"L’accord avec la Tunisie fonctionne, 60.000 départs ont été empêchés."
27/11/2023
Italie. Revue de presse.
La polémique soulevée par le ministre de la Défense Guido Crosetto (Frères d’Italie) évoquant l’existence d’un courant de magistrats voulant nuire au gouvernement Meloni est citée en Une : « Accusations contre la magistrature : c’est la polémique » (Corriere della Sera), « L’association nationale de la magistrature et les oppositions critiquent les propos de Crosetto » (La Repubblica), « Les juges anti-gouvernement deviennent un sujet » (Messaggero), « Crosetto évoque des complots et suscite la polémique avec la magistrature » (Domani), « De quoi le ministre Crosetto a-t-il peur? » (Fatto Quotidiano).
ARTICLE, La Repubblica, « La communauté juive : "Extradez les terroristes de l'attentat de la synagogue". L'appel au gouvernement après l'inclusion dans le registre des suspects de quatre Palestiniens pour l'attentat de 1982.
COMMENTAIRE, La Repubblica, C. Galli « Un complot désolant » : « Après les accusations du ministre Crosetto contre une partie de la magistrature, Il y a toute une série de questions et d’émotions qui se bousculent dans l’esprit de ceux qui croient que nous vivons dans une démocratie. On pourrait se demander les motivations, le timing et si quelqu’un au sein du gouvernement a décidé de déclarer la guerre à la magistrature pour commencer – voire continuer – un démantèlement de l’équilibre des pouvoirs. S’agit-il au contraire d’une défense préventive face à une attaque contre le gouvernement préparée par un noyau de magistrats politisés, décidés à s’en prendre à un système de pouvoir que les oppositions ne parviennent pas à briser ? Cette intimidation de la part d’un ministre – épaulé jusque-là par tout le gouvernemen t– ouvre un nouveau front. Crosetto le fait-il car il se croit intouchable ou bien car il est inquiet de l’ouverture imminente d’une enquête qui viserait un membre du gouvernement ? Ou bien, s’agit-il d’un « faux objectif » car la vraie cible n’est pas atteignable ? Enfin, le gouvernement est-il victime ou joue-t-il les victimes ? Il est légitime aussi de se poser la question de comment pourrait réagir le Chef de l’Etat, qui est aussi président du Conseil Supérieur de la Magistrature. Car, même si l’affaire devait être démontée ou minimisée par le ministre, une telle légèreté ne serait pas acceptable de la part d’une personnalité politique au long cours comme lui, non extrémiste (même s’il est le co-fondateur de Fratelli d’Italia). Quoi qu’il en soit, il s’agit d’une affaire déplorable. Le conflit entre la droite et la magistrature semble être une composante structurelle qui continue même après la disparition de Silvio Berlusconi. Si quelqu’un se réjouit d’un faux pas du gouvernement, il faudra aussi qu’il s’inquiète du fait que la démocratie républicaine est en train de perdre l’une de ses qualités essentielles : la transparence et la rigueur des mœurs institutionnels. Une clarification de l’affaire s’impose. »
ARTICLE, Corriere, V. Picolillo, « Des "notes" attribuées aux juges et aux procureurs - Nordio portera le dossier (contesté par les magistrats) en Conseil des ministres » : « Comme il l'avait annoncé, le ministre de la Justice, Carlo Nordio (Frères d’Italie), est prêt à présenter en Conseil des ministres la réforme du "dossier des magistrats" tant contestée par ces derniers. Une évaluation du travail des juges et des procureurs, que le Conseil Supérieur de la Magistrature devra suivre pour leur avancement de carrière. Il s'agit du décret législatif sur le système judiciaire, prévu par la réforme Cartabia. Les "bulletins de notes" des magistrats ne contiendraient pas seulement les jugements des chefs de bureaux judiciaires et les statistiques, mais aussi le résultat des demandes ou des mesures prises à différents stades du procès. C'est l'un des points les plus contestés par l'ANM, car il pourrait pousser les magistrats à rechercher un résultat facile plus que la vérité. Le texte prévoit des jugements tous les quatre ans en fonction des performances : excellentes, bonnes, insuffisantes, négatives. Dans ce dernier cas, le magistrat sera réévalué au bout d'un an. Pour les insuffisances, les sanctions vont de l'obligation de suivre "un stage de formation professionnelle" (comme pour les points du permis de conduire), à l'affectation du magistrat "à une fonction différente" dans le même bureau, en passant par l'exclusion des postes de direction "jusqu'à la prochaine évaluation". Et dans l'attente de la prochaine évaluation, après deux ans, la perte du "droit à l'augmentation périodique du traitement". Le magistrat qui recevra une nouvelle évaluation négative sera "libéré de ses fonctions". Le décret législatif marque le retour du ministre Nordio à son image de garant qui est restée, selon ses détracteurs, quelque peu ternie par les mesures récentes telles que le décret sécurité. »
