Européennes : "Si Meloni devait décider de se porter candidate comme l’avait fait Berlusconi, Salvini serait obligé à son tour de participer."
05/09/2023
Italie. Revue de presse.
Le débat sur la réforme du fonds pour la rénovation énergétique des bâtiments surnommé « superbonus » fait encore les gros titres : « Le superbonus sera réservé uniquement à un nombre restreint de personnes » (La Repubblica), « L’étau se resserre sur le superbonus : la mesure sera réservée aux revenus bas » (La Stampa), « Superbonus, les bâtiments en copropriété ont encore 12 milliards de travaux en cours » (Sole 24 Ore). Les négociations au sommet à Sotchi pour la réactivation de l’accord sur le blé font la Une du quotidien milanais :« Aucun accord sur le blé » - Poutine demande en échange la fin des sanctions contre la Russie (Corriere della Sera).
COULISSES, Il Messaggero, F. Malfetano « Meloni invite ses alliés à la sobriété « ce ne sera pas une loi de finances électoraliste » » : « Meloni sait que la loi de finances, déjà qualifiée de « compliquée », représente le plus grand défi de cette première année de gouvernement. Elle tente ainsi de transmettre à tous, lors des différentes réunions quotidiennes, un message de responsabilité. Meloni explique que les réformes seront adoptées au long de la mandature (et pas d’ici les élections européennes prévues en juin). Il faut aussi réparer les erreurs faites, notamment celles de communication. Comme celle qui a consisté à rendre publique la réunion de majorité qui se tiendra demain en présence des chefs de groupe, des vice-présidents du Conseil A. Tajani (Forza Italia) et M. Salvini (Ligue), et les deux secrétaires d’Etat A. Mantovano et G.B. Fazzolari. Une réunion que Meloni aurait souhaité garder secrète jusqu’à la veille (or, elle a été dévoilée le 24 août dernier par M. Lupi (Nous avec l'Italie) lors du meeting de Rimini) pour éviter de susciter de grosses attentes ou d’alimenter les tensions. Il s’agit formellement d’un « cocktail au Palais Chigi » mais qui représente en réalité un message de « rappel à l’ordre » pour ceux qui, ces derniers temps, ont voulu passer en force sur certains sujets, notamment Salvini et ses acolytes. L’entourage de Meloni n’a pas apprécié l’activisme de certains représentants de la Ligue à commencer par les propositions au sujet du décret sur la sécurité rebaptisé « Caivano ». La Ligue a entamé une surenchère (proposant d’abord la castration chimique des violeurs, puis d’abaisser l’âge légal d’incarcération des auteurs présumés de viol). Un jeu que la Ligue souhaite répéter également pour la loi de Finances. D’où le rappel à l’ordre venant du Palais Chigi, invitant la majorité à « raisonner en termes de mandature également pour la loi de Finances », et éviter ainsi de tomber dans l’erreur consistant à vouloir gagner immédiatement en popularité au risque de nuire à l’économie et aux finances publiques. »
ARTICLE, Il Messaggero, F. Malfetano « Un seuil de barrage à 3 % aux élections européennes afin de pouvoir négocier avec les partis plus petits » : « C’est Matteo Renzi qui a ouvert la course en annonçant sa candidature aux élections européennes avec une coalition de centre baptisée « il Centro » [le Centre, ndt.]. Le mode de scrutin européen est direct et favorisera par conséquent les personnalités politiques qui sont populaires sur le territoire. Derrière la décision de Renzi il y aurait, selon certains, l’ambition d’obtenir un poste européen important. Renzi en aurait déjà parlé à Emmanuel Macron, et aurait obtenu une promesse de la part du leader de la famille européenne Renew. Pour atteindre le seuil de barrage fixé à 4%, Renzi ouvre la porte à tous les ‘’déçus’’ ayant quitté leur parti d’origine. Par ailleurs, des sources venant de la majorité confirment qu’une discussion serait en cours pour modifier le seuil minimal (à 4% en Italie) et le faire passer à 