquer à des sujets qui font la une de l'actualité, comme l'affaire Pozzolo. Et il est prévisible qu'elle donnera à ses chefs de groupe des indications très claires : contrôler les députés et les sénateurs, et utiliser le fouet si nécessaire. Ensuite, elle indiquera la ligne à suivre pour savoir qui punir et qui récompenser. Des erreurs aussi graves, dans la perspective des élections européennes, ‘’ne seront plus tolérées’’, promet-elle. »
ENTRETIEN de Ignazio La Russa, Président du Sénat « Il n’y a pas besoin d'un Premier ministre de rechange ; gardons trois sénateurs à vie" », La Stampa, F. Capurso : « " L'objectif de la droite est d'éviter l'instabilité gouvernementale, parce que nous avons besoin d'une durée plus longue des gouvernements, de la législature ; l'autre objectif est le respect de la volonté du peuple, ce qui a souvent fait défaut ces dernières années. Cinq articles, rien de plus". " Les seules prérogatives du chef de l’Etat qui sont réduites, et par la coutume et non par la Constitution, sont celles qu’il a dû exercer ces dernières années, lorsqu'il n'y avait pas de majorité parlementaire. Avec l’élection directe du Premier ministre, il n'y aura plus de majorités incertaines : c'est le peuple qui indiquera le Premier ministre et s'il n'y a pas de majorité, il y aura un nouveau vote. [Sur les sénateurs à vie] "C'est la seule limite réelle aux prérogatives du chef de l’Etat. Mais cette nécessité est liée à la réduction du nombre de parlementaires. Plus le Parlement est petit, plus le nombre de sénateurs à vie est élevé. S'il y avait un amendement qui, au lieu de les supprimer, les réduirait à 2, maximum 3, mais sans le pouvoir de voter sur la confiance ou la non-confiance au gouvernement, je ne m’y opposerais pas." [Sur l’affaire Pozzolo] "Le parti évaluera la situation. Je trouverais cela moins grave si un coup de feu avait été tiré par inadvertance par lui, plutôt que par d'autres personnes à qui il avait donné son arme". [Sur les immigrés] . "Ce ne sont pas les immigrés le problème, mais leur gestion. Les immigrés peuvent être un atout s'ils arrivent légalement et de manière à ce que les flux soient gérables. Meloni a posé le problème pour la première fois dans l'UE et quelque chose est en train de bouger". Q : Meloni se présentera-t-elle aux élections européennes ? Avec quel objectif ? "Si elle le faisait, ce serait normal. Je pense qu'elle a comme premier objectif un bon résultat de la droite. Frères d’Italie compte évidemment rester le premier parti."»
ARTICLE, S. Canettieri, Il Foglio, « Crosetto (Frères d'Italie) inquiet : ‘’notre marine possède seulement 63 missiles”.»
ARTICLE, Repubblica, A.Ziniti : « L’échec de la politique stricte sur les migrants » : « Les 157 652 migrants arrivés en 2023 ne sont pas le seul échec de la politique migratoire du gouvernement Meloni. Tous les objectifs annoncés ont été manqués. À commencer par la fixation du ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi, les Cpr (Centre de rapatriement), considérés comme indispensables pour augmenter les expulsions, sont bloqués à 4 000. Des dix nouveaux centres d'expulsion, dont le gouvernement parle depuis son installation, il n'y a aucune trace. Les 5,4 millions d'euros alloués il y a un an dans la loi de finances pour la construction, l'acquisition, la rénovation de biens destinés aux Cpr sont restés dans les tiroirs. Concernant la possibilité de procédures accélérées pour les migrants provenant de pays surs, évidemment personne n’a versé la caution de 5 000 euros, d'autant plus qu'après les rejets répétés des juges, le ministère de l'Intérieur a en fait renoncé à appliquer ces procédures en attendant que la Cour de cassation se prononce le 30 janvier prochain. Ensuite, aucun accord avec les pays d’origine n’a été établi, la collaboration avec les pays d'origine et de transit, citée à chaque déclaration d'intention par la Présidente du Conseil et les ministres compétents, n'a absolument rien produit. Le président Mattarella a rappelé dans son discours du Nouvel An que " la protection des droits de l'Homme est indispensable pour la République". Mais en 2023, plusieurs jugements de la Cour européenne ont condamné l'Italie pour la détention illégale de mineurs migrants, pour des traitements inhumains et dégradants dans les Cpr et les centres d'accueil. Enfin à propos de la protection des mineurs, le gouvernement a approuvé la norme permettant d'héberger les mineurs de 16 ans et plus avec les adultes, supprimant toutes les garanties et services de protection de leur minorité.”
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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