"Les industriels approuvent l’action de l’exécutif mais critiquent la taxe bancaire."
04/09/2023
Italie. Revue de presse.
Les déclarations politiques au forum économique annuel de Cernobbio font les gros titres « [Le ministre G. Giorgetti (Ligue)] : « Le fonds pour la rénovation énergétique des bâtiments « superbonus » a été nuisible » (Corriere della Sera), « Les entrepreneurs sont favorables à l’introduction du salaire minimum » (La Repubblica), « Giorgetti : « La loi de finances sera prudente ; le « superbonus » a été un désastre » » (La Stampa), « Superbonus, voici le plan pour les maisons en copropriété » (Il Messaggero).
ARTICLE, La Stampa, E. Camilli « Les industriels approuvent l’action de l’exécutif mais critiquent la taxe bancaire » : « Le gotha économique et financier réuni à Cernobbio réserve au gouvernement Meloni un jugement en demi-teinte : un avis positif sur l’action du gouvernement est exprimé par 69% des participants au forum Ambrosetti, même si environ 18,3% juge son travail ‘’à peine suffisant’’. Le résultat change de manière significative lorsqu’on aborde le sujet de la taxation bancaire des superprofits adoptée début août. Le décret ne convainc pas et suscite même des inquiétudes au sein du monde de la finance, comme le prouve le sondage réalisé à l’European House Ambrosetti : un tiers des participants (33,3%) critique de manière ferme cette mesure. 62,8% des sondés ne se disent pas pleinement satisfaits et seulement 9% des participants ont donné un avis pleinement favorable. »
ARTICLE, Corriere della Sera, F. Fubini : « Cernobbio, le parterre d’entrepreneurs soutient l’action du gouvernement, les plus appréciés sont les experts, ‘’Giancarlo (Giorgetti) maintient le cap’’ » : « Hier, à la Villa d'Este, la foule d'entrepreneurs - dont certains sont aussi actionnaires publics ou bénéficient de concessions d'État ou de contrats publics - a fini par approuver dans l’ensemble le bilan de l’action du gouvernement dans un sondage : environ 30 % ont donné une appréciation négative, mais un peu plus de 50 % ont exprimé un jugement qui va de ‘suffisant’ à ‘très positif’. Et l'impression qui se dégage du Forum Ambrosetti est que les hommes et les femmes d'affaires, après avoir écouté les propos de l'opposition, trouvent soudain le gouvernement plus acceptable. Toutefois, les personnalités purement politiques sont généralement moins appréciées : ce sont les experts ou tous ceux qui s’expriment de manière précise et chiffres concrets à l’appui qui sont les plus applaudis. Ainsi, l’intervention de Raffaele Fitto est particulièrement appréciée : le ministre des Affaires européennes entre dans le vif du sujet du PNRR et propose "une réflexion, souvent oubliée, sur les 152 milliards de dettes du Plan de Relance et du Fonds national". De même pour le ministre Carlo Nordio qui apparaît lucide et plus précis que la plupart de ses collègues, même si l’on soupçonne qu’il doive un tel tonnerre d’applaudissements à sa proposition de garanties supplémentaires contre les arrestations de suspects. Des mots qui rassurent son auditoire de la Villa d’Este. Mais celui qui obtient le seul applaudissement spontané est le ministre de l’Économie, Giancarlo Giorgetti, alors même qu’il venait de défendre la loi sur les surprofits des banques, peu appréciée du public de Cernobbio. Mais l’assistance est tout simplement surprise par Giorgetti, par son message et même par son ton, comme libéré. "Le problème – affirme le ministre - reste l'offre, pour laquelle sont nécessaires des intentions publiques saines et des décisions privées efficaces. Notre capacité de production doit augmenter et la productivité doit être accrue. Mais si nous nous obstinons à faire jouer à l'État le rôle du Roi Soleil qui distribue des bonus, nous n'irons pas loin ". Et encore : "Les rentes sont la question la plus douloureuse, celle de leur excès par rapport aux autres nations européennes. ‘’ Giorgetti porte une vision de l'Italie. »
