"En octobre, moins d'arrivées ont eu lieu en Italie, c’est maintenant l’Espagne qui subit la pression."
03/11/2023
Italie. Revue de presse.
Les frappes et combats dans la ville de Gaza font les gros titres, de même que la visite du Secrétaire d’Etat américain A. Blinken à Tel Aviv : « Attaques à Gaza, Biden pousse à la retenue » (Corriere della Sera), « Gaza, la pression américaine pour une trêve » (Il Messaggero), « Le siège de la ville de Gaza » (La Repubblica, Avvenire), « Israël encercle le Hamas, la bataille se déplace vers la ville de Gaza » (Stampa). Les suites du canular téléphonique de deux Russes s’étant fait passer pour le président de la commission de l’UA dans une conversation avec Giorgia Meloni sont encore citées en une de plusieurs quotidiens : « Meloni et le silence qui a duré 44 jours » (Fatto Quotidiano), « Le canular russe dévoile des failles dans la sécurité » (La Repubblica), « L’embarras au sein du gouvernement, Tajani (Forza Italia) critique la « légèreté » du Palais Chigi » (Domani).
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « Étoiles de David et tags antisémites : le ministère de l’intérieur fait part de son inquiétude » : « L’Italie est aussi victime d’actes antisémites depuis le début du conflit à Gaza. On craint une escalade liée aux manifestations pro-palestiniennes, mais aussi “des agressions d’une autre nature, qui convergeraient vers un antisémitisme (...) que nous surveillons, contrôlons et qui nous inquiète” comme l’a déclaré Matteo Piantedosi (Indépendant), ministre de l’Intérieur. À Milan, le ministre des transports Salvini a été pris pour cible dans un tag (“Salvini doit mourir”), signé par un « baby gang » – en l’occurrence des bandes de mineurs issus de la 3ème ou 4ème génération d’immigrés. Le leader de la Ligue a répété que la manifestation prévue demain à Milan avait pour but de “défendre les valeurs de l’Occident et censurer toute forme de violence et d’antisémitisme”. Le climat est inquiétant et le Ministère de l’intérieur doit se concentrer non seulement sur la menace que représente le Hamas mais aussi les loups solitaires et les actes spontanés de terrorisme. La vigilance a été renforcée pour protéger la communauté juive d’Italie, que l’on cherche à intimider à travers la dégradation des pavés mémoriels, l’arrachage des affiches représentant les otages israéliens du Hamas sur la façade du mémorial de la Shoah de Bologne, les nombreux tags néonazis et antisémites à Milan, les étoiles de David sur des immeubles où habitaient des copropriétaires de confession juive – comme en France. Hier, de nouveaux tags antisémites sont apparus à Besançon, et à Paris la police a arrêté un couple de Moldaves qui ont dessiné une étoile de David sur la façade d’un immeuble les jours précédents. “Nous avons agi sur instruction d’une autre personne, qui se trouve en Russie”, a expliqué le couple. En Italie, l’Observatoire de l’antisémitisme a relevé 71 épisodes de “violences concrète” - et non plus seulement sur internet – depuis le 8 octobre. »
Matteo Piantedosi
ARTICLE, La Repubblica, « Le canular téléphonique qui a piégé Meloni conduit l'affaire au Parlement. Et Tajani (Forza Italia) attaque : "Une affaire traitée avec trop de légèreté" par Tommaso Ciriaco, Emanuele Lauria : « L'affaire de l'appel téléphonique de Giorgia Meloni avec les deux humoristes russes finira au Parlement déjà dans les prochains jours. Les chefs des groupes d'opposition se sont consultés et ont décidé de demander à Giorgia Meloni de s’expliquer à la Chambre sur l'affaire de la "farce" téléphonique, qui a été si réussie qu'elle a montré d'énormes failles dans le mécanisme de sécurité de Chigi. Elle devra s’expliquer sur la perméabilité du système italien aux pénétrations russes, et sur les détails d'une affaire qui est restée dans l'ombre pendant 44 jours. L'audition au Parlement précédera celle du Copasir. Certes, des explications publiques semblent d'autant plus nécessaires après la révélation d'Alfredo Mantovano (Indépendant, autrefois Alliance nationale), sous-secrétaire du Premier ministre et délégué aux services, selon lequel "la Première ministre s’est aperçue tout de suite [du piège]". Mais si elle s’en est doutée immédiatement, pourquoi n'a-t-on pas décidé alors de confier l'enquête aux services, en se contentant de demander au corps diplomatique de la rassurer ? Hier, Meloni a choisi la stratégie du silence. « Plus ils nous attaquent, plus nous devenons forts", écrit-elle seulement sur les réseaux sociaux. Pas de quoi calmer l’opposition. Giuseppe Conte déclare : "Quand fournirez-vous les explications nécessaires au pays ? Devons-nous attendre les prochaines 'notes' de Giorgia ou pouvons-nous croire qu'elle viendra répondre au Parlement ? ». Si Meloni refusait de s’expliquer devant le parlement, le Copasir pourrait être enclin à la convoquer, ou alors de demander au responsable de l’autorité déléguée aux services, Mantovano, voire au diplomate Talò, de s’expliquer. Hier, la gestion de cet appel téléphonique a été critiquée par les ministres Tajani ("Il y a eu de la légèreté de la part de ceux qui ont organisé l'appel téléphonique et cela ne doit pas se reproduire") et Guido Crosetto (Frères d’Italie) ("Quelqu'un a commis une énorme erreur. La Première ministre est victime de cette erreur"). Les questions soulevées par cette "erreur" restent toutefois sans réponse officielle. »
Le canular téléphonique :
https://twitter.com/LastQMan/status/1719722062472692204
EN COULISSES, Corriere della Sera, « La somme des erreurs en cinq dates : voilà comment le coup de fil a fini par avoir lieu » par Marco Galluzzo : « Il y a au moins cinq dates clés dans l'histoire de l'appel téléphonique des deux journalistes russes qui ont trompé Giorgia Meloni. La première date remonte à sept mois, en février de cette année : une lettre qui part du Palais Chigi, ce qui semble aujourd'hui un paradoxe, et qui parvient à tous les ministres du gouvernement. Signée par le sous-secrétaire à la présidence du Conseil, Alfredo Mantovano, qui supervise également nos services de renseignement, elle avertit explicitement sur les risques d’être contacté par des personnes suspectes, russes et recourant à de fausses identités. Autre date, le 14 avril, où Meloni rencontre Moussa Faki au cours de son déplacement à Addis-Abeba le 14 avril. Lorsque le bureau du Palais Chigi lui transmet l’appel, elle pense, au moins dans les premières minutes, qu'elle parle à quelqu'un qui l'a reçue dans son bureau. Cela aussi semble paradoxal, mais c'est une réalité. Et puis il y a le 15 ou le 16 septembre. Premier contact entre les Russes et le personnel du gouvernement. Les sources italiennes ont dit qu'il s'agissait d'un e-mail, les deux journalistes hier dans une interview avec Fanpage n'ont fourni que deux détails : le contact était téléphonique et il n'était pas avec le conseiller diplomatique Francesco Talò. Mais comment les croire ? En tout cas, il s'est écoulé au moins 48 heures entre le premier contact et l'appel téléphonique trompeur : courriel ou pas, les services diplomatiques du Palais Chigi ont eu le temps de vérifier l'identité de la personne qui demandait une interview avec le premier ministre. Normalement, le protocole veut qu'une garantie passe par un passage avec notre ambassadeur de référence : nous avons été parmi les premiers dans l'UE, en 2018, à en nommer un, Alberto Bertoni, à l'Union africaine. Meloni l'a même rencontré, c'est lui qui l'a accompagnée chez Moussa Faki, le vrai, en avril. Mais personne ne l'appelle apparemment, et s'il le fait de toute façon, le contrôle n'est pas effectif. La quatrième date est celle où Meloni parle le 18 septembre avec celui qu’elle croit être Moussa Faki. Elle se rend compte qu'il se passe quelque chose d'étrange et elle interroge son bureau. À son retour de New York, dans les jours qui suivent, Mme Meloni recherche elle-même, apparemment de sa propre initiative, sur Internet, un discours public de Moussa Faki dans lequel on peut entendre la voix de l'homme politique africain. La vérification est personnelle et confirme le soupçon : il y a quelque chose qui ne colle pas. À ce stade, la première ministre demande à nouveau une vérification à son bureau diplomatique : sommes-nous sûrs d'avoir parlé à la bonne personne ? Mais même dans ce cas, nous disent des sources proches du chef du gouvernement, la vérification n'a pas de suite, car Meloni est rassurée. Et puis la cinquième date, il y a deux jours. L'audio est mis en ligne sur un site canadien. La réaction du Premier ministre n'est pas des plus douces ; son conseiller diplomatique, Francesco Talò, ancien ambassadeur auprès de l'OTAN, est contraint de s'excuser publiquement. On cherche à comprendre qui, et surtout comment, s'est trompé. Mais finalement, le chef de l'OTAN, Jens Stoltenberg, à la tête d'une structure qui ne manque pas de filtres de sécurité, est lui aussi tombé dans le panneau. »