ENTRETIEN, La Stampa, d’Adolfo Urso (Frères d’Italie), ministre des Entreprises et du Made in Italy, « L’industrie du futur passe par [le domaine spatial], l’homme doit retourner sur la lune. »
ENTRETIEN, Quotidiano Nazionale, Antonio Tajani, vice-président du Conseil, coordinateur de Forza Italia et ministre des Affaires étrangères, « L’objectif est d’accélérer sur toutes nos réformes » : « A mon sens, les trois réformes de la justice, de la loi électorale et de l’autonomie différenciée des régions vont de pair. La réforme de la justice, qui ne porte pas seulement sur la séparation des carrières mais qui est aussi une réforme de la justice civile, est vraiment urgente, ne serait-ce que pour le coût des procédures qui s’éternisent (et représentent un manque à gagner de 2 à 3% du PIB). Une justice juste et rapide permet en outre d’attirer des investissements. Nous devons accélérer, c’est le sens des propos de Crosetto, et dissiper tous les doutes et soupçons. Pour notre part, nous travaillons pour un centre-droit pro-européen avec une coalition des libéraux, des conservateurs et des populaires, mais les alliances européennes ne font pas partie du programme du gouvernement et les partis du gouvernement Meloni n’appartiennent pas aux mêmes familles. En Italie, nous travaillons bien avec la Ligue mais nous n’envisageons pas de faire de même en Europe avec des partis comme celui de Geert Wilders ou Marine Le Pen car les distances sont trop grandes. Pour compter en Europe, l’Italie a besoin du PPE et donc que Forza Italia soit fort. Les récents sondages confirment notre montée dans les intentions de vote. Nous rassemblons et les adhésions augmentent dans toute l’Italie, dans tous les secteurs, la société civile contribue aux programmes et aux nouvelles idées, alimentant le débat pour l’avenir de l’Italie. L’objectif est de convaincre les abstentionnistes et d’élargir vers le centre l’aire du centre-droit. Sur la Loi de Finances, nous voulons défendre le droit au logement et maintenir les aides sur l’achat du premier logement, travailler sur les retraites des médecins et infirmiers et de certaines catégories de fonctionnaires, réduire la pression fiscale, soutenir le secteur de l’édition. Concernant le Pacte de stabilité nous estimons que certaines dépenses liées à des décisions européennes, comme sur la transition écologique et la guerre en Ukraine, que nous approuvons, devraient être exclues du calcul. Nous aurons l’occasion d’en discuter et d’autres pays sont avec nous, comme la France, car le Pacte ne doit pas porter seulement sur la stabilité mais aussi sur la croissance. »
SONDAGES, La Stampa, d’A. Ghisleri, « L’Italie qui ignore les féminicides, pour 1 personne sur 4 l’urgence n’existe pas » : « Pour 35,8% des Italiens les féminicides sont un problème lié à la dégradation de la société et de ses valeurs, et ce notamment pour 40% des hommes et même 43,6% des hommes âgés de 45 à 64 ans. En revanche, pour 30,2% des interrogés, il s’agit d’un phénomène culturel et étroitement lié au contexte familial. Un jeune homme sur deux (18-24 ans) partage cette idée. Pour 22,3% des femmes et 25,6% des 18-24 ans, le problème est aussi qu’il n’est pas certain que les coupables soient punis et que souvent les condamnations sont trop légères ou faciles à contourner. 81% des femmes estiment que les féminicides sont une véritable urgence alors qu’un homme sur quatre y voit « simplement » un sujet sur lequel on insiste beaucoup. Une résistance à reconnaître le problème que l’on retrouve également chez les jeunes (32,9%). La condamnation des féminicides est la plus forte en Sicile selon ce sondage (84%), où l’on appelle tout particulièrement à éduquer la société et inculquer le respect et la non-violence. Suite aux violences subies puis au meurtre de la jeune Giulia Cecchettin, 1 femme sur 4 explique la vague d’émotion qui a touché le pays tout entier par le fait que l’on ne trouve pas de solution efficace pour faire face à ce phénomène. Si ces crimes relèvent de la responsabilité individuelle de ceux qui le commettent pour 46,7% des interrogés, 40,2% des femmes (contre 22% des hommes) est convaincu que la culture sexiste et patriarcale construite durant des siècles d’histoire est à la base de tels actes. Du reste, la moitié de la population (49,1%) est convaincue que la jalousie vis-à-vis de son partenaire est une preuve d’amour, et c’est plus particulièrement l’avis de 60% des hommes interrogés et de 73,1% des 18-24 ans. Les femmes ont la capacité de se rassembler et de dénoncer ces violences de toutes leurs forces comme on l’a vu ces derniers jours mais la fréquence de ces homicides continue à nous faire nous sentir impuissantes. »