PREMIER PLAN, La Stampa, F. Goria : « Une loi de finances modérée » : « "Ce sera une loi de finances prudente et respectueuse des règles ". Les propos de Giancarlo Giorgetti, ministre de l'Économie, ont suscité les applaudissements du public du Forum Ambrosetti de Cernobbio, resté orphelin de la présence de la Présidente du Conseil, Giorgia Meloni. Le ministre du Trésor réaffirme, devant les chefs d'entreprise et les responsables économiques italiens, que les marges opérationnelles sont étroites. Mercredi prochain, la réunion du gouvernement au Palais Chigi s'ouvrira autour du leitmotiv de Giorgetti sur la nécessité de rationaliser les demandes des différents ministères. D'autant plus que l'héritage du Superbonus " donne mal au ventre", affirme le ministre. Le sous-entendu est que les couvertures sont faibles ; il faudra donc réfléchir à ce qui est possible et à ce qui ne l'est pas. C’est donc un bain de réalisme sur les rives du lac de Côme. Giorgetti n'a pas mâché ses mots. D'autant plus qu'il ne voulait pas faire de " grands discours ". " Je pourrais me contenter de dire que les objectifs à moyen terme en matière de finances publiques seront tous maintenus. Mais ce n'est pas suffisant ", a-t-il expliqué. ‘’ Nous devons continuer à être réalistes et sincères et à considérer que les subventions à la politique économique ne suffisent pas ". Alors qu'il évoque le ralentissement mondial et le risque de subir les effets de la situation économique en Allemagne et en France, Giorgetti affiche sa confiance. Le gouvernement prévoit de maintenir les prévisions de croissance qu’il a indiquées dans le Def, à savoir 1 % en 2023, mais des variables externes inévitables peuvent changer la donne ". Bientôt, la note de mise à jour du Def sera publiée et nous saurons ce qu'il en est. Ce qui est certain, c'est qu'il ne sera pas possible de répondre à toutes les demandes, comme le souligne le ministre des Affaires européennes et du PNRR, Raffaele Fitto, qui est tout à fait d'accord avec Giorgetti pour dire que la marge de manœuvre budgétaire est étroite. Deux éléments pèsent lourd dans la balance. Le premier est le Superbonus, qui selon le ministre et une bonne partie du parterre d’entrepreneurs, a fait plus de dégâts qu’autre chose, et il reste encore 80 milliards à payer. Le deuxième sujet est plus controversé, il s'agit de la taxe sur superprofits des banques. ‘’ L'État a beaucoup donné au système bancaire en termes de garanties au cours de ces années, couvrant des risques qui étaient en fait censés être assumés par le système du crédit". Giorgetti a également fait référence au pacte de stabilité. D'une part, la Commission européenne a fait preuve d'une certaine ouverture d'esprit à l'égard des propositions de Rome, qui demande une plus grande flexibilité. Mais d'autre part, elle a exigé une rigueur budgétaire et plus de dialogue avec les partenaires européens, la France et l'Allemagne en premier lieu. »
Giancarlo Giorgetti
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Francesco Lollobrigida, ministre de l’Agriculture, « Il y a des sensibilités différentes au sein de la coalition, Fratelli d’Italia conservera un rôle central » : « Cette majorité est unie. Je n’ai jamais vu une seule dispute en Conseil des ministres, pas une division. Je ne pensais pas que cela était possible. Je suis réaliste face aux difficultés, héritées ou liées à la situation actuelle, mais je suis confiant quant à la solidité et la capacité de notre gouvernement à y faire face. En Europe, il faut faire un grand pas en avant. Il existe certaines règles qui pouvaient être efficaces en d’autres temps mais qui aujourd’hui doivent être adaptées aux exigences actuelles. Concernant la réforme du Pacte de Stabilité, je fais confiance à la raison et on ne peut pas ne pas tenir compte de la situation à la fois internationale et nationale. Comme le commissaire Gentiloni, nous souhaitons le dialogue. Nous sommes un