"Meloni fuit le forum de Cernobbio"
31/08/2023
Italie. Revue de presse.
Des menaces de mort adressées à Giorgia Meloni sur les réseaux sociaux font la une de plusieurs journaux : « Suspension du revenu [de citoyenneté], menaces contre Meloni » (La Stampa, Il Messaggero), « ‘Meloni tu dois mourir’ » (Libero, Il Giornale).
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de L. Berberi, “Le [tunnel de] Fréjus bloqué, les travaux au Mont-Blanc ; ‘’l’Italie n’a plus d’accès à l’Europe’’. »
COULISSES, La Stampa, d’A. Di Matteo, “Le coup de fil entre Rome et Paris, ‘’ensemble nous débloquerons les tunnels’’ » : « La décision sera probablement prise dès aujourd’hui après un état des lieux supplémentaire au tunnel du Fréjus, mais il semble de moins en moins envisageable que le tunnel du Mont-Blanc ferme effectivement le 4 septembre comme prévu. Le récent éboulement au Fréjus met à rude épreuve la circulation entre la France et l’Italie et la fermeture du Mont-Blanc finirait par paralyser toutes les voies de communication, à commencer par celle de Vintimille. Les présidents du Piémont et du Val d’Aoste lancent des appels pour le renvoi de ces travaux. Matteo Salvini, ministre des Transports, s’est déjà entretenu hier avec son homologue transalpin Clément Beau afin d’examiner toutes les options possibles. Une réouverture dans les prochains jours du Fréjus semble peu probable compte tenu des 3000 mètres cubes de matière qui pourrait mettre en danger les ouvriers. Une fermeture d’une semaine à dix jours est donc plus probable voire -ce serait le pire scénario – une fermeture prolongée du Fréjus qui bloquerait les travaux au Mont-Blanc. Salvini et Beaune se sont assurés réciproquement de leur plus grande disponibilité et aujourd’hui le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani et son homologue française Catherine Colonna discuteront eux aussi de la question. En tous cas, les régions concernées ainsi que les acteurs économiques font pression. Parmi eux, Coldiretti [association italienne du secteur agricole] souligne que près de deux tiers des exportations agro-alimentaires italiennes empruntent les voies transalpines pour transiter vers les pays de l’UE. Pour le Président du Val d’Aoste, il est ‘’évident que la liaison transalpine est vitale pour la région, pour toute l’Italie et pour l’Europe’’ il appelle donc à ce qu’une fois ‘’l’urgence résolue, une sérieuse réflexion soit menée aux niveaux politique et institutionnelle sur l’avenir de cette infrastructure’’. Le ministre français Clément Beaune a toutefois déclaré à ce sujet ne pas être favorable à un second tunnel sous le Mont-Blanc. Hier, le porte-parole du PCF twittait ‘’les files de camion n’existeront plus avec la ligne Lyon-Turin’’ ce à quoi le ministre Beaune a répondu ‘’exactement’’. D’ailleurs, Salvini et Beaune effectueront également un état des lieux de cet autre chantier qui reste le ‘’principal projet de la liaison entre l’Italie et la France’’. »
ARTICLE, Repubblica : « Le Trésor désigne Franco pour la BEI » : « L'ancien ministre de l'Économie du gouvernement Draghi, Daniele Franco, est à nouveau le candidat italien à la présidence de la BEI, la Banque européenne d'investissement. Hier, une réunion a eu lieu Via XX Settembre entre le ministre de l'Économie, Giancarlo Giorgetti (Ligue), et Franco, à l'issue de laquelle le ministère a communiqué que le gouvernement italien confirme la candidature de Franco à la présidence de la BEI. Le gouvernement italien est convaincu de la validité de cette candidature et constate que le consensus dans les milieux européens sur le nom de Franco s'est renforcé au cours des dernières semaines. Ainsi se dénoue le sujet qui avait vu un certain embarras au niveau européen autour d'une double candidature italienne au siège réservé à l'Italie au sein du directoire de la BCE que Panetta quittera à partir du 1er octobre. Pour éviter que Franco ne soit dépassé par la candidate espagnole, le ministre Giorgetti avait, dans un premier temps, pensé de le proposer comme candidat pour la même position. L'Italie peut aspirer à la fois à la présidence de la BEI qu’à celle du comité exécutif de la BCE, aussi à cause du fait qu'elle perdra à la fin de l'année le poste à la tête du comité de surveillance actuellement occupé par Andrea Enria. »
