"L’arrivée d’une droite "sociale" au gouvernement, favorable à l’interventionnisme de l’Etat en économie, a modifié les équilibres."
01/09/2023
Italie. Revue de presse.
La visite de la Présidente du Conseil G. Meloni à Caivano près de Naples suite au viol en réunion de deux très jeunes filles, est aussi citée « Meloni à Caivano : « l’Etat a échoué » » (Corriere, Stampa). L’entente entre les ministres des transports français et italien sur le report des travaux au Mont-Blanc est citée en Une du Giornale « L’Italie et la France trouvent l’entente : les travaux du tunnel du Mont-Blanc seront reportés » (Il Giornale).
EDITORIAL, Corriere della Sera, A. Polito « La guerre culturelle (au sein de la droite) » : « Ce n’est pas un hasard si cet été on a surtout parlé de la couleur de la peau des « vrais Italiens » et de « l’état d’ivresse des femmes » plutôt que de sécurité au travail ou de baisse des impôts. Il ne faut donc pas s’étonner si le général Vannacci [auteur d’un ouvrage autopublié critiqué pour des propos homophobes et racistes, ndt.] et le journaliste Andrea Giambruno [compagnon de G. Meloni, ndt.] peuvent compter au sein de l’électorat de droite sur une popularité supérieure à n’importe quel ministre du gouvernement Meloni. La compétition politique se caractérise de plus en plus par une « guerre culturelle », un affrontement d’idées et de valeurs, et de moins en moins comme un conflit social et la lutte des classes. C’est une nouvelle polarisation qui divise les élites libérales et progressistes d’une part et les non-élites conservatrices et traditionalistes d’autre part. L’arrivée d’une droite « sociale » au gouvernement, favorable à l’interventionnisme de l’Etat en économie, a modifié les équilibres : la gauche sociale, habituée à se dresser contre le libéralisme ploutocrate de l’entrepreneur Berlusconi, doit maintenant saluer la taxe bancaire de Meloni. Ce conflit concerne surtout la droite (Fratelli d’Italia et la Ligue). Nous pourrions assister ainsi à une opposition de la droite contre la droite au gouvernement, tentant de rivaliser cette nouvelle ère des droits et du « politiquement correct », digérant les compromis faits pour diriger un pays et que ses leaders « purs et durs » se soient adoucis. Cette compétition interne pourrait ralentir voire bloquer le processus de transformation de la droite italienne anti-système en un parti conservateur moderne et de gouvernement lancé par Meloni au lendemain de sa victoire électorale. Le ton de Meloni s’est en effet adouci. Du coup, au lieu de remercier le ministre Crosetto (Frères d'Italie) qui a su protéger les forces armées de la pensée extrémiste du général Vannacci, Fratelli d’Italia et la Ligue finissent par courtiser ce dernier en se disputant ses faveurs (comme l’ont fait Donzelli et Salvini). C’est une erreur dont nous souhaitons vivement que la Présidente du Conseil soit consciente. Car c’est la récession et l’inflation qui décideront de l’avenir de ce gouvernement de droite, inédit en Europe occidentale. »
ARTICLE, Il Sole 24 Ore, M. Per. : « A Caivano, la promesse de Meloni : pas de zones franches » : « De symbole de la décadence à modèle, "de problème à exemple", car "il ne peut plus y avoir de zones franches ". La promesse de Giorgia Meloni fait de Caivano un test pour l'ensemble du gouvernement. Un défi difficile à relever dans une zone accablée par trois plaies : la criminalité, la dégradation urbaine et un environnement sur pollué où les viols de deux jeunes filles de 11 et 12 ans ont bouleversé l'Italie. "Le nombre de personnes impliquées alimente en moi la crainte qu'il y ait eu plus d'épisodes de ce genre que ceux que l’on connait déjà", a affirmé la Présidente du Conseil [lors de sa visite hier dans cette commune à la périphérie de Naples, ndr]. La ville est blindée, la sécurité est à son maximum après les menaces proférées sur les réseaux sociaux à l'encontre de la Présidente du Conseil. C'est la veille de l'inauguration de la plateforme pour la nouvelle aide qui remplacera le revenu de citoyenneté, et on assiste à des rassemblements de protestation, sous contrôle de la police. Giorgia Meloni rencontre d’abord Don Maurizio Patriciello, le 'prêtre extraordinaire' qui l'avait invitée à Caivano. "L'État est là et n'a pas l'intention d'abandonner les citoyens dans l'illégalité" et " Si nous sommes ici pour condamner un tel épisode barbare, c’est qu'il y a eu un échec de l'État et des institutions" affirme-t-elle sur les réseaux sociaux. Il s'agit maintenant d'éviter l'effet passerelle, les engagements annoncés et non tenus. La Présidente Meloni définit quatre pistes principales pour agir. La première "est la fermeté de l'État contre la criminalité, l'illégalité et la drogue. Ce territoire sera radicalement assaini. Il s'agit de renforcer immédiatement la présence de la police, des carabiniers et de la Garde des Finances, ainsi