ARTICLE, Repubblica Roma, L. D’Albergo : « Compte à rebours pour l’expo. Gualtieri va seul à Paris et Riyad prépare la fête » : « Derniers appels téléphoniques pour faire le point sur le défi lancé par Rome à Riyad en Arabie Saoudite et à Busan en Corée, puis le départ. Sachant que demain, les routes des protagonistes de l'Expo 2030 ne mèneront pas toutes à Paris. En France, invité par le Bureau international des Expositions, il y aura le maire Roberto Gualtieri. Seul. Giorgia Meloni restera à Rome. La Présidente du Conseil rencontrera Francesco Rocca, gouverneur du Latium de Fratelli d'Italia, cet après-midi. Puis au Bie, sauf changement de dernière minute, sera envoyée la secrétaire d’Etat aux affaires étrangères de Forza Italia, Maria Tripodi. Victime de l'isolement généré par le désengagement de la droite et du risque d'être désignée comme seul responsable de l'échec en cas de défaite, la commune de Rome fait profil bas. Mieux vaut - pour l'instant - se concentrer sur le vote : il y a 182 voix disponibles, mais il est impossible de faire des pronostics. Seule certitude : à Riyad, où la superstition n'a manifestement pas droit de cité, les princes saoudiens ont déjà préparé les feux d'artifice pour fêter la victoire. Le projet présenté au Bie par Rome est axé sur la durabilité, sur une idée de communauté. Riyad mise de son côté sur un portefeuille virtuellement illimité, tandis que Busan a aligné les grands noms de la technologie, de Samsung à Lg. Bref, chacun a fait campagne à sa manière. Mais venons-en aux certitudes : Rome peut compter sur les voix des Etats-Unis, du Brésil, de la Slovénie, d'Haïti et de bon nombre de pays africains. Elle a également recueilli le soutien de l'Union européenne. Mais pas de la France, qui est liée à Riyad. Du moins au premier tour. Lors du second tour, qui est le vrai objectif que Rome veut atteindre, tout peut changer. Au Palazzo Senatorio, on espère aussi voir partir au moins un ministre pour Paris. Pour avoir un dernier signe de soutien du gouvernement Meloni. Aujourd'hui, le compte à rebours commence officiellement. »
ENTRETIEN, Domani, dimanche 26.11.2023, de Matteo Piantedosi (Indépendant), ministre de l’Intérieur : (extrait) « L’accord avec la Tunisie fonctionne, 60.000 départs ont été empêchés » : « Ce que Meloni porte, ce ne sont pas des slogans de campagne, mais des accords internationaux similaires à tant d’autres conclus par le passé. Il s’agit de projets qui sont à un stade avancé de réalisation, comme dans le cas du mémorandum avec la Tunisie. Et comme l’a dit aussi Tajani, nous pouvons apporter des preuves documentées que rien n’a été fait à notre insu. Je viens juste de sortir d’une rencontre trilatérale avec mon collègue libyen et tunisien et l’un des thèmes centraux a été la mise en œuvre de la coopération. Je rappelle par ailleurs que le mémorandum a été signé en présence d’Ursula von der Leyen et de Mark Rutte. [Q :Mais Saied a remis en cause l’accord après l’avoir signé]. C’est faux. Il y a souscrit, et je le répète, nous avons de très bonnes relations de coopération. Aujourd’hui nous avons par exemple parlé de la réalisation d’un des points de l’accord : les renvois volontaires assistés par la Tunisie. La Tunisie, comme la Libye, pense qu’elle a un point commun avec l’Italie : le fait d’être un pays de transit. Un pays qui en quelque sorte subit le phénomène migratoire. Le MoU Europe-Tunisie veut être un cadre plus large pour une collaboration qui a pour objectif d’éliminer ces facteurs qui alimentent les crises socio-économiques, lesquelles sont souvent les causes du phénomène migratoire. Alors je vous rassure : je participe activement aux travaux, avec beaucoup de satisfaction. (..) Depuis le début de l’année, la Tunisie a réussi à empêcher le départ d’au moins 60.000 personnes, et ce malgré toutes les difficultés que le pays rencontre. Je suis témoin du fait qu’il y e un grand engagement et, malgré ce qu’on dit, [la Tunisie] prend en compte aussi la protection des vies humaines. Donc je ne crois pas qu’il n’y ait pas de signes tangibles des résultats atteints. Les départs sont toujours nombreux, mais, croisons les doigts, il pourrait s’agir du deuxième mois d’affilée où nous assistons à un léger fléchissement par rapport à la même période l’an passé ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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