3%. L’alliance Verte-gauche du duo Bonelli et Frattoianni ferait pression pour cette solution, tout comme le parti « Noi con l’Italia » (Nous avec l'Italie) de Maurizio Lupi. Cette idée serait appréciée également par Calenda et par Forza Italia, ce parti craignant les contrecoups de l’après-Berlusconi. A ce stade, tout est incertain. Certes, si Meloni devait décider de se porter candidate comme l’avait fait Berlusconi, Salvini serait obligé à son tour de participer. Toutefois, selon celui qui suit le dossier européen au sein de la majorité, cette hypothèse nuirait à l’alchimie du gouvernement. »
ARTICLE, Corriere della Sera, E. Marro : « Le PNRR vaut plus que le plan Marshall » : « Les 191,5 milliards d'euros disponibles pour l'Italie jusqu'en 2026 équivalent à 11,6 % de notre PIB en 2020, alors que les 12 milliards de dollars du plan américain d'après-guerre (équivalant à 130 milliards de dollars aujourd'hui) représentaient 8,3 % du PIB de l'Italie en 1948. C'est pourquoi le Plan national de relance et de résilience représente une opportunité unique pour la croissance de l'Italie, mais aussi pour la réduction des inégalités, indique le rapport de l'Observatoire du PNRR du Club Ambrosetti, présenté dimanche dernier à Cernobbio. Seulement, il faudrait procéder plus rapidement dans sa mise en œuvre. "La première condition pour assurer la mise en œuvre effective du PNRR est de résoudre les lenteurs administratives", indique le rapport, "et de combattre la soi-disant 'peur de signer'", qui concerne "en particulier les petites collectivités locales ". C'est pourquoi le Club Ambrosetti juge très positive la réforme Nordio, qui a supprimé le délit d'abus de pouvoir (« abuso d’ufficio ») et souhaite que ‘’ la Cour des comptes puisse avoir un rôle de conseil et de contrôle préventif ‘’. En mai 2023, quelque 25,7 milliards d'euros avaient été dépensés, soit 13,4 % du total de 191,5 milliards d’euros, dont 67 milliards ont été encaissés à ce jour. Cependant, les performances sont très différentes entre les six objectifs du plan. Si les trois première, dédiées à la numérisation, à la transition énergétique et aux infrastructures, ont dépassé les 16 % des dépenses, les objectifs concernant l'éducation et l'inclusion s’arrêtent autour de 5 % et celui de la santé, malgré son importance, reste bloquée à un maigre 0,7 %. Il reste encore beaucoup à faire, étant donné que l'impact à moyen et long terme que la mise en œuvre complète du plan aurait sur le PIB est estimé par le club Ambrosetti entre 1,3 et 2,6 %, par rapport aux estimations sans le plan. Les inégalités diminueraient également. Le rapport Ambrosetti ne dramatise ni le fait que Bruxelles n'a pas encore débloqué le paiement de la troisième et quatrième tranche pour l'Italie (35 milliards au total), car jusqu'à présent seule l'Espagne a obtenu la troisième tranche, ni la réforme de la gouvernance voulue par le gouvernement Meloni. Ce sont plutôt l'augmentation des prix, les complications des procédures administratives, la difficulté d'engager des experts et des spécialistes et une structure de production inadéquate qui freinent la réalisation du PNRR. Ce n'est pas un hasard si six entreprises sur dix ont éprouvé des difficultés à participer aux appels d'offres. »
COMMENTAIRE, Il Sole 24 Ore, L. Palmerini : « Le défi budgétaire, de Cernobbio aux Italiens » : « L'un des messages les plus forts entendus lors du Forum Ambrosetti qui vient de s'achever à Cernobbio a certainement été celui envoyé par le gouvernement à la communauté financière sur le respect de la discipline budgétaire. Un engagement clair pris par Giorgetti et qui a été répété hier par le secrétaire d’Etat à l'économie Freni, " nous nous efforçons de ne modifier aucun paramètre européen, la crédibilité de l'Italie dans l'écosystème européen et international en dépend ". Un autre représentant de la Ligue s’associe aux propos du