que "la possibilité pour la justice d'intervenir". Le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi, qui se rend au commissariat d'Afragola et à Caivano accompagné du chef de la police Vittorio Pisani, n'est pas mentionné par Meloni, un détail qui montre bien la tension actuelle entre la Présidence du Conseil et le ministère de l’Intérieur. En revanche, Giorgia Meloni interpelle les trois autres ministres concernés selon elle : Andrea Abodi pour les sports, Giuseppe Valditara pour l’instruction et Gennaro Sangiuliano pour la culture. Sur l’instruction, la stratégie est notamment de durcir les sanctions contre les familles qui ne veillent pas à faire respecter l'obligation scolaire de leurs enfants ; ainsi que l'implication des quatre écoles de Caivano dans le paquet de mesures à destination du Sud de l’Italie pour une valeur de 265 millions d’euros : davantage de moyens, des écoles ouvertes plus longtemps, et jusqu'à vingt enseignants supplémentaires. »
SONDAGES, La Repubblica, d’Ilvo Diamanti, “Mattarella, le leader qui rassemble l’Italie ; 3 personnes sur 4 ont confiance en lui” : “En Italie, un pays divisé sous de nombreux aspects, il y a une référence commune qui dépasse les distinctions politiques, sociales et territoriales : le Président de la République Sergio Mattarella. D’après un récent sondage Demos en effet, sa côte de popularité atteint 73%, soit 3 Italiens sur 4. Un très large soutien qui se maintient depuis sa première élection en 2015 et qui est même en hausse ces dernières années. Il est parmi les plus populaires de tous ses prédécesseurs mais aussi des leaders politiques en général. Une figure commune qui rassemble, dans laquelle on peut se reconnaitre, semble importante dans une période de profondes divisions. Cela fait longtemps que l’Italie cherche un ‘’leader fort’’, donnant une identité et un visage à la politique, dans un paysage confus, avec trop de leaders et trop de partis. Ces dernières années, des figures de premier plan ont disparu. Du reste, lus de la moitié des Italiens se prononcent contre l’élection directe du Président de la République. Le consensus autour de Mattarella est entre autres une réponse aux divisions entre les partis et au sein des partis. A l’opposition, il y a des distances profondes, par exemple entre le Parti démocrate et le Mouvement 5 Etoiles. De la même façon, au sein de la majorité, il y a des positions divergentes entre Fratelli d’Italia et la Ligue. On peut aussi citer l’effet de la pandémie, qui a poussé les citoyens à rechercher un repère commun et suscité un regain de confiance vis-à-vis de l’Etat et des institutions. Mattarella s’est toujours montré disponible et est intervenu à plusieurs reprises sur des sujets d’actualité, comme récemment sur l’immigration pour appeler au ‘’respect des diversités’’ et souligner que ‘’l’immigration ne se supprime pas avec des murs’’. Ce consensus est au plus haut parmi les électeurs du Pd (94%) et de Forza Italia (82%), mais reste caractérisé par une forte transversalité politique (68% des électeurs de Fratelli d’Italia, 67% de la Ligue et 65 du M5S), de même que chez les plus jeunes (71% des 18-29 contre 57% des 30-44 ans) et les plus âgé (88% des plus de 65 ans).
ARTICLE, Il Sole 24 Ore, « Meloni-Mitsotakis, alliance méditerranéenne sur les migrants et réforme du pacte de stabilité de l'UE » : « Un voyage rapide, mais avec un agenda "chargé". La visite de Giorgia Meloni au Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, hier soir à Athènes, a porté sur des questions absolument stratégiques pour les deux gouvernements, à commencer par la question des migrants. Les deux premiers ministres sont tombés parfaitement d'accord sur la nécessité de renforcer la coopération avec les pays africains afin de gérer les flux et de s'attaquer aux causes du phénomène, notamment en nouant de nouvelles relations bilatérales. Meloni et Mitsotakis, qui pour la Présidente du Conseil, représente une sorte de pont avec le PPE, considèrent qu'il est fondamental que les demandes des pays méditerranéens comme l'Italie et la Grèce soient davantage écoutées en Europe. Ils ont également évoqué le soutien à l'Ukraine, la crise au Niger et la situation en Méditerranée orientale et dans les Balkans occidentaux, ainsi que l'épineuse question de la réforme du pacte de stabilité de l'UE. La révision rapide du Pacte reste une priorité pour l’exécutif italien qui, comme Athènes, souhaite une approche plus souple et ne pas laisser le champ libre aux pays rigoristes de l’UE. D'où l'urgence d'élargir au maximum le front des pays favorables à une réforme du Pacte. Mais le temps presse et les véritables marges de négociation se préciseront lors de l'Ecofin, la réunion des ministres de l'Économie et des Finances de l'UE, prévue les 15 et 16 septembre. Entre Rome et Athènes, il y a aussi plusieurs autres dossiers ouverts, dont