COULISSES, La Stampa, I. Lombardo : « Meloni fuit Cernobbio » : « Pendant quelques jours, elle a laissé les organisateurs du Forum économique dans le doute. Mais finalement elle a décidé d’éviter le rendez-vous. La présidente du Conseil évite donc de se soumettre au jugement du public d’économistes, banquiers, managers et entrepreneurs, qui depuis un mois ont changé d’avis et se sont endurcis. Au cours des dernières semaines, quelque chose s’est en effet brisé dans la confiance que le monde de la finance et de l’entreprenariat avait accordée à Meloni. La taxe sur les superprofits des banques a été fatale ; une surprise, en plein été, dont personne n’était au courant. Meloni est consciente de ce qu’elle a déclenché dans l’univers de la finance, et même si le gouvernement est en quelque sorte revenu sur ses pas, elle continue de revendiquer ‘’ la responsabilité politique de ce choix ‘’. Pour la Présidente du Conseil la taxe est un retour à ses vieilles batailles, très populaires au yeux de l’opinion publique. Et donc parfaite pour démarrer la campagne électorale pour les élections européennes. Mais le coût politique est fort en la coupant de la communauté globale qui pendant trois jours à Cernobbio sera au centre des intérêts pour les investisseurs internationaux. Les banques n’ont pas apprécié la méthode Meloni ; ni les banques les plus importantes ni la Banca d’Italia avait été prévenues de la nouvelle taxe et les représentants du secteur financier n’ont ensuite pas été invités au Palais Chigi. Des sujets dont ce monde pouvait facilement demander des comptes à Meloni, si elle s’était rendue au Forum de Cernobbio. Des réactions très critiques à la politique de Meloni arrivent aussi des principaux organes d’information économique et financière dans le monde. Des agences de presse (Bloomberg), hebdomadaires (The Economist), des télévisions (Cnbc) et surtout le Financial Times affirment que les choix du gouvernement italien sur les banques et les compagnies aériennes pourraient entrainer un cercle vicieux négatif au niveau des investissements. Hier encore le FT a soulevé des doutes sur la capacité de l’Italie de pouvoir dépenser les 200 milliards d’euros du PNRR. »
ARTICLE, Corriere della Sera, « Migrants : une réunion sur les débarquements. Tensions autour de la gestion politique de la question migratoire » par M. Cremonesi : « Une réunion de crise sur les débarquements. Le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi a convoqué hier les chefs de toutes les forces de l'ordre au Viminale. Le rythme effréné des arrivées ne connaît pas de répit, risquant de faire exploser les mesures mises en place pour l'accueil et le tri des immigrés. Mais la question risque aussi de créer des tensions au sein du gouvernement. Giorgia Meloni a eu au téléphone avant-hier le président de la République tunisienne, Kais Saied. Selon un communiqué de Chigi, la conversation a porté sur "les relations bilatérales et la gestion des flux migratoires face à la situation d'urgence qui continue à affecter les deux pays". Depuis le début de l'année, les Tunisiens auraient empêché le départ de 45 610 personnes qui voulaient prendre la mer. Un chiffre impressionnant qui témoigne de l'ampleur de la migration en cours. De plus, les autorités tunisiennes auraient saisi 2 018 embarcations utilisées pour le transbordement illégal de migrants au cours de la dernière période. Mais ce n'est pas encore suffisant. C'est pourquoi, selon le communiqué, les deux présidents "se sont mis d'accord sur la nécessité de continuer à accroître les efforts dans tous les domaines pour renforcer la lutte contre la migration illégale". Avec l'aide concrète de l'Italie : "La présidente Meloni a assuré aux autorités tunisiennes un soutien constant de la part de l'Italie et dans le contexte européen". Le point critique reste Lampedusa. Hier soir, vers 20 heures, un navire militaire qui arrivera à Catane vers 15 heures aujourd'hui a quitté l'île avec à