ENTRETIEN, La Stampa, d’Adolfo Urso (Frères d’Italie), ministre de l’Industrie et du Made in Italy « L’inflation pourrait monter à nouveau. Il faut réguler l’intelligence artificielle » : « Sans outils de régulation, l'IA risque de constituer une menace. Mais pour encadrer ce phénomène, un effort global similaire à celui réalisé pour le climat est nécessaire. Avant les pays membres de l’UE, le premier pas doit être fait avec le « AI act » sur lequel il existe encore des divergences entre la Commission, les Etats et le Parlement. J'espère qu'elles seront réglées d'ici la fin de l'année. Dans la loi de finances, nous devons d'une part encourager le développement et le transfert de technologie des entreprises, pour lesquels une fondation avec des fonctions de recherche sera créée à Turin. L'important est que l'effort soit coordonné au moins au niveau du G7, sinon les réglementations ne seront qu'un frein pour nous, Européens, qui sommes en retard par rapport à la Chine et aux États-Unis. Nous avons besoin de critères réglementaires uniformes : ce sera l'objectif de notre présidence du G7 en 2024. En ce qui concerne l'aide aux entreprises, la refonte du programme « Repower Eu » devrait rapporter huit milliards d'euros à mon ministère. J'ai déposé quatre projets pour financer la rénovation des machines avec la « transition 5.0 », la production de technologies vertes et l'auto-consommation des entreprises qui choisiront d'installer des panneaux solaires sur le toit de leurs entrepôts. D'ici la fin du mois, j'espère avoir des réponses de la Commission européenne, et ainsi utiliser les ressources en 2024. Concernant l'inflation, il y a certes un effet statistique, mais la baisse a été plus forte que dans d'autres pays européens. Je revendique le fait que ce mois-ci, nous sommes pour la première fois en dessous du taux d'inflation de la France, de l'Espagne et de l'Allemagne, et même de la moyenne de l'UE. Il y a des facteurs cycliques, mais le gouvernement a fait sa part. L'ère de la concurrence entre les pays de l'UE est révolue. Autrefois, il y avait le couple franco-allemand. Aujourd'hui, je passe des journées entières avec mes collègues à Paris et à Berlin. Nous essayons de définir une politique industrielle commune. Quand on sait à quel point le monde est compliqué, avec la guerre à nos frontières et le défi titanesque que représentent les investissements de la Chine et des États-Unis, il n'y a pas de quoi se réjouir. Notre avenir est en danger. Enfin, sur l'affaire du canular téléphonique russe, la première chose qui apparaît, c'est la constance de Giorgia Meloni dans les positions qu'elle exprime avec tous ses interlocuteurs, dans les réunions publiques ou confidentielles. C'est pourquoi le piège a échoué. Il est certain que les modes d'action de ces acteurs semblent correspondre à l'orientation de la désinformation russe". »
Adolfo Urso
ARTICLE, Sole 24 Ore, B. Fiammeri « Intelligence artificielle, la position de l’Italie » : « Meloni avait déjà lancé cet avertissement lors du G20 à New Delhi. Un "cadre réglementaire adéquat" est nécessaire, si l’on veut éviter des "risques énormes" qui pourraient découler du fait de considérer les applications d'intelligence artificielle comme des "zones libres sans règles", a réaffirmé hier Giorgia Meloni, lors du sommet sur la sécurité de l'IA qui s'est tenu à Bletchley Park. Dans quelques mois, la Présidente du Conseil sera à la tête du G7 et l'un des thèmes au centre de la présidence italienne sera la régulation de l'intelligence artificielle. ‘’Rome, a-t-elle