gouvernement solide et il n’est dans l’intérêt de personne de ne pas trouver de solution satisfaisante avec l’Italie. La Ligue porte ses propres propositions, c’est légitime, mais nous entendons avancer tous ensemble, d’un bloc en vue des élections administratives au printemps. C’est à la Présidente du Conseil et au ministre de l’Economie, Giancarlo Giorgetti, lui-même léghiste tout comme le ministre de l’Intérieur Piantedosi, de faire la synthèse. Il est vrai que de façon générale la majorité est en train d‘évoluer par rapport au début. Fratelli d’Italia a désormais le devoir d’être le parti central, la clef de voûte de la coalition, sans velléités d’hégémonie. L’accusation de favoritisme vis-à-vis de la famille n’est utilisée que contre nous alors qu’on retrouve les mêmes dynamiques ailleurs, par exemple chez les 5 Etoiles. Il est normal que ceux qui ont amené le parti de quelques centaines d’adhérents en 2012 à ce qu’il est aujourd’hui soient reconnus et passent de l’ombre à la lumière. Du reste, personne ne conteste les compétences techniques et politiques d’Arianna Meloni. Si Giorgia Meloni ne réagit pas ce n’est pas par manque de courage ou parce qu’elle ‘’évite les sujets dérangeants’’ mais parce qu’elle se dédie aux missions, aux visites, aux faits concrets et peu aux bavardages. Elle a raison, un Président du Conseil a bien mieux à faire. »
ARTICLE, La Repubblica, G. Medolo « Tajani joue les équilibristes à Pékin afin de sauver les bonnes relations de l’après-mémorandum de la Route de la Soie » - La rencontre se tient aujourd’hui avec Wang Yi, en vue du voyage de Meloni: « Le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani se rend dans la capitale chinoise avec une mission digne d’un équilibriste, devant contrebalancer deux intérêts opposés : jeter les bases pour une sortie progressive de l’Italie du projet géo-économique de Xi Jinping et éviter une rupture (voire des rétorsions) avec la deuxième économie mondiale. Ce voyage doit aussi préparer le terrain pour la visite de la Présidente du Conseil prévue dans quelques mois : ce sera là l’occasion pour des déclarations sur une probable sortie de l’Italie de la Route de la Soie. Le mantra répété ces deux derniers jours sur le sol chinois par le ministre Tajani est donc le suivant : rassurer et expliquer aux Chinois que les relations entre Rome et Pékin sont solides et doivent être valorisées. Ce lundi, Tajani coprésidera avec son homologue Wang Yi la onzième session du Comité intergouvernemental Italie-Chine. Suivront ensuite des bilatérales avec Wang et avec le ministre du commerce Wang Wentao. La thématique centrale sera la « relance du dialogue bilatéral dans les secteurs d’intérêt commun, dans le cadre du partenariat stratégique » institué il y a vingt ans. Le fait de se focaliser sur ce mécanisme est une manière de tenter de faire passer le non-renouvellement du mémorandum de la Route de la Soie tout en évitant à Pékin de perdre la face. Cette décision ne prendra pas de court Pékin, les Chinois savent désormais qu’il ne s’agit plus de « quand » mais de « comment ». Dans les pages du quotidien du Parti Communiste Chinois Global Times, il était possible de lire un article à teintes nationalistes ‘’si l’Italie décidait de se laisser entrainer par les voix anti-chinoises et décidait de se retirer de l’accord, le pays risquerait de perdre d’énormes opportunités’’. Pékin a cependant apprécié le fait que le gouvernement italien n’a pas fait de déclarations prématurées au G7 ni pendant la visite de Meloni à Washington. Les dossiers internationaux seront également abordés. Tajani évoquera avec Wang Yi l’Ukraine ‘’J’espère que la Chine puisse influencer positivement Poutine afin de permettre un chemin vers une paix juste’’ et l’Afrique ‘’nous devons faire en sorte que la situation en Afrique subsaharienne se stabilise’’. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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