le plus important concerne Fincantieri. En effet, le groupe italien est en lice pour le maxi-appel d’offres de la marine grecque, d'une valeur de 1,4 milliard d'euros, qui prévoit la construction de trois corvettes et d'un éventuel quatrième navire. Le groupe français Naval Group, qui a déjà construit quatre frégates de défense et d'intervention pour le gouvernement d'Athènes, est également dans la course et pensait s’être déjà garanti l’attribution du nouveau programme. Il n'en a rien été, car l'offre de Fincantieri, combinée à la pression discrète mais constante du ministre de la Défense, Guido Crosetto, a effectivement relancé la concurrence. La décision, qui a été retardée depuis des mois notamment à cause des récentes élections, pourrait maintenant être débloquée. Et si l'équipe italienne dirigée par l'entreprise de Trieste remporte l’offre, d'importantes opportunités s'ouvriront également pour Leonardo. Bref, les groupes industriels italiens sont en première ligne en Grèce et cela vaut aussi pour le secteur de l’énergie, avec Italgas, Snam et le groupe Eni qui sont présents au sein des sociétés grecques. »
ARTICLE, La Stampa, E. Camilli « L’échec des rapatriements » : « Le nombre de personnes rapatriées est en baisse. Chaque expulsion coûte à l’Etat en moyenne 5 000 euros et nécessite de procédures complexes. Le défi du gouvernement sur l’immigration passe ainsi par le nouveau centre d’accueil de Modica-Pozzallo en Sicile. Ce sera le premier centre destiné à accueillir les personnes en provenance de pays considérés comme sûrs. Puisque la stratégie de freiner les départs à échoué, le gouvernement mise maintenant sur une ancienne recette, qui pourrait se résumer par ‘’rapatrions-les tous’’. La Présidente du Conseil n’a de cesse de la répéter. Or, tous les exécutifs qui ont tenté ce défi par le passé ont dû admettre un échec. Le ministère de l’Intérieur pense toutefois pouvoir compter sur deux atouts : les nouvelles normes adoptées par le décret « Cutro » censées accélérer les procédures à la frontière pour les migrants venant de pays ‘’sûrs’’ : l’Albanie, l’Algérie, la Bosnie-Herzégovine, le Cap-Vert, la Côte d’Ivoire, la Gambie, la Géorgie, le Ghana, le Kosovo, la Macédoine du Nord, le Maroc, le Monténégro, le Nigeria, le Sénégal, la Serbie et la Tunisie. Puis, il y a la solution de rapatriement également pour les migrants en attente de jugement. Cette solution, évoquée plusieurs fois, devrait figurer dans un prochain décret. Il est difficile, toutefois, que ces deux mesures puissent suffire. C’est le président de la région de Vénétie, le léghiste Luca Zaia, qui exprime en premier ses perplexités ‘’seulq 8% des migrants auront le statut de réfugié, ce qui veut dire qu’il faudra en rapatrier environ 150 000. Cela me semble difficile…’’. Enfin, il y a aussi l’aspect humanitaire : les procédures accélérées et les réadmissions massives ne permettent pas une étude approfondie des demandes d’asile, notamment pour les personnes vulnérables. »
ARTICLE, La Repubblica, « La cour européenne condamne l’Italie, ‘’les droits de Sonia, la petite fille fantôme, ont été lésés’’ » : « Sonia aura finalement le droit à une identité après que la Cour européenne des droits de l’homme a - lourdement et de manière novatrice - sanctionné l’Etat italien qui avait ‘’violé les droits familiaux et privés’’ de la petite fille née en 2019 en Ukraine par GPA. L’état civil avait refusé d’enregistrer son acte de naissance et la paternité n’avait pas été reconnue, faisant d’elle une apatride. Une décision importante sur le plan symbolique car le tort causé à l’enfant a été reconnu. La petite fille de 4 ans n’avait jusqu’à présent pas de nom de famille, de carte vitale, de certificat de naissance, de papiers d’identité… Elle ne pouvait donc ni aller à l’école ni être soignée dans un hôpital public, ni bénéficier d’un suivi pédiatrique. Elle n’a pas non plus de nationalité, elle est clandestine, apatride, bien que née en Ukraine et de parents (père biologique et ‘’mère intentionnelle’’) italiens. L’état civil et les tribunaux auxquels se sont adressés à plusieurs reprises les parents de l’enfant ont refusé de la reconnaître, jusqu’au recours présenté à Strasbourg. Théoriquement, même si la pratique est interdite en Italie, l’Etat a l’obligation d’enregistrer les actes de naissance des enfants nés par GPA dans les pays où cela est autorisé. L’acharnement juridique dont les parents ont été victimes est un avant-goût de ce qui pourrait se produire si la GPA devenait un ‘’crime universel’’ comme le voudrait le gouvernement. D’où l’importance de cette sentence de la CEDH. »
ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Cremonesi, « Le tunnel du Mont-Blanc restera ouvert, un accord a été trouvé entre Rome et Paris. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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