annoncé, accueillera une conférence internationale sur l'intelligence artificielle et l’emploi, afin de garantir que l'IA aide et ne remplace pas ceux qui travaillent, mais améliore au contraire leurs conditions et leurs perspectives". Il ne s'agit pas, a ajouté Mme Meloni, d'arrêter l'innovation, mais "nous devons nous poser le problème que l'intelligence artificielle risque d'être un énorme accélérateur de richesse pour quelques-uns seulement, et il nous appartient d'identifier le point de chute entre l'intérêt d'un gouvernement, c'est-à-dire la diffusion de la richesse et de l'emploi, et celui des entreprises, c'est-à-dire la maximisation des profits". Il n'y a pas de réponses toutes faites et c'est à la politique de les trouver "en travaillant ensemble dans les mois et les années à venir". Pour la présidente du Conseil, l’humanité se trouve face à une étape cruciale qui peut être source de grandes opportunités mais aussi "d'énormes risques" comme "la discrimination, l'intrusion dans notre vie privée, voire des actes criminels". Le Palais Chigi fait savoir que la situation au Proche-Orient, le front ukrainien ainsi que la crise migratoire ont été évoqués lors de la rencontre entre Meloni et le Premier ministre britannique Rishi Sunak. »
Giorgia Meloni et Rishi Sunak
sommet sur la sécurité de l'IA
ARTICLE, A. Zinniti, Repubblica, « Les nouveaux itinéraires des migrants : moins de débarquements depuis la Tunisie ; arrivées en pirogue aux Canaries » - « En octobre, moins d'arrivées ont eu lieu en Italie, c’est maintenant l’Espagne qui subit la pression. Les départs de Libye reprennent avec des Subsahariens amenés de Tunisie. » : « Quinze mille migrants en un mois aux Canaries, c’est du jamais vu : ils sont pourtant bien arrivés à bord de vieilles pirogues parties des côtes sénégalaises en octobre alors que, pour la première fois depuis mai, le décompte des débarquements en Italie affichait un peu plus de 10.000 arrivées contre 13.500 à la même période de 2022. Un frein a donc été mis aux traversées au départ de la Tunisie. Le système des vases communicants a toujours régi les flux migratoires : lorsqu'une route, comme en l'occurrence la route tunisienne, est moins utilisée, les autres s'intensifient : et l'analyse des arrivées en octobre révèle une reprise des départs depuis la Libye vers l'Italie avec de grands bateaux de pêche contenant 400 ou 500 personnes. Selon certaines rumeurs, même des migrants interceptés en mer par les garde-côtes tunisiens se sont retrouvés dans des centres de détention libyens. Et puis il y a les traversées en pirogue vers les îles Canaries qui ont connu en octobre 15.729 arrivées – chiffre sans précédent, car il correspond à plus de la moitié des migrants arrivés dans les îles espagnoles depuis le début de l'année 2023 (30.705). Meloni accueille ces données avec soulagement et avec l'espoir que les accords avec le président tunisien Saïed donnent enfin les résultats escomptés. Le ministre de l'intérieur Piantedosi (Indépendant) a évoqué sur les réseaux sociaux les chiffres de la semaine écoulée : ‘’Opération massive contre l'immigration clandestine. En quelques jours, 46 tentatives de départ de Tunisie ont été déjouées. Les autorités ont intercepté 797 personnes par voie maritime et empêché 146 entrées illégales par voie terrestre. Au total, ce sont 2 248 étrangers qui ont été appréhendés’’. F. Di Giacomo, porte-parole de l'OIM, confirme et commente : ‘’contrairement à ce qui s'est passé tout au long de l'été, les quelques personnes arrivées à Lampedusa ces dernières semaines étaient presque toutes des Tunisiens et non plus des Subsahariens. Nous constatons également une augmentation des départs de Libye, depuis Zwara et Sabratha, d'Égyptiens, de Pakistanais et à nouveau de nombreux Syriens, de nombreuses familles et personnes porteuses de handicap qui viennent en Europe pour se faire soigner. La reprise de la route des Canaries nous inquiète également beaucoup car elle est dangereuse : déjà 530 morts (mais cela pourrait augmenter) et pas de navires de sauvetage sur place’’ ».
(Traduction : ambassade de France)
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