ministre, après que Meloni avait aussi réitéré que la règle de la prudence s'appliquera à la loi de finances. Cela soulève la question de savoir si le principe des "comptes en ordre" et du respect des paramètres européens n'est pas en train de devenir une marque politique également de la droite, après des années où elle l’a été pour la gauche. Y aura-t-il un prix politique à payer pour Meloni ? Ou bien saura-t-elle, mieux que les leaders de gauche, traduire dans sa popularité dans l’opinion son sens des responsabilités et son approche plus réaliste ? Bref, il ne s'agit pas de le dire à Cernobbio, mais de faire en sorte que des électeurs habitués à une approche différente sur les sujets économiques l’acceptent. Les slogans des gouvernements précédents sur la loi de finances étaient des phrases telles que "voie étroite", " faire nos devoirs" ou "l'Europe nous le demande", qui ont été utilisés, contre la gauche, par une droite intolérante à l'égard des règles de l'UE. Aujourd'hui, cependant, Meloni et les siens semblent plus proches des raisons européennes, plus éloignés des thèses du souverainisme économique, et ils devront désormais trouver des outils des communication pour les rendre digestes à leur électorat. C’est un test intéressant, voire le plus intéressant, pour mesurer la capacité de leadership de la présidente du Conseil à amener la realpolitik dans les foyers italiens et pas seulement dans les sommets internationaux ou à Cernobbio. »
ARTICLE, La Repubblica, L. Pagni « Les factures énergétiques reprennent leur hausse et posent un problème au gouvernement » : « Après trois baisses consécutives entre les mois de mai et juillet, les factures du gaz recommencent à flamber (+2,3%). Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les consommateurs et pour les entreprises, encore moins pour le gouvernement. En effet, les aides en faveur des citoyens et des entreprises arriveront à échéance fin septembre. Par ailleurs, les prix, en vue de l’hiver, ne pourront qu’augmenter. Le gouvernement devra ainsi trouver d’autres ressources pour aider les familles qui sont déjà mise à l’épreuve face à l’augmentation du coût de la vie en raison de l’inflation. Le dernier décret quantifiait ces aides à hauteur de 4,9 milliards, afin de faire baisser à hauteur de 5% la TVA sur les factures. Si ces aides ne devaient pas être renouvelées, la dépense des foyers serait destinée à augmenter. Il faudra aussi connaitre l’avis de l’UE : Bruxelles avait autorisé ces aides en raison d’une situation sans précédent, notamment après la décision de réduire l’approvisionnement en gaz russe dont l’Allemagne et l’Italie étaient fortement dépendantes. Normalement, cette possibilité arrivera à échéance d’ici la fin de l’année. C’est là un imbroglio que le gouvernement Meloni devra démêler d’ici quelques semaines. »
ARTICLE, La Repubblica, d’A. Greco, « L’Arabie [saoudite] mise 4 milliards sur l’Italie à travers des investissements sur l’énergie, l’eau et le bâtiment » : « On a assisté à une démonstration de puissance saoudienne lors du premier forum italo-saoudien sur les investissements. Il n’y avait pas que l’habituelle puissance financière des pétrodollars qui a tout de même investi 3 à 4 milliards en Italie d’après le ministre des Entreprises et du Made in Italy, suite aux 20 accords passés entre des entreprises des deux pays. La sensation est que le géant arabe se trouve dans une nouvelle phase dans laquelle l’argent est accompagné d’une vision de l’avenir plus attentive à l’industrie des filières stratégiques dans son propre pays en accueillant des compétences étrangères. Mais aussi à soigner l’aspect écologique et éthique des affaires, jusqu’ici négligé comme en témoigne l’homicide du journaliste Jamal Khashoggi en 2018. ‘’Je vous invite à regarder la réalité […]. Moi je travaille pour l’Italie’’ répond le ministre Urso (Frères d'Italie) aux