"Meloni-Scholz, entre sourires et désaccords sur le Pacte de Stabilité."
23/11/2023
Italie. Revue de presse.
ARTICLE, La Repubblica, de T. Ciriaco, « Meloni-Scholz, entre sourires et désaccords sur le Pacte de Stabilité, sans oublier la question des investissements » : « Giorgia Meloni exagère peut-être lorsqu’elle parle de ‘’moment historique’’ mais cette bilatérale italo-allemande est un pas important dans les relations avec l’Allemagne. Mais lorsque la question la plus délicate est évoquée, celle du Pacte de Stabilité, elle fait face au mur de rigueur d’Olaf Scholz. Les deux dirigeants négocient, à huis clos, avec des positions et des objectifs différents. Du reste, Berlin doit d’abord sceller un accord avec Paris et après seulement elle pourra considérer les requêtes de l’Italie. L’enjeu est important pour le gouvernement de droite. En tête-à-tête avec Scholz, Meloni explique qu’elle ne peut pas accepter un Pacte qui n’offre pas de garanties sur les investissements, notamment en matière d’environnement et de numérique, en les comptabilisant séparément pour le calcul du déficit. Cette idée ne plait pas à Berlin et pourtant, ils négocient. Sur le rachat d’ITA par Lufthansa, Meloni dit qu’elle enverra la notification à Bruxelles la semaine prochaine en espérant une ‘’réponse immédiate’’. Giorgetti (Ligue), quant à lui, reçu par le ministre de l’Economie allemand, fait preuve d’optimisme suite à la position ‘’pas trop dure’’ exprimée publiquement par Scholz qui, peut-être par hospitalité, ne pousse pas trop du côté de la rigueur : ‘’une solution n’a jamais été aussi proche, […] nous ne pouvons contraindre aucun pays à un programme d’austérité’’. Paradoxalement, c’est plutôt Meloni qui maintient le niveau des demandes élevé. Les lenteurs sur certains dossiers finissent par apparaitre. Elle demande aussi des paramètres moins stricts sur le déficit (fixé à ce jour à 5,3%, bien au-delà des traditionnels 3%) et sur la dette, ‘’tout est lié, je ne peux pas faire de prévisions sur le rééquilibrage de la dette si je n’ai pas de visibilité sur les investissements’’ admet Meloni. Les règles encore plus strictes que par le passé, bien qu’avec des échéances étalées sur plusieurs années, sont une véritable hypothèque sur l’avenir, qui pèserait également sur les prochaines Lois de finances. Un cauchemar pour la Présidence du Conseil. La leader attend donc de voir ce qu’elle réussira à obtenir de Macron et Scholz. Le Président français aussi s’inquiète de la question du déficit et fait pression sur l’allié allemand. Une aide inespérée (et involontaire) en faveur de la cause italienne ne pourrait-elle pas venir de Paris ? »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco, « Un réalisme contraint qui déstabilise les oppositions » : « Le ‘’Plan d’action’’ signé hier à Berlin par Giorgia Meloni et Olaf Scholz doit permettre à chacun de ces derniers de se renforcer. Pour la Présidente du Conseil italienne, c’est un appui important aux yeux de l’Europe et d’une Allemagne sceptique quant à la capacité de notre pays à rééquilibrer une lourde dette. Pour le chancelier allemand, il s’agit d’un message adressé à une opinion publique inquiète, montrant qu’il peut induire l’Italie à collaborer et au respect des engagements pris avec Bruxelles. Nous verrons comment se développera cette collaboration, imposée par l’intégration très étroite et réciproque des deux économies, par une politique étrangère conditionnée par la guerre en Ukraine, du besoin de l’Italie de limiter le narratif souverainiste en se raccrochant au pays moteur de l’UE. Pendant ce temps, hier, le Mouvement 5 Etoiles présentait sa contre-Loi de Finances. Le débat sur la LDF 2024 est parcouru par les tensions internes à la coalition de droite et les mesures proposées déçoivent au moins ceux qui avaient cru en leurs promesses électorales. L’interdiction d’amendements de la part de la majorité a irrité les alliés, au point que les trois amendements-surprise de la Ligue avant un rapide retrait ont été interprétés par certains comme un message de mécontentement. Mais finalement, la contre-proposition démagogue des 5 Etoiles a fait apparaitre comme un moindre mal les mesures du gouvernement face au risque de dérapage budgétaire (réduction du temps de travail, parité salariale, embauche de fonctionnaires de police et de justice… mais avec quel argent ?). Et, naturellement, rétablissement du revenu de citoyenneté. Une pluie d’argent pour tous, sans se soucier des retombées sur la tenue des finances publiques. Ce n’est pas probablement pas cela qui mettra en difficultés un gouvernement dont un ministre (Lollobrigida à l’agriculture) a imposé un arrêt extraordinaire à un train pour se rendre à une manifestation. Tout au plus cela fera réfléchir le Parti démocrate qui songe à s’allier au M5S. »
ARTICLE, Il Sole 24 Ore, Sa. D. : « Règlement sur les emballages, la balle est maintenant dans le camp des gouvernements et du Conseil européen » : « "Il s'agit d'un résultat important pour l'Italie, car il fournit au gouvernement, en vue du conseil européen de décembre, un texte positif, conforme aux positions déjà défendues par l'exécutif, qui devra maintenant trouver appuis en Europe : il y a des marges pour d'autres améliorations". C'est ainsi que Carlo Fidanza, chef de la délégation de Fratelli d'Italia au Parlement européen, commente le vote d'hier sur le règlement relatif aux emballages (Ppwr). Un résultat dont l'eurodéputé se dit satisfait, même si, avec ses autres collègues de Fratelli d'Italia et de la Ligue (qui font partie des groupes Ecr et Id), il a voté contre le texte final amendé, approuvé au contraire par le PPE (avec un groupe qui s'est abstenu), S&d et Renew, et les Verts. "Nous avons joué un rôle de premier plan en déposant et en votant unanimement pour les amendements améliorés, mais pour nous, ce règlement reste une erreur. Il aurait été préférable de l'abroger complètement. Toutefois, nous nous sommes efforcés de limiter les dégâts et les positions idéologiques qui pénalisaient nos entreprises. Le vrai paradoxe de ce règlement est qu'il pénalisait la chaîne de recyclage. Une grande transversalité a été créée. Des associations de consommateurs aux coopératives, des entrepreneurs aux syndicats et aux travailleurs, tous se sont associés à cette bataille. Pour une fois, le Pd a fait sa part, il doit maintenant convaincre les socialistes au gouvernement en Espagne de ne pas insister sur des "attitudes idéologiques". »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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