son bord 600 migrants arrivés ces derniers jours. Peu avant, un avion de l'OIM, l'Organisation internationale pour les migrations, avait décollé et transporté 150 personnes vers Rome. Quant aux tensions au sein de la majorité, la nouvelle s'était répandue dans l'après-midi que le vice-premier ministre Matteo Salvini avait été exclu du Comité interministériel pour la sécurité de la République (CISR) présidé par le secrétaire à la présidence du Conseil Alfredo Mantovano, l’organe désormais convoqué en session permanente pour suivre pas à pas la crise des arrivées. Dans les milieux proches de Mantovano, la nouvelle est démentie. Tandis que du côté de la Ligue, on apprend que Matteo Salvini 'est invité en permanence à toutes les réunions et qu'il sera présent, comme cela a toujours été le cas'. Même si "les bureaux du ministère des Transports ne s'occupent pas de l'immigration, comme c'est normal et comme cela a toujours été le cas". En bref, le ministre "ne parle pas d'immigration mais s'occupe des routes et des ponts". Mais, bien que discrète, la tension demeure. Tout cela alors que le nouveau décret sur l'immigration que le ministre Piantedosi présentera au Conseil des ministres est attendu dans les prochaines semaines. Une mesure qui doit être efficace, mais aussi formulée de manière à recueillir l'approbation du chef de l'État. »
PREMIER PLAN, Il Messaggero, A. Bulleri e V. Errante : « Migrants, axe Italie-Grèce : débloquer les fonds pour Tunis » : « Le voyage sera rapide. Quelques heures à peine : le temps d'un dîner au palais Maximos avec le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis. Mais si la rencontre est brève, le menu de la bilatérale éclair entre Giorgia Meloni et son homologue grec promet d'être riche. Avec un plat de résistance : le dossier des migrants. C'est la question la plus urgente que la première ministre entend aborder ce soir, lorsqu'elle atterrira à Athènes après son voyage à Caivano. Meloni, qui a eu il y a deux jours un entretien téléphonique avec le président tunisien Kais Saied, reste convaincu que la voie choisie par le gouvernement pour arrêter les départs de migrants en Méditerranée est la bonne : offrir un soutien aux pays africains et investir dans la coopération économique. C'est pourquoi le Palais Chigi veut faire pression sur la Commission européenne, afin que le plan d'aide de 105 milliards d'euros convenu avec Tunis pour la gestion des frontières (plus 150 millions d'euros d'aide budgétaire) démarre le plus tôt possible. En effet, rien n'est encore arrivé à destination, ce qui suscite une certaine irritation. C'est pourquoi une alliance avec Mitsotakis peut s'avérer stratégique pour le gouvernement italien, en vue d'accroître la pression sur les institutions de l'UE pour débloquer les aides. En tant que pays de première destination, l'Italie et la Grèce sont en fait déjà d’accord dans la discussion sur la manière dont Bruxelles doit agir pour arrêter les trafiquants. Pour faire face à l'urgence, en tout cas, le gouvernement veut agir également sur le front interne. Avec les nouvelles mesures de sécurité sur lesquelles travaille le Viminale pour la mi-septembre. L'objectif est de faciliter et d'accélérer l'expulsion des migrants qui se sont rendus coupables de comportements violents et dangereux. Hier, une réunion s'est tenue au ministère de l'Intérieur pour faire le point sur les débarquements en provenance de Tunisie. Selon les derniers chiffres, ceux du 29 août, les débarquements pour l'ensemble de l'année 2023 s'élèvent à 113.791, soit plus du double de l'année précédente. Dont plus de 74 000 partis précisément des côtes de Tunis. La pression des flux avait baissé, bien en dessous des prévisions, après les garanties, en juin dernier, sur la médiation pour l'argent attendu en Tunisie de la part du Fonds monétaire international, mais les 1,9 milliards de dollars ne sont jamais arrivés dans les caisses de Saied. Et, selon les experts, c'est l'une des raisons de la nouvelle augmentation des départs vers l'Italie. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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