critiques. L’événement a été réalisé avec Confindustria, The Italian Trade Agency, Invest Saudi, Assolombarda et Ambrosetti, et plus de 1300 entreprises étaient présentes dont 150 saoudiennes. Parmi les entreprises italiennes on comptait CDP, ENI, ENEL, SNAM, Leonardo, Webuild, Maire, Pirelli, Intesa San Paolo, UniCredit, ITA, Ansaldo Energia, Saipem, Invimit… On sentait également une certaine effervescence entre les dirigeants publics et privés des deux pays. La possible collaboration sur le Fonds Stratégique pour le Made in Italy ne semble pas loin. Urso assure qu’il y aura des résultats dès la fin de l’année, dès lors que le Parlement aura approuvé la proposition, et assure que Riyad est prête à des concertations immédiates. Les accords porteraient sur le secteur de l’énergie, l’hydrogène vert, la désalinisation de l’eau, le traitement des eaux et des déchets, mais aussi le bâtiment et l’ingénierie ou encore le secteur sanitaire. Le forum est un ‘’tournant historique dans la coopération économique entre les deux pays et confirme la force de l’Italie, un signal important à ceux qui prétendent que nous nous éloignons des marchés’’ ajoute Urso, ‘’le soft power existe et l’Italie doit s’en emparer au mieux : d’ailleurs, nous sommes les premiers dans de nombreux domaines comme la mode, la cuisine, le design ; tout le monde veut être italien’’. »
PREMIER PLAN, Sole 24 Ore, de M. Perrone et G. Trovati, « Plan national de Relance, Fitto (Frères d'Italie) tente de raccourcir les délais pour la quatrième tranche » : « L’encaissement de la troisième tranche entre fin septembre et début octobre et l’arrivée de la quatrième tranche d’ici la fin de l’année sont les deux grands points évoqués hier à Bruxelles par le ministre en charge du PNNR, Raffaele Fitto, lors de sa première rencontre avec Céline Gauer, responsable de la task force Relance et Résilience de la Commission européenne, suite à la demande italienne de révision de l’ensemble de son Plan. Bruxelles parle d’une discussion ‘’positive dans un climat constructif’’. L’échéancier de la quatrième tranche pour 16,5 milliards est le point le plus délicat, alors que la troisième tranche devrait passer les dernières formalités dans les prochains jours, en vue de la réunion de l’Ecofin le 16 septembre qui devrait définitivement débloquer le versement de 18,5 milliards. Pour la quatrième tranche, les délais sont plus longs car il faut d’abord attendre l’approbation d’une proposition de décision du Conseil européen puisque 11 objectifs sur 28 ont été modifié par rapport au Plan approuvé en 2021. Après quoi le gouvernement italien entend mener les dernières étapes sous 60 jours puisque toutes les modifications avaient été prénégociées avec la Commission. Il s’agit donc en tout de 35 milliards pour les deux tranches de 2023, une somme cruciale pour les objectifs de finances publiques : ‘’ça s’est très bien passé’’ commente Fitto à l’issue de la rencontre. L’horizon de la négociation pour la révision de l’ensemble devrait être plus large avec le Repower EU dont l’échéance est au 30 juin 2026, allongeant le calendrier de certaines réformes-clef comme sur la justice, les appels d’offres, les comptes publics et les délais de paiement de l’administration. Toutefois, on ne sait pas bien comment cette réécriture du PNRR peut être conciliée dans la pratique avec sa mise en œuvre. Par exemple, les administrations devraient maintenir leur effort pour réduire sous 30 jours les délais de paiement de ses fournisseurs alors qu’un délai de 15 mois a été demandé à Bruxelles pour remplir cet objectif. En théorie, tant que la discussion est en cours, la mise en œuvre ne devrait pas changer d’une virgule mais dans la pratique c’est bien plus difficile. Cela vaut pour les réformes comme pour les chantiers. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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