"Débat autour du Pacte de Stabilité."
06/12/2023
Italie. Revue de presse.
Plusieurs sujets se partagent les Unes : les obsèques de la jeune Giulia Cecchettin, victime de féminicide : « Giulia, maintenant tu es une étoile » (Corriere della Sera), « Faisons du bruit pour ne pas oublier Giulia » (Repubblica), « La force de Giulia » (Messaggero). Le débat autour du Pacte de Stabilité est aussi en une avant la réunion de l’Eurogroupe et de l’Ecofin « Giorgetti (Ligue) : il faut dire non à des engagements impossibles » (Sole), « Pacte, la révolte contre Berlin. L'Italie est tentée de rejeter la proposition et Paris pourrait faire de même » (Giornale). Enfin, les tensions au Parlement autour du salaire minimum sont aussi en Une, alors que l’opposition dénonce une dénaturation du texte par la majorité : « Le coup de Grâce » (Repubblica), « Bagarre sur le salaire minimum » (Corriere, Fatto).
ARTICLE, Corriere della Sera, P. Di Caro , « Le coup de froid entre Tajani (Forza Italia) et la Ligue : Metsola est forte et nous soutiendrons sa candidature » : « Salvini veut que ses alliés renoncent à une nouvelle majorité Ursula et scellent un pacte avec les souverainistes, tout en critiquant Metsola de faire une politique ‘’de combines’’. De son côté, Tajani répète qu’il n’y aura pas d’alliances entre le PPE et les partis comme de Marine Le Pen ou l’AfD. Il soutient même ouvertement la candidature de ‘’son amie Metsola’’ aussi pour la prochaine mandature. On assiste ainsi à un bras-de-fer prolongé, typique d’une campagne électorale. Si la survie du gouvernement n’est pas en jeu, il est vrai que pendant le Conseil des ministres d’hier la tension était palpable entre Tajani et Salvini. Bien qu’assis côte-à-côte en tant que vice-présidents du Conseil, ils ne se sont pas adressé la parole et aucun sujet clivant n’a été évoqué par Meloni ou le reste des ministres. Des témoins affirment que Salvini a passé son temps à jouer avec son portable sans prendre une seule fois la parole et que ‘’les deux se sont ignorés’’. Tajani a pris la parole pour évoquer l’accord avec l’Albanie, qui alimente les inquiétudes car il est désormais présenté sous forme de projet de loi devant être adopté par les Chambres, avec tous les risques que cela engendre. D’autant plus que cet accord, vu initialement comme une bouée de sauvetage pour le gouvernement, se révèle être beaucoup plus onéreux que prévu : 200 millions par an, soit un milliard en 5 ans. L’ambiance n’est pas au beau fixe, dans la perspective de la campagne électorale. Toutefois, une chose est sure : aucun des deux rivaux, Salvini et Tajani, ne renoncera à sa bataille. En rencontrant Metsola pendant sa tournée italienne, Tajani a assuré qu’il n’y avait aucune anomalie sur le fait que les trois partis de majorité appartiennent à trois familles européennes différentes. Il a également souligné que ‘’la combine ne fait pas partie de mon histoire’’. »
LETTRE de Matteo Salvini, vice-président du Conseil et ministre des Transports et des Infrastructures, Corriere della Sera: « Renouveler l'UE, sans idéologie ni veto des partis » : « Cher Directeur, à Florence, des forces se sont rassemblées pour proposer une Europe différente de celle (mal) façonnée par les socialistes. Nous voulons proposer un modèle différent, en promouvant la coopération entre des États égaux en dignité, capables de se mettre d'accord sur certaines questions fondamentales sans compliquer la vie des gouvernements nationaux, surtout s'ils n'apprécient pas l'orientation de la Commission, comme cela s'est produit trop souvent par le passé. C'est un enseignement de Silvio Berlusconi, qui utilisa le Mouvement social italien afin de bloquer le Pci-Pds, aujourd'hui devenu le Pd. Inclure. Et non pas opposer des vetos. Je suis convaincu que la construction européenne n'est pas faite pour multiplier la bureaucratie et s'ouvrir à la viande synthétique, pour faire disparaître à la hâte les moteurs traditionnels et avec eux des millions d'entreprises et d'emplois comme cela arrive chez Volkswagen, ni pour imaginer de nouvelles taxes sur les logements, ou pour se résigner à une immigration incontrôlée. L'Europe est un continent qui est aujourd'hui confronté à de nombreux problèmes, tant internes qu'externes, qui doivent être abordés concrètement et sans idéologie. La droite unie a déjà permis de démanteler certaines mauvaises mesures comme celles sur les emballages. La crise climatique appelle à une transition progressive vers un modèle de développement durable et sobre en carbone, mais sans pénaliser l'économie européenne dans la compétition mondiale. Selon les chiffres de la Commission européenne, la Chine contribue à 29 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l'Europe à 6,7 % et l'Italie à 0,63 %. Est-il vraiment raisonnable de supprimer les moteurs traditionnels à partir de 2035 - comme le souhaite le commissaire de gauche Timmermans - pour s'ouvrir aux voitures électriques (très chères) produites principalement par Pékin ? Je m'inquiète des inégalités sociales et économiques. L'Europe doit promouvoir plus vigoureusement la justice sociale, la participation et la protection de son identité. La déception des jeunes générations, qui se sentent exclues des opportunités et de l'avenir, est l'un des principaux défis des années à venir. Tout cela sans oublier l'immigration et l'extrémisme islamique. Les problèmes sont devant nous, nous ne voulons pas nous en détourner, mais plutôt parler haut et fort à travers l'Europe. Je rappelle que la Ligue a toujours voté en faveur de toutes les mesures de soutien à l'Ukraine et qu'elle a toujours soutenu Israël. Si le nœud du problème est l'opinion sur Poutine, je souligne qu'en Europe, le soi-disant lobbyiste du tsar est l'ancien chancelier socialiste allemand Gerhard Schröder. Je vous le demande, Monsieur le Directeur : pouvons-nous ignorer un parti qui atteint 30 % en France, pouvons-nous snober le premier parti en Hollande, devons-nous radier l'un des partis les plus importants en Autriche, devons-nous supprimer la force qui connaît la croissance la plus rapide en Allemagne ? Faut-il vraiment supprimer des décennies d'histoire politique italienne, la Ligue ayant une tradition solide et appréciée de gouvernement local et national ? Vraiment une partie de la droite européenne préfère s'allier aux socialistes qui défendent les impôts et l'ouverture des frontières en échange de prébendes et de concessions sur la ligne politique ? Pour ces raisons également, la droite doit cultiver l'unité en Europe comme nous l'avons fait (et continuerons de le faire) en Italie. Berlusconi nous l'a appris. Je ne l'oublie pas.»
ARTICLE, Corriere della Sera, de B. Carretto, « Stellantis, l’ultimatum des syndicats ‘’il faut défendre les sites italiens’’ » : « Le ministre des Entreprises et du Made in Italy, Adolfo Urso, et les représentants de Stellantis (au moins les responsables des ressources humains et des relations syndicales pour l’Italie) se rencontreront aujourd’hui à Rome, avec la participation des délégués syndicaux, des régions et de l’association italienne de la filière automobile. La réunion a pour but d’augmenter les niveaux de productivité des sites italiens, consolider les centres de recherches et d’ingénierie, pour investir sur de nouveaux modèles en maintenant les compétences et la force d’emploi. L’échange se veut donc décisif. ‘’Nous sommes déterminés, face au lent et inexorable déclin des usines, à exiger de solides garanties afin de préserver les postes des employés, et ce en nous unissant entre syndicats’’ affirment les deux responsables de la CGIL qui participeront à la rencontre. Les syndicats FIM et CISL ont exprimé les mêmes intentions : ‘’nous attendons des choix et des engagements concrets dans ce secteur stratégique pour notre pays. Le gouvernement doit faire sa part en demandant des garanties spécifiques, en mettant des aides sur la table ainsi que les fonds déjà alloués au secteur’’. Les syndicats divergent sur le choix des sites auxquels venir en aide : pour la FIOM il ne faut pas renforcer le soutien au site de Melfi, où la production ne dépasse pas les 200 000 modèles électriques haute gamme, soit moitié moins que par le passé. L’avenir de Stellantis semble incertain, on ne sait pas quels véhicules électriques sera produits et assemblés en Italie et sur quels sites, ni le nom des modèles prendront la relève. On espère avoir une réponse claire et certaine à l’issue de la réunion d’aujourd’hui. »
ARTICLE, Messaggero, R.Palmi, « Rome fait du bruit contre l’antisémitisme : “La religion ne doit pas être une guerre” » : « Hier soir à Piazza del Popolo, les différentes communautés se sont rassemblées lors d’une manifestation pour dire “non à l’antisémitisme et non au terrorisme”. Victori Fadlun, président de la communauté juive italienne de Rome, Abd al-Ghafur et l’immam Mustafa de Rome ainsi que le monde catholique, étaient tous présents. Les trois grandes religions ont appelé à surmonter les divisions. Victor Fadlun, rappelle “les pierres d’achoppement profanées, ici à Rome, les étoiles de David assimilée aux croix gammées nazies”. L’appel des communautés a été reçu par le gouvernement et les différents partis. Sur le podium, le président du Senat, La Russa (Frères d'Italie) déclare “ Tant qu’il y aura quelqu’un qui refusera l’existence d’Israël, la paix sera impossible”. Pour Salvini, “ c’est la place de la victoire de la démocratie sur la peur”, et pour Tajani “le Hamas est responsable de ce qui est en train de se passer”. Le Ministre de la Justice, Nordio (Frères d'Italie) a déclaré “Nous pensions que tout cela ne se serait jamais reproduit” et Valditara (Ligue) ajoute : “nous sommes tous sémites parce que sans Israël il n’y a pas d’Occident”. La présidente Elly Schlein (Parti Démocrate) a déclaré “ important d’être présent pour contrer toute forme d’